Prise de vue : | |
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Popularité : |
Nom : NGC 7635 – Nébuleuse de la Bulle
Type : Nébuleuse en émission – Etoile de Wolf-Rayet
Distance : ~10 000 AL
Taille : 15′ x 8′ (10 AL)
Magnitude : 10
Meilleure période d’observation : Eté
La « bulle » est un objet fascinant, produit par une étoile d’un type très particulier, une « étoile Wolf-Rayet » du nom des deux astronomes de l’observatoire de Paris qui ont découvert grâce à la spectroscopie ce type d’étoiles en 1867. Les étoiles de type Wolf-Rayet (WR) sont des étoiles chaudes, probablement issues d’étoiles de type spectral O et B (c’est à dire les étoiles les plus chaudes et les plus massives existantes) qui viennent de quitter la séquence principale et abordent donc les dernières étapes de leur vie. Pour bien comprendre ce qui suit, il faut procéder à trois rappels simples mais essentiels sur la physique des étoiles :
La fin de la séquence principale d’une étoile correspond au moment où l’étoile a fini de consumer l’essentiel de son carburant de base qu’est l’hydrogène.
Seules les étoiles suffisamment massives peuvent ensuite enclencher les réactions de fusion de l’hélium. Une fois l’hélium consumé, l’absence de ces éléments légers entraîne une contraction du cœur de l’étoile et une forte augmentation de la température, qui permet à l’étoile de « survivre » avec des réactions basées sur des éléments plus lourds, qui nécessite plus d’énergie mais continuent de générer plus d’énergie qu’elles n’en demandent (réactions exothermiques).
Pour les étoiles de moins de 8 masses solaires, l’aventure s’arrête avec la création de carbone et d’oxygène. L’étoile expulse ses couches externes sous la forme d’une nébuleuse planétaire et son cœur se contracte en naine blanche.
Pour les étoiles plus massives, les réactions se poursuivent jusqu’à la création d’un noyau de fer. Une fois ce stade atteint, il n’existe plus aucune réaction permettant à l’étoile de générer suffisamment d’énergie pour contenir l’effet de la gravité par la force radiative. En effet, tant la fusion que la fission du fer sont des réactions endothermiques, qui nécessitent plus d’énergie qu’elles n’en créent.
Dans tous les cas à ce stade, l’étoile va finir sa vie en supernova ; évènement cataclysmique qui résulte de l’expulsion dans l’espace d’une quantité d’énergie et de matière phénoménale.
Pour le cœur de l’étoile en revanche, tout dépend encore une fois de la masse : les moins massives aboutiront à la création d’une étoile à neutrons, les plus massives à la création d’un trou noir.
Les étoiles de type Wolf-Rayet impliquent des étoiles d’une masse supérieure à au moins 15, voire 25 masses solaires (selon la métallicité) ; et les recherches actuelles tendent à démontrer que ces dernières aboutissent inévitablement à une supernova. Lorsque ces étoiles quittent leur séquence principale, plusieurs types de réactions impliquant la fusion de différents éléments – hydrogène et hélium notamment – sont à l’œuvre simultanément dans le noyau et dans différentes couches de l’étoile. Il en résulte une instabilité (effondrement puis rebond des couches) qui conduit à l’expulsion à très grande vitesse de la matière entourant le noyau sous forme de vent stellaire.
Ce vent stellaire, beaucoup plus massif, rapide et jusqu’à un milliard de fois plus énergétique que le vent solaire, est ensuite ionisé par le rayonnement ultraviolet intense de l’étoile.
Le vent stellaire comprime également le gaz de la nébuleuse environnante, tandis que le rayonnement ultraviolet ionise celui-ci.
La « bulle » matérialise donc la zone d’influence du vent stellaire de l’étoile. Cette bulle est de dimension considérable puisqu’elle s’étend sur 10 années-lumière de diamètre ! A titre de comparaison, l’héliosphère du Soleil, c’est à dire la zone d’influence de ses vents solaires, n’excède pas les 12 heures-lumière.
A noter que dans le cas précis de la nébuleuse de la Bulle, l’étoile WR n’est pas au centre de la nébuleuse, en raison des différences de densité de la nébuleuse dans les différentes directions.
L’image la plus détaillée à ce jour de la Bulle est celle réalisée par le télescope spatial Hubble en 2016.
En comparaison, l’amas ouvert M52 présent à gauche de l’image APN, fait office de lieu beaucoup plus paisible !
