Amélioration du setup (3) : nouvelle caméra et rotateur de champ
Une nouvelle caméra et un nouveau train optique intégrant un rotateur de champ… le setup est désormais quasi-totalement automatisé pour les séances d’acquisition !
La constellation du Cygne est l’un des lieux de rendez-vous les plus prisés par les photographes dans le ciel d’été. Traversée par la Voie Lactée, cette constellation regorge d’objets extraordinaires dont il est difficile de faire le tour !
En dehors des objets « superstars » de cette constellation, parmi lesquels on peut citer les Dentelles du Cygne, NGC 7000 (nébuleuse de l’Amérique du Nord), IC5070 (la nébuleuse du Pélican) ou encore NGC 6888 (la nébuleuse du Croissant), on trouve également d’autres objets « secondaires » des plus intéressants, tels que la région de Sadr ou encore Sh2-101 (la nébuleuse de la Tulipe)…
Et en dehors de ces objets régulièrement photographiés, il y en a encore de nombreux autres – plus petits ou plus discrets – auxquels on consacre moins souvent de longues heures de pose. C’est le cas de l’amas ouvert IC 1311 présenté ce mois-ci.
Toutefois, la constellation du Cygne étant traversée par un complexe gigantesque de gaz et de poussières, il est rare de pouvoir photographier le moindre recoin de celle-ci sans y déceler la présence de quelques nébulosités. Ces petits objets sont donc souvent l’occasion de photographier des régions moins connues de ces nébuleuses.
Preuve en est, la présente photographie contient pas moins de 4 objets d’intérêt, tous de nature différente :
En cumulant plus de 15h de pose sur cette région du ciel peu visitée, Mathieu Guinot réalise ici une superbe image combinant à la fois le LRGB classique et des images Ha et OIII. Le Ha est essentiel pour faire parfaitement ressortir les nébulosités les plus fines et les détails dans les zones les plus denses. Un tiers du temps total a été consacré aux images OIII, afin de mettre en évidence la faible et minuscule nébuleuse planétaire Patchick 6.
La réalisation d’une telle image demande une très bonne préparation, puisqu’il est nécessaire d’identifier au préalable les objets visibles dans le champ afin de déterminer le cadrage optimal et les filtres à utiliser… il serait facile, par exemple, de passer à côté de la présence de cette nébuleuse planétaire peu connue et de ne pas prévoir de poses avec le filtre OIII !
Le traitement en lui-même est particulièrement soigné et démontre la vraie maitrise de Mathieu en la matière. Bien qu’il s’agisse d’une image a priori « simple », les difficultés ne manquent pas. La principale est de réussir à maintenir un équilibre et une dynamique d’ensemble sur une image contenant des objets aussi différents, tant en terme de luminosité que de couleurs. La mise en valeur de la nébuleuse obscure implique ainsi que remonter légèrement le fond de ciel afin de maintenir un contraste satisfaisant… tout en conservant par ailleurs un contraste suffisant avec les nébulosités et surtout les étoiles de l’amas.
L’intégration de la couche Ha est ici particulièrement bien réalisée puisque les nébulosités s’intègrent naturellement dans le champ ; en donnant beaucoup de profondeur à l’image sans pour autant être trop proéminentes.
On peut également saluer le travail sur les couleurs (un exercice parfois délicat lorsqu’on intègre des couches narrowband sur une image LRGB) : celles-ci sont à la fois vives et précises, avec un beau contraste entre les draperies rouges et le bleu intense de la nébuleuse planétaire, tout en préservant la couleur naturelle des étoiles de l’amas et du champ dans son ensemble.
Mathieu, 38 ans et psychologue de formation, photographie le ciel profond depuis 2015. Pour ce passionné de musique, la dimension artistique de l’astrophoto tient un rôle central, comme le démontre la richesse de la palette de couleurs sur cette image.
Mais Mathieu est tout aussi intéressé par la technique instrumentale. Il est d’ailleurs un membre actif de l’association Repères Astro (60) et responsable du matériel de l’observatoire qui comprend notamment un télescope de 600mm. Il partage dans ce cadre sa passion avec le public et en tant qu’animateur de stages « Etoiles » de l’AFA.
Observant depuis Amiens et disposant d’un setup à poste fixe dans son jardin, il peut consacrer des temps de pose conséquents à chacune de ses images (souvent plus de 30h) ; ce qui reste un élément déterminant dans la réussite d’images de qualité.
Renouvelant fréquemment son matériel et faisant continuellement progresser son setup, Mathieu « enchaine » les très belles réalisations ; ce qui rend incontournables des visites régulières sur son site internet ou sur sa galerie Astrobin !
Date : du 17 au 22 juillet 2021
Lieu : Amiens (France)
Optique : LACERTA Newton 10″ f/3.8
Monture : IOPTRON CEM 120
Caméra : ZWO ASI 2600 MM
Traitement : Pixinsight & Photoshop
L : 25 x 120s (bin1)
R/G/B : 38/39/43 x 120s (bin1)
Ha (Antlia 3,5nm) : 70 x 300s (bin1)
OIII (Antlia 3,5nm) : 57 x 300s (bin1)
Total : 16h10
Les Photons d’Or récompensent chaque mois une image particulièrement remarquable réalisée par un amateur… n’hésitez pas à proposer vos images !
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