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Nom : Amas du cintre – Collinder 399
Type : Astérisme
Distance : 237 – 2250 AL
Taille : 1°
Magnitude : 3,6 (5 à 7 pour les étoiles individuelles)
Meilleure période d’observation : Été
Mentionné pour la première fois par l’astronome arabe Al Soufi dans son « Livre des étoiles fixes » en 964, ce regroupement d’étoiles a longtemps été considéré comme un amas ouvert. C’est d’ailleurs sous cette qualification que l’astronome Per Collinder l’intégra à son catalogue d’amas ouverts en 1931.
Si la dénomination d' »amas » est restée, et bien que ce point ait fait l’objet de controverses par le passé, il est aujourd’hui établi que la dizaine d’étoiles de 5e à 7e magnitude qui composent cette figure en forme de « cintre » ne sont pas du tout liées entre elles par une quelconque relation physique : il s’agit simplement d’un alignement fortuit d’étoiles d’éclat similaire, que l’on désigne en astronomie sous le nom d' »astérisme ».
De tels astérismes sont légions, à commencer par les plus célèbres d’entre tous : les 88 constellations qui composent le ciel, ou du moins certaines parties d’entre elles : le « W » de Cassiopée, la « casserole » de la Grande Ourse…
Les dix étoiles principales sont situées à une distance comprise entre 237 années-lumières (pour la plus proche) et 2250 années-lumières (pour la plus lointaine).
Les trois étoiles les plus proches les unes des autres sont séparées par une distance de 20 à 25 années-lumière, ce qui est par exemple bien supérieur à la distance séparant le Soleil de l’étoile la plus proche (alpha du Centaure, à 4 années-lumière…). Ces distances, mesurées avec une grande précision par le satellite Hipparcos, ont permis de définitivement confirmer qu’aucune de ces étoiles n’est liée aux autres…
Les étoiles principales de Collinder 399 sont en outre entourées d’une trentaine d’étoiles de plus faible éclat, qui contribuent à renforcer l’aspect d’amas ouvert de l’ensemble.
Situé en pleine voie lactée, dans la constellation du Petit Renard à 8° sous l’étoile Albiréo, cet astérisme plus gros qu’une pleine Lune peut être décelé à l’œil nu et facilement repéré et observé aux jumelles, grâce à sa forme caractéristique.
D’autres objets proches, tels que l’amas ouvert NGC 6802 et la petite nébuleuse en émission sh2-83, peuvent quant à eux être facilement mis en évidence par la photographie, comme dans l’image présentée ici.
Les amas, ouverts qui plus est, sont souvent délaissés par les astrophotographes au profit d’objets plus « spectaculaires » : galaxies, nébuleuses… Inutile de dire que les « astérismes », qui ne sont même pas à classer dans la catégorie des amas ouverts, sont logés à la même enseigne et sont beaucoup moins fréquentés. Pourtant, dans les deux cas, il s’agit d’objets généralement simples à imager et d’une grande beauté.
Même si votre première incursion photographique dans la constellation du Petit Renard sera probablement dédiée à la célèbre nébuleuse M27, n’hésitez pas à donner une chance à ce bel astérisme ! 🙂
Cette image, réalisée en août 2019, est la première image que j’ai finalisée avec ma nouvelle caméra Atik-16200 montée sur la TSA-102 avec réducteur (f/6).
Dans le cadre du réglage du backfocus de la caméra, je cherchais en effet à pouvoir réaliser un « test » de la correction apportée par le réducteur de focale sur l’ensemble du champ photo offert par ce nouveau capteur, bien plus grand que mon habituel ICX694. A cette fin, quoi de mieux qu’un beau champ d’étoiles en pleine voie lactée : la densité en étoiles sur tout le champ permet en effet de tester sans compromis la qualité de l’ensemble.
Objectif rempli en ce qui concerne la correction, avec en prime un champ plus riche que ce que j’escomptais au départ ; l’amas du Cintre étant entouré de nombreux petits objets qui contribuent à donner au champ une grande beauté : le petit amas ouvert NGC 6802 et une petite nébuleuse en émission sh2-83. Et bien sûr, le fourmillement d’étoiles procuré par la voie lactée en arrière-plan offre un très beau spectacle, agrémenté de quelques bandes de poussières plus sombres.