Sa distance est mal connue, notamment en raison de la forte absorption du rayonnement dans cette zone dense du milieu interstellaire, mais est estimée entre 3000 et 7000 années-lumière. L’amas M52 est donc situé entre nous et la nébuleuse de la Bulle.
La première photographie (grand champ) présentée ici a été réalisée avec une TSA102 et un APN défiltré.
1h40 de pose au total, ce qui est peu, mais malgré tout réalisé lors de 2 sessions différentes à l’été 2015 : la première en Corse, 1h sans filtre ; et la seconde en Charente-Maritime, 40 minutes de pose avec un filtre Baader Neodynium pour essayer de limiter l’effet de la pollution lumineuse.
Ce champ large permet d’inclure non seulement la nébuleuse de la Bulle, mais aussi l’amas ouvert M52 ainsi que la petite nébuleuse NGC 7538 (en haut à droite).
Le champ dans cette zone est très riche en nébulosités, comme on peut le deviner sur l’image. Il est même plus riche encore en pointant plus à l’est (bas-droite de l’image) puisqu’une énorme mais moins brillante nébuleuse, Sh2-157 (la nébuleuse du Homard) peut également être photographiée (on devine seulement sur cette image l’extrémité des « pinces » du homard dans le coin bas-droit).
Matériel : Takahashi TSA102 f/6
AZEQ6 via EQmod
Canon 1100D Astrodon (800iso)
Guidage : lunette-guide 9×50 et PLA-MX
Fitre : Orion Skyglow
Pixinsight
Acquisition :
12 x 300s
8 x 300s (avec Skyglow)
Intégration totale : 1h40
Date(s) de prise de vue : 17 & 21 août 2015
Les autres images ont été réalisées deux ans plus tard, à l’été 2017, avec un C8 équipé d’un réducteur de focale à f/6,4 et une caméra CCD monochrome.
On constate immédiatement la différence de champ engendrée par une focale deux fois plus longue associée à un capteur deux fois plus petit : la nébuleuse qui était un peu perdue au milieu d’un champ très riche sur la première image occupe l’intégralité du champ sur la seconde.
Naturellement, cette perte de champ s’accompagne d’un gain très net en résolution, qui permet de mettre en évidence de nombreux détails dans la nébuleuse et dans la bulle elle-même.
A cette occasion, j’ai eu envie de tester une prise de vue de cet objet avec tous les filtres à ma disposition, pour traiter l’image en LRGB, en SHO, mais aussi avec un mix LRGB et SHO :
Ces images permettent bien de se rendre compte qu’il n’existe pas une seule manière idéale de photographier un objet.
Au-delà des considérations techniques et de matériel, chaque version possède des avantages et des inconvénients qui lui sont propres.
Meade LX 50 8″ + réducteur f/6,4
AZEQ6 via EQmod
CCD Atik One 6 (-10°)
Guidage : DO + Atik GP
Pixinsight
L : 9 x 300s bin1
R : 9 x 180s bin2
G : 9 x 180s bin2
B : 9 x 180s bin2
Ha : 30 x 300s bin1
Intégration totale : 4h36
Date(s) de prise de vue : 20 & 22 août 2017
Il est toujours recommandé de planifier ses sessions d’acquisition afin d’optimiser celles-ci. Avant même la tombée de la nuit, il est nécessaire de savoir quel objet va être photographié, avec quel matériel, quels filtres, et quels temps de pose.
Mais parfois, quand les circonstances l’exigent, cette belle organisation peut laisser place à une improvisation totale !
Cela a été le cas lors de l’acquisition de la seconde image ; où au cours de la nuit j’ai décidé de ne pas reporter à une autre (et incertaine) soirée la réalisation des couches RGB. Cela m’a obligé à devoir changer, en plein milieu de la nuit et sur le terrain, l’ensemble des filtres de la AtikOne6.
J’appréhendais un peu l’opération, car sur ce modèle la roue à filtres est interne et suppose donc quelques manipulations, d’autant plus délicates qu’elles sont à réaliser dans le noir… Au final, tout s’est bien déroulé et j’ai pu changer les filtres en seulement quelques minutes, sans même devoir couper l’alimentation et le refroidissement de la caméra !
Malgré tout, mieux vaut éviter au maximum ce genre de manipulations improvisées !
Et si vous êtes amenés à faire ce changement de filtres en cours de nuit, n’oubliez pas de réaliser les flats pour chaque filtre avant de les enlever !
