La TSA-102, qui est depuis bientôt 10 ans mon instrument principal pour l’astrophotographie du ciel profond, est à la fois un choix de raison et de passion.
Choix de passion, car depuis mes débuts de pratique de l’astronomie amateur, j’ai toujours rêvé de posséder une lunette Takahashi !
Mais choix de raison également, car pratiquant l’astrophoto en nomade, j’avais besoin d’un instrument à la fois transportable, léger, peu encombrant à stocker, mais pour autant sans aucune concession sur la qualité optique et mécanique.
Malgré une hésitation de dernière minute avec sa grande sœur, la TSA-120, sur le stand Optique Unterlinden aux Rencontres du Ciel et de l’Espace 2014, j’ai retenu la TSA-102 FT pour son gabarit plus compact.
« TSA » pour « Triplet super apochromat » et « FT » pour le très impressionnant porte-oculaire Feather Touch dédié, spécialement conçu cette lunette.
De prime abord, la TSA-102 est un vrai « monstre » comparé à la plupart des lunettes de même diamètre des autres marques. Une réelle sensation de solidité et de fiabilité se dégage de l’ensemble. Les qualités mécaniques du porte-oculaire en font un instrument réellement évolutif, puisqu’il peut supporter plusieurs kilos de charge sans aucun jeu et en restant parfaitement fluide. Un élément important pour anticiper d’y placer à l’avenir une caméra CCD disposant d’un plus gros capteur.
Le rapport f/d natif de cette lunette est de 8, mais assortie de son réducteur de focale, ce rapport est ramené à 6 ce qui permet de quasiment doubler la luminosité de l’instrument. Pas aussi lumineux certes que les lunettes de la série FSQ de la même marque, qui sont de pures astrographes, mais un rapport f/d qui reste tout à fait acceptable dès lors qu’on l’associe avec un capteur suffisamment sensible.
Au niveau optique, la TSA-102 est simplement l’un des tous meilleurs instruments amateurs jamais conçus.
Les mesures effectuées sur bancs optiques lors de différents tests montrent un rapport de Strehl moyen exceptionnel de 0,993 ; avec une optimisation dans le « vert » à 550nm, où le rapport de Strehl tutoie la perfection avec une valeur presque irréelle de 0,999 !
Pour rappel, un ratio de Strehl maximum de 1 correspond à une optique parfaite (limitée uniquement par la diffraction de son diaphragme d’entrée).
Par rapport au modèle de l’ancienne génération, la légendaire FS-102 Fluorite, la correction chromatique ainsi que le sphérochromatisme ont également été substantiellement améliorés (même si sur ce dernier point la référence chez Takahashi reste la TOA-130).
Lancée en 2006, la TSA-102 a cessé d’être fabriquée par Takahashi en 2016… probablement en raison de la concurrence trop forte de sa grande sœur la TSA-120, très bien positionnée en terme de prix. Elle n’est donc plus trouvable aujourd’hui qu’en occasion… mais pour ma part, je sais que je ne m’en séparerai jamais ! 🙂
Après avoir longtemps utilisé un petit Mak127 pour observer les planètes sur mon balcon parisien, j’ai eu envie de reprendre ces observations de manière plus régulière et sérieuse.
J’ai été bien aidé en cela par Jean-Luc Dauvergne, grand spécialiste de l’astrophotographie planétaire à haute résolution, qui m’a d’abord bien motivé pour reprendre cette activité et qui m’a très gentiment prêté, pendant plus d’un an, son « petit » Mewlon 210 !
En suivant attentivement ses différents tutos et ses conseils, j’ai rapidement repris goût à la photo planétaire, avec principalement Saturne et (surtout) Jupiter, qui étaient alors bien visibles.
Avec l’achat de quelques accessoires indispensables (un correcteur de dispersion atmosphérique, une caméra planétaire plus moderne…), j’ai pu obtenir des résultats qui me donnaient satisfaction… la fièvre était bien revenue !
