
Protégé : Guide d’achat de matériel astro – Test OU
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Située à environ 2200 années-lumière dans la constellation du Cygne, Sh2-119 est probablement l’une des « grandes nébuleuses » du ciel d’été les plus injustement boudées par les amateurs. Pourtant, elle ne manque pas d’atouts : elle est très étendue (60’ x 30’), visible toute la nuit pendant les mois favorables (de juin à septembre), présente une structure contrastée et de beaux détails, ainsi qu’une superbe palette de couleurs – à la fois en LRGB mais aussi (et surtout) en narrowband (HOO ou SHO).
Deux facteurs limitent toutefois sa popularité : sa faible luminosité de surface (il faut prévoir un temps de pose conséquent pour en révéler pleinement le signal, en particulier en SII et en OIII mais également en Ha !) mais aussi sa proximité immédiate avec deux nébuleuses « star » du ciel : les nébuleuses America (NGC 7000) et du Pélican (IC 5070), situées à moins de 2° et beaucoup plus lumineuses – donc beaucoup plus attractives.
Son étendue peut également se révéler un handicap, puisqu’à moins de disposer d’un champ photo particulièrement grand (au moins 3°), il sera le plus souvent nécessaire de recourir à une mosaïque : Sh2-119 est en effet d’une taille similaire à celle de la nébuleuse America (sans le Pélican, soit environ 100 années-lumière de long) !
L’image ci-contre, superbe mosaïque de 4 photos réalisée par David Lindermann, permet de bien situer les différentes zones HII dans cette région ainsi que leurs tailles respectives.
De fait, on voit le plus souvent Sh2-119 en association avec ce grand complexe sur des photos prises avec un téléobjectif de faible focale… mais avec la perte de détails qui va avec.
Une telle présentation groupée n’en n’est pas moins très pertinente puisque cette nébuleuse est située à une distance similaire de celle de ses proches voisines et fait probablement partie du même complexe de gaz et de poussières aux alentours de l’étoile Deneb (quant à elle un peu plus proche de nous de 600 années-lumière).
Pourtant, concernant la région HII identifiée sous la dénomination Sh2-119 – et contrairement à ses célèbres voisines – l’ionisation du nuage n’est pas majoritairement due au rayonnement de Deneb, mais également de plusieurs jeunes étoiles situées en son sein. En effet, ce type de nébuleuse s’apparente à une « pouponnière » d’étoiles et un tel nuage peut donner naissance, par la contraction localisée du gaz, à plusieurs dizaines – voire centaines – d’étoiles.
Parmi celles-ci, la principale est 68 Cygni, bien visible au centre de la nébuleuse et de magnitude apparente 5 : une géante bleue de 26 masses solaires et dont la température de surface dépasse les 35 000 K (et supposée être une variable double ellipsoïdale au vu de ses faibles fluctuations périodiques de luminosité). De telles étoiles géantes ne restent sur la séquence principale que quelques millions d’années avant d’évoluer sous la forme de supergéantes bleues puis de connaitre une fin cataclysmique (supernova, trou noir…).
Mais pour le moment, son rayonnement très énergétique est probablement majoritairement à l’origine de l’ionisation de Sh2-119 : sa distance – auparavant estimée à 4600 AL – a été revue à la baisse et serait en réalité bien plus proche, à environ 2200 AL, ce qui concorde tout à fait avec la distance de Sh2-119.
Certains astronomes estiment même que sh2-119 ne serait pas formée par le vent stellaire de 68 Cygni, mais qu’il s’agirait d’une « sphère de Strömgren » ionisée par cette étoile ; le vent stellaire étant alors uniquement responsable d’ondes de choc au sein de cette structure.
Autour des étoiles les plus chaudes, telles que 68 Cygni, le rayonnement intense génère une bulle de plasma, composé essentiellement d’électrons et de protons à une température supérieure à 10 000 K après l’ionisation des atomes d’hydrogène. Ce plasma étant beaucoup plus « transparent » que le reste du nuage de gaz, il favorise la propagation du rayonnement ultraviolet et l’ionisation du gaz à des distances de plus en plus éloignées de l’étoile centrale.
À mesure que la distance avec l’étoile augmente, la température tend cependant à diminuer, et le gaz redevient de plus en plus « opaque ». On observe donc le plus souvent ces bulles de plasma sous la forme de cavités sphériques d’apparence moins dense au sein de nébuleuses par émission.
Ce phénomène est clairement visible dans la zone centrale de la nébuleuse de la Rosette, qui constitue l’archétype d’une sphère de Strömberg (appelée ainsi en hommage à leur découvreur, l’astrophysicien danois Bengt Strömgren à la fin des années 1930).