Réaliser une image de la nébuleuse de la Bulle dans un champ plus large permet d’obtenir un résultat très intéressant. D’autres nébuleuses sont présentes et l’amas M52, dont la couleur tend vers le blanc-bleu, apporte un contraste bienvenu à la dominante rouge de l’image. Il est donc recommandé de l’inclure dès que le champ le permet.
Avec 600/700mm de focale et un capteur APS-C, vous pouvez vous limiter à inclure dans le champ l’amas M52. Avec une focale un légèrement inférieure, l’ajout de la petite nébuleuse NGC 7538 est également intéressant.
Avec une focale inférieure à 400mm, ou en troquant votre instrument pour un objectif photo de 200/300mm selon la taille du capteur, il est possible d’inclure, en visant un peu plus à l’est, la très belle nébuleuse Sh2-157 (la nébuleuse du Homard). La luminosité de surface de celle-ci beaucoup plus ténue que celle de la nébuleuse de la Bulle, mais ses dimensions sont plus généreuses. Prévoyez cependant d’augmenter de manière très significative le temps de pose global pour bien faire ressortir cette nébuleuse au traitement.
Avec un champ encore plus important (capteur 24×36 ou supérieur, moyen format et/ou objectif de 135mm max) il est également possible d’inclure dans le même champ, plus au nord, la très belle et vaste nébuleuse Sh2-155 (nébuleuse de la Grotte). Entre ces différentes nébuleuses, le fond de ciel se révèle également d’une très grande richesse dans certaines zones. Dans tous les cas, si le champ couvert par votre système n’est pas suffisant, une mosaïque reste possible ! Attention cependant à réaliser les différentes images de celle-ci lors de nuits offrant une qualité comparable (transparence, phase de Lune, etc.) car, à défaut, l’uniformité entre les différentes « tuiles » peut s’avérer compliquée à atteindre, en raison de la grande richesse dans le fond de ciel.
Vous pouvez également choisir de photographier de manière plus détaillée la nébuleuse de la Bulle. Dans ce cas précis, le cadrage n’est pas problématique. Les APN défiltrés et les CCD seront bien sûr favorisées pour capter le signal Ha prédominant de la nébuleuse.
Dans tous les cas, il est plus que recommandé de réaliser avec une CCD une couche Ha de l’objet, et de l’utiliser en tant que luminance (pure ou mixée).
Enfin, il est possible, si vous disposez d’une focale élevée, de tenter un zoom très prononcé sur la seule « bulle » elle-même, afin de révéler tous les plus fins détails de sa structure. Dans ce cas, un ciel transparent et stable est une condition indispensable pour réaliser une image riche en détails. L’image de référence pour apprécier les détails obtenus est toute trouvée : celle du téléscope Hubble ci-dessus ! 🙂
Signalons enfin que la Bulle se prête très bien au « Lucky Imaging », technique inspirée de l’imagerie planétaire, qui consiste à réaliser un nombre extrêmement important de pose très courtes afin de ne conserver que les « quelques » centaines ou milliers de meilleures brutes lors de l’empilement. Compte-tenu de la courte durée des poses (0,5s voire moins), cette technique suppose de disposer d’un télescope d’un diamètre conséquent (250mm et plus) et d’une caméra refroidie disposant d’un bruit de lecture très faible. Les dernières générations de caméras CMOS font en ce sens des merveilles. En profitant d’un ciel calme, cette technique permet de « figer » la turbulence et ainsi d’espérer obtenir un gain en résolution par rapport à une image « classique » en poses longues, au détriment cependant de la détectivité dans le fond de ciel.
La nébuleuse de la Bulle est une cible privilégiée des amateurs car elle autorise de nombreuses possibilités d’acquisition, de traitement et de cadrage. Ceci reste vrai pour le narrowband : il est possible de privilégier un grand champ et de capter l’ensemble de la nébuleuse, dont la Bulle n’est qu’une partie, ou au contraire augmenter la focale et essayer de saisir les plus subtiles structures de la Bulle elle-même.
Les indications relatives au cadrage détaillées ci-dessus pour la version LRGB demeurent parfaitement valables en SHO ; avec la seule réserve de l’amas M52 puisque la colorimétrie des étoiles est faussée en narrowband.
Au contraire, si comme dans le cas de l’image présentée ici, vous choisissez de photographier de manière plus détaillée la seule nébuleuse de la Bulle, le cadrage n’a rien de problématique : très schématiquement, il suffit de placer la « Bulle » au centre du capteur puisque la nébuleuse associée s’étire de manière assez homogène autour de celle-ci.
