Amélioration du setup (3) : nouvelle caméra et rotateur de champ
Une nouvelle caméra et un nouveau train optique intégrant un rotateur de champ… le setup est désormais quasi-totalement automatisé pour les séances d’acquisition !
Dans le ciel nocturne, certaines constellations s’imposent d’elles-mêmes. Cela peut être lié à l’éclat homogène des étoiles qui la composent, à leur faible distance apparente ou encore au fait que ces étoiles forment ensemble des figures géométriques simples et immédiatement reconnaissables.
Cumulant ces trois caractéristiques, la « Grande Ourse » est sans doute l’exemple le plus évident : reconnaissable par toute personne même non familiarisée avec l’astronomie (y compris les enfants), cette constellation est tellement remarquable qu’elle se retrouve dans toutes les représentations figurées du ciel à travers les différentes civilisations du monde (du moins de l’hémisphère Nord…). Les limites exactes de la constellation peuvent varier d’une représentation à l’autre, de même que son sens symbolique… mais il n’est semble-t-il venu à l’esprit de personne de séparer ses 7 étoiles principales !
A l’inverse, certaines constellations sont fortement méconnues et difficiles à identifier, même pour des astronomes amateurs aguerris. C’est le cas de la constellation du Lézard, constituée de quelques étoiles de faible éclat (aucune ne dépasse la magnitude 4), de petite dimension et dont la structure globale ne saute pas aux yeux…
Pire encore, cette petite constellation ne doit son existence qu’à la volonté de l’astronome Hevelius, à la fin du 17e siècle, de combler une région du ciel dépourvue d’étoiles brillantes, à la jonction des constellations de Céphée, de Cassiopée, du Cygne, d’Andromède et de Pégase : cette constellation n’a ainsi été créée que pour aider à mieux délimiter ses voisines ! Présentant une petite douzaine d’étoiles visibles à l’œil nu sous un bon ciel, ses principales étoiles forment un « zigzag » qui a malgré tout inspiré sa dénomination.
Ne contenant aucun objet du catalogue Messier, elle est rarement visitée par les amateurs qui n’ont que l’embarras du choix parmi la profusion d’objets proposée par ses prestigieuses voisines. Il est même à parier que beaucoup d’amateurs connaissent sans doute mieux la gamme de matériel commercialisée sous la marque portant son nom latin (« lacerta ») que la constellation elle-même ! 🙂
Pourtant, cette petite constellation recèle quelques trésors cachés, en particulier la nébuleuse en émission Sh2-126, qui s’étend sur plusieurs degrés, ainsi qu’un spectaculaire complexe de gaz et de poussières, répertorié en différentes composantes principales dans le catalogue des nébuleuses par réflexion LBN.
La principale composante, visible sur cette image, porte la dénomination LBN 437 et contient plusieurs objets d’intérêt, en particulier l’objet de Herbig-Haro HH398 avec, en son centre, la jeune étoile variable V375 Lacerta.
Cette étoile, probablement entourée d’un disque d’accrétion et présentant des jets bipolaires est située dans la partie jaune de la nébuleuse sur l’image ci-contre (réalisée avec le télescope de 4m de l’observatoire de Kitt Peak) et l’objet Herbig-Haro associé est visible sous la forme d’un petit « sablier ».
Cet objet, qui fait en réalité partie d’une plus grande région de formation d’étoiles désignée Lacerta OB1 et située à 1200 années-lumière, fait l’objet de nombreuses études de la part des astronomes professionnels.
Ironiquement, alors que ces nébulosités étaient inconnues lorsque cette constellation a été créée, le grand complexe de nuages de poussières (visible sur l’image présentée ce mois) présente la forme d’un grand… lézard (ou, selon les observateurs, d’une salamandre ou d’un gecko…) ! La constellation du Lézard est ainsi l’une des très rares (la seule ?) à pouvoir prétendre contenir un objet du ciel profond en rapport direct avec sa dénomination.
