L’image présentée offre un aperçu saisissant de la diversité des objets astronomiques, révélant des structures situées à des distances très différentes. Quatre éléments principaux composent ainsi cette « perspective cosmique » (par ordre croissant de distance) : la nébuleuse obscure Barnard 150, l’amas ouvert NGC 6939, l’IFN et enfin la galaxie spirale NGC 6946, tous observables dans la constellation de Céphée.
Elle est remarquable pour son taux élevé de formation d’étoiles et d’explosions de supernovas : pas moins de dix supernovas ont été observées dans cette galaxie au cours du seul siècle dernier !
Par comparaison, la dernière supernova observée dans notre galaxie (qui compte pourtant deux fois plus d’étoiles) a été observée en 1604…
Autre signe de cette activité soutenue : le nombre très élevé de grandes régions Ha (de couleur rouge), visibles sur l’image ci-contre (en particulier dans les bras spiraux). On notera également la présence de quelques grandes régions OIII (en bleu).
Ces quatre objets, mis (littéralement) en perspective, invitent à réfléchir à l’échelle vertigineuse des distances dans l’Univers : en une seule image, nous observons des phénomènes qui se déroulent à des échelles allant de quelques milliers à des dizaines de millions d’années-lumière : cela nous rappelle la complexité de la structure de l’Univers, avec ses vastes étendues vides et ses îlots d’étoiles et de poussière où la matière et l’énergie forment des structures qui évoluent sur des millions, voire des milliards d’années.
Cela nous rappelle également que l’astrophotographie n’a pas seulement pour but de réaliser des images esthétiques, mais aussi d’essayer d’appréhender une partie de cette infinité… et parfois de contribuer – sinon à y donner du sens – au moins à mieux l’appréhender.
Cette image est le fruit d’une collaboration entre deux astronomes amateurs : Mike Hamende (qui a réalisé l’essentiel des acquisitions avec son setup composé d’un Newton 130 ouvert à f/2,8 et d’une caméra IMX571 couleur) et Nicolas Puig (qui a complété les acquisitions avec une caméra IMX533 mono et réalisé le traitement).
La qualité de l’image couleur était déjà exceptionnelle, mais les deux astrams ont décidé de mixer sur la galaxie les données obtenues par Nicolas avec une focale plus importante et un capteur monochrome (3h par couche couleur et 4h de Ha) afin de gagner en détails.
Sur le plan esthétique, cette image impressionne par sa profondeur et son contraste subtil entre les différents objets, en révélant parfaitement les différences de luminosité entre ces derniers.
Même si cette région du ciel est remarquable par sa densité, le cadrage et la composition sont idéalement équilibrés : la présence de la galaxie offre un contraste marqué avec l’environnement plus diffus environnant, tandis que l’amas ouvert se démarque par son aspect ciselé au milieu des nébulosités vaporeuses…
La nébuleuse obscure Barnard 150, parfaitement mise en valeur, serpente dans la partie droite de l’image, offrant un jeu de textures sombres et sinueuses qui contrastent fortement avec le fond étoilé et ajoutant une dimension de mystère à l’ensemble de la scène.
Le rendu très progressif des subtiles différences de luminosité dans les zones de transition de la nébuleuse contribue également à donner une grande profondeur à l’image.
On ne peut donc qu’admirer la très grande qualité du traitement, avec une parfaite gestion du bruit, de gestion des détails et de la dynamique d’ensemble. Les couleurs sont parfaitement dosées, avec un rendu très naturel. Les étoiles sont parfaitement gérées également, avec une densité bien respectée sans pour autant saturer l’image ou masquer les détails des structures plus diffuses.
Au final, une image qui combine une grande homogénéité d’ensemble tout en donnant l’impression de pouvoir percevoir les différences de distances entre les différents objets !
Mike Hamende est un astronome amateur américain, passionné par l’espace, la physique et l’univers depuis son plus jeune âge.
En 2008, il a acquis son premier télescope, un Meade ETX 90 d’occasion, avec lequel il s’est d’abord initié à l’imagerie planétaire en modifiant une webcam bon marché.
Comme beaucoup, sa passion pour l’astronomie s’est estompée pendant sa période étudiante… jusqu’à ce qu’il tombe, fin 2019, sur une vidéo montrant un astram photographiant la galaxie d’Andromède avec un APN. Il se lance alors le défi de réussir la même chose et profite d’une série de nuits claires hivernales : cette première photo traitée le captive aussitôt et le décide à poursuivre.
Faisant évoluer son matériel et possédant désormais plusieurs setups, Mike a finalement construit un petit observatoire automatisé dans son jardin, à 65 km au sud de Chicago : depuis, il profite de chaque nuit dégagée pour photographier le ciel !
Avec succès, comme le prouvera la consultation de sa galerie AstroBin, déjà bien fournie pour seulement 4 années d’activité : celle-ci recèle de magnifiques images qui démontrent la parfaite maitrise de ses instruments ainsi qu’un véritable talent pour le traitement, avec des images parfois audacieuses dans leur approche mais toujours esthétiques.
Nicolas Puig s’est très jeune pris de passion pour le ciel et la photographie : il s’initie à partir de 10 ans à l’observation visuelle avec une lunette Perl 60/700, avant de se lancer dans la photographie planétaire avec un newton 114/900 et une webcam Toucam modifiée.
Après une pause d’une dizaine d’année, motivé par les images publiées dans les magazines astro, Nicolas décide de se lancer dans la photo du ciel profond, avec une monture équatoriale, un lunette 80/400 et un APN défiltré. La passion ne faisant que grandir, l’APN a rapidement cédé la place à une caméra refroidie, d’abord avec un capteur couleur puis mono.
Aujourd’hui, Nicolas aborde la quarantaine avec un très beau setup composé d’un newton SW 200/800, une EQ6-R Pro et une nouvelle caméra PlayerOne Ares-M Pro, qu’il exploite depuis son domicile dans la région d’Avignon. Un second setup plus orienté grand champ est en cours de conception (avec une Askar FRA-300)… mais pas de spoil : nul doute que nous aurons l’occasion de présenter celui-ci à l’avenir !
Depuis un an, Nicolas fait également partie de la team « DSC – Deep Sky Collective », qui combine des milliers d’heures de pose réalisées par des dizaines d’astrophotographes afin de réaliser des images de plus en plus profonde – et impressionnantes – de notre univers.
Date : Septembre 2023
Lieu : Manteno, Illinois (USA)
Optique : Sharpstar 13028HNT f/d 2,8 & SW Quattro 8CF
Monture : SW HEQ5-Pro & SW EQ6-R Pro
Caméra : PO Poseidon C-Pro (IMX571) & PO Ares M-Pro (IMX 533)
Filtres : Optolong UV/IRcut
RGB : 997 x 60s (16h37)
Complément sur la galaxie : 12h en RGB & 4h en Ha (16h)
Total : 16h37
Échantillonnage : 2,2″/px
Traitement : Pixinsight – Photoshop
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