
Photons d’Or – Mai 2023
L’image du mois Mai 2023 Les galaxies NGC 4725, NGC 4747 & NGC 4712, par Guillaume GRUNTZ. Parmi les belles galaxies du printemps, NGC 4725 n’est pas l’une des plus populaires… et l’on se demande vraiment pourquoi ! Elle n’a
L’amas des Pléiades, 45e entrée du catalogue de Charles Messier, est sans conteste le plus bel amas ouvert du ciel… et même l’un des plus magnifiques objets observables, toutes catégories confondues !
Parfaitement visible à l’œil nu avec une magnitude de 1,6 et une surface de quasiment 2° (soit quatre fois la Pleine Lune), il s’agit de l’objet du ciel dont les représentations sont les plus anciennes dans l’histoire de l’humanité ; si l’on excepte le Soleil et la Lune. Des sources concordantes indiquent en effet que les chamanes de l’époque du néolithique (-9000/-3300) voyaient, à travers son apparition dans le ciel, l’annonce de la période des moissons.
On trouve ainsi une représentation de cette amas sur le « Disque de Nebra », daté de -1600 avant notre ère (Age du Bronze), qui constitue la plus ancienne représentation de la voute céleste connue à ce jour ; mais également tout autour du globe : chez les Aztèques, les Hébreux, les Maoris, les aborigènes australiens, les Indous, les Perses, les Chinois, les Japonais, les Égyptiens, les Indiens d’Amérique…
Et, bien sûr, chez les grecs anciens qui l’ont baptisé « Pléiades » en l’honneur des sept filles du titan Atlas et de Pléioné (également parents des « Hyades« , nymphes des Pluies, qui ont donné leur nom à un autre amas ouvert proche des Pléiades…).
C’est pourquoi les Pléiades sont également parfois nommées « les sept sœurs », chacune d’elles ayant donné son nom à l’une des étoiles principales de l’amas (Maia, Alcyone, Astérope, Céléno, Electre, Taygète et Mérope) et ce, malgré le fait qu’on puisse voir 9 étoiles à l’œil nu ! Les 2 autres étoiles portent le nom de leurs parents.
On trouve même des références aux Pléiades dans « l’Odyssée » d’Homère (Chant V) et dans la Bible…
Rien de surprenant, cependant, pour quiconque a déjà eu la chance d’observer ce magnifique amas qui capte le regard et l’attention immédiatement ! Il est possible de distinguer, à l’œil nu, au moins les 7 étoiles principales sans grande difficulté. Les observateurs les plus aguerris (et qui disposent d’une très bonne vue) peuvent en compter 9, voire jusqu’à 11.
Avec une simple paire de jumelles 7 x 50, les Pléiades offrent un spectacle somptueux, dévoilant non seulement les étoiles principales, mais une myriade d’autres plus faibles.
Un amas « ouvert » implique un amas « jeune » : contrairement aux amas globulaires, plus denses et capables de maintenir une cohérence pendant plusieurs milliards d’années, les amas ouverts finissent par être dispersés assez rapidement en raison des interactions gravitationnelles avec les étoiles environnantes. Ainsi, les Pléiades se sont formées il y a moins de 100 millions d’années, et seront dispersées dans 250 millions d’années environ.
Les étoiles les plus brillantes de l’amas sont ainsi de jeunes supergéantes bleues, très chaudes, de type B. Mais l’essentiel des quelques 3000 étoiles de l’amas consistent en des naines rouges, moins massives et moins brillantes, la masse totale de l’amas étant estimée à environ 800 masses solaires.
La partie centrale de l’amas est contenue dans une sphère de 16 années-lumière de diamètre, mais l’amas dans son ensemble s’étend sur plus de 86 années-lumière.
La photographie permet de révéler un autre aspect atypique des Pléiades, à savoir la présence de grands nuages de poussières autour de certaines étoiles. Ces nébuleuses par réflexion diffusent la lumière des supergéantes bleues, prenant ainsi la même teinte que ces dernières.
Bien que les Pléiades soient issues de la contraction d’un grand nuage de gaz (comme la Nébuleuse d’Orion), les nébulosités visibles autour des étoiles ne sont pas les résidus de ce nuage ; contrairement à ce qu’on pourrait croire. Formées depuis une centaine de millions d’années, le rayonnement intense des étoiles supergéantes a déjà eu le temps de disperser, par pression de radiation, l’ensemble des résidus du nuage originel. En réalité, les études démontrent que l’amas, dont les étoiles suivent des trajectoires cohérentes, traverse actuellement un nuage de poussières interstellaire.
L’imagerie infrarouge (ci-contre) permet de mettre en évidence, mieux qu’en lumière visible, l’étendue de ces nuages interstellaires.
Autour des étoiles les plus brillantes, et notamment de Mérope, il est ainsi possible d’assister « en direct » à la désintégration violente des nébulosités sous l’effet du rayonnement très énergétique des supergéantes bleues (image ci-contre).
La distance exacte de l’amas des Pléiades a été un sujet de controverses pendant de nombreuses années. Estimée initialement à 486 années-lumière, le satellite Hipparcos avait ramené en 1999 cette distance à seulement 430 années-lumière, par l’étude de la parallaxe des étoiles. Les observations du satellite spatial Hubble, basées sur la parallaxe spectroscopique, revenaient en 2004 à la distance antérieure… Valeur confirmée depuis par le satellite Gaia, à 482 années-lumière.
