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Nom : M44 – NGC2632 – Amas de la Crèche – Praesepe
Type : Amas ouvert (type IIm2)
Distance : ~600 AL
Taille : 70′ (12 AL)
Magnitude : 3
Meilleure période d’observation : Hiver / Printemps
M44 est très facilement visible à l’œil nu car relativement lumineux. Il est cependant impossible de le résoudre en étoiles sans instruments. C’est pourquoi, bien que connu depuis l’antiquité, il a tout d’abord été catalogué par Hipparque comme un « petit nuage », avant que sa première observation par Galilée avec une lunette permette d’établir sa vraie nature ; ce dernier comptant au moins 40 étoiles.
En réalité, l’amas M44 est constitué d’un millier d’étoiles liées ensemble par la gravitation, pour une masse totale d’environ 600 masses solaires ; ce qui implique que l’essentiel des étoiles composant l’amas sont d’une masse unitaire moyenne inférieure à celle du Soleil… L’amas est ainsi composé majoritairement de naines rouges (66%), d’un grand nombre d’étoiles similaires au Soleil (30%) et comporte quelques géantes bleues.
Situé à environ 600 années-lumière, l’amas s’étend sur une douzaine d’années-lumière de diamètre. Les étoiles les plus massives se concentrent au centre de l’amas, tandis que les étoiles moins massives sont surtout présentes en périphérie.
Son âge estimé est de 730 millions d’années ; mais malgré cette relative jeunesse l’amas compte déjà une dizaine de naines blanches. Les étoiles les plus massives de l’amas – qui ont épuisé leur énergie le plus rapidement – ont donc déjà atteint ce stade avancé de leur évolution.
A ce jour, une dizaine de planètes ont été découvertes autour d’étoiles similaires au Soleil au sein de l’amas M44, notamment plusieurs « Jupiter chauds » en orbite rapprochée autour de leur étoile.
Cette image a été réalisée en février 2019, avec une lunette Astropro 66/400 et la CCD AtikOne6.
Cette image constitue en réalité un « test » de la correction apportée par le réducteur de focale tout juste acheté pour équiper la 66/400, et permettre la réalisation d’images avec un champ plus large avec le petit capteur de la AtikOne. Au cours d’une semaine à la météo exceptionnelle, j’ai donc profité de la seule nuit où la météo était moins favorable (ciel légèrement voilé avec des passages nuageux plus bas) afin de réaliser un test sur un objet facile et permettant de bien mesurer la correction sur l’ensemble du champ… un amas ouvert tel que M44 fait parfaitement l’affaire.
Pour ces objets, un ciel très légèrement voilé constitue même parfois un avantage, car le léger « flou » apporté par les voiles d’altitude permet de faire « gonfler » naturellement les étoiles les plus brillantes et renforce leur couleurs ; ce qui est souvent assez esthétique sur ces objets. Bien sûr, cela implique que le voile reste très léger et surtout bien uniforme ; à défaut les passages plus ou moins opaques rendent les images brutes inutilisables. Cela se traduit également par une perte en détectivité dans le fond du ciel, mais ce n’est pas très important sur ce genre d’objets uniquement constitué d’étoiles.
Cette image a été réalisée en LRGB, avec 1h de pose par couche avec des poses unitaires de 5 minutes, tout en bin1 ; soit un total de 4h, ce qui est déjà plus que largement suffisant sur cet objet.
La photo ayant été réalisée avec une lunette, les étoiles ne présentaient initialement aucune aigrettes ; celles-ci étant le résultat de la diffraction de la lumière sur le support du miroir secondaire d’un télescope. Il est possible d’ajouter artificiellement des aigrettes sur une image prise avec une lunette en fixant devant l’objectif des fils très fins en forme de croix (par exemple avec du fil de nylon). Sur cette image, j’ai choisi de les ajouter au traitement avec l’outil « Starspikes Pro », un plugin dédié utilisable sous Photoshop.