J’ai conservé le Mewlon 210 le temps de choisir un instrument, qui devait à la fois proposer un diamètre suffisant pour obtenir de beaux détails et respecter mes contraintes d’encombrement sur le balcon dont les dimensions limitent (heureusement ou pas…) les crises de « diamétrite aiguë », symptôme dont souffrent fréquemment bon nombre d’observateurs planétaires (avec des rechutes fréquentes possibles) !
Après plusieurs mois d’hésitations (C11 ? Cassegrain Kepler 250 ?), la décision se fera finalement en quelques minutes avec la possibilité d’acheter d’occasion ce Mewlon 250 ; et qui plus est l’ancien tube de Damian Peach (ce qui met un tout petit peu la pression, on ne va pas se le cacher !).
Depuis son arrivée mi-novembre 2022, la météo a malheureusement été assez catastrophique avec un seeing horrible la grande majorité des soirs (où les nuages n’étaient pas présents) donc je n’ai pas encore pu l’utiliser « réellement ».
Le Mewlon 250 est réputé pour être l’un des meilleurs instruments pour l’observation et la photographie planétaire à haute résolution, principalement concurrencé par son grand frère le Mewlon 300 et par l’indéboulonnable C14 (de diamètre bien plus important).
Sa formule optique, Dall-Kirkham, est dérivée du Cassegrain mais avec un miroir primaire elliptique et un miroir secondaire sphérique convexe. Cette formule permet d’obtenir une excellente définition au centre du champ, mais est rapidement génératrice de coma à mesure qu’on s’éloigne de l’axe optique.
Pour l’observation planétaire (en dehors de la surface de la Lune qui est toujours plus agréable avec un champ important…) cette limitation demeure malgré tout peu critique. Takahashi a depuis fait évoluer la formule de ces instruments en leur ajoutant un correcteur de coma sur les dernières versions (M250 CRS).
Côté optique et mécanique, on retrouve tout le savoir-faire et le raffinement qui ont fait la réputation de Takahashi : miroirs polis à λ/20, mise au point par translation du miroir secondaire contrôlé par raquette électrique, capot arrière amovible et barillet avec aérations pour accélérer la mise en température, contrepoids magnétique sous le tube afin de faciliter l’équilibrage, chercheur indéréglable faisant office de poignée de transport…
Bref, un vrai petit bijou qui présente également l’avantage de rester relativement léger (12 kg), ce qui permet de l’installer sans problème sur mon AZEQ6 (en ajoutant un 3e contrepoids).
Niveau « contraintes », on peut relever qu’il est très sensible à la turbulence interne et qu’il faut compter au minimum une bonne heure de mise en température avant de pouvoir l’utiliser… et bien sûr, il est indispensable de bénéficier d’un excellent seeing pour pouvoir espérer l’exploiter au mieux de ses capacités !
L’AZEQ6 a constitué lors de sortie une avancée notable en terme de qualité dans la gamme de la marque Skywatcher, notamment par rapport à l’ancienne EQ6.
Exploitant un système d’entrainement par vis-sans-fin, courroie et poulies, elle dispose d’une motorisation fluide, précise, sans vibrations et sans jeux.
D’un poids de 15kg (pour la tête seule), elle dispose d’une capacité de charge de 20kg, qui doit cependant être limité à 15kg en astrophotographie pour envisager des résultats sérieux.
Cela permet malgré tout d’y installer un grand nombre de tubes optiques de diamètres intermédiaires, tels que des newtons de 250mm ou encore un C11.
Pour ma TSA-102, elle est presque surdimensionnée, mais cela n’est jamais un inconvénient en astrophoto ! Par ailleurs, cela me permet d’y installer à l’occasion mon télescope Schmidt-Cassegrain de 8″ pour de l’astrophoto du ciel profond, ainsi que de manière plus régulière le Mewlon 250 (nettement plus lourd) pour du planétaire.
Même s’il ne s’agit pas vraiment d’une monture « de voyage », elle reste facilement transportable ; ce qui était un critère important pour moi en raison de ma pratique nomade.
J’utilise une valise de transport dédiée pour simplifier les déplacements et garantir la sécurité mécanique de l’ensemble.