Si vous disposez d’une focale élevée, il est possible de réaliser en narrowband un zoom très prononcé sur la seule « bulle » elle-même, afin de révéler tous les plus fins détails de sa structure. Dans ce cas, un ciel transparent et stable est une condition indispensable pour réaliser une image riche en détails. L’image de référence pour apprécier les détails obtenus est toute trouvée : celle du téléscope Hubble ci-dessus ! 🙂
Dans tous les cas, comme de manière générale en narrowband, un temps de pose conséquent doit être retenu ; en particulier pour la couche Ha qui pourra servir de luminance lors du traitement.
Pour ce qui concerne les autres couches, tout dépend de votre objectif :
Un des grands avantages du « narrowband » sur le LRGB classique est qu’en raison de la très grande sélectivité des filtres utilisés, il est envisageable de réaliser les acquisitions y compris lorsque la Lune est très présente, voire pleine ! Attention toutefois, l’acquisition lors de la Pleine Lune n’est réellement envisageable que si vos filtres sont très sélectifs (6nm ou moins) et uniquement pour la couche Ha ! Pour couches O et S, il est recommandé d’attendre que la luminosité de Lune soit plus réduite ; ce qui n’exclut toutefois que les 2/3 jours avant et après la Pleine Lune et donc reste très avantageux par rapport au LRGB.
De même, la luminosité de la Pleine Lune n’affecte pas le signal Ha, mais peut augmenter légèrement la luminosité du fond du ciel. Cela n’est pas très gênant sur un champ restreint, mais plus le champ est large, plus des gradients gênants sont susceptibles d’apparaître. Ces gradients évoluant avec la position de l’objet et la position de la Lune au cours de la nuit, les brutes présenteront des gradients différents qu’il conviendra de supprimer avant leur « stacking » (empilage) au pré-traitement. La présence de halos prononcés et changeants rend toutefois cette opération plus délicate…
D’expérience, pour avoir déjà effectué des acquisitions sur une même cible lors de la Nouvelle Lune puis lors de la Pleine Lune, je n’ai pas constaté une perte significative de signal sur bruit pour la couche Ha (avec un filtre restrictif de 6nm). Cette perte est cependant bien réel, et il est donc recommandé d’éviter de « polluer » une bonne série de brutes avec une mauvaise…
Attention enfin : photographier lors de la Pleine Lune implique un ciel totalement dépourvu de voiles d’altitude qui pourraient diffuser la lumière de la Lune et fortement altérer la qualité de la prise de vue.
Si la « Bulle » se prête bien à la technique du « Lucky Imaging » en LRGB, il n’en va pas forcément de même en SHO, puisque les filtres très sélectifs impliquent une grande luminosité de l’instrument pour s’accommoder du temps de pose unitaire très court. Un véritable challenge serait donc d’appliquer cette technique sur la nébuleuse de la Bulle avec au moins un filtre Ha. Mais relever ce défi implique de disposer d’un instrument de grand diamètre et très lumineux, d’une caméra CMOS très sensible et d’un filtre Ha sans doute moins restrictif que ceux utilisés habituellement en poses longues…
Sur une image grand champ, incluant la nébuleuse de la Bulle et d’autres objets, il est important d’adopter des traitements adaptés à l’ensemble des objets. La façon de traiter un amas n’est en effet pas la même que pour une nébuleuse !
Il est donc parfois recommandé, lorsque cela est nécessaire, d’appliquer des traitements localisés au moyen de masques spécifiques.
Cela ne sera toutefois généralement pas nécessaire avec une faible focale, dans la mesure notamment où le but du traitement ne sera pas de révéler des détails très prononcés, ni dans la nébuleuse ni dans l’amas M52 – et a fortiori encore moins dans les autres nébuleuses plus faibles…
Les aspects essentiels du traitement sont dans ce cas très classiques : veiller à une bonne gestion du bruit, effectuer une montée d’histogramme classique sans trop forcer (logarithmique + montée normale) et veiller à une bonne calibration des couleurs.
Dans cette région très riche, une difficulté est de mettre en valeur de manière satisfaisante les faibles nébulosités, qui se détachent parfois à peine du fond de ciel. Une attention particulière doit donc être apportée à la sélection des zones de références, tant pour les zones de fond de ciel neutre que pour la calibration des couleurs. Cet exercice reste cependant ici assez simple, puisque les zones neutres et dépourvues de nébulosités ne manquent pas dans le champ.
