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Nom : IC 5146 – Sh2-125 – Nébuleuse du Cocon – Barnard 168
Type : Nébuleuse en émission et en réflexion
Distance : ~3500 AL
Taille : 12′ (15AL)
Magnitude : 7,2
Meilleure période d’observation : Eté
La nébuleuse du « Cocon » porte bien son nom : il s’agit d’une magnifique pouponnière d’étoiles, située à environ 3500 années-lumière dans la constellation du Cygne.
Le « Cocon » abrite ainsi un petit amas ouvert (désigné sous le nom « Collinder 470 ») qui laisse apparaitre une vingtaine d’étoiles.
Si elle ne présente pas les dimensions apparentes généreuses d’autres lieux de formation stellaire bien connus, tels que les nébuleuses d’Orion ou de la Lagune, la nébuleuse du Cocon n’en est pas moins le siège d’une activité soutenue de création d’étoiles, dont la grande majorité sont en réalité cachées derrière les bandes de poussières obscures. L’observation de cette zone en infra-rouge révèle, en effet, la présence de plusieurs centaines d’étoiles jeunes, dont certaines très massives (14 masses solaires pour la plus massive).
A l’instar des nébuleuses en émission, la nébuleuse du Cocon consiste en un grand nuage de gaz (majoritairement d’hydrogène), ionisé par le rayonnement des étoiles nouvellement créées. L’hydrogène ionisé émet sa lumière dans le rouge (on parle de la « raie Ha » à 656nm de longueur d’onde), d’où la prédominance de cette couleur dans l’ensemble des nébuleuses en émission.
Mais la nébuleuse du Cocon présente aussi une zone « bleutée » sur le pourtour de la zone ionisée, qui ne résulte pas du même mécanisme physique. Dans cette zone, la lumière ne résulte pas de l’absorption du rayonnement stellaire par le gaz et de sa réémission à une plus faible énergie (zones rouges), mais d’une plus simple « réflexion » de la lumière par les nuages de poussière environnants. La diffusion de la lumière varie alors en fonction de deux facteurs : la taille des particules et la longueur d’onde de la lumière ; le rapport entre ces deux longueurs va influer sur l’importance de la diffusion. Ces zones apparaissent alors en bleu, car la diffusion est plus importante pour les courtes longueurs d’onde ; le rouge quand à lui, d’une longueur d’onde plus importante, est moins affecté par le phénomène de diffusion.
Dans la mesure où les nuages de gaz interstellaires ne sont pas homogènes, il est fréquent de retrouver ces différents phénomènes dans les nébuleuses : les nébuleuses d’Orion et du Trèfle, par exemple, présentent également des zones en émission et des zones en réflexion. Mais on trouve également ces phénomènes de réflexion dans des zones où l’activité de formation stellaire est déjà achevée, où le gaz et la poussière subsistants assurent cette réflexion, comme dans le cas de l’amas des Pléiades.
Outre l’émission et la réflexion, un troisième type de phénomène est visible sur la nébuleuse du Cocon : la nébuleuse par absorption, ou nébuleuse « obscure ». On voit en effet sur l’image, à gauche du Cocon, de grandes bandes sombres, désignées sous le nom de « Barnard 168 ». Il s’agit ici de bandes de gaz et de poussières trop compactes pour que la lumière puisse les traverser… du moins la lumière « visible », car avec d’autres longueurs d’ondes, en infrarouge par exemple, il est possible de littéralement voir à travers ces zones obscures et de révéler leur activité cachée :
Sur cette spectaculaire image, réalisée en infrarouge par le satellite européen Herschel, la nébuleuse du Cocon est révélée dans son ensemble, y compris dans les bandes sombres. Alors qu’une image en lumière visible peut laisser croire que ces zones sont froides, opaques et dénuées d’activité, la lumière infrarouge révèle une importante activité de création d’étoiles, sur une région bien plus étendue ! C’est même dans ces zones sombres, plus que dans le Cocon, que la formation d’étoile se poursuit encore de la manière la plus active.