Une fois sur place, l’installation se fait très rapidement, de même que la mise en station que je réaliser systématiquement via EQMod. Cette fonctionnalité est vraiment très pratique et permet une mise en station très précise en seulement quelques minutes. L’un des seuls petits défauts de cette monture est sa sensibilité à l’équilibrage sur les deux axes. Celle-ci doit être réalisée de manière précise afin de conserver un suivi correct et un autoguidage réactif.
Dans sa version sortie d’usine, ma monture possédait une erreur périodique de +/- 11 arcsec. Cette amplitude a été considérablement réduite par Pierro-Astro grâce au réglage de la position des vis sans fin et de la tension des courroies, la ramenant à +/-5 arcsec. Une telle amplitude est un excellent résultat pour une monture de cette gamme de prix… et même pour des montures nettement plus onéreuses !
Quasiment dépourvue de vibrations à haute fréquence, cette monture s’autoguide facilement et très efficacement.
Cette monture me donne aujourd’hui une totale satisfaction, d‘autant plus que depuis son acquisition, je l’ai améliorée en remplaçant :
Ces deux améliorations me permettent de bénéficier d’un autoguidage encore plus doux et précis qu’avec la version de base.
La seule piste d’amélioration qui demeure aujourd’hui serait d’installer une platine de meilleure qualité afin d’optimiser la rigidité de l’ensemble et limiter les (petites) erreurs d’orthogonalité.
Après avoir utilisé pendant plusieurs années mes deux caméras CCD mono (Atik One 6.0 et 16200) alternativement selon les cibles observées, j’ai fini par « franchir le pas » au printemps 2024 en basculant sur un capteur CMOS.
En effet, même si j’étais très satisfait des ces deux caméras CCD, je commençais à ressentir malgré tout une véritable limitation de mes capacités à réaliser de bonnes images avec mes contraintes nomades (essentiellement en terme de temps de pose…) sur quelques objets difficiles avec un signal très faible en OIII.
La perspective d’être limité sur ce genre de cibles a finalement emporté la décision de basculer sur une caméra CMOS.
En revanche, je suis resté fidèle à un capteur monochrome pour cette caméra « principale » car j’apprécie vraiment de pouvoir choisir les filtres que j’utilise en fonction des spécificités de chaque objet.
Pour le choix de la caméra en elle-même, à savoir l’ASI 2600, celui-ci a été très rapide puisque le capteur IMX 571 est l’un des plus performants actuellement (dans une gamme de prix raisonnable) et que ce modèle présente l’avantage d’une dynamique 16 bits sans phénomène d’amplow.
La comparaison du rendement quantique entre la 16200 et la 2600 (ci-contre) est assez parlant…
Le capteur au format APS-C entraine une perte de champ notable par rapport à la 16200 et certains objets étendus devront à l’avenir faire l’objet d’une mosaïque… mais comme toujours, il faut trouver des compromis acceptables avec l’ensemble de ses contraintes.
La caméra est complétée par une roue à filtres ZWO contenant 7 filtres de 36mm de la marque Antlia (LRGBSHO), avec une bande passante très étroite pour les filtres SHO (3nm), ce qui garantit un fort contraste et de petites étoiles.
Au niveau du montage, la roue à filtres est fixée sur la caméra avec des vis, de même que le diviseur optique ; ce qui garantit un très bonne rigidité.
La sortie se fait au format M54, via la bague anti-tilt spéciale. Ce format – plus important que le M48 en 2″ proposé par défaut, permet d’éviter tout vignettage et autorise le montage en direct d’une grande quantité d’accessoires de qualité.
Le train optique est complété, en sortie du porte-oculaire, par un rotateur de champ Falcon de chez Pegasus Astro. L’ajout de cet accessoire me permet d’automatiser encore plus les séquences de prises de vue sur différents objets au cours d’une même nuit.
Je vous renvoie vers l’article de blog plus détaillé pour en savoir plus sur cet accessoire.