Concernant la monté d’histogramme, il est déconseillé d’utiliser le process MaskedStretch si l’amas M52 est présent dans le champ. En effet, ce traitement permet de révéler de fines nébulosités dans le fond de ciel, mais au détriment de l’aspect des étoiles qui deviennent empâtées. En revanche, ce process est parfaitement utilisable, et même recommandé, dans le cas d’une prise de vue resserrée sur la nébuleuse ; afin de détacher au mieux les fines nébulosités du fond de ciel. Attention toutefois, ce process occasionne une perte de dynamique de l’image, qui prend un aspect plus « lisse » : les basses valeurs sont réhaussées, et les hautes valeurs sont limitées. Afin de limiter ces effets, il est possible de réaliser une luminance composite, en mixant une image avec une montée d’histogramme classique avec une image avec une montée d’histogramme sous MaskedStretch, en utilisant la fonction PixelMath de Pixinsight (en attribuant à chaque image un coefficient de pondération si nécessaire) ou sous Photoshop grâce à l’outil calques et en mode « éclaircir ». A noter que, dans le cas d’un traitement LRGB, la fonction MaskedStretch donne souvent de très bons résultats sur les couches couleurs, puisqu’elle permet de rehausser les niveaux dans les nébulosités les plus fines ; tout en conservant un niveau de luminosité contenu qui se prête bien à la fusion ultérieure avec la couche Luminance.
Concernant la calibration des couleurs : attention à l’utilisation de l’image Ha comme Luminance. Ce type d’assemblage aboutit souvent à donner une teinte rose « saumonée » au rouge. Il est alors nécessaire d’effectuer de petites modifications avec l’outil « Correction sélective » des couleurs dans Photoshop. Dans l’image présentée ici en version Ha-RHaGB, on voit que cette teinte demeure malgré tout présente ; il n’est pas toujours possible de la corriger parfaitement.
Un outil très pratique sur ce genre d’image est la fonction RangeSelection de Pixinsight : en sélectionnant les plages de valeur correspondant au signal, il est possible de créer facilement un masque qui, une fois appliqué de manière inversée sur l’image, permettra de réaliser des traitements localisés sur le fond de ciel, sans impacter les nébuleuses et les étoiles. Il est alors possible de procéder à des traitements de réduction de bruit ou de désaturation des couleurs. Attention toutefois à ce que les masques réalisés soient progressifs afin de ne pas générer d’artefacts ou de zones de transition brutales. Il faut toujours vérifier également, après une désaturation des couleurs sur le fond de ciel, que les nébulosités les plus faibles ne sont pas affectées.
Malgré la présence de l’amas M52, une petite réduction d’étoile subtilement dosée permettra de mieux mettre en valeur les nébulosités. Attention cependant à ne pas altérer l’apparence des étoiles de l’amas.
Pour les plans plus resserrés sur la Bulle elle-même, il est bien sûr recommandé de procéder à des traitements de rehaussement des détails, de manière localisée au moyen de masques adaptés. Ici encore, la fonction RangeSelection permet de créer des masques adaptés très facilement. Il faut juste supprimer du masque obtenu les étoiles (avec les fonctions StarMask et PixelMath) afin de n’appliquer les traitements de renforcement (HDRMultiscaleTransform) que sur les nébuleuses, et non sur les étoiles car ce type de traitement peut leur conférer un aspect trop « dur » (moins gaussien).
Paradoxalement, le traitement de cette zone est sans doute plus simple en SHO qu’en LRGB classique, du moins lorsqu’on souhaite inclure dans cette dernière une couche Ha pour renforcer la Luminance et/ou la couche Rouge. En effet, dans ce dernier cas, se pose l’inévitable problème de la calibration des couleurs.
En narrowband, une telle calibration n’a pas lieu d’être. L’ajustement des couleurs va être réalisée en plusieurs étapes, lors du mixage des couches S, H et O, puis avec différentes étapes de correction sélective sous Photoshop. Mais le photographe dispose d’une liberté beaucoup plus large qu’en LRGB et peut même se permettre des écarts assez importants avec ce qui se fait habituellement.
