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Nom : NGC 6820 – Sh2-86
Type : Nébuleuse par émission
Distance : 6000 AL
Taille : 40′ (50 AL)
Magnitude : 13.3
Meilleure période d’observation : Eté
Dans le ciel d’été, ce ne sont pas les belles nébuleuses qui manquent ! La seule constellation du Cygne regorge de trésors tous plus fascinants les uns que les autres (les « dentelles », NGC 7000, NGC 6888…), si bien que certaines constellations voisines peuvent sembler bien pauvres en comparaison, à l’image de la constellation du « Petit renard » (Vulpecula) dont le nom évoquera sans doute uniquement la nébuleuse de l’haltère (M27), cible prisée des astronomes amateurs de tous niveaux.
A quelques degrés se trouve pourtant une belle nébuleuse en émission : NGC 6820. Si sa taille apparente peut sembler modeste en comparaison des « grandes » nébuleuses de l’été, elle s’étend malgré tout sur 40′, soit plus que la taille apparente de la pleine Lune. De même, sa luminosité de surface – très faible – n’en fera sans doute pas une cible de premier choix pour celui souhaitant photographier un objet « facile ».
La combinaison de ces deux facteurs – proximité avec des objets notoires et réputation d’objet « difficile » – contribuent à faire de cette nébuleuse un objet relativement peu populaire.
Pourtant, cette nébuleuse ne manque pas d’intérêt et présente de beaux détails, en particulier dans les zones plus sombres avec la présence de « piliers »(similaires aux célèbres « piliers » de la nébuleuse M16), qui sont des lieux actifs de formation stellaire.
Résultat de cette activité de création d’étoiles : l’amas ouvert NGC 6823 occupe le centre de cette nébuleuse. Les étoiles situées au centre de cet amas, nées il y a à peine 2 millions d’années sous l’effet de l’effondrement de certaines parties de la nébuleuse (des « piliers » aujourd’hui disparus…), sont majoritairement de brillantes étoiles bleues ; c’est à dire des étoiles chaudes et très lumineuses, en particulier dans le rayonnement ultraviolet. Ces étoiles, nées du nuage de gaz, illuminent et ionisent désormais en retour ce dernier ; rendant ainsi la nébuleuse visible, en particulier dans la raie Ha de l’hydrogène.
Mais les étoiles qui composent cet amas se situent en réalité sur l’ensemble de la zone de la nébuleuse, et les étoiles situées en périphérie sont encore plus jeunes que les étoiles au centre.
La forme allongée de ces « piliers » – qui sont en réalité d’immenses colonnes de gaz et de poussière s’étendant sur plusieurs années-lumière – est provoquée par l’érosion du nuage de gaz par les radiations intenses émises par les étoiles les plus proches et les plus brillantes de l’amas.
On peut également observer au sein de cette nébuleuse des stades plus avancés de cette érosion, qui marquent l’étape finale de cette formation stellaire : la fragmentation des piliers en plusieurs petits globules de gaz et de poussières plus denses et compacts, résultat de l’effondrement gravitationnel de la matière environnante.
C’est au sein de ces globules, dits « de bok », opaques au rayonnement visible, que naissent les nouvelles étoiles.
A noter que cette nébuleuse, qui s’étend comme l’amas ouvert, sur un diamètre d’environ 50 années-lumière, fait en réalité partie d’une nuage de gaz beaucoup plus étendu (dénommé sh2-86), qui se prolonge jusqu’à la constellation du Cygne…
Cette image a été réalisée au cours de l’été 2018 avec une TSA-102 (avec réducteur de focale), une CCD AtikOne 6.0, et des filtres SHO 6nm.
Le temps de pose global demeure limité : 5h40 au total, dont 3h pour la seule couche Ha, 2h pour la couche OIII et seulement 1h pour la couche SII. Il s’agissait de mes dernières nuits de vacances, et j’ai donc du m’arrêter là pour ces acquisitions ; ce qui explique ce temps de pose limité. A noter que si les images Ha ont été réalisées en bin1 (900s), les images SII et OIII ont été réalisées en bin2 (600s), afin de compenser un peu le manque de temps de pose.