Image APN – 2015
Cette image a été réalisée avec un APN défiltré (refiltré Astrodon) sur une TSA102 équipée du réducteur afin de bénéficier d’un rapport F/D de 6 (au-lieu de 8 en natif).
Le passage d’un rapport F/D de 8 à 6 peut sembler insignifiant, mais il permet d’obtenir, pour un temps de pose donné, quasiment 2 fois plus de signal… ou pour obtenir un signal donné, de poser 2 fois moins longtemps !
Le réducteur de focale a un autre avantage évident pour cet objet : il ramène la focale à 600mm au lieu de 817mm en natif, ce qui permet d’obtenir un champ plus grand, et d’inclure les longues bandes sombres de poussière sur le côté gauche de l’image.
A noter que j’ai volontairement décalé le Cocon sur la droit du champ afin de saisir le plus possible de ces poussières (Barnard 168) sur l’image.
Le défiltrage de l’APN apporte bien sûr un « plus » pour capturer au mieux la nébuleuse en émission (dans le rouge). En revanche, le gain est nul sur les nébuleuses par réflexion et obscures. Le défiltrage a cependant un inconvénient : la balance « naturelle » des couleurs (des blancs) n’est plus respectée, et l’ensemble de l’image tend davantage sur le rouge. Il convient donc de porter une attention particulière à la calibration des couleurs lors du traitement, notamment pour bien respecter les teintes des étoiles qui sont dans ce champ très contrastées et variées, allant du rouge profond au bleu intense.
Cette image a été réalisée lors de 2 sessions d’acquisition, la première en Corse et la seconde en Charente-Maritime (avec l’utilisation d’un filtre Baader Neodynium pour réduire l’effet de la pollution lumineuse).
Avec un total de seulement 2h de pose, on constate que si la nébuleuse par émission ressort bien, celle en réflexion est très nettement en retrait, ainsi que les bandes d’absorption qui se détachent faiblement du fond de ciel. Un temps de pose supérieur apporterait beaucoup plus de signal et de contraste à l’image ; tout en permettant de mieux mettre en valeur les bandes de poussières avec une diminution du bruit.
Matériel :
Takahashi TSA102 f/6
AZEQ6 via EQmod
Canon 1100D Astrodon (800iso)
Guidage : lunette-guide 9×50 et PLA-MX
Fitre : Orion Skyglow
Pixinsight
Acquisition :
25 x 300s
Intégration totale : 2h05
Date(s) de prise de vue : 12 & 21 août 2015
Image CCD – 2022
Cette nouvelle version a été réalisée aux mêmes lieux et avec le même instrument que pour l’image précédente : TSA-102 à f/6 sur AZEQ6, mais avec une CCD Atik 16200 en lieu et place de l’APN.
Ce « simple » changement de capteur (avec un temps de pose qui va bien aussi…) permet de révéler la nébuleuse sous un jour totalement nouveau : les zones en émission ressortent beaucoup mieux, sur la nébuleuse elle-même mais aussi dans le fond de ciel, parcouru de draperies HII. La zone de nébulosités en réflexion devient également visible, et les bandes de poussières gagnent fortement en signal, en contraste et en dynamique avec le fond de ciel.
Bien sûr, le capteur ne fait pas tout ; et il est un peu ridicule de chercher à comparer une image comptant 37h d’acquisition avec une caméra refroidie et une image réalisée avec à peine 2h à l’APN… Cela montre tout de même la différence de potentiel des deux appareils.
L’essentiel des poses a été réalisé avec les filtres luminance (15h30) et Ha (12h30), afin justement de disposer d’un signal de qualité et d’une grande dynamique lors du traitement, en particulier dans le fond de ciel et les bandes de poussières (pour la nébuleuse elle seule, un temps de pose plus réduit aurait probablement suffit). La bande passante très étroite du filtre Ha (3,5nm) est d’une grande aide pour isoler le signal et limiter la taille des étoiles sur l’image finale.
Ce capteur plus grand permet également de bénéficier d’un champ plus large afin d’intégrer au mieux les extensions lointaines sur les bandes de poussières. Niveau cadrage, j’ai choisi de décentrer la nébuleuse dans le coin inférieur-droit afin de saisir au maximum les bandes de poussières… toutefois, celles-ci sont un peu moins étendues que ce que je pensais, aussi il aurait été préférable de centrer un peu plus la nébuleuse.