Mon premier instrument ! 🙂
Un magnifique cadeau de Noël de mes parents en 1996, alors que j’avais 17 ans… Je l’ai utilisé pendant des années de manière assidue pour observer les planètes et – dans une moindre mesure – les objets du ciel profond. Vous trouverez son histoire plus complète dans le récit de mon « aventure astro« , où il figure évidemment en bonne place, comme tout premier instrument qui se respecte !
Celui-ci est ensuite resté assez longtemps dans son carton pendant mes années d’études ; mais ma reprise de l’astronomie m’a permis de lui donner une « seconde jeunesse », notamment en vue de pouvoir l’utiliser en astrophotographie.
En effet, avec un diamètre de 200mm pour une focale de 2m (ramenée à 1260mm avec le réducteur), il constitue un bon complément à ma TSA-102 pour espérer capturer de plus petits détails dans les galaxies ou les nébuleuses planétaires… du moins en théorie, car en pratique, sa qualité optique est largement inférieure à la TSA-102 et la différence de résolution n’est pas flagrante (quand elle n’est pas en faveur de la TSA-102, d’un diamètre pourtant 2 fois moindre).
La qualité intrinsèque de l’instrument n’est pas forcément à blâmer dans ce constat, mais surtout son mauvais réglage optique et ses quelques déficiences techniques (notamment une rotation du support du secondaire dans la lame de fermeture qui le rend compliqué à collimater…).
Après plus de 20 ans, de nombreuses années dans son carton et plusieurs transports, il aurait en effet bien besoin d’une bonne révision par un opticien professionnel afin de lui redonner son potentiel ! Mais dans la mesure où il s’agit de mon premier instrument, je me suis fixé pour défi de le restaurer complètement moi-même, tant au niveau optique que mécanique.
Cette restauration devra cependant attendre, par manque de temps et de compétences… c’est pourquoi j’envisage aujourd’hui d’acquérir un C8 Edge HD pour le remplacer en attendant.
La version d’origine disposait d’une monture à fourche sur table équatoriale, motorisée sur les 2 axes, avec une raquette de contrôle minimaliste. Le trépied était quant à lui très robuste et stable.
Pour l’utiliser en photo, j’ai démonté le tube optique de sa fourche, et lui ai adjoint des platines sur les deux côtés afin de pouvoir, d’une part, l’installer sur ma monture équatoriale et, d’autre part, l’équiper de la lunette 66/400 pour le guidage en parallèle.
Depuis le passage à la CCD, ce guidage parallèle a cependant laissé la place au guidage via le diviseur optique, plus précis et adapté pour cette configuration en évitant les flexions mécaniques et les effets désagréables du « flopping » du miroir primaire.
Lors de ma reprise de l’astronomie en 2011, j’ai souhaité m’équiper d’une petite lunette transportable afin de pouvoir observer facilement depuis Paris.
Cette petite lunette Astro-Pro 66mm remplit parfaitement ce rôle : avec moins de 30cm de longueur une fois le pare-buée rétracté et à peine 1,7kg sur la balance, elle se range dans un petit sac à dos photo avec tous ses accessoires.
Équipée d’un sabot (compatible Vixen) disposant d’une fixation au pas Kodak, elle se fixe sur un simple trépied photo et est prête pour l’observation en quelques secondes seulement ! Un véritable instrument itinérant.
Pour autant, sa petite taille n’est pas synonyme de performances au rabais, bien au contraire.
Sa conception mécanique est très soignée, avec tube en carbone et des pièces en métal parfaitement usinées, un porte-oculaire 2″ très performant et précis, sans aucun shifting et avec un collier rotatif pour faciliter le cadrage.
Au niveau optique, il s’agit d’un doublet ED qui n’usurpe pas son qualificatif d’apochromatique, en proposant une très bonne correction du chromatisme. Avec un ratio de Sthrel mesuré à 0,97, la finesse d’image est également au rendez-vous.
En photo, la coma reste cependant présente quand on s’éloigne de l’axe optique, mais l’adjonction d’un correcteur permet d’obtenir un champ bien corrigé jusqu’au format APS-C.
