NGC 7331 est une galaxie spirale située à environ 40 millions d’années-lumière dans la constellation de Pégase. Souvent comparée à la Voie lactée pour sa morphologie, elle présente un bulbe central proéminent entouré d’un disque spiral riche en régions de formation d’étoiles. Contrairement à de nombreuses galaxies spirales, elle montre une particularité cinématique notable : son bulbe semble en rotation inverse par rapport au disque, un phénomène encore mal compris qui pourrait résulter d’interactions gravitationnelles passées.
Son disque est marqué par la présence de bandes de poussière sombres qui tranchent avec l’éclat diffus des bras spiraux, eux-mêmes peuplés de jeunes amas stellaires bleutés et de nébuleuses ionisées (régions HII).
Ces caractéristiques – magnifiquement mises en évidence avec une finesse inégalée sur le cliché ci-contre, réalisé par le télescope spatial Hubble – en font une cible très appréciée en astrophotographie, notamment pour mettre en évidence la diversité de sa population stellaire et la complexité de sa structure.
Des observations en infrarouge et en radio ont révélé un disque riche en gaz moléculaire, favorisant la formation d’étoiles à un rythme modéré d’environ trois masses solaires par an.
Bien qu’accompagnée visuellement par plusieurs galaxies plus lointaines (NGC 7335, NGC 7336, NGC 7337 et NGC 7340 visibles sur cette image), elles ne forment pas avec NGC 7331 un groupe physique, leur alignement étant purement fortuit. Ces galaxies sont en réalité beaucoup plus lointaine, leur distance étant estimée à 350/400 millions d’années-lumière, soit 10 fois plus loin !
Bien que non représenté sur cette image, il est à noter que NGC 7331 est située à proximité d’un autre objet particulièrement notable et bien connu des astrophotographes amateurs : le Quintet de Stephan (image ci-contre).
Il s’agit d’un groupe compact de galaxies situées également à une distance estimée entre 350 et 400 millions d’années-lumière, soit environ dix fois plus loin que la galaxie NGC 7331, observable à proximité. Découvert en 1877 par l’astronome français Édouard Stephan, il représente l’un des premiers ensembles de galaxies en interaction gravitationnelle jamais identifiés.
NGC 7331 et le Quintet de Stephan sont souvent photographiées ensemble sur des images réalisées avec des instruments de plus faible focale. Vous trouverez plus d’informations sur la Fiche-Astro qui leur est consacrée sur ce site.
Cette image de NGC 7331 se démarque de la grande majorité des clichés habituellement réalisés sur cet objet par sa grande résolution, rendue possible par l’utilisation d’un télescope de grand diamètre et de grande qualité : un Cassegrain de 520mm fabriqué de manière artisanale par Frédéric Amirayan (ARP83).
Avec une optique d’un tel diamètre, combinée à une caméra très sensible (ASI 6200MM), les poses doivent être assez courtes, afin de ne pas saturer le capteur. C’est pourquoi les poses unitaires en Luminance n’excèdent pas ici les 120s.
Cela n’est pas un problème, bien au contraire, pour les images de galaxies où des poses courtes favorisent une meilleure résolution en limitant les effets néfastes du seeing.
Malgré le seeing assez moyen (FWHM moyenne de 1,6 » à 2,4 » pendant les acquisitions) qui bride forcément cette optique exceptionnelle, le résultat obtenu demeure de très bonne facture, avec de jolis et fins détails dans les bras spiraux jusque dans la région du bulbe central.
Les détails dans les nombreuses bandes de poussières sont également bien mis en valeur. On notera également des détails intéressants dans les petites galaxies situées en périphérie de NGC 7331.
Au niveau des couleurs, nous avons retenu comme à notre habitude une calibration la plus naturelle possible, sans pousser à l’excès les teintes bleues et rouge.
L’utilisation du process PhotometricColorCalibration sous Pixinsight permet d’obtenir un résultat très équilibré qui ne nécessite que de petits ajustements minimes par la suite.
Malgré l’absence de poses en Ha, les très nombreuses nébulosités HII sont bien mises en évidence. De même, les amas de jeunes étoiles bleutées dans certaines régions périphériques des bras ressortent naturellement, sans traitement spécifique.
Malgré les poses courtes, le diamètre de l’instrument permet d’obtenir beaucoup de signal, ce qui se voit à la fois sur le halo de la galaxie principale, mais aussi par la présence d’une multitude de petites « tachouilles » en arrière-plan, qui sont autant de galaxies beaucoup plus éloignées encore…
La Team OURANOS est née en 2023 avec la réunion de quatre passionnés du ciel : Jean-Claude Mario, Mathieu Guinot, Matthieu Téqui et moi-même.
Déjà très actifs individuellement, nous avons décidé de mutualiser certaines de nos ressources pour aller encore plus loin !
Le travail en équipe lors de la phase de traitement, notamment, permet un challenge mutuel afin de proposer des images encore plus abouties. Sur ce point, l’équipe partage des valeurs communes et en particulier le respect des objets et du signal ; en refusant de céder à la facilité des images « tape à l’œil ».
L’inscription dans cette tradition d’une certaine idée du traitement « à la française », à la fois rigoureuse et poétique, n’est bien sûr pas exclusive de l’utilisation des tous derniers outils et process de traitement les plus avancés et innovants !
Pour cette belle aventure parmi les innombrables spectacles fascinants que nous offre à voir l’Univers, nous avons choisi de nommer notre équipe d’après le dieu grec Ouranos, divinité primordiale du ciel étoilé.
Nous vous invitons bien sûr à consulter notre site internet ou notre galerie AstroBin pour voir nos différentes images !
Date : 12 août – 10 septembre 2024
Lieu : Alpes-Maritimes
Optique : Cassegrain 520mm (ARP83)
Monture : Paramount ME-II
Caméra : ZWO ASI-6200 MM-Pro (-10°)
Échantillonnage : 0,36 »/px
FWHM : 1,6 » à 2,4 »
Filtres : Astronomik LRGB
L : 200 x 120s
R : 30 x 180s
G : 30 x 180s
B : 30 x 180s
Total : 11h10
Traitement : Pixinsight – Photoshop
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