Autre facteur limitant : la présence d’une Lune quasiment pleine (75%) qui a limité la fenêtre d’acquisition et augmenté le bruit de fond. Malgré la bande passante étroite des filtres, la présence de la Lune est toujours un élément pénalisant pour les acquisitions, en particulier pour les couches SII et surtout OIII.
La taille apparente de la nébuleuse étant assez réduite, le recours à un petit capteur associé à une focale de 600mm permet de l’inclure en entier dans le champ, avec assez de marge pour saisir quelques fractions des parties les plus proches du nuage de gaz environnant (sh2-86).
Parmi l’ensemble de mes images, celle-ci est l’une de celles dont je suis le moins satisfait en terme de rendu final.
Bien que le bruit demeure assez contenu et que quelques beaux détails soient visibles, notamment dans la région du pilier et des globules, l’image manque à mon sens franchement de signal dans les couches OIII et SII pour être réellement satisfaisante. Le signal sur la couche Ha est cependant suffisant pour assurer le « minimum syndical » en terme de détails (utilisation de la couche Ha comme image de luminance) et de contraste dans les différentes structures de la nébuleuse. Les poses unitaires de 900s ont bien aidé sur ce point. Un lissage du bruit un peu trop appuyé a du être appliqué dans le fond de ciel ; ce qui se voit malgré tout sur la full.
Autre source d’insatisfaction : le rendu des couleurs, point sur lequel j’accorde une grande importance et pour lequel je renonce habituellement à publier une image si l’équilibre final ne me convient pas. Malgré tout, pour cette image, j’ai du me résoudre à la publier dans la version qui m’a semblée « la moins mauvaise » en terme de couleurs. Là encore, le manque de signal sur les couches OIII et SII est en cause et restreint les possibilités de mixage des couches SHO pour obtenir un rendu équilibré sans sacrifier la couleur des étoiles (qui n’ont pas fait l’objet d’une acquisition séparée en RGB, ce qui aurait beaucoup simplifié les choses et amélioré le rendu final des couleurs sur l’ensemble de l’image…).
Les couleurs présentent à mon sens une dominante trop « jaune » dans les régions périphériques de la nébuleuse. J’aurais aimé parvenir à un résultat tirant un peu plus sur le rouge, mais le signal était vraiment trop faible sur la couche SII pour que je parvienne à obtenir un résultat satisfaisant (la couche SII étant traditionnellement attribuée au « rouge » pour un assemblage en « palette Hubble »). Malgré plusieurs essais d’assemblage des couches couleurs (et même quelques incursions hors « palette Hubble », par exemple en attribuant le canal rouge à l’image Ha pour un assemblage HSO…), j’ai fini par me rendre à l’évidence : il faut un meilleur signal pour obtenir un mixage des couleurs plus satisfaisant…
Matériel :
Takahashi TSA102 f/6
AZEQ6 via EQmod
AtikOne6 (-10°)
Guidage : OAG & Atik GP
Filtres Astronomik SHO 6nm
Pixinsight – Photoshop
Acquisition :
Ha : 12 x 900s bin1
OIII : 11 x 600s bin2
SII : 5 x 600s bin2
Intégration totale : 5h40
Date(s) de prise de vue : 20 & 21 août 2018
Culminant à 65/70°environ depuis la métropole, NGC6820 fait partie des cibles simples du ciel d’été. Visible en continue pendant toutes les (courtes) nuit d’été, sa hauteur sur l’horizon permet d’envisager des poses en continu sans être trop affecté par la turbulence ou la diffusion atmosphérique.
Que ce soit en LRGB ou en SHO, il convient simplement d’éviter les nuits avec une Lune trop présente : cela permettra d’éviter les gradients trop importants en LRGB et évitera de détériorer le (faible) signal sur les couches SII et OIII.
Niveau cadrage, cette nébuleuse ne pose guère de problèmes : avec un diamètre d’environ 40′, elle est simple à photographier même avec un capteur de petite taille associé à une focale intermédiaire.
Si vous disposez d’un champ plus important, vous pouvez essayer de décentrer la nébuleuse afin de saisir quelques éléments de la nébuleuse Sh2-86 aux alentours. Toutes les directions, à l’exception du Sud, sont intéressantes dans ce cas, même si la zone située immédiatement au Nord est la plus dense et lumineuse (voir la superbe photo d’Olly Penrice ci-dessous pour une vision « grand champ » de la zone).