Cette image a été réalisée en LRGB, avec 3h de pose pour la luminance et 1h par couche RGB avec des poses unitaires de 5 minutes ; soit un total de 6h, ce qui est plus que largement suffisant sur un objet de ce type. Quelques poses plus longues ont été réalisées en luminance (4x600s) afin de tenter de mieux mettre en évidence certaines structures sombres dans le fond de ciel ainsi que pour améliorer la détectivité des petites étoiles faibles et permettre de faire ressortir un fourmillement d’étoiles plus important. Les acquisitions couleurs ont été réalisées en bin2 afin de gagner du temps, mais des acquisitions en bin1 auraient été préférables pour limiter davantage l’apparition de halos colorés autour des étoiles.
Niveau traitement, j’ai volontairement privilégié un fond de ciel assez haut, afin de mettre en valeur au maximum l’ensemble des étoiles visibles. Il en résulte une image plus « lumineuse » que la moyenne, mais sans que les étoiles principales qui composent l’astérisme n’en pâtissent et que la forme globale ne soit noyée… A noter que la zone bleue légèrement plus lumineuse au-dessus du cintre (vers le haut de l’image) n’est pas le résultat d’un problème de gradient ou de flat (comme je l’ai pensé initialement), mais est bien réelle : d’autres images de cette région montrent également ces nébulosités bleutées.
Matériel :
Takahashi TSA102 f/6
AZEQ6 via EQmod
Atik-16200 (-20°)
Guidage : OAG & Atik GP
Filtres Astronomik LRGB
Pixinsight – Photoshop
Acquisition :
Lum : 31 x 300s (bin1) + 4 x 600s
R : 12 x 300s (bin2)
G : 12 x 300s (bin2)
B : 12 x 300s (bin2)
Intégration totale : 6h15
Date(s) de prise de vue : 22 & 23 août 2019
L’astérisme du Cintre est une cible extrêmement simple à imager. Comme les amas ouverts, il fait partie des cibles idéales pour les débutants et ne posera aucune difficulté aux astrophotographes plus expérimentés. Aussi, cet objet ne requiert que peu de conseils quant à sa prise de vue.
Un avantage pour les débutants : les APN non défiltrés et les caméras couleurs sont parfaites pour photographier cette cible, en l’absence de toute nébulosité importante environnante. L’absence de défiltrage présente même un avantage ici, car il simplifie la calibration des couleurs des étoiles.
La seule contrainte est en réalité de disposer d’un champ suffisamment large pour inclure l’ensemble des étoiles principales, sans que ce dernier ne soit trop à l’étroit. L’image présentée montre qu’un champ de 3° permet de photographier l’ensemble de l’astérisme avec une marge suffisante. Par ailleurs, aucun besoin d’une résolution fine, sauf à vouloir résoudre un peu mieux l’amas ouvert NGC 6802 à proximité.
Les possesseurs de caméra ou d’APN à capteur plein format seront naturellement avantagés, sous réserve que l’optique leur permette d’exploiter entièrement le champ, puisque sur ce type de cibles la planéité du champ est essentielle pour obtenir des étoiles ponctuelles jusque sur les bords.
Contrairement à la présente image, il est parfaitement possible de ne procéder qu’à des acquisitions RGB, sans couche de luminance ; à la condition toutefois de conserver une résolution maximale pour l’ensemble des couches (bin1).
En pratique, la réalisation d’une couche de luminance peut apportera un « plus » à condition de disposer d’excellentes conditions météorologiques, permettant d’envisager un gain en définition et en détectivité par rapport à une simple version RGB. Dans cette hypothèse, il est recommandé de conserver un bin1 pour les couches RGB plutôt que du bin2, afin de préserver au maximum l’aspect des étoiles et d’éviter la formation de halos disgracieux et compliqués à gérer lors du traitement. Il est également recommandé dans ce cas de ne pas être trop avare sur le nombre de poses consacrées à la couleur, à défaut de quoi il peut être compliqué de calibrer correctement les couleurs lors du traitement, ou de bien mettre ces dernières en valeur.