Il est toujours difficile d’apprécier a priori les dimensions de ces structures, lorsque celles-ci n’apparaissent pas clairement sur les brutes unitaires. Le plus simple est dans ce cas de chercher des images de référence sur le champ, mais dans ce cas précis il existe peu d’images avec un champ aussi grand (la plupart sont plus resserrées sur la nébuleuse).
Le traitement de cette image a demandé au moins autant de temps que les acquisitions elles-mêmes. En cause, deux difficultés principales : le mixage des couches Luminance et Ha pour l’image de luminance (le mixage Ha et RGB est nettement plus simple) et la mise en valeur des nébuleuses obscures. J’y reviendrais plus en détails dans la partie « traitement » ci-dessous.
L’image initiale (en version « full ») présentait une différence de résolution et de finesse assez nette sur une fine bande sur les bords gauche et bas de l’image : cela était lié au fait que mes brutes de luminance n’étaient pas calées exactement comme les brutes RGB. Normalement, j’aurais donc du croper ces zones pour ne conserver que le champ couvert par l’image Luminance ; mais cela aurait conduit à placer la nébuleuse encore un peu plus dans le coin inférieur-gauche… J’ai donc choisi d’utiliser les images RGB comme couche de luminance pour compléter cette zone, même si la transition était compliquée à camoufler.
L’été suivant le traitement de cette image, j’ai donc réalisé une petite série de poses en Luminance afin de corriger les étoiles sur ces bords de champ. Même s’il est souvent compliqué d’intervenir a posteriori sur une image déjà traitée pour venir corriger des étoiles, le résultat est aujourd’hui satisfaisant et ces petits défauts ont disparus !
Matériel :
Takahashi TSA102 f/6
AZEQ6 via EQmod – NINA
Atik 16200 mono
Guidage : Atik OAG + ASI120mini
Fitres : Baader LRGB + Ha Ultranarrowband (3,5nm)
Pixinsight & Photoshop
Acquisition :
L : 62 x 900s bin1 (15h30)
Ha : 37 x 900s bin1 + 20 x 600s bin2 (12h35)
R : 36 x 300s bin2 (3h00)
G : 36 x 300s bin2 (3h00)
B : 36 x 300s bin2 (3h00)
Intégration totale : 37h30
Date(s) de prise de vue : 12 juillet – 20 août 2020 (8 nuits)
La nébuleuse du Cocon est le plus souvent photographiée en utilisant un cadrage assez serré. Sa taille apparente n’étant pas élevée, elle se prêt en effet bien à l’imagerie à longue focale, d’autant qu’elle présente de très jolis détails qu’il est intéressant de chercher à mettre en valeur.
Mais, comme sur les images présentées ici, un cadrage large de cette nébuleuse peut conduire à un résultat très esthétique. Il est recommandé pour ce faire de ne pas dépasser les 500/600mm de focale avec un capteur au format APS-C. Décentrer le Cocon permet d’inclure au mieux les bandes de poussières sombres, qui apportent un « plus » indéniable au champ par la diversité des objets ainsi représentés.
Attention, ces bandes de poussières ne sont souvent pas représentées sur les images intégrées à Stellarium… mieux vaut donc se fier à des images de surveys ou à certaines images de référence avec un bon signal afin d’apprécier les dimensions réelles de ces extensions sombres. L’image CCD présentée ici peut servir d’aide pour le cadrage au besoin.
Si le champ couvert est un peu limite, il est recommandé de placer le cocon et les bandes de poussières dans la diagonale du capteur, comme dans l’image CCD 2022 présentée ici. En comparaison, l’image APN 2015 aurait mérité quelques degrés d’inclinaison supplémentaires… Attention cependant à ne pas placer le Cocon totalement en bord de champ : non seulement l’esthétique de l’image va en pâtir, mais cela ne laisse plus aucune marge de manœuvre pour un éventuel crop qui s’avérerait nécessaire (et souvent indispensable si vous multipliez les différentes couches…). Mieux vaut donc prévoir un peu de marge que de devoir croper trop près de la nébuleuse…
Réaliser une image de ce champ stellaire dense nécessite par ailleurs une bonne planéité de champ du système optique-capteur, afin de conserver, dans l’idéal, des étoiles d’un aspect homogène et dépourvues d’aberrations jusque sur les bords.