Le porte oculaire 2″ permet d’envisager la photo au format 24×36, mais plutôt en « terrestre », pour la photo animalière notamment.
Pour l’astrophoto à l’APN, je l’ai équipée d’une « petite » lunette-guide Williams Optics 50/200 qui se place sur le support du chercheur. Avec la CCD, et son guidage au diviseur optique, ce rajout n’est pas nécessaire.
Difficile de savoir ce qu’il est advenu de la marque allemande Astro-Professional… en tout cas, cette lunette n’est aujourd’hui plus fabriquée. Dommage, car avec une telle qualité de finition et un prix très abordable (429€ à l’époque), cette lunette constituait un excellent rapport qualité-prix…
On trouve en neuf des modèles « clones » chez Scopos, Skywatcher ou Altaïr, mais dans des finitions plus basiques (tube métal et non carbone, collier rotatif moins qualitatif sur certains modèles…) et sans garantie du même niveau optique.
Du côté de l’occasion, on voit parfois quelques modèles circuler autour de 250/300€, ce qui reste une très bonne affaire si vous êtes à la recherche d’un instrument compact de voyage !
Les instruments accessibles aux amateurs permettant l’observation du Soleil ont connu une véritable révolution depuis une quinzaine d’années.
Lorsque j’ai commencé à pratiquer l’astronomie en 1994, j’étais très intéressé par l’observation solaire. Mais à l’époque, la seule manière d’effectuer ces observations était avec un filtre en lumière blanche, pleine ouverture, qui permettait d’admirer uniquement les tâches à la surface de notre étoile.
La seule manière d’observer les protubérances (en dehors des éclipses…) était d’utiliser un coronographe ; technique complexe et périlleuse, donc réservée à des amateurs très expérimentés ou dans le cadre de collaborations avec les astronomes professionnels.
Cette branche de l’astronomie amateur a été totalement bouleversée par l’arrivée de nouveaux instruments permettant d’observer directement dans la raie Ha. Équipés de filtres bloquant l’ensemble du rayonnement en entrée, et d’un filtre précisément centré sur la longueur d’onde de 656nm, ces instruments permettent d’observer et de photographier directement les magnifiques protubérances du Soleil, en particulier lors de ses périodes de forte activité.
Mais ces instruments étaient au départ (et sont toujours) assez onéreux compte-tenu de la complexité du dispositif et de l’obligation de proposer un appareil « zéro-défaut » à même de garantir que leur utilisation est sans risque pour l’observateur !
Le PST (pour « Personal Solar Telescope ») commercialisé depuis 2005 par la firme Coronado (depuis rachetée par Meade), a été le premier instrument permettant de démocratiser de telles observations, avec un prix très réduit par rapport aux autres instruments de ce type (environ 750€ à son lancement).
Naturellement, pour ce prix, il ne faut pas espérer de raffinements extrêmes sur les aspects mécaniques et optiques… Le diamètre est limité à 40mm pour une focale de 400mm, ce qui rend impossible l’observation à haute résolution. De même, la conception du porte-oculaire est assez rudimentaire et le point focal est compliqué à atteindre en imagerie.
Mais là n’est pas l’essentiel : cet instrument se revendique ouvertement comme un outil de « découverte » de l’astronomie solaire Ha et, en ce sens, il remplit parfaitement son rôle.
Les premières observations, pour qui n’a jamais observé directement notre étoile sous cette forme, sont proprement stupéfiantes : on peut voir littéralement émerger de grandes protubérances les voir évoluer, s’amplifier puis disparaître en quelques heures seulement… En observant un tel spectacle de ses propres yeux, on prend alors véritablement conscience de l’extraordinaire et incessante activité de notre étoile et de la puissance de celle-ci !
Après une utilisation très fréquente en visuel, j’ai procédé à quelques essais de photographies et de vidéos avec un caméra CCD monochrome. Cependant, au-delà de la phase de découverte, cet instrument montre vite ses limites : la focale de 400mm ne permet pas d’obtenir des images très fines et les détails sont compliqués à mettre en évidence. Par ailleurs, en raison de la taille très réduite de sortie du filtre Ha, l’image est affectée d’un vignettage important.