Un temps de pose limité permet d’obtenir une belle image sur cette cible. Les 6h de pose de la présente image sont plus que suffisants… même une petite heure de pose permet déjà d’obtenir un résultat satisfaisant. Allonger le temps de pose permet de gagner en détectivité sur les plus faibles étoiles ainsi que d’ajouter à l’image quelques petits objets dans le fond de ciel, ainsi que de mieux mettre en valeur les nuages sombres ; comme dans la présente image.
Un point d’attention est, en revanche, le temps de pose unitaire : un temps de pose excessif peut saturer excessivement les étoiles les plus brillantes sans qu’aucune correction ne soit ensuite possible lors du traitement. Il est donc conseillé de procéder à quelques tests afin de déterminer le temps de pose optimal. Votre temps de pose habituel, « par défaut », peut être réduit occasionnellement cette cible, quitte à effectuer un plus grand nombre de poses unitaires à temps d’intégration global identique (par exemple 180s plutôt que 300s…).
Dans la même logique, en cas d’utilisation d’un APN, attention de réduire les ISO afin de ne pas saturer les étoiles trop rapidement.
Enfin, si vous utilisez une lunette et que vous souhaitez mettre en valeur les principales étoiles de l’amas avec des aigrettes (sans recourir à leur ajout artificiel lors du traitement), il est possible de croiser 2 fils de nylon très fins devant l’objectif. La diffraction de la lumière par ces fils génèrera des aigrettes comme si l’image avait été réalisée avec un télescope.
L’amas du Cintre est un objet aussi simple à traiter qu’à photographier.
Les difficultés sont peu nombreuses et peuvent se résumer très rapidement à l’aspect et à la couleur des étoiles.
Un traitement simple et classique donnera souvent les meilleurs résultats. Le principal point d’attention est l’aspect des étoiles principales et s’assurer que celles-ci ne soient pas saturées de manière trop importantes lors de la montée d’histogramme.
Une montée d’histogramme traditionnelle (logarithme + montée fine) est parfaitement adaptée, et permettra de gérer plus simplement l’aspect des étoiles, en conservant un bel aspect gaussien.
Cette montée d’histogramme peut être réalisée de manière similaire pour la couche Luminance et les couches RGB. Gardez simplement à l’esprit qu’une combinaison en LRGB supposera d’augmenter la saturation de la couche couleur avant assemblage, contrairement au simple RGB.
En cas de traitement LRGB, la montée d’histogramme pour l’image RGB peut être réalisée par la fonction MaskedStretch, qui permet de conserver des couleurs riches en évitant toute saturation lumineuse. Attention cependant à bien paramétrer cet outil afin d’éviter un étalement trop important des étoiles et la création de halos colorés lors de l’assemblage avec la couche de Luminance.
Selon vos préférences, il est parfaitement possible d’augmenter plus ou moins la luminosité du fond de ciel afin de privilégier soit la mise en valeur uniquement des étoiles principales, soit le fourmillement d’étoiles aux alentours :
Étape finale, cruciale sur cette cible : la calibration minutieuse des couleurs et de la saturation. Cette étape de calibration des couleurs est surement la seule opération réellement délicate du traitement de cet objet ; et la seule susceptible de poser quelques problèmes aux débutants, notamment à ceux disposant d’un APN défiltré.
A titre d’illustration, voici deux calibrations différentes, l’une réalisée de manière classique avec une neutralisation du fond de ciel et calibration des couleurs, et l’autre en utilisant le process PhotometricColorCalibration, qui donne le meilleur résultat en supprimant la dominante « bleutée » qui ne correspond pas à la réalité physique de l’objet, composé en grande partie de naines rouges et d’étoiles blanches semblables au Soleil :
Signalons enfin qu’aucune opération de réduction d’étoiles ou de déconvolution n’est évidemment nécessaire sur cette cible !
L’ajout d’une couche Ha permettrait sans doute de mieux mettre en valeur la petite nébuleuse sh2-83, et peut-être certaines zones de nébulosités en émission dans le champ… à tester à l’occasion ! 🙂
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