Pour saisir les bandes sombres de poussière, un ciel dénué de pollution lumineuse et transparent est bien sûr recommandé. A défaut, il est possible d’utiliser un filtre anti-pollution lumineuse avec un capteur monochrome ou un filtre UHC avec un capteur couleur, mais attention : dans ce cas, il peut être compliqué de retrouver ensuite une bonne calibration des couleurs lors du traitement. Dans tous les cas, attention à la présence de la Lune et aux gradients qu’elle peut générer : la présence de tels gradients peut rendre plus complexe la calibration des images et limiter les possibilités de mise en avant des nébuleuses les plus sombres au final.
Avec un APN, un modèle défiltré est à privilégier pour capter au mieux le signal de la zone en émission, sous réserve de bien veiller à une bonne calibration des couleurs au final ; pas uniquement sur la nébuleuse mais également sur les étoiles. Dans la même logique, la réalisation d’une couche Ha avec une caméra CCD permettra de sublimer la luminance et de bien mieux faire ressortir la nébuleuse du Cocon ainsi que les très riches nébulosités plus faibles dans le fond de ciel aux alentours.
Prévoyez un temps de pose rallongé si vous souhaitez mettre en évidence au mieux les plus faibles présences du signal HII dans le fond de ciel et derrière la nébuleuse. Sur la nébuleuse elle-même, ce signal est très présent et un temps de pose même limité suffira à la faire ressortir correctement. A noter que pour une image LRGB+Ha (en combinaison LHa-RHaGB, donc mix de la couche Ha avec la Luminance et avec la couche RGB), il est nécessaire de disposer de deux bonnes couches L et Ha : aucune des deux n’est pas à privilégier.
A noter que le temps de pose pour l’image CCD 2022 présentée ici (37h30) ne doit pas être utilisé comme référence : le capteur 16200 présente l’avantage de disposer d’une grande taille, mais bénéficie d’un rendement quantique limité et d’un bruit de lecture assez élevé au regard de ce qui existe pour les capteurs CMOS les plus récents. Avec ces nouveaux capteurs, il est possible d’obtenir des brutes avec un signal équivalent avec un temps de pose sûrement bien plus faible…
Avec une caméra CCD, il peut être conseillé (selon la réponse QE de votre modèle dans les différentes longueurs d’onde), de retenir un temps de pose global un peu plus long pour le filtre bleu, afin de mieux mettre en valeur au final la partie de la nébuleuse en réflexion, qui est plus ténue que la nébuleuse en émission.
Le Cocon est l’une des rares nébuleuses en émission sur laquelle on ne recommandera pas forcément de tenter l’aventure SHO… les quelques tentatives en ce sens ne sont (à mon avis) pas concluantes ! Outre le fait que les magnifiques couleurs du RGB sont perdues au détriment de couleurs plus fades, l’ensemble des détails plus fins qu’il est possible d’obtenir avec des filtres à bande étroite se trouvent sur la couche Ha. Il est donc bien plus opportun de réaliser une couche Ha en complément des couches RGB.
Une plongée au cœur du Cocon, moyennant l’utilisation d’une focale conséquente, offre un spectacle absolument somptueux. La mise en valeur des nombreux détails et des petites étoiles orangées au sein des nuages d’hydrogène peut être renforcée par la réalisation d’une couche Ha.
Une difficulté supplémentaire est la présence, au cœur du Cocon, de quelques étoiles très lumineuses. Il convient donc d’ajuster le temps de pose des images unitaires sur ces étoiles, afin de ne pas obtenir de zones saturées qui noieraient les détails de la nébuleuse sur l’image finale.