Ces écarts, qui peuvent sembler faibles, sont cependant très importants pour les astronomes afin de tester au mieux les modèles théoriques d’évolution stellaire.
Objet mythique et incontournable « qu’il faut avoir fait au moins une fois » (à l’instar de la nébuleuse d’Orion ou de la galaxie d’Andromède), les Pléiades sont tout naturellement l’une des cibles privilégiées par les astrophotographes dans le ciel d’hiver.
S’agissant d’un objet visible à l’œil nu, et donc de forte luminosité, cet amas constitue une cible idéale pour les débutants. Ses dimensions importantes permettent de réaliser des clichés avec des instruments et des focales très divers. Même avec un simple objectif photo, la présence de cet amas dans le champ embellit immédiatement les images « nightscape » ! Ces dimensions ne sont pas toujours un avantage pour les astrophotographes, car saisir l’ensemble des Pléiades demande à la fois de bénéficier d’un champ photo assez important (et donc de disposer d’un grand capteur ou d’une courte focale, voire les deux…), mais également d’un champ parfaitement corrigé, afin que les étoiles demeurent ponctuelles jusque sur les bords de l’image.
Outre ces difficultés « techniques », l’acquisition et le traitement peuvent s’avérer piégeux pour les néophytes. La forte luminosité des étoiles principales, tout d’abord, implique de conserver des temps de pose n’entrainant pas de saturation du capteur. Cette dynamique est ensuite compliquée à gérer lors du traitement, afin de ne pas faire « enfler » de manière déraisonnable les étoiles les plus brillantes, tout en gardant un équilibre dans le fond de ciel et sur les plus petites étoiles… sans compter qu’en tirant trop sur les curseurs en luminosité, on finit par perdre en intensité des couleurs.
Bref, le traitement peut vite tourner au « casse-tête », et l’on s’aperçoit bien vite que M45 n’est pas un objet si simple qu’on pourrait le croire ! Et les difficultés ne s’arrêtent pas là puisque – comme nous l’avons vu – les Pléiades possèdent une particularité qui les distingue de la grande majorité des amas ouverts observables, à savoir la présence de nuages de poussières.
La mise en valeur de ces nuages implique d’augmenter fortement le temps de pose, afin de disposer d’une bonne détectivité et d’un signal suffisant par la suite. Mais encore faut-il pouvoir les exploiter correctement au traitement ; et c’est cette difficulté de concilier à la fois les détails dans les zones sombres et le contraste général avec ces étoiles brillantes qui conduit souvent à des images à l’aspect sur-traité, ou du moins peu naturel.
Pour cette image, Emmanuel Tesnieres a su se jouer de ces différentes difficultés avec une grande maestria : l’image présentée est non seulement très bien exécutée techniquement (ponctualité des étoiles, gestion du bruit…), mais elle est également très belle, avec un rendu très « naturel ». La dynamique et le contraste d’ensemble sont très équilibrés, avec une belle mise en valeur des étoiles principales mais également des nuages de poussières alentours (grâce à un cadrage original). Les couleurs sont justes sans être excessives et la présence de halos, habituellement gênante, apporte ici une présence supplémentaire aux étoiles les plus brillantes ; ce qui est souvent bienvenue sur cet amas. Les poussières entre les étoiles principales sont également très bien mises en valeur, mais sans tomber dans l’excès et le sur-traitement.
Une vraie réussite pour une vision « classique » de cet objet mythique !
Emmanuel pratique l’astronomie depuis 2015. Tout d’abord intéressé par l’observation visuelle, il débute avec un dobson 300/1500 pour lequel il réalise lui-même une table équatoriale motorisée ; ce qui lui permet de s’initier quelques années plus tard à l’astrophoto avec un APN.
L’essai se transforme rapidement en véritable passion, et Emmanuel fait évoluer son matériel pour progresser dans cette voie (newton 200/1000 puis lunette aujourd’hui ; passage de l’APN à la CCD), tout en consultant de nombreux tutos pour s’améliorer en traitement. Ces efforts paient, puisqu’Emmanuel réalise aujourd’hui de splendides clichés du ciel, avec une prédilection pour les nébuleuses.
Une petite visite de sa galerie Astrobin est donc fortement recommandée !
Date : 1er janvier 2022
Lieu : Moye (Rhône-Alpes)
Optique : Askar FRA600 F/5.6
Monture : SW AZEQ6 GT
Caméra : RisingCam IMX571MC
Guidage : Altair 60mm + Asi290 mini
Les Photons d’Or récompensent chaque mois une image particulièrement remarquable réalisée par un amateur… n’hésitez pas à proposer vos images !
L’image du mois Mai 2023 Les galaxies NGC 4725, NGC 4747 & NGC 4712, par Guillaume GRUNTZ. Parmi les belles galaxies du printemps, NGC 4725 n’est pas l’une des plus populaires… et l’on se demande vraiment pourquoi ! Elle n’a
L’image du mois Avril 2023 La nébuleuse NGC 1955 dans le Grand Nuage de Magellan, en version SHO-RGB, par la Team CIEL AUSTRAL. Lorsque les grands explorateurs européens se lancèrent, à la fin du XVe et au début du XVIe
L’image du mois Mars 2023 La nébuleuse variable de Hind (NGC 1555), autour de l’étoile T Tauri dans la constellation du Taureau, par Georges CHASSAIGNE. Les amateurs d’astronomie ainsi que lecteurs assidus de ce site savent déjà – car nous