Si l’on rajoute à cela le fait que le Soleil est entré depuis quelques années dans la phase « calme » de son cycle (avec très peu de tâches et de protubérances), cela explique que mon utilisation de cet instrument a été plus rare ces derniers temps…
Parmi tous mes instruments, le choix de ma première caméra CCD aura – et de loin – été le plus compliqué ! En 2016, j’ai retenu la Atik One 6.0, qui exploite le capteur Sony ICX694 monochrome à 6 millions de pixels (2750 x 2200) de 4,54µm.
Ce capteur est relativement petit par rapport aux autres de l’époque (la moitié seulement du format APS-C), mais il compense par une très bonne sensibilité et un très bon rendement quantique sur l’ensemble du spectre (notamment dans le Ha) et un faible bruit de lecture.
L’échantillonnage obtenu sur la TSA-102 avec son réducteur f/6 est de 1,55 arcsec par pixel ; ce qui est tout à fait satisfaisant pour une utilisation courante. A pleine focale, l’échantillonnage descend à 1,15″/px, ce qui permet d’envisager de gagner un peu en résolution sur des objets plus petits comme les galaxies. Autre avantage : je peux également utiliser cette caméra en pleine résolution (bin1) avec mon Schmidt-Cassegrain équipé de son réducteur de focale, dans la mesure où la qualité de suivi et d’autoguidage de la AZEQ6 m’autorise l’échantillonnage de 0,75″/px qui en résulte.
Un choix alternatif aurait été la même caméra, mais basée sur le capteur ICX814, le modèle Atik One 9.0. Mêmes caractéristiques, même taille de capteurs mais des photosites plus petits (3,69µm) ; ce qui permet d’envisager une meilleure résolution avec la TSA-102. Mais outre le fait qu’un tel gain en résolution n’a de sens qu’à condition de disposer d’un excellent ciel sans turbulence (et sur des poses longues…), la plus petite taille des photosites augmente le bruit de lecture, ce qui est dommageable en narrowband.
En privilégiant ce type de capteur sur les modèles Kodak vieillissants, l’idée est également de pouvoir réaliser des images avec un temps de pose plus limité. Par exemple, un KAF-8300 disposerait d’un champ plus grand, mais nécessiterait un temps de pose presque doublé pour obtenir un rapport signal sur bruit similaire. C’est donc un critère important pour ma pratique nomade, où il n’est jamais garanti de bénéficier de plusieurs belles nuits d’affilé… ou simplement d’avoir la possibilité d’observer !
Cette sensibilité dans les raies Ha et OIII, associée au faible bruit de lecture ainsi qu’à un refroidissement efficace (delta de 37° avec la température ambiante), permet donc de pratiquer l’imagerie narrowband dans de bonnes conditions, sans se contraindre à des temps de pose à rallonge (y compris lors des nuits caniculaires d’été…).
A titre d’illustration, l’image ci-contre est une brute Ha 6nm obtenue par une nuit d’été chaude (avec un refroidissement du capteur de seulement -10°) et au cours de laquelle le ciel était d’une qualité exceptionnelle. Aucun traitement n’a été appliqué en dehors d’un STF pour passer l’image en mode linéaire.
Malgré un temps de pose conséquent de 900s de pose en bin1, l’image ne présente quasiment aucun bruit ! Cette caméra très sensible permet donc d’obtenir de très bons résultats en narrowband.
En dehors du capteur lui-même, cette caméra présente un autre point positif pour mon activité nomade : il s’agit d’une caméra “tout-en-un”, avec une roue à filtre interne à 5 positions et un diviseur optique intégré.
La roue à filtre interne permet de placer le diviseur optique avant les filtres dans le chemin optique, ce qui évite toute difficulté de trouver une étoile-guide lors de l’utilisation des filtres narrowband.