Inversement, si vous êtes plutôt adeptes des champs larges, un défi peut être de mettre en évidence l’ensemble des bandes de poussières et les faibles nébulosités autour de la nébuleuse. L’image CCD 2022 donne un bon aperçu de la zone cadrée, mais il existe également d’autres structures HII de part et d’autre de la nébuleuse, bien moins souvent imagées !
Bien que très populaire chez les astrophotographes – même débutants – et relativement brillante, la nébuleuse du Cocon est un objet dont le traitement est réputé plutôt simple… en réalité, il n’en est rien ! Il s’agit plutôt d’un objet « faussement facile » : simple à traiter si l’on souhaite seulement se concentrer sur la nébuleuse en émission, mais qui se révèle compliqué, voire difficile, si l’on souhaite mettre en valeur l’ensemble des autres éléments de l’image (nébuleuse en réflexion, bandes de poussières, draperies HII dans le fond de ciel…).
En effet, outre les étoiles très présentes, les autres éléments sont très faiblement lumineux et ne se révéleront dans toute leur beauté qu’à condition de disposer d’un signal suffisant et de bien maîtriser les différents aspects du traitement (prétraitement, gestion du bruit, montée d’histogramme, combinaison de couches, etc.).
Voici quelques conseils pour aborder au mieux les points essentiels du traitement.
Gestion des étoiles
En dehors des recommandations habituelles de traitement adaptées aux nébuleuses, il faut tenir compte dans le cas présent d’une spécificité du champ : celui-ci se particularise par sa très grande densité d’étoiles : cette zone se situe en effet en pleine voie lactée !
Mais il ne s’agit pas d’un champ stellaire assez uniforme où l’on peut juste se permettre d’effectuer une réduction d’étoiles en fin de traitement pour atténuer de manière globale leur luminosité :
Une difficulté est donc de concilier : i/ le respect de l’aspect des étoiles à chacune des étapes du traitement, ii/ de limiter l’impact visuel de celles-ci afin de préserver la visibilité du sujet principal, à savoir la nébuleuse, et iii/ de mettre en valeur les tailles et couleurs respectives des étoiles.
Deux options (complémentaires) sont donc possibles pour les étoiles : réaliser une réduction en tout début de traitement sur la couche de Luminance (et éventuellement les couches RGB) et/ou travailler pour l’essentiel en mode starless. Dans ce deuxième cas, il faut cependant veiller à ne pas réaliser des montées d’histogramme distinctes pour l’image starless et pour l’image des étoiles : la recombinaison ultérieure de ces images où les histogrammes ont été tirés différemment est souvent catastrophique et donne rapidement un aspect très artificiel à l’image (avec notamment un « raccord » de luminosité se traduisant soit par des zones sombres autour des étoiles, un niveau de bruit différent, ou encore des étoiles ayant perdu leur aspect gaussien).
Sauf à ce que vous maîtrisiez très bien cette technique, il est donc plus recommandé de réduire les étoiles en tout début de traitement (juste après le crop et le retrait de gradient) et de travailler en starless au cas par cas selon les process ; et surtout d’effectuer une montée d’histogramme commune sur tout l’image.
La réduction d’étoiles permet une meilleure visibilité des objets (nébuleuses, bandes de poussières…), mais celle-ci doit être correctement dosée afin de ne pas trop faire disparaitre les étoiles (avec un résultat artificiel au final).
Il est recommandé de procéder à une réduction en 2 phases : l’une pour les étoiles faibles, et une seconde pour les plus grosses étoiles. Cette manière de procéder permet d’appliquer à chaque catégorie d’étoiles un traitement spécifique et adapté à leur morphologie.
Attention, en cas de réduction d’étoiles assez prononcée sur la luminance, il pourra s’avérer nécessaire de procéder également à une telle réduction sur la couche RGB, afin de limiter la création de halos disgracieux sur l’image assemblée en LRGB.
Luminance
Sur une image réalisée en couleurs naturelles, que ce soit avec un APN ou une CCD, il est recommandé de procéder au traitement de l’image en mode L-RGB, afin d’appliquer des traitements distincts à la couche de luminance et à la couche couleurs. Cette manière de faire offre un plus grand nombre d’option pour appliquer des traitements adaptés à chacune des couches… ce qui est plus que justifié sur cet objet en particulier où le but est de mettre en valeur les différentes zones du champ de manière spécifique !