NGC6820 est une nébuleuse réputée assez difficile, en raison de sa faible luminosité de surface. Cela est surtout vrai pour une image narrowband, puisque le signal est assez fort en Ha mais plutôt faible sur les couches OIII et SII.
Certes, ce constat peut être fait pour plupart des nébuleuses par émission (en raison de la prédominance de l’hydrogène), mais la différence est particulièrement prononcée sur cet objet comme on peut le voir sur les brutes empilées ci-dessous (visualisation STF, aucun traitement) :
Ce signal faible – synonyme de faible rapport signal sur bruit – implique de consacrer un temps de pose relativement conséquent aux couches OIII et SII. A défaut, le bruit sera très présent sur ces couches et impliquera un « lissage » plus prononcé. Par ailleurs, le manque de signal sur ces couches rendra très compliquée le mixage correct des différentes couches en vue de la réalisation de l’image couleur.
Il ne faut donc pas hésiter, en imagerie narrowband, à augmenter de manière significative les temps de pose pour les couches SII et OIII, tant en ce qui concerne les temps de pose individuels que les temps de pose globaux. Si vous disposez d’un temps plus limité, l’acquisition en bin2 peut être réalisée pour ces deux couches qui ne contiennent pas de détails intéressants. La couche Ha, qui présente tous les détails, doit quant à elle être réalisée en bin1.
Si vous réalisez une image SHO ou HOO, pensez à consacrer quelques minutes à l’acquisition d’une petite série d’images en RGB, afin de pouvoir redonner aux étoiles leurs couleurs naturelles sur l’image finale. Cette recommandation est valable dans tous les cas pour les images narrowband, mais son intérêt est particulièrement évident dans le cas de la présence très visible d’un amas d’étoiles dans le champ, ou encore dans le cas où la calibration des couleurs est compliquée à obtenir. NGC 6820 cumulant ces deux propriétés, cet ajout d’une couche RGB dédiée aux étoiles est donc vivement conseillé.
Mais cette nébuleuse peut évidemment être photographiée également en LRGB, avec un renfort toujours bienvenu d’une couche Ha. La différence de rendu est alors flagrante !
En LRGB/Ha, l’acquisition est grandement facilitée, puisque le signal est bien présent sur les couches L et Ha ; la couche Ha pouvant même se substituer totalement à la couche L et faire office de luminance. Les couches RGB peuvent être réalisées de manière classique ; en y consacrant un temps de pose beaucoup plus réduit que la couche Ha. En effet, pas de soucis de calibration de couleurs dans ce cas puisque la nébuleuse présentera systématiquement un aspect assez uniformément rouge. L’important est alors uniquement d’avoir un signal suffisant dans la rouge pour éviter le bruit chromatique dans la nébuleuse et de pouvoir respecter la couleur des étoiles pour les couches G et B.
Si vous disposez d’un champ suffisamment important (environ 2° de rayon), il est possible de saisir NGC 6820 dans le complexe plus large de Sh2-86 qui consiste en un vaste nuage de gaz ionisé au cœur de la Voie Lactée. Il est même recommandé de prévoir un peu de marge pour le champ, afin de mieux mettre en évidence la présence du nuage au sein du bras de la Voie Lactée.
Avec un téléobjectif, ou en procédant par mosaïque (avec malgré tout un champ suffisamment large et parfaitement plan pour réaliser chacune des tuiles…), il est même possible d’inclure dans le même champ l’un des objets Messier les plus célèbre : M27 (la nébuleuse « Dumbell« ) ! Attention, un champ d’environ 4° de rayon est alors nécessaire ; mais ce défi propose un résultat à la hauteur de ses ambitions, comme le prouve la superbe image réalisée par Olly Penrice :
Cette image spectaculaire consiste en une mosaïque de 4 images réalisées avec une FSQ106 et un capteur KAF-11000 (au format 24×36) ; combinaison offrant un champ très large de base. L’image finale propose ainsi une vue sur plus de 6° en largeur. Il n’en faut pas moins pour intégrer ces deux objets dans le même cadre sans que cela ne rentre « au chausse-pieds » et pour inclure également les zones les plus denses des bras de la Voie Lactée.
Le contraste entre les deux objets est saisissant, d’autant plus que M27 est très rarement photographiée dans un champ large, à défaut d’autres objets très lumineux dans son environnement proche.