Très certainement, les étoiles seront plus fines sur la couche Ha (que vous ayez réalisé les couches O et S en bin1 ou en bin2…). Dans ce cas, il est recommandé de procéder, en début de traitement, à une réduction d’étoiles sur les couches O et S afin de parvenir à un résultat à peu près cohérent avec la couche Ha. Le cas échéant, une seconde passe de réduction des étoiles peut être réalisée. Attention cependant à utiliser des masques d’étoiles adaptés (pour les étoiles fines et les grosses étoiles) et à actualiser ces derniers entre chaque passage afin que cette réduction se fasse de manière progressive, sans apparition d’artefacts et sans trop altérer les étoiles les plus faibles. De manière générale, une telle réduction d’étoiles n’est pas recommandée sur la couche Ha elle-même.
Voici les différentes images obtenues lors de cette session. On constate bien que la couche Ha présente un signal beaucoup plus important sur la nébuleuse que la couche Luminance classique, avec des étoiles beaucoup plus fines :
Le traitement de la couche Ha doit être envisagé comme le traitement d’une image de luminance classique.
A cette fin, il est possible de procéder aux mêmes traitements que ceux habituellement utilisés pour une image de Luminance : déconvolution et réduction du bruit en mode linéaire, montée d’histogramme, réduction du bruit en mode non-linéaire, rehaussement des détails et des contrastes, etc. Pour ce qui concerne la montée d’histogramme, la fonction MaskedStretch présente un intérêt si votre champ englobe la nébuleuse dans sa totalité. Pour les plans plus rapprochés ou pour les gros plans sur la Bulle, une montée d’histogramme classique (logarithme + montée fine) donnera de très bons résultats.
Selon que vos acquisitions ont été réalisées en bin1 ou en bin2 pour les couches O et S, le traitement ne sera pas exactement le même. Dans le premier cas, à pleine résolution, ces couches pourront être exploitées pour réaliser une Luminance mixée avec la couche H (avec PixelMath ou mieux encore avec le script SHO_AIP) : il conviendra donc de les traiter de manière similaire à la couche Ha en vue de préserver les détails et de limiter au mieux le bruit dans les « layers » de bas niveaux (1 et 2). Inversement, en cas de résolution réduite en bin2, ces couches ne serviront qu’à la réalisation de la couche couleur SHO : il sera donc possible de leur appliquer des traitements plus limités et plus simples, en veillant simplement à réduire le bruit sur les layers de niveaux intermédiaires (3 et 4), sans effectuer aucun traitement de rehaussement de détails ou de contraste.
Dans le cas où toute l’information utile de l’image (pour ce qui concerne les détails) est situé sur la couche Ha, il est possible de procéder à 2 traitements distincts de cette dernière : un traitement en vue de son intégration dans l’image couleurs SHO (sur le même modèle que décrit ci-dessus pour les images O et S), et un traitement spécifique et plus poussé pour la création de l’image de Luminance. Cette technique, que j’utilise régulièrement, permet une plus grande souplesse notamment pour la montée d’histogramme, qui ne répond pas aux mêmes impératifs pour la création de la couche Couleurs et de la Luminance.
A noter que l’image SHO se prête assez bien, comme dans l’exemple présenté, à une version « starless », c’est à dire où toutes les étoiles de l’image sont supprimées. Une telle version procure une image très épurée et augmente la visibilité de la nébuleuse, permettant ainsi de faire ressortir certains aspects de sa structure qui peuvent passer inaperçus… encore faut-il être amateur de ce genre de rendus et de procédé quelque peu artificiel ! Pour ce faire, j’ai eu recours au petit logiciel « Startron », qui effectue de manière automatique et assez propre la suppression d’étoiles sur chacune des couches, qu’il convient de recombiner ensuite. Cette opération peut bien sûr être réalisée sous Photoshop ou Pixinsight, mais peut être assez chronophage…
Avec un grand champ à l’APN, je cadrerais plus à l’Est par rapport à l’image de 2015 présentée ici ; afin d’inclure dans le champ la superbe nébuleuse du Homard. Cela impliquerait toutefois un temps de pose beaucoup plus long. Une mosaïque serait également une bonne solution, afin de conserver un cadrage « large » sur les nébuleuses principales.
J’augmenterais significativement le temps de pose pour les couches S, H et O.
Pour l’image présentée, seule la couche Ha dispose d’un temps de pose global décent ; même si les temps de pose unitaires auraient pu être portés à 600s plutôt qu’à 300s. En revanche, les couches O et S n’ont bénéficié, respectivement, que d’une heure et de 45 minutes de pose, ce qui est très insuffisant, même en bin2, pour obtenir au final une image présentant un bruit contenu.
Si l’espace commentaires n’est pas accessible, consultez le guide pratique pour y remédier !
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