Il en résulte une grande facilité d’utilisation et de mise en oeuvre, pour un prix qui reste “mesuré” au regard de la concurrence.
L’ensemble est complété avec les indispensables jeux de filtres LRGB, CLS-CCD et SHO, choisis dans la gamme de la marque Astronomik (en 6nm pour les filtres SHO), ainsi que la caméra de guidage Atik GP, spécialement conçue pour le guidage au diviseur optique de la AtikOne. Celle-ci est par ailleurs très sensible, et trouver une étoile-guide suffisamment lumineuse n’est jamais un souci…
La toujours sympathique équipe d’Optique Unterlinden s’est chargée de vérifier mes calculs pour me fournir les bagues allonges parfaitement adaptées pour respecter la distance idéale entre le réducteur Takahashi et le capteur, au millimètre près. Cette précision est la garantie d’obtenir un champ le plus homogène possible et des étoiles précises en bord de champ ; et donc d’exploiter dans les meilleures conditions les qualités optiques de la TSA-102.
Après quasiment 3 années passées à exploiter la AtikOne, j’ai eu envie d’élargir mes possibilités de cibles en disposant d’un champ photo plus large.
Deux solutions s’offrent alors à moi : soit conserver la caméra mais changer d’optique, soit prendre un capteur plus grand. Ne souhaitant pas mettre de côté la TSA-102 et ses formidables qualités optiques, j’opte pour la seconde solution, plus rationnelle et plus compatible avec mes contraintes d’observation nomade (il est plus simple d’emporter 2 caméras que 2 tubes optiques !).
Je me replonge de nouveau dans les comparatifs des spécifications des différentes caméras ; mais en retenant cette fois uniquement celles équipées de grands capteurs.
Le choix aurait pu s’avérer a priori plus compliqué encore que trois ans auparavant pour le choix de la AtikOne – en particulier avec l’arrivée en force dans l’intervalle des CMOS, notamment des caméras équipées du capteur Panasonic MN34230 (ASI1600mm) – mais finalement ma décision se porte rapidement sur le capteur KAF16200, de taille idéal, et sur la version proposée par Atik compte-tenu de ma très bonne expérience avec la AtikOne.
Quelques essais réalisés avec la AtikOne montée sur la AstroPro 66/400 équipée d’un réducteur de focale démontrent cependant que la combinaison de cette caméra avec une optique de moindre focale peut donner de bons résultats. Toutefois, quelques heures à peine après ces essais, qui auraient pu me faire hésiter, la société Atik me contacte pour m’informer que j’ai remporté le concours d’astrophoto annuel qu’ils organisent… et du même coup le premier lot : une caméra Atik 16200 !
Je dois avouer que remporter ainsi une caméra sur laquelle on a d’ores et déjà porté son choix final procure un sentiment particulièrement fort ! 🙂
Cette caméra est équipée d’un capteur qui – en théorie – est de dimensions optimales (35mm de diagonale) pour le champ corrigé photo de la TSA-102 équipée du réducteur (38mm en 100% non vignetté).
Elle dispose par ailleurs d’un système de refroidissement performant (delta max de 50°) et d’une finition mécanique supérieure, avec notamment une chambre hermétique remplie d’argon afin d’éviter toute condensation ou givre sur le capteur.
Équipée du capteur KAF-16200, qui constitue une version plus grande et un peu améliorée du très populaire KAF-8300, cette caméra bénéficie donc plus ou moins des mêmes avantages et des mêmes inconvénients bien connus de ce dernier ; notamment un rendement quantique loin d’être exceptionnel (60% max et à peine 50% dans le Ha) et un bruit de lecture supérieur à celui des chips Sony (et plus encore des CMOS…) avec une valeur typique de 9e-.
Ce capteur est ainsi composé de 16,2 millions de pixels (4500 x 3600) de 6µm. La taille des pixels est l’un des grands avantages de cette caméra. Dans un contexte de réduction générale de la taille des photosites sur les nouveaux capteurs, le chip 16200 propose des photosites plus grands que ceux de son prédécesseur, le KAF-8300 (5,4µm) , ce qui est particulièrement notable. A titre de comparaison, les photosites proposés sur les caméras CMOS plus récentes sont bien souvent deux fois plus petits (3,8µm pour la 1600MM, ou 2,4µm pour le IMX183).