Ce logiciel est paramétrable à l’extrême ; aussi il est important d’ajuster finement les paramètres afin d’obtenir un résultat qui soit le plus « naturel » possible ; ce que je pense avoir réussi à obtenir sur l’image présentée ici. Je ne raffole pas spécialement des aigrettes artificielles, mais sur cet amas et surtout avec ces étoiles très brillantes, je trouve que cela apporte une petite touche d’esthétisme supplémentaire à l’image finale.
Matériel :
AstroProfessional 66/400
AZEQ6 via EQmod
AtikOne6 (-10°)
Guidage : OAG & Atik GP
Filtres Astronomik LRGB
Pixinsight – Photoshop
Acquisition :
L : 12 x 300s bin1
R : 12 x 300s bin1
G : 12 x 300s bin1
B : 12 x 300s bin1
Intégration totale : 4h
Date(s) de prise de vue : 24 février 2019
M44 est une cible extrêmement simple à imager. Il fait partie des cibles idéales pour les débutants, et ne posera aucune difficulté aux astrophotographes plus expérimentés. Aussi, cet objet ne requiert que peu de conseils quant à sa prise de vue.
Un avantage pour les débutants : les APN non défiltrés sont parfaitement utilisables pour photographier cette cible, en l’absence de toute nébulosité environnante. L’absence de défiltrage présente même un avantage ici, car il simplifie la calibration des couleurs des étoiles.
La seule contrainte est en réalité de disposer d’un champ suffisamment large pour inclure l’ensemble de l’amas, sans que ce dernier ne soit trop à l’étroit. L’image présentée montre qu’un champ de 2,5° sur 2° permet de photographier l’ensemble de l’amas avec une marge suffisante. Par ailleurs, l’amas n’étant pas très concentré, il n’est pas utile de disposer d’une résolution fine pour résoudre celui-ci.
Les possesseurs de caméra ou d’APN à capteur plein format seront naturellement avantagés, sous réserve que l’optique leur permette d’exploiter entièrement le champ, puisque sur ce type de cibles la planéité du champ est essentielle pour obtenir des étoiles ponctuelles jusque sur le bord.
Contrairement à la présente image, il est parfaitement possible de ne procéder qu’à des acquisitions RGB, sans couche de luminance ; à la condition toutefois de conserver une résolution maximale pour l’ensemble des couches (bin1). C’est sans doute cette solution que j’aurais retenue si je ne souhaitais pas procéder à des tests y compris avec le filtre de luminance…
En pratique (et contrairement à l’image présentée ici), la réalisation d’une couche de luminance apportera un réel « plus » à condition de disposer d’excellentes conditions météorologiques, permettant d’envisager un gain en définition et en détectivité par rapport à une simple version RGB. Dans cette hypothèse, il est recommandé de conserver un bin1 pour les couches RGB plutôt que du bin2, afin de préserver au maximum l’aspect des étoiles et d’éviter la formation de halos disgracieux et compliqués à gérer lors du traitement. Il est également recommandé dans ce cas de ne pas être trop avare sur le nombre de poses consacrées à la couleur, à défaut de quoi il peut être compliqué de calibrer correctement les couleurs lors du traitement, ou de bien mettre ces dernières en valeur.
Un temps de pose limité permet d’obtenir une belle image sur cette cible. Les 4h de pose de la présente image sont déjà plus que suffisants… même une petite heure de pose permet déjà d’obtenir un résultat satisfaisant. Allonger le temps de pose permet de gagner en détectivité sur les plus faibles étoiles ainsi que d’ajouter à l’image quelques petites galaxies dans le fond de ciel au centre de l’amas ; comme dans la présente image.
