
Photons d’Or – Mai 2023
L’image du mois Mai 2023 Les galaxies NGC 4725, NGC 4747 & NGC 4712, par Guillaume GRUNTZ. Parmi les belles galaxies du printemps, NGC 4725 n’est pas l’une des plus populaires… et l’on se demande vraiment pourquoi ! Elle n’a
La nébuleuse IC 2177, surnommée la « nébuleuse de la mouette » en raison de sa forme vaguement évocatrice, fait partie des beaux objets du ciel hivernal. Située dans le constellation de la Licorne, elle souffre malheureusement de la concurrence proche proposée par les objets des constellations du Taureau, du Grand Chien… et surtout d’Orion ; mais elle reste cependant une cible régulièrement fréquentée par les astrophotographes.
Située à une distance d’environ 3800 années-lumière dans le bras d’Orion (notre bras local où se situe également le Soleil), elle s’étend sous la forme d’un arc de cercle sur un peu plus de 100 années-lumière de longueur.
Elle surclasse donc largement en taille la célèbre nébuleuse d’Orion, qui ne s’étend que sur 24 années-lumière mais qui est bien plus proche de nous, à seulement 1350 années-lumière.
Sur le montage ci-contre, on peut visualiser la taille réelle de ces deux nébuleuses, telles que l’on pourrait les observer si elles étaient situées à la même distance : la « grande » nébuleuse d’Orion fait pâle figure en comparaison !
Mais au-delà de leur différence de taille, ces deux nébuleuses partagent des points communs plus importants. Il s’agit pour l’essentiel d’un grand nuage de poussières, d’hydrogène, d’hélium et d’autres éléments plus lourds. L’hydrogène, ionisé par le rayonnement des étoiles chaudes auxquelles la nébuleuse a donné naissance, prend ainsi cette teinte rouge caractéristique.
Plus précisément, la nébuleuse de la mouette est constituée de trois grands nuages de gaz :
Au sein de ces « pouponnières » d’étoiles que sont les nébuleuses, on trouve typiquement au moins un amas ouvert. C’est également le cas de la nébuleuse de la mouette, au sein de laquelle on peut observer plusieurs amas ouverts (notamment NGC 2335 et NGC 2343, visibles sur cette image), composés de jeunes étoiles chaudes (dont certaines de type B, des géantes bleues au rayonnement très énergétique).
Une étoile de ce type, HD 53367, située dans la région de la « tête » de la mouette, est traditionnellement considérée comme la principale étoile responsable de l’ionisation da la nébuleuse. Née au sein d’un petit amas d’étoiles il y a à peine 1,5 millions d’années, il s’agit d’une étoile gigantesque, 20 fois plus massive que le Soleil, et extrêmement lumineuse. Toutefois, les derniers relevés de parallaxes réalisés par le satellite Gaia tendent à montrer que cette étoile serait en réalité située beaucoup plus loin que la nébuleuse, à près de 1000 parsecs au-delà, soit près du double de la distance entre le Soleil et la nébuleuse ! Si cela est confirmé, il faudra rechercher une autre étoile candidate à l’ionisation de cette région, mais aussi revoir encore à la hausse la luminosité réelle de HD53367.
On peut également observer une zone d’onde de choc autour de l’étoile HD 53974, qui est en réalité un système triple doté d’une vitesse propre très élevée (environ 34km/s), ce qui la classe dans la liste des jeunes étoiles fuyantes potentielles issues du catalogue Hipparcos. Le déplacement rapide de telles étoiles (probablement nées et « éjectées » hors de leur amas d’origine par effet de fronde gravitationnelle), peut générer des ondes de choc lorsqu’elles traversent un milieu plus dense, comme celui d’une nébuleuse.
Observée en infrarouge, la nébuleuse dévoile ses secrets les plus intimes, qui demeurent cachés en lumière visible derrière des nuages de poussières opaques. Or, c’est bien dans ces zones que se trouve le spectacle le plus extraordinaire qu’il soit possible d’observer : la formation en direct de nouvelles étoiles !
Sur l’image ci-dessus, les zones opaques de poussières révèlent en réalité une intense activité de formation stellaire, et s’avèrent être en réalité les zones les plus actives de toute la nébuleuse. Les zones en vert en en rouge correspondent aux longueurs d’onde de 12 et 22 microns, produites par la poussière chaude. On constate que la poussière, globalement assez uniformément distribuée dans l’ensemble de la nébuleuse, est concentrée dans quelques zones plus compactes plus chaudes, là où les étoiles se forment.
La nébuleuse de la mouette, de par sa proximité, sa taille et son activité, constitue donc un objet d’étude de premier plan pour les astronomes professionnels.
