
Photons d’Or – Mai 2023
L’image du mois Mai 2023 Les galaxies NGC 4725, NGC 4747 & NGC 4712, par Guillaume GRUNTZ. Parmi les belles galaxies du printemps, NGC 4725 n’est pas l’une des plus populaires… et l’on se demande vraiment pourquoi ! Elle n’a
Bien que la constellation du Cygne soit l’une des plus fréquentées par les astrophotographes pendant les mois d’été, sa superficie et sa richesse sont tellement vastes qu’il est toujours possible de dénicher, dans les zones les moins rebattues, de magnifiques et spectaculaires objets peu photographiés.
Cette richesse s’explique par l’alignement de la constellation du Cygne (du moins son axe central formé par Deneb et Albireo) avec la voie lactée, cette bande lumineuse diffuse qui traverse le ciel du nord au sud.
D’aspect homogène observée à l’œil nu, la structure de cette bande change radicalement lorsqu’elle est observée à travers une lunette ou un télescope, révélant une myriade d’étoiles distinctes de plus faible luminosité.
Galilée sera le premier à décrire la voie lactée comme « un amas de toutes petites étoiles« , lorsqu’il observe pour la première fois celle-ci en 1610. Il faudra toutefois attendre 1750 pour que l’astronome anglais Thomas Wright postule l’hypothèse que cette bande laiteuse serait en réalité notre propre galaxie, un disque aplati, observé par la tranche.
Malgré les tentatives ultérieures de cartographies (notamment par William Herschel en 1785), il faudra attendre le début du XXe siècle et la preuve de la nature extragalactique des autres « nébuleuses galactiques » (terme alors employé pour désigner les galaxies) pour que cette intuition géniale ne soit confirmée.
De fait, comme l’avait imaginé Thomas Wright, puis Emmanuel Kant, la voie lactée n’est en réalité qu’« un effet optique dû à l’immersion de la Terre dans une couche plate composée d’étoiles de faible luminosité », à savoir notre propre galaxie… à laquelle fort logiquement sera donné le nom de Voie Lactée (avec majuscules !).
Toutefois, comme on le sait aujourd’hui, notre galaxie ne se résume pas à un simple « disque » uniforme : autour du noyau central (probablement composé d’une « barre »), s’étendent des « bras spiraux » qui reflètent non pas la rotation de la galaxie mais bien des ondes de densité entrainant la création de nouvelles étoiles.
Notre étoile étant située environ à mi-distance du noyau galactique et de la périphérie, on comprend que l’on peut en réalité observer la Voie Lactée tout autour de nous. La densité de celle-ci est toutefois plus importante en direction du centre galactique.
Mais comment démêler ces structures les unes des autres depuis notre seul poste d’observation qu’est la Terre ?
Bien que la région située derrière le noyau central soit difficile à étudier et à cartographier, il est possible de dresser aujourd’hui une cartographie relativement précise de notre galaxie (voir ci-contre). A force d’accumuler les relevés et les observations, les astronomes sont ainsi parvenus à déchiffrer le labyrinthe d’étoiles, de nuages de gaz et de poussières qui encerclent de toutes parts notre système solaire.
La Voie Lactée est ainsi composée de 2 bras spiraux principaux, qui prennent naissance aux deux extrémités de la barre centrale : le bras de Persée (le plus proche de nous, mais qui débute de l’autre côté de la galaxie) et le bras du Centaure (dont la plus grande partie nous est masquée…).
Outre ces deux bras principaux, deux bras secondaires se distinguent, à savoir le bras du Sagittaire et le bras de la Règle.
D’autres bras mineurs existent également, prenant naissance entre les bras spiraux principaux. C’est le cas du « bras d’Orion », où se situe le Soleil, situé entre les bras du Sagittaire et de Persée.
Notre bras local s’étend ainsi sur environ 10 000 années-lumière de longueur et 3 500 années-lumière de large.
De fait, l’ensemble des étoiles isolées (hors amas) que nous pouvons observer à l’œil nu sont également situées dans le bras d’Orion. La plus lointaine, Rho Cassiopée, est située à environ 3400 années-lumière dans le sens de la longueur du bras.
De même, la plupart des objets du catalogue de Messier sont situées dans notre bras local : c’est notamment le cas de la nébuleuse d’Orion (qui donne son nom au bras). En dehors des nébuleuses d’été en direction du sud (M8, M20, M16, M17…) qui sont situées à la limite extérieure du bras du Sagittaire, et les nébuleuses d’hiver (M1 et la Rosette) qui sont situées dans le bras de Persée, les autres nébuleuses (en particulier celles du Cygne et de Cassiopée) sont situées dans notre bras local.
C’est donc le cas de l’ensemble des étoiles et des objets variés que l’on peut voir sur l’image présentée ici : tous font partie du bras d’Orion et donc de notre environnement « proche » à l’échelle galactique…
Sur cette image, on peut recenser les objets suivants, parmi les plus notables :
Pour le plaisir, voici la version annotée, réalisée par les auteurs :
C’est avec l’objectif de révéler de nombreux objets peu connus et rarement photographiés de la constellation du Cygne que Renaud et Olivier Coppe se sont lancés dans cet ambitieux projet qui a demandé 5 nuits d’acquisition.