Ces traitements différenciés en L-RGB peuvent être réalisés aussi bien avec Pixinsight qu’avec Photoshop (en mode « Lab »).
Si vous réalisez une image en plan rapproché de la nébuleuse, avec beaucoup de détails, il peut être intéressant de réaliser une déconvolution en début de traitement (avant la réduction d’étoiles). Dans la mesure où ce process est largement destructeur pour l’aspect des étoiles, il est recommandé de protéger ces dernières avec un masque ou – mieux encore – de n’appliquer la déconvolution que sur l’image starless, en réintroduisant les étoiles ensuite. Le process doit dans tous les cas n’être appliqué que sur les zones à plus haut rapport signal sur bruit de l’image, au moyen d’un masque adapté. Pour les images grand champ, aucune déconvolution n’est réellement nécessaire.
Pour la luminance, on privilégiera une montée d’histogramme classique (logarithmique + montée fine), plutôt qu’une montée d’histogramme agressive (notamment par le recours à des process tels que MaskedStretch), afin de préserver l’aspect naturel et gaussien des étoiles. Toutefois, si vous travaillez en starless, il est possible de réaliser un mix des deux versions et de conserver uniquement les étoiles obtenues par la montée d’histogramme classique.
Si vous avez réalisé une couche Ha pour « booster » la luminance, n’oubliez pas que votre image finale de luminance sera plus lumineuse ! Inutile donc de chercher à obtenir une luminance trop « lumineuse » : il est préférable dans ce cas de privilégier une luminance un peu plus « sombre » qu’à l’accoutumée.
La mise en valeur des bandes de poussières opaques implique 2 opérations sur l’image de Luminance :
Vous pouvez bien sûr réaliser l’ensemble des opérations de rehaussement des détails sur cette couche Luminance, ou reporter cette opération sur l’image de luminance mixée avec la couche Ha par la suite (choix que j’ai retenu pour cette image).
Même si je ne suis pas adepte des traitements starless, force est de reconnaître que celui-ci peut s’avérer particulièrement efficace sur ce genre de cible, en particulier s’il est réalisé en mode linéaire (avant la montée d’histogramme) et sous réserve qu’aucune étoile ne génère des artefacts trop flagrants (ce qui est parfois le cas en mode linéaire ou en présence d’aigrettes…). Si vous prévoyez d’effectuer plusieurs opérations starless successives lors des différentes étapes du traitement, privilégiez StarXTerminator qui génère beaucoup moins d’artefacts que StarNet v2 (avec même le risque que Pixinsight ne détecte plus les étoiles après quelques opérations !). N’hésitez pas à consulter le dernier comparatif des logiciels starless pour en savoir plus sur ces différents aspects.
Assemblage des couches L et Ha
Si vous avez réalisé une couche Ha, il est naturellement bienvenue de rehausser la luminance avec celle-ci, afin de gagner en signal sur les faibles nébulosités. La montée d’histogramme de la couche Ha peut s’effectuer ici en mode classique ou en maskedstretch (en particulier si le signal est faible) : l’important est d’avoir un niveau de point noir à peu près équivalent entre les deux couches avant l’assemblage ; ou à défaut de réaliser un LinearFit sur la couche la moins dynamique en prenant comme référence la couche la plus dynamique (en général la Luminance) au préalable.
A noter que personnellement, je préfère réaliser cet assemblage en mode non-linéaire, mais il est tout à fait possible de le réaliser en mode linéaire selon les cas…
Par ailleurs, pour éviter d’altérer l’aspect des étoiles, il est recommandé d’effectuer ce mixage en mode starless (pensez bien à aligner vos images avant !), et de réintroduire les étoiles de l’image Luminance après.
L’assemblage peut se réaliser soit au moyen du script SHO-AIP (avec la fonctionnalité « Create Luminance image« ), soit au moyen de PixelMath. Dans les deux cas, le problème de base reste le même, à savoir déterminer les meilleurs coefficients pour le mélange des deux couches. Avec PixelMath, une bonne base de départ est 60% Luminance / 40% Ha, mais cela dépend fortement de vos images ; aussi il peut être nécessaire de réaliser différents essais pour déterminer les meilleurs réglages.
