Amélioration du setup (3) : nouvelle caméra et rotateur de champ
Une nouvelle caméra et un nouveau train optique intégrant un rotateur de champ… le setup est désormais quasi-totalement automatisé pour les séances d’acquisition !
La constellation d’Orion est non seulement l’une des plus facilement reconnaissables du ciel, mais aussi l’une des plus riches en nébulosités de toutes sortes : nébuleuses par émission, par réflexion ou encore obscures.
Parmi les « stars » incontournables de cette constellation, figurent quelques un des objets les plus iconiques du ciel, avec – au premier rang d’entre eux – les célébrissimes M42 (la « grande » nébuleuse d’Orion) et la « tête de cheval » (IC434). D’autres nébuleuses constituent également des cibles de choix pour l’astrophotographe : M78, NGC 1977 (« running man« ), IC 2118 (« la tête de sorcière »), NGC 2174 (« la tête de singe »), NGC 1999, NGC 2024 (« nébuleuse de la flamme ») ou encore la « boucle de Barnard » (Sh2-276).
Mais la constellation d’Orion recèle également d’autres nébuleuses, plus discrètes et moins souvent photographiées, à l’instar de NGC 1788, une superbe nébuleuse par réflexion distante d’environ 1300 années-lumière, découverte par William Herschel en 1786.
Sa position légèrement excentrée par rapport au « trapèze » formé par les 7 étoiles principales (voir la vidéo ci-contre), ses dimensions plus modestes (5′ x 3′) ainsi que sa luminosité assez faible expliquent sans doute que les visiteurs soient moins nombreux.
De fait, elle constitue une cible plus complexe à mettre en valeur que la plupart de ses voisines : sa petite taille exige en effet un instrument d’une focale assez longue pour obtenir suffisamment de détails.
Un zoom sur NGC 1788 par l’Observatoire européen austral (ESO).
Cette nébuleuse n’émet pas sa propre lumière, mais reflète uniquement la lumière des jeunes étoiles nées dans ce nuage de gaz, pour la plupart masquées en son sein, d’où cette teinte bleue caractéristique des nébuleuses en réflexion (que l’on retrouve par exemple dans la nébuleuse de l’Iris).
Sa partie sud est traversée par une bande sombre (répertoriée Lynds 1616) constituée de poussières et de gaz dont la densité est plus importante, la rendant depuis notre point de vue opaque au rayonnement des étoiles cachées à l’arrière-plan.
Cette vision classique de NGC 1788 (telle que représentée sur l’image ci-contre, réalisée par le VLT) est cependant bouleversée par la photographie primée ce moi-ci, réalisée par la team Ciel Austral qui a choisi de consacrer 115h – sur les 130h au total – à la réalisation de la couche Ha afin de mettre en évidence les nébulosités en émission qui entourent cet objet !
Il en résulte une image spectaculaire, où les nuages de gaz ionisé – d’une teinte rouge caractéristique – semblent prendre le dessus sur la nébuleuse en réflexion.
Remplissant ici l’ensemble du champ photo, ces nuages d’hydrogène s’étendent sur une zone en réalité beaucoup plus importante, rejoignant la nébuleuse de la « tête de sorcière » située à plus de 3°. Ces filaments appartiennent donc également au « grand nuage » d’Orion, qui recouvre quasiment l’ensemble de la constellation, ou du moins la zone du trapèze central.
Cette image remarquable combine à la fois une grande finesse, avec beaucoup de détails dans la nébuleuse en réflexion, et un très fort signal dans les nébulosités Ha environnantes. La vision proposée de cette zone est donc « quasiment inédite », dans la mesure où aucune autre image (amateur ou professionnelle) ne semble à ce jour pouvoir rivaliser en réunissant ces deux qualités !
Avec quasiment 90% du temps de pose global consacré à la couche Ha, on pourrait craindre que le montage final en Ha-RGB soit assez déséquilibré : non seulement il n’en est rien, mais le traitement est – encore une fois – superbement maîtrisé, avec une belle mise en valeur de chacune des nébulosités (en émission, en réflexion et bande sombre central de Lynds 1616) et une excellente gestion des couleurs, notamment avec des bleus et des rouges bien prononcés.
Une nouvelle « image de référence », signée Ciel Austral !
Est-il besoin de présenter la « team » Ciel Austral ?
Composée de 5 passionnés disposant chacun de compétences propres, Jean-Claude Canonne, Didier Chaplain, Laurent Bourgon, Philippe Bernhard et Nicolas Outters (de gauche à droite sur la photo), cette équipe repousse les limites de l’astrophotographie en cumulant sur chacune de ses images des temps de pose colossaux et à peine concevables pour l’amateur moyen ; avec notamment un record à 1060h (!) de pose pour une mosaique du Grand Nuage de Magellan !
Ciel Austral a installé son setup en remote sous le ciel magique du Chili, à l’observatoire El Sauce. Le matériel utilisé est de très grande qualité, et d’autres projets sont actuellement en développement…
Résumer Ciel Austral au temps de pose de ses images ou au matériel employé n’aurait toutefois aucun sens : il s’agit uniquement en l’occurrence des moyens consacrés à une quête continuelle de perfection et de (re)découverte des beautés de l’Univers.
Le meilleur moyen de s’en convaincre est encore de parcourir leur galerie, où chaque image est en soi un petit bijou qui, au-delà de l’aspect purement esthétique, permet de se sentir plus proche des merveilles du Cosmos…
Date : du 15 décembre 2019 au 12 mars 2020
Lieu : Observatoire El Sauce (Chili)
Optique : CDK 20 » f/6,8 – Réducteur TS3 »
Monture : Paramount ME2
Caméra : Moravian G4-16000
Ha (Astrodon 3nm) : 345 x 1200s (bin1)
R : 61 x 300s (bin1)
G : 61 x 300s (bin1)
B : 61 x 300s (bin1)
Total : 130h15
Les Photons d’Or récompensent chaque mois une image particulièrement remarquable réalisée par un amateur… n’hésitez pas à proposer vos images !
Une nouvelle caméra et un nouveau train optique intégrant un rotateur de champ… le setup est désormais quasi-totalement automatisé pour les séances d’acquisition !
« Vous (oui, vous !) pouvez soutenir Photon Millenium ! » Vous appréciez Photon Millenium et peut-être même le consultez-vous régulièrement ? Vous souhaitez soutenir mon travail et contribuer au développement du site ? Vous avez amélioré vos traitements grâce aux tutos
Hubert Reeves nous a quitté le 13 octobre 2023. Parti rejoindre les étoiles qu’il aimait tant, il laisse les amoureux du ciel ici-bas emplis d’une infinie tristesse. Hommage à celui qui aura été une source d’inspiration pour beaucoup d’astronomes amateurs.