Après une première nuit « d’essai » avec les filtres Ha et OIII, afin de vérifier le potentiel du champ envisagé, plus de 24h de pose ont été réalisées lors des nuits suivantes. Malheureusement, la météo belge leur a joué des tours, avec l’arrivée de brouillard lors de ces nuits, ce qui a limité le temps total d’acquisition… Malgré tout, avec plus de 24h de pose, l’objectif est rempli et le moins que l’on puisse dire est que le résultat en valait la peine, tant cette zone peu fréquentée se révèle d’une richesse foisonnante, avec des objets variés et particulièrement beaux !
Le soin apporté aux acquisitions se retrouve également au traitement, avec une image dynamique, contrastée, haute en couleur, mais qui conserve un aspect « naturel » particulièrement agréable. Conserver un tel rendu « naturel » n’est jamais simple lorsque le champ contient de nombreux objets faibles pour lesquels il est nécessaire de tirer les curseurs ; et plus encore lorsqu’il s’agit essentiellement d’une image HOO ! Réussir à obtenir un tel résultat, où le traitement devient imperceptible, est la preuve d’une très bonne maitrise de l’étape de traitement. L’ajout bienvenu des couches RGB contribue également fortement à la qualité du résultat final.
Au-delà de l’impression d’ensemble, essayons de définir quelques critères qui contribuent à conférer à une image un aspect « naturel » :
Cette image remplit tous ces critères, avec un bruit très maitrisé mais pas totalement effacé, une belle gestion des étoiles, une belle dynamique d’ensemble, de nombreux détails dans les structures gazeuses et des couleurs agréables… La présence d’objets très différents (notamment la présence des petites nébuleuses planétaires) engendre d’ailleurs une difficulté supplémentaire au traitement ; difficulté que « les frères » Coppe ont parfaitement su surmonter !
Pour essayer vraiment de chercher la petite bête, on peut relever un léger défaut qui aurait sans doute pu être évité au traitement : la zone centrale de NGC 6257 est légèrement saturée, ce qui entraîne la perte de petits détails dans cette nébuleuse. Il aurait été intéressant de conserver ces détails, par exemple en ayant recours à la technique HDR ou en réalisant une montée d’histogramme masquée sur cette zone. Une occasion de se rappeler que l’on peut toujours s’améliorer ; mais plus encore qu’il n’est pas indispensable de sortir une image avec « zéro défaut » pour que celle-ci soit appréciée à sa juste valeur !
Au final, en sortant des sentiers battus, Renaud et Olivier Coppe ont non seulement réalisé une superbe image, mais ne sont pas passés loin de découvrir deux objets (la nébuleuse planétaire Ch1 n’est connue que depuis 2017, et StDr103 n’a été découverte que quelques semaines auparavant). Voici qui devrait sans nul doute pousser plus d’astrophotographes à suivre cet exemple !
Fascinés depuis leur enfance par le ciel et les étoiles, Renaud et Olivier ne se sont « lancés » que depuis 3 ans dans l’astrophoto.
Le déclic a eu lieu en voyant les images réalisées par leur père, Christian (lui aussi bien connu sur les forums astro). Ils décident alors de s’initier à la photo du ciel au moyen d’un simple APN et d’un trépied photo ; avant d’évoluer sur une StarAdventurer.
Ayant envie d’approfondir cette pratique par eux-mêmes, ils expérimentent et multiplient les essais avec le matériel à leur disposition (non, nous ne nous laisserons pas aller à rappeler cet essai insolite consistant à photographier pendant 42h la galaxie M81 avec un APN derrière une barlow 4x, non… mais vous pouvez voir le résultat sur leur galerie Astrobin !).
Ayant fait progressivement évoluer leur setup avec une lunette 80ED, une HEQ5 et une caméra ASI1600 qu’ils exploitent désormais parfaitement, les « frères Coppe » réalisent depuis la Belgique de superbes clichés d’objets réputés difficiles (Sh2-224, OU4…) et n’hésitent pas – comme le démontre l’image présentée ici – à sortir des sentiers battus.
Le temps consacré à s’améliorer en traitement se révèle payant ; il suffit de regarder leurs progrès réalisés au cours de l’année dernière pour s’en convaincre !
Leur prochaine optique, actuellement en phase de test, devrait leur permettre d’aller encore plus loin et de nous proposer, à n’en pas douter, des images encore plus impressionnantes !
N’hésitez pas à consulter leur site internet ou leur galerie Astrobin pour voir leurs différentes réalisations.
Date : 2 au 7 septembre 2021
Lieu : Chastre (Belgique)
Optique : SW Evostar ED 80/600 + réducteur 0,85x
Monture : SW HEQ5 Pro Go-To
Caméra : ZWO ASI 1600 MM Pro
Filtres : ZWO / Baader / Chroma
H : 134 x 300s (bin1)
OIII : 147 x 300s (bin1)
R : 22 x 60s (bin1)
G : 21 x 60s (bin1)
B : 25 x 60s (bin1)
Total : 24h33
Traitement : Pixinsight / Siril / PS
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