Comme nous l’avons vu, la nébuleuse NGC 6820 ne constitue que la zone la plus lumineuse d’un complexe gazeux plus étendu, désigné sous la dénomination Sh2-86. Dès lors, et sauf à réaliser une photographie en très grand champ, il est probable que la nébuleuse occupe l’ensemble du champ avec les parties plus ténues sur les bords de l’image. Ceci appelle une vigilance particulière car la délimitation entre le fond de ciel et les nébulosités les plus ténues n’est généralement pas clairement marquée. En conséquence, il peut être délicat de distinguer les plus faibles nébulosités du “bruit” photonique dans le fond de ciel, soit en raison d’un ciel affecté par la pollution lumineuse, soit d’un temps de pose insuffisant. Le traitement mis en œuvre doit donc être adapté à ces éventuelles limitations et être proportionné au signal qu’il est réellement possible de mettre en valeur sur l’image finale. Le but est bien sûr de faire ressortir au mieux les nébulosités les plus faibles en les distinguant suffisamment du fond de ciel, sans pour autant sacrifier la dynamique générale de l’image.
Sur ce point, une image disposant d’un bon rapport signal sur bruit permet un traitement plus simple et offre de plus nombreuses options. Comme nous l’avons évoqué dans la partie « acquisition », l’objet est suffisamment lumineux en Luminance et en Ha. Il est donc possible de réaliser une luminance synthétique consistant en un mix des couches L et Ha ; ou plus simplement de renoncer au filtre L et d’utiliser l’image Ha comme image de Luminance. Cette dernière méthode a pour elle l’avantage de la simplicité, mais implique de veiller à conserver un aspect naturel à l’image lors de l’intégration de la couche Ha sur la couche RGB (l’utilisation de l’image Ha comme Luminance et l’ajout de cette image dans le RGB pouvant conduire à altérer les couleurs). Pour plus d’explications sur l’intégration de l’image Ha sur l’image RGB, je vous invite à consulter le tutoriel dédié.
Dans tous les cas (mais surtout en cas d’image réalisée avec le filtre L), une première étape importante est le retrait de gradient ; en particulier pour les images grand champ plus susceptibles d’être affectées par une évolution des zones de pollution lumineuse, du gradient de luminosité provoqué par la Lune, etc. Le plus simple dans ce cas est de se fier aux process de retrait de gradient automatique (tel ABE) qui donnent de bons résultats sous réserve de trouver les paramètres corrects de modélisation du fond de ciel. Si les nébulosités sont trop prises en compte dans cette modélisation, n’hésitez pas à diminuer le degré de polynômes par défaut (par exemple, pour ABE, passez de 4 par défaut à 2, voire 1, quitte à devoir réaliser plusieurs passes successives).
Pour les images intégrant la partie centrale de la nébuleuse mais aussi de grandes zones plus ténues, une montée d’histogramme sous Pixinsight avec la fonction MaskedStrech permet d’obtenir des résultats très satisfaisants sur la luminance, en faisant ressortir les plus faibles extensions et assurant une transition douce entre la nébuleuse et le fond de ciel. La difficulté dans ce cas consiste à trouver une zone du ciel totalement dépourvue de nébulosités comme référence du fond de ciel à obtenir après traitement ; la sélection d’une mauvaise zone ne permettant pas d’aboutir à un résultat satisfaisant. Cette méthode présente l’avantage de préserver la dynamique globale de l’image.
Pour les champs plus resserrés sur la seule zone centrale de la nébuleuse (ou encore dans le cas d’une image avec un signal de moins bonne qualité), une montée d’histogramme classique (avec une première montée logarithmique) donne de très bons résultats : cela permet non seulement de conserver un fond de ciel satisfaisant et moins bruité, mais aussi de préserver l’aspect des étoiles (qui peuvent prendre de l’embonpoint avec la fonction MaskedStrech). Plus d’explications sur cette étape dans le tutoriel dédié.
Dans tous les cas, il est en revanche possible de pousser un peu les détails dans les zones les plus brillantes de la nébuleuse qui présentent un rapport signal sur bruit plus satisfaisant. Il est donc recommander de travailler sur les zones concernées en les isolant au moyen de masques adaptés, afin de localiser les traitements appliqués. Un renforcement des détails, que ce soit sous Pixinsight avec la fonction HDRMultiscaleTransform, ou sous Photoshop au moyen de la fonction d’AstroTools Local Contrast Enhancement, donne de très bons résultats.