Avec le script SHO-AIP, cette opération est généralement plus facile, avec la possibilité de prévisualiser en direct le résultat et, surtout, de choisir le mode d’assemblage des deux images. Les modes « screen » et « lighten » sont généralement les plus adaptés : le mode screen correspond au mode « normal » sous Photoshop, tandis que le mode lighten équivaut à « éclaircir ». Dans le premier cas, les pourcentages des deux images doivent être ajustés comme avec PixelMath (60/40 par exemple). En mode lighten, il est possible de conserver la luminance à 100% et de monter progressivement le Ha (le cas échéant jusqu’à 100% également) afin de faire ressortir le signal.
La principale difficulté est d’apprécier objectivement la qualité du mixage obtenu ; le piège le plus classique étant de chercher à trop rehausser le signal Ha. Gardez toujours en tête qu’une luminance trop lumineuse posera des soucis lors de l’assemblage avec la couche couleurs, en particulier sur une image RGB-Ha, avec un risque de couleurs « délavées » et une dynamique peu naturelle. Mieux vaut rester conservateur à ce stade, quitte à rehausser un peu plus le signal au final (la couche Ha starless peut fournir pour ce faire un excellent masque !).
Voici un exemple de mixage « correct » réalisé pour cette image :
Le mixage ainsi réalisé peut sembler limité au premier abord, avec un signal Ha qui ne ressort pas tant que ça… mais un tel mixage donne de très bons résultats par la suite lors de l’assemblage avec la couche couleurs.
A l’inverse, voici un exemple de « mauvais » mixage, avec un signal Ha bien trop présent :
L’image L-Ha mixée est ici beaucoup trop lumineuse et sera quasiment inexploitable par la suite lors de l’assemblage avec la couche couleurs : la nébuleuse est trop brillante et les zones de fond de ciel trop mises en avant (soucis de dynamique et de bruit en perspective…).
Rehaussement des détails sur l’image Luminance (ou Luminance-Ha mixée)
Sur votre image de Luminance finalisée, ou sur l’image L-Ha mixée le cas échéant, il est possible de rehausser localement les détails dans les bandes obscures de poussières. L’utilisation de masques adaptés est recommandée afin de localiser au mieux les traitements appliqués.
A cette fin, le process DarkStructureEnhance de Pixinsight peut donner de bons résultats, mais prenez attention de l’utiliser avec parcimonie afin de ne pas perdre de détails au sein de ces structures (l’augmentation du contraste passe souvent par un abaissement de la luminosité dans les zones sombres, ce qui peut être destructeur pour les détails en lissant des zones plus ou moins étendues…). Appliquez de préférence ce traitement en utilisant un masque pour pouvoir réduire l’intensité du traitement par défaut…
Sur la nébuleuse en elle-même, celle-ci présente de petits détails à accentuer mais généralement « noyés » dans une luminosité assez forte : dans ce cas, les fonctions HDRMultiscaleTransform ou Local Contrast Enhancement sont ici tout à fait adaptées !
Pour en savoir plus sur la mise en œuvre de ces process de rehaussement de détails, je vous invite à consulter le tutoriel dédié à HDRMT, ainsi que le tutoriel plus général consacré à l’amélioration des détails avec Pixinsight, ainsi que le tutoriel spécifique à Photoshop le cas échéant. Vous y trouverez de nombreux conseils spécifiques en fonction de la nature des détails à rehausser.
Image RGB et assemblage avec la couche Ha
Le traitement de l’image RGB ne pose pas autant de soucis, d’autant plus que le process PhotometricColorCalibration (PCC) de Pixinsight donne de très bons résultats sur ce champ.
L’essentiel est de disposer d’une image RGB correctement calibrée avant d’aller plus loin et notamment de mixer celle-ci avec la couche Ha. Inutile de chercher à saturer à l’excès celle-ci, puisque l’ajout de la couche Ha va venir renforcer la couche rouge.