Les astronomes amateurs ne sont pas en reste, même si cette nébuleuse est dotée de trois caractéristiques qui peuvent limiter les possibilités de ceux qui ont envie de l’immortaliser sur leurs capteurs :
La photographier implique donc de disposer d’un setup adapté (un instrument à courte focale ou un objectif photo) et de disposer d’un ciel suffisamment dégagé vers le sud… les amateurs du sud de la France sont bien sûr privilégiés car l’objet culmine un peu plus haut dans le ciel lors de son passage au méridien.
Observant pourtant depuis la Normandie, et donc moins favorisé avec un objet culminant à peine à 30° au-dessus de l’horizon, Arnaud Couillard a réussi à déjouer ces difficultés pour réaliser un magnifique cliché mettant parfaitement en valeur cette superbe nébuleuse.
La lunette utilisée, spécialement conçue pour l’astrophotographie (avec 6 éléments optiques dont un correcteur intégré), dotée d’une courte focale de 342mm et d’un rapport F/D de 4,5, constitue un instrument idéal sur cette cible, en particulier couplée à un capteur de dimensions assez importantes et surtout particulièrement sensible.
Associée à ce setup, la prise de vue en narrowband (ici HOO) est également un très bon choix, qui permet de mettre en valeur les nombreux détails de la nébuleuse tout en disposant d’un signal de qualité (le filtre Ha très sélectif de 3nm permettant de pouvoir imager malgré la présence de la Lune). Avec « seulement » 7h20 de pose, l’image finale présente ainsi un signal important qu’il est possible d’exploiter efficacement au traitement.
Saluons tout d’abord le cadrage habile de l’image, qui permet de présenter la nébuleuse dans son ensemble tout en conservant une certaine zone de confort ; ce qui est toujours important pour ne pas donner l’impression que l’objet est trop enfermé dans le cadre.
Niveau traitement, celui-ci est particulièrement réussi ; surtout si l’on considère que les palettes HOO peuvent souvent présenter un côté assez « artificiel ». Ici au contraire, le traitement global et la palette de couleurs semblent très naturels : le signal a été parfaitement exploité, les zones de transition sont subtiles, la dynamique de l’objet est respectée, le bruit est contenu, le fond de ciel est bien géré et les détails sont bien valorisés.
Arnaud a su également éviter le piège (très répandu sur les images narrowband) qui consiste à trop réduire les étoiles : si cela se justifie sur certaines nébuleuses afin de mettre en valeur le signal de la nébuleuse, cela aurait sans doute été contre-productif sur cet objet qui contient de très beaux amas ouverts et de belles étoiles brillantes et colorées. Les tailles très variées des étoiles dans le champ sont ici respectées, et celles-ci ajoutent beaucoup de relief et de dynamisme à l’image.
Enfin, une mention spéciale à la couleur des étoiles, qui contribue également à un rendu très naturel car s’approchant réellement de ce qu’on pourrait obtenir avec une couche RGB (ce qui n’est pas le cas ici !). On pourra juste relever une teinte légèrement verte sur certaines étoiles (qu’il est très simple d’atténuer sous Photoshop avec le script HLVG par exemple).
Au final, une vraie réussite qui combine le signal et les détails du narrowband, tout en réussissant à conserver l’aspect naturel du RGB !
Attiré par les étoiles depuis son plus jeune âge, c’est finalement il y a 3 ans, au détour d’un article illustré par une belle photo de nébuleuse réalisée avec un simple APN, qu’Arnaud décide de sauter le pas et de se lancer dans l’astrophoto ! Débutant avec un APN défiltré, un objectif photo et une StarAdventurer, il débute seul son apprentissage en lisant beaucoup d’articles. 6 mois plus tard, c’est le passage à la monture « sérieuse » et à une lunette TS71, d’abord à l’APN puis à la caméra couleur. Disposant aujourd’hui d’un observatoire personnel afin de ne pas manquer la moindre belle nuit depuis la Normandie, il utilise un astrographe de qualité couplé à une caméra monochrome, ce qui lui permet d’aller encore plus loin dans la réalisation de belles images du Cosmos. La visite de sa galerie Astrobin permet d’admirer de belles images et de constater ses progrès dans tous les domaines depuis maintenant plus d’un an.
Date : 16 & 30 décembre 2021
Lieu : Normandie
Optique : TS76 EDPH
Monture : SW AZEQ6 GT
Caméra : ZWO ASI 2600 MM Pro
Guidage : DO / ZWO ASI 290 mini
Ha : 46 x 300s (bin1)
OIII : 42 x 300s (bin1)
Total : 7h20
Filtres : Antlia 3nm
Traitement : Pixinsight / PS
Les Photons d’Or récompensent chaque mois une image particulièrement remarquable réalisée par un amateur… n’hésitez pas à proposer vos images !
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