Outre le fait que de minuscules photosites contraignent à des échantillonnages très faibles (y compris sur des focales intermédiaires de 600mm comme la TSA-102, par exemple à 0,8″/px avec le IMX183), la quantité de lumière transformée par la caméra est directement liée à la surface des photosites. Bien sûr, d’autres paramètres sont à prendre en compte (le rendement quantique, le bruit de lecture, la dynamique, etc.), mais des photosites larges sont un avantage en astrophoto, où les objets observés sont très peu lumineux…
Cette caméra offre donc un champ important et des performances classiques, qui peuvent être bien aidées par un refroidissement efficace.
Il faudra toutefois compter plus d’heures de pose pour un même objet qu’avec la AtikOne (en particulier pour l’imagerie narrowband où un bruit de lecture élevé est plus pénalisant)… mais avec une contrepartie non négligeable : le champ photo obtenu est 8 fois supérieur ! 🙂
Montée sur la TSA102 équipée du réducteur de focale, l’échantillonnage est tout juste de 2″/px ; ce qui est parfaitement cohérent avec des poses longues limitées par la turbulence.
Le champ photo couvert est de 2,5° x 2°, soit équivalent à environ une vingtaine de pleine Lune ; ce qui permet de réaliser des images des objets les plus importants (M42, M31, les Dentelles du Cygne…) sans avoir besoin de réaliser des mosaïques.
Mais la caméra seule ne fait pas tout… il faut encore lui adjoindre quelques accessoires. Les choix les plus évidents sont ceux de la roue à filtre et du diviseur optique, que je retiens chez Atik en raison de leur compatibilité parfaite avec la caméra. Ces accessoires sont en effet prévus pour être vissés directement à la caméra et constituer un ensemble solidaire.
La roue à filtre est le modèle EFW3, qui permet l’équipement d’un jeu de 7 filtres en format 2″. Son montage au plus près du capteur permet de limiter le tirage et d’optimiser le back-focus, tout en conservant la possibilité d’utiliser des filtres 2″.
Pour les filtres, même si les Astronomik me donnent toute satisfaction sur la AtikOne, j’ai retenu pour cette caméra la série de chez Baader en 50,4mm non montés afin d’éviter tout risque de vignettage même minime. Mon choix s’est fait au regard des filtres SHO et de la nouvelle série « Ultra-Narrowband » proposée par Baader, qui consiste en un filtre Ha de 3,5nm de bande-passante, et des filtres OIII et SII de 4,5nm de bande passante.
Ces filtres sont donc très restrictifs (plus que ce que propose Astronomik avec 6nm et quasiment au niveau des Astrodons avec 3nm) et sont malgré tout proposés à un prix plus accessible…
Au final, cette caméra exploite totalement l’optique de la TSA-102 et vient compléter parfaitement mon équipement actuel. En fonction des objets à photographier, je peux ainsi utiliser l’une ou l’autre des caméras.
Un petit instrument acquis en 2012 pour une reprise du planétaire depuis mon balcon à Paris. Le but ici était clairement la simplicité d’utilisation : monté sur une monture AZ-Goto, la mise en station était superflue (le nord ne m’étant pas accessible…) et les réglages optiques étaient réduits au strict minimum.
Je l’ai utilisé quelques années, en visuel mais aussi en imagerie en association avec des caméras monochromes ou couleurs de type PLA de chez iNova (une autre époque…) et j’ai pu réaliser quelques belles images de la Lune, de Jupiter et de Saturne…
Malgré sa qualité optique, le diamètre de 127mm limite évidemment le niveau de détails qu’il est possible d’obtenir ; aussi j’ai évolué ensuite vers des instruments plus importants (Mewlon 210 puis 250…).
Si l’espace commentaires n’est pas accessible, consultez le guide pratique pour y remédier !
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