L’image Ha destinée à renforcer la couche RGB peut être la même que celle utilisée pour le mix avec la Luminance, mais dans ce cas précis la montée d’histogramme avec MaskedStretch donne les meilleurs résultats. Vous pouvez au besoin créer une seconde image Ha spécifiquement destinée au mix avec la couche RGB.
Pour la couche RGB comme pour la couche Ha, les détails ne sont pas importants : vous pouvez donc sans crainte forcer davantage sur la réduction de bruit.
L’assemblage peut là aussi s’effectuer de deux manière différentes, soit avec le script HaRVB-AIP, soit avec PixelMath. Dans le cas présent, l’assemblage avec le script HaRVB-AIP en mode linéaire est de loin le plus simple ; mais pour cette version j’ai réalisé un mix de deux versions réalisées avec ces deux techniques. Ce mix peut se faire sur les versions starless des deux images, avec réintroduction immédiate des étoiles de la couche RGB.
L’essentiel à ce stade est d’obtenir après mixage un signal rouge bien visible dans le fond de ciel. La sursaturation de la nébuleuse est quasiment inévitable mais n’est pas problématique car cet aspect sera automatiquement atténué après l’assemblage en L-RGB et peut dans tous les cas être corrigé par la suite.
Si le mix est particulièrement difficile à réaliser, il ne faut pas hésiter à jouer sur le curseur « % de la couche Ha dans la couche R » dans le script AIP. La valeur par défaut de 30% peut ne pas être suffisante en fonction de vos images (surtout en mode linéaire). Une solution alternative est de réaliser deux assemblages LRGB distincts : l’un avec l’image RGB initiale, et l’autre avec l’image RGB-Ha, puis de mixer ces versions afin de ne retenir que les points positifs de chacune (par exemple la version LRGB de base pour la nébuleuse en émission et en réflexion, et la version LRGB-Ha pour le fond de ciel…). Cette technique suppose évidemment de créer des masques parfaitement adaptés.
Pour en savoir plus sur cette opération d’assemblage de la couche Ha avec l’image RGB, vous pouvez consulter le tutoriel détaillé sur cet aspect.
Assemblage LRGB et finalisation
Une fois les deux images mixées obtenues (Luminance/Ha et RGB/Ha), l’assemblage L-RGB ne pose généralement pas de soucis particuliers : l’essentiel est encore d’obtenir une image équilibrée, à la fois en terme de dynamique (pour la luminosité) et de richesse des couleurs. En particulier, il est impératif de ne pas se retrouver avec une image totalement dénaturée en terme de teinte et de bruit dans les zones d’ajouts Ha… mais normalement cet aspect saute aux yeux dès le mixage RGB/Ha !
Une fois l’image LRGB réalisée, une multitude de petits ajustements finaux peuvent être effectués sur l’image selon vos préférences : correction sélective des couleurs, saturation des étoiles, réduction d’étoiles complémentaire, traitements localisés sur les bandes de poussières ou sur certaines parties de la nébuleuse, dynamique et contraste d’ensemble… le tout bien sûr avec des masques adaptés !
Bien que pouvant s’avérer d’un traitement complexe, la nébuleuse du Cocon est avant tout un magnifique objet dont la luminosité et les couleurs prononcées permettent à chaque astrophotographe de laisser libre cours à ses inspirations, voire à ses fantaisies… autant en profiter au maximum ! 🙂
Un petit défaut de cette image est le cadrage : celui-ci aurait pu être plus précis afin d’éviter de placer le Cocon trop dans le coin, les bandes de poussières ne s’étendant pas jusque dans le coin opposé.
Il s’agit toutefois d’un défaut minime au regard du résultat final qui me donne pleinement satisfaction : à mon sens probablement l’une de mes images les plus abouties à ce jour !
Compte-tenu du temps passé sur cette image (acquisition et traitement), je n’envisage pas de la refaire prochainement ! Ou éventuellement avec plus de focale, pour obtenir plus de détails dans le Cocon lui-même…
Si l’espace commentaires n’est pas accessible, consultez le guide pratique pour y remédier !
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