Les ondes de choc générées par le vent stellaire se propagent quant à elles dans l’ensemble de la nébuleuse et contribuent à générer des effondrements gravitationnels localisés, au sein des régions plus froides et plus opaques ; lesquelles absorbent l’énergie apportée par l’intense rayonnement ultraviolet et la restituent sous forme de rayonnement infrarouge.
Il en résulte ainsi la création de nouvelles zones de formation d’étoiles dans les régions périphériques de la nébuleuse, au sein des régions obscures et des bandes de poussières ; invisibles en rayonnement visible mais qui se révèlent par l’observation dans l’infrarouge.
On constate ainsi que le complexe de Sh2-119 est parsemé, à l’extérieur de cette sphère interne, de bon nombre de nébuleuses sombres issues de ces effondrements, avec leurs désignations propres (LDN).
En complément, cette zone recèle encore deux petits trésors cachés : les nébuleuses planétaires PK 87-3.1 (ou We 2-245, bien visible vers le centre de l’image) et OU5, découverte en 2014 par Nicolas Outters (visible sous la forme d’une étoile bleutée à la sphéricité altérée tout en bas de l’image).
On le voit, la nébuleuse Sh2-119 est un objet fascinant par de nombreux aspects et qui mériterait une plus grande popularité parmi les astrophotographes…
Relevons pour finir qu’aucun « surnom » n’est attribué en français à cette nébuleuse. Les amateurs anglophones la surnomment pour leur part « clamshell nebula », en raison de sa ressemblance visuelle très marquée avec le coquillage du même nom.
Nous pourrions sans doute nous en inspirer et surnommer également Sh2-119 la « nébuleuse du Bénitier » !
Avec cette image, qui cumule 23h25 de pose principalement en SHO, Emil Andronic a réussi à parfaitement restituer toute la richesse de la nébuleuse Sh2-119 : la structure de la coquille interne (qui ressort majoritairement en OIII), les zones d’émission plus brillantes, les bandes de poussières et même les deux petites nébuleuses planétaires !
Le traitement est parfaitement maitrisé sur tous les points, avec notamment un excellent mixage des différentes couches qui contribue à mettre en lumière les transparences et opacités respectives des différentes zones, conférant ainsi à l’ensemble un effet très dynamique et un aspect « torturé » qui retranscrit bien la violence des phénomènes à l’œuvre au sein de cette nébuleuse.
La gestion du bruit est également remarquable, de même que celle des étoiles pour lesquelles la réalisation de poses complémentaires en RGB permet de leur redonner une couleur plus naturelle qu’en narrowband.
Même si cela est plus subjectif, la palette est à mon sens une vraie réussite, avec des zones bien marquées mais aussi des transitions subtiles ; les couleurs profondes conférant à l’image un caractère très spectaculaire.
Citoyen britannique d’origine roumaine, Emil Andronic est fasciné depuis son plus jeune âge par les étoiles.
Lorsqu’à 12 ans son père lui parle de la nébuleuse d’Orion, son désir de la regarder le pousse à observer le ciel avec intérêt… mais il lui faudra attendre une trentaine d’années et son premier télescope pour enfin l’observer, en 2016 !
Ce sera également la cible de sa première photo du ciel et le début d’une véritable passion pour l’astrophotographie.
Ayant fait évoluer progressivement son matériel pour passer du visuel à la photographie, Emil dispose de plusieurs setups qu’il exploite parfaitement depuis des cieux pourtant assez pollués en Angleterre (Bortle 5 voire 7).
Malgré ce handicap, l’utilisation de filtres très sélectif associés à des capteurs modernes lui permet de réaliser de superbes clichés, ainsi que des nightscapes très spectaculaires, que vous pouvez admirer sans modération sur sa galerie Astrobin ainsi que sur son site personnel !
Date : 16 octobre 2022
Lieu : Hemel Hempstead, Hertfordshire, Royaume-Uni (Bortle 5)
Optique : TS-APO-65Q
Monture : N-EQ6
Caméra : QHY 294 M
Filtres : Antlia SHO 3nm + RGB
Ha : 73 x 300s + 12 x 600s
OIII : 50 x 600s
SII : 60 x 300s + 9 x 600s
RGB : 10/10/10 x 60s
Total : 23h25
Traitement : Pixinsight & Photoshop
Les Photons d’Or récompensent chaque mois une image particulièrement remarquable réalisée par un amateur… n’hésitez pas à proposer vos images !
Si l’espace commentaires n’est pas accessible, consultez le guide pratique pour y remédier !

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