Une manière de se rappeler que même les constellations les plus méconnues et – a priori – les moins intéressantes, peuvent receler de formidables trésors… pour peu qu’on leur consacre un peu de temps !
C’est précisément ce qu’a fait Yann Sainty en consacrant plus de 23h à l’acquisition des données pour réaliser cette superbe image, dont la moitié pour la seule couche Ha.
Le signal obtenu – manifestement généreux – est particulièrement bien mis en valeur par un traitement tout en douceur, qui confère à l’image finale une impression de naturel très agréable. Aucun signe de surtraitement, la gestion du bruit est parfaitement maitrisée, les couleurs sont justes sans être trop appuyées, les étoiles sont ponctuelles et bien gérées, l’image est parfaitement cadrée et tous les éléments du champ sont bien mis en valeur, les détails sont fins et bien accentués sans tomber dans l’excès (la zone du sablier)… bref, un sans-faute ! Certains pourraient reprocher un léger manque de contraste entre les différentes nébuleuses, mais il ne faut pas oublier que cela contribue également au rendu très naturel de l’ensemble.
Relevons également que l’intégration de la couche Ha est particulièrement bien réalisée puisque les nébulosités s’intègrent naturellement dans le champ ; en donnant beaucoup de profondeur à l’image sans pour autant être trop proéminentes.
Cette image permet aussi de mesurer – s’il en était besoin – les progrès récents réalisés apportés par les CMOS sur les capteurs couleurs (ici avec l’ASI 2600MC). Le très faible bruit de lecture associé à une grande sensibilité font merveille sur de tels champs présentant des objets variés et colorés, ainsi que sur les nébuleuses par émission en autorisant sans souci le recours à des filtres narrowband.
Une très belle réalisation sur un objet peu connu et peu visité, qui méritait bien d’être mise en avant !
Yann s’est lancé dans l’astrophotographie depuis un peu plus d’un an.
Après avoir débuté avec un Newton 150/750 sur Eq3-2 (« la meilleure école d’astrophoto pour apprendre la patience et la précision »), Yann a rapidement fait évoluer son setup afin d’améliorer ses résultats.
Disposant aujourd’hui de deux setups (Newton 200/800 et un objectif photo 135mm ; tous deux sur une monture EQ6-R et une caméra 2600MC), Yann réalise de très belles images tant sur des objets du ciel profond que sur des panoramas plus larges du ciel.
Son prochain setup (FSQ106 et 2600MM) devrait sans nul doute lui permettre de proposer d’autres fabuleux clichés.
Accordant une grande importance à la phase de traitement, Yann n’hésite pas à y consacrer de nombreuses heures afin de fignoler les réglages et d’obtenir les résultats les plus satisfaisants.
La preuve avec cette image, dont le soin apporté au traitement joue sans aucun doute pour beaucoup dans la qualité du résultat final !
Une visite sur sa galerie Astrobin est vivement recommandée pour apprécier ses premiers résultats, qui s’apparentent déjà à autant de coups de maître !
Date : 13 août 2021 (5 nuits)
Lieu : Amiens (France)
Optique : TS-OPTICS Newton 8″ f/4
Monture : SW EQ6R Pro
Caméra : ZWO ASI 2600 MC
Traitement : Pixinsight, Photoshop & Siril
Les Photons d’Or récompensent chaque mois une image particulièrement remarquable réalisée par un amateur… n’hésitez pas à proposer vos images !
Une nouvelle caméra et un nouveau train optique intégrant un rotateur de champ… le setup est désormais quasi-totalement automatisé pour les séances d’acquisition !
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Hubert Reeves nous a quitté le 13 octobre 2023. Parti rejoindre les étoiles qu’il aimait tant, il laisse les amoureux du ciel ici-bas emplis d’une infinie tristesse. Hommage à celui qui aura été une source d’inspiration pour beaucoup d’astronomes amateurs.