Pour en savoir plus sur la mise en œuvre de ces process de rehaussement de détails, je vous invite à consulter le tutoriel dédié à HDRMT, ainsi que le tutoriel plus général consacré à l’amélioration des détails avec Pixinsight, ainsi que le tutoriel spécifique à Photoshop le cas échéant.
La nébuleuse étant traversée par quelques bandes de poussières sombres, il est possible d’augmenter la présence de ces dernières sur l’image finale au moyen du process DarkStructuresEnhance. Cela permettra également d’accentuer un peu le contraste des « piliers » centraux et des petits globules de bok.
Dans le cas des images à grand champ, les étoiles – très denses dans cette région de la Voie Lactée – peuvent devenir un peu gênantes. Dans ce cas, il est recommandé de pratiquer une légère réduction d’étoiles afin de mettre en valeur la nébuleuse elle-même. En revanche, cela peut s’avérer contre-productif pour les plans plus rapprochés sur la zone centrale de la nébuleuse, en raison de la présence du très bel amas ouvert NGC 6823, qui apporte un beau contraste avec la nébuleuse environnante.
La zone étant riche en étoiles suffisamment variées, la calibration des couleurs peut être réalisée avec succès au moyen de la fonctionnalité Photometric Color Calibration (PCC) sous Pixinsight.
La version SHO (ou HOO) ne pose pas les mêmes problèmes que la version L(Ha)RGB, mais reste à mon sens globalement plus difficile à traiter ; essentiellement en raison de la faiblesse relative des couches OIII et SII par rapport à la couche Ha.
La principale difficulté dans ce cas est la calibration des couleurs en vue d’obtenir un véritable mélange SHO et donc une palette de couleurs suffisamment variée. Mais la prédominance de la couche Ha peut rendre cette opération délicate et faire soit basculer l’ensemble de l’image sur une composante « verte » assez disgracieuse, soit rendre très compliquée l’obtention d’une palette de couleurs avec des transitions subtiles. En particulier, la mise en valeur de la zone OIII au centre de la nébuleuse peut s’avérer particulièrement délicate à obtenir tout en conservant des transitions subtiles avec les régions alentour.
Pour l’assemblage des couches, je préconise d’utiliser le process SHO_AIP sur les images en mode linéaire. Ce process, très simple d’utilisation, permet de mixer directement chaque couche avec de multiples combinaisons et l’application de coefficients différents. Sur cette image, le mixage des couches en mode linéaire s’est révélé plus simple à mettre en œuvre que le mixage réalisé avec les images en mode non-linéaire. Les nuances obtenues sont également plus fines et variées, et les halos des étoiles demeurent plus contenus.
Même s’il n’existe pas de vérité absolue en matière de SHO, où la liberté et la créativité sont beaucoup plus grandes qu’en RGB, la règle de base doit être respectée : à l’issue de votre mixage, la palette de couleurs obtenue doit être riche et présenter dès le départ des nuances de rouge, de vert, de bleu, de jaune. Si tel n’est pas le cas, mieux vaut essayer un autre mixage des couches afin d’obtenir un meilleur équilibre. Même si l’outil Correction Sélective de Photoshop donne de bons résultats, la richesse final des couleurs est essentiellement déterminée par les nuances présentes au début du traitement.
Sur cette nébuleuse en particulier, cet équilibre peut s’avérer délicat à obtenir… n’hésitez donc pas à faire plusieurs essais jusqu’à obtenir une combinaison qui soit satisfaisante. A défaut, il est probable que vous ne parviendrez pas à modifier les choses au cours du traitement, et que le résultat final ne vous donnera pas satisfaction. Je ne peux donc que vous recommander de passer le temps nécessaire pour bien réaliser cette étape. Pour cette image, j’ai ainsi du réaliser plus d’une quinzaine de mixages différents, sans parvenir pour autant à un résultat réellement probant ; y compris avec l’utilisation de la correction sélective par la suite.