Un point d’attention est, en revanche, le temps de pose unitaire : un temps de pose excessif peut saturer excessivement les étoiles les plus brillantes sans qu’aucune correction ne soit ensuite possible lors du traitement. Il est donc conseillé de procéder à quelques tests afin de déterminer le temps de pose optimal. Votre temps de pose habituel, « par défaut », peut être réduit occasionnellement cette cible, quitte à effectuer un plus grand nombre de poses unitaires à temps d’intégration global identique.
Dans la même logique, en cas d’utilisation d’un APN, attention de réduire les ISO afin de ne pas saturer les étoiles trop rapidement.
Enfin, si vous utilisez une lunette et que vous souhaitez mettre en valeur les principales étoiles de l’amas avec des aigrettes (sans recourir à leur ajout artificiel lors du traitement), il est possible de croiser 2 fils de nylon très fins devant l’objectif. La diffraction de la lumière par ces fils génèrera des aigrettes comme si l’image avait été réalisée avec un télescope.
Un temps de pose allongé permet de mettre en évidence – comme sur le cliché présenté ici – une multitude de petites galaxies dans le fond de ciel, au centre de l’amas.
Un cadrage encore plus large permet de situer l’amas M44 entre deux belles étoiles de la constellation du Cancer, Assellus Australis et Assellus Borealis, de mangnitude 4 environ, qui apportent un effet de profondeur à l’image.
M44 étant situé sur l’écliptique, il est également possible de profiter de conjonctions avec les planètes pour réaliser de beaux clichés quand l’occasion se présente !
M44 est un objet aussi simple à traiter qu’à photographier.
Les difficultés sont peu nombreuses et peuvent se résumer très rapidement à l’aspect et à la couleur des étoiles.
Un traitement simple et classique donnera souvent les meilleurs résultats. Le principal point d’attention est l’aspect des étoiles principales et s’assurer que celles-ci ne soient pas saturées de manière trop importantes lors de la montée d’histogramme.
Une montée d’histogramme traditionnelle (logarithme + montée fine) est parfaitement adaptée, et permettra de gérer plus simplement l’aspect des étoiles, en conservant un bel aspect gaussien.
Cette montée d’histogramme peut être réalisée de manière similaire pour la couche Luminance et les couches RGB. Gardez simplement à l’esprit qu’une combinaison en LRGB supposera d’augmenter la saturation de la couche couleur avant assemblage, contrairement au simple RGB.
En cas de traitement LRGB, la montée d’histogramme pour l’image RGB peut être réalisée par la fonction MaskedStretch, qui permet de conserver des couleurs riches en évitant toute saturation lumineuse. Attention cependant à bien paramétrer cet outil afin d’éviter un étalement trop important des étoiles et la création de halos colorés lors de l’assemblage avec la couche de Luminance.
Etape finale, cruciale sur cette cible : la calibration minutieuse des couleurs et de la saturation. Cette étape de calibration des couleurs est surement la seule opération réellement délicate du traitement de cet objet ; et la seule susceptible de poser quelques problèmes aux débutants, notamment à ceux disposant d’un APN défiltré.
A titre d’illustration, voici deux calibrations différentes, l’une réalisée de manière classique avec une neutralisation du fond de ciel et calibration des couleurs, et l’autre en utilisant le process PhotometricColorCalibration, qui donne le meilleur résultat en supprimant la dominante « bleutée » qui ne correspond pas à la réalité physique de l’objet, composé en grande partie de naines rouges et d’étoiles blanches semblables au Soleil :
Signalons enfin qu’aucune opération de réduction d’étoiles ou de déconvolution n’est évidemment nécessaire sur cette cible !
M44 fait partie de ces objets pour lesquels, lorsqu’on dispose d’une bonne image, on n’est pas forcément tenté d’y revenir spécifiquement ! 🙂
Cependant, M44 a la particularité, comme d’autres amas ouverts tels que les Hyades ou les Pléiades, d’être situé sur le plan de l’écliptique, ce qui rend possible de le photographier en association avec différentes planètes lors de leur passage à proximité… ce qui constitue une excellente occasion d’y revenir !
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