Sauf à ce que vous soyez adepte de la technique « classique » du SHO (sans luminance), vous pourrez utiliser la couche Ha comme simple couche de luminance. Celle-ci contient l’ensemble des informations et détails utiles. Compte-tenu de la faiblesse relative des couches S et O, il est déconseillé de réaliser une luminance mixée avec ces trois couches (ou même seulement avec les couches H et O).
Quelques points s’avèrent toutefois plus simples à gérer que sur la version LRGB…
Premier avantage : la taille des étoiles n’est pas un souci en SHO dès lors que les filtres sont suffisamment restrictifs. Il est donc généralement inutile d’effectuer une réduction d’étoiles sur l’image ; ce qui est un gros point positif dans le cas d’un champ d’étoiles assez riche, comme cela est le cas ici. En revanche, il peut être nécessaire d’effectuer une légère réduction pour harmoniser la taille des étoiles entre les couches S, H et O. En effet, compte-tenu de la meilleure finesse des étoiles sur la couche Ha, celles-ci présentent habituellement un halo magenta lors de l’assemblage. Il est possible de limiter ce phénomène par une réduction d’étoiles ciblée sur les couches S et O, mais pas de l’éliminer totalement. Une désaturation de la couleur magenta permet dans la plupart des cas de corriger la plus grande partie de ce problème. Attention cependant à utiliser un masque d’étoiles lors de cette opération, afin de ne pas diminuer la teinte magenta sur l’ensemble de l’image.
Plus encore que dans la version RGB, il est conseillé de rehausser les détails dans les zones les plus intéressantes, en particulier dans la zone centrale de la nébuleuse et en particulier dans la région des « piliers » et des bandes de poussières obscures. Là encore, l’utilisation de masques adaptés est recommandée afin de localiser au mieux les traitements appliqués. Un renforcement des détails, que ce soit sous Pixinsight avec la fonction HDRMultiscaleTransform, ou sous Photoshop au moyen de la fonction d’AstroTools Local Contrast Enhancement, donne tous deux de très bons résultats dans ce cas.
Pour en savoir plus sur la mise en œuvre de ces process de rehaussement de détails, je vous invite à consulter le tutoriel dédié à HDRMT, ainsi que le tutoriel plus général consacré à l’amélioration des détails avec Pixinsight, ainsi que le tutoriel spécifique à Photoshop le cas échéant.
Vous pouvez également apporter des traitement localisés et distincts à ces deux catégories de détails : en particulier en augmentant la présence de bandes de poussières sombres sur l’image finale au moyen du process DarkStructuresEnhance (DSE).
Concernant le niveau de fond de ciel, celui-ci peut être rehaussé en cas d’image large sur l’ensemble de la nébuleuse (autour de 30/35), afin de mettre en valeur le maximum de détails. Dans le cas d’un plan plus rapproché (telle que l’image présentée ici), il sera possible au contraire d’accentuer un peu plus les contrastes, en laissant le fond de ciel à des valeurs habituellement assez basses (autour de 20/25). Attention dans ce cas à ne pas sacrifier les nébulosités les plus ténues, dont certaines se détachent faiblement du fond de ciel. Dans tous les cas, les valeurs les plus basses sont à réserver pour les zones les plus sombres des bandes de poussière, afin d’assurer un contraste optimal à l’image.
Sur cette image – à mon avis l’une des moins bonnes que j’ai réalisé depuis mon passage à la CCD – les sources d’amélioration sont tellement nombreuses que je ne peux considérer cette image que comme un « essai »… en attendant d’y revenir !
Quitte à refaire cet objet, j’utiliserai sans doute un capteur plus grand, afin de mieux mettre en valeur la région diffuse de sh2-86, qui apporte beaucoup de profondeur à l’image. Pour le reste, j’essaierai d’appliquer à moi-même les différents conseils présentés sur cette fiche, à savoir privilégier des nuits sans Lune et augmenter très significativement le temps de pose global, en particulier pour les couches SII et OIII, pour lesquelles cette nébuleuse est assez avare en signal…
Au niveau des couleurs, il serait sans doute tentant de réaliser cette prochaine image non pas en SHO, mais plutôt en Ha-RGB. La richesse des couleurs serait alors fortement diminuée, mais cette nébuleuse s’y prête bien ! Et non, il ne s’agit pas (totalement) d’une manière d’éviter de se retrouver confronté aux mêmes difficultés de mixage couleurs des couches SHO que pour cette image ! 🙂
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