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Nom : M11 – NGC 6705 – Amas du canard sauvage
Type : Amas ouvert
Distance : ~6000 AL
Taille : 14′
Magnitude : 5,8
Meilleure période d’observation : Eté
Situé dans la constellation de l’Ecu, M11 est l’amas ouvert le plus riche du catalogue Messier, avec plus de 3000 étoiles.
Agé d’environ 220 millions d’années, cet amas contient beaucoup d’étoiles bleues et de géantes jaunes ou rouges. La distance moyenne entre les étoiles au sein de l’amas est d’une année-lumière, d’où cet aspect très dense (à titre de comparaison, l’étoile la plus proche du Soleil se trouve à 4 années-lumière). Situé à environ 6000 années-lumière, cet amas, comme la plupart des amas ouvert, se situe au sein d’un bras spiral de la Galaxie.
Beaucoup d’incertitudes demeurent cependant quant à ses dimensions et son âge réel ; qui varient du simple au double selon les publications et les moyens d’étude utilisés. Il faut dire que cet amas est située dans une région extrêmement dense de la Voie Lactée, et le fourmillement stellaire en arrière-plan ne simplifie pas l’appréciation de ses limites…
On constate que le centre de l’amas est majoritairement occupé par les étoiles bleues, chaudes et jeunes ; alors que les géantes jaunes et rouge, très âgées, sont plutôt situées en périphérie.
Observé aux jumelles ou à travers un petit instrument, M11 peut facilement être confondu avec un amas globulaire, tant sa densité est forte pour un amas ouvert. Ce n’est qu’au travers d’un instrument de 200mm et plus qu’il se révèle totalement.
Dans tous les cas, quelle que soit la focale utilisée, la richesse de cet amas et celle du champ qui l’entoure, avec notamment de nombreuses zones de poussières plus sombres, constitue une superbe cible pour l’astrophotographe !
Mais pourquoi donc ce surnom, bien mystérieux, du « canard sauvage » ? Celui-ci semble être issu des observations réalisées au 19e siècle, à travers des télescopes de faible puissance, où certains ont cru reconnaitre, dans les lignes des principales étoiles, les contours d’un triangle évoquant le vol de canards en formation. Je dois avouer qu’à titre personnel, je n’ai jamais rien vu de tel en observant cet objet !
Mais peu importe, tant le spectacle est magnifique !
Cette photographie a été réalisée avec une TSA102, accompagnée de son réducteur, et un APN défiltré ; 1h de pose au total, avec des poses unitaires de 3 minutes.
En dehors du fait qu’il s’agit d’un très bel objet, cette région très dense en étoiles est parfaite pour tester la planéité de champ d’un système optique. Avec une telle concentration d’étoiles, la moindre aberration optique ou défaut mécanique (coma, tilt, flexions…) saute immédiatement aux yeux.
Les poses unitaires ont été réduites à 3 minutes pour éviter toute saturation au centre de l’amas, et également pour essayer de gagner un peu en résolution par rapport à des poses plus longues. Les étoiles étant assez brillantes, réduire le temps de pose unitaire ne porte pas à conséquence pour mettre en valeur les couleurs lors du traitement.
J’ai décalé volontairement le cadrage pour inclure les belles bandes de poussières au nord, qui apportent un peu de profondeur au champ.
Matériel :
Takahashi TSA102 f/6
AZEQ6 via EQmod
Canon 1100D Astrodon (800iso)
Guidage : lunette-guide 9×50 et PLA-MX
Pixinsight
Acquisition :
20 x 180s
Intégration totale : 1h
Date(s) de prise de vue : 16 août 2015
Réaliser une belle photographie de cet objet et du champ environnant n’est pas difficile en soi : un temps de pose limité suffit ; et la richesse du champ stellaire est telle qu’on peut y trouver son compte avec des focales très différentes. On voit sur l’image présentée qu’une heure de pose seulement suffit à obtenir un résultat satisfaisant.
Pour mettre en valeur toute la richesse du champ stellaire ainsi que les bandes opaques proches, il est toutefois nécessaire d’augmenter sensiblement le temps de pose. Mais même avec ces exigences, quelques heures de pose sur une seule nuit, assorties d’un traitement correct, sont plus que suffisantes.
Nul besoin d’un APN défiltré, qui n’apporte rien sur ce type de champ et complique la calibration des couleurs au traitement. Dans le même esprit, essayez autant que faire se peut de vous passer d’un filtre anti-pollution lumineuse, qui va fausser les couleurs.
La seule réelle contrainte est de disposer d’un système optique et mécanique offrant un champ parfaitement corrigé et plan, afin d’obtenir des étoiles fines jusque dans les coins et une homogénéité sur toute l’image.
Au niveau du cadrage, inclure les bandes sombres de poussière apporte, à mon sens, un « plus » indéniable. Celles-ci apportent en effet de la profondeur à l’image et rompent l’uniformité du champ stellaire. Un ciel de qualité est cependant nécessaire pour les faire ressortir correctement du fond de ciel sans faire monter le bruit… la présence de la Lune (basse sur l’horizon qui plus est en été…) est donc à éviter.
Si vous disposez d’un champ photo suffisant, il est possible de cadrer M11 pour inclure également le « nuage d’étoiles » de l’Écu, à proximité à l’Ouest (identifié sous le terme « Scutum star cloud » sur l’image ci-contre) : cette zone est l’une des plus denses en étoiles de la voie lactée, et ajoute immédiatement un intérêt à l’image.
Dans la mesure où la ponctualité des étoiles est fondamentale dans l’esthétisme du résultat final, il est indispensable d’assurer une bonne qualité de suivi et d’autoguidage sur toutes les brutes. Le temps de pose unitaire n’étant pas très important sur ce type de cible, il est recommandé de diminuer celui-ci en cas d’autoguidage insuffisant.
Le temps de pose unitaire doit être adapté afin de ne pas entraîner de saturation du capteur au centre de l’amas.
Le plus souvent imagé dans un champ large, il peut être intéressant d’effectuer une photographie plus détaillée de l’amas M11 au moyen d’une focale plus importante et d’une caméra CCD, afin de résoudre celui-ci et de mettre en évidence la distribution des différentes populations d’étoiles entre le centre et la périphérie.
Dans ce cas, il est possible de recourir à la même méthode que pour les amas globulaires, en réalisant un grand nombre de poses assez courtes afin de limiter les effets néfastes de la turbulence et d’améliorer la résolution finale (30s à 1 minute par pose, par exemple).
Sur ce type de champ stellaire, les traitements les plus simples sont souvent les plus efficaces. Une montée d’histogramme classique est largement suffisante, en veillant juste à ne pas faire monter le bruit sur le fond de ciel.
L’aspect des étoiles est évidemment primordial. Dès lors, inutile d’altérer celui-ci avec des déconvolutions ou des process de réduction bien inutiles… et qui seront le plus souvent contre-productifs ! Sur ce type d’image, la résolution et la qualité de l’aspect des étoiles se joue essentiellement lors de l’acquisition, et non lors du traitement : privilégier un ciel transparent et stable, non affecté par la pollution lumineuse et réaliser les poses lors du passage au méridien de l’objet sont encore les meilleurs techniques pour obtenir une image propre au final.
La couleur des étoiles est un autre point essentiel. Une calibration correcte des couleurs est donc un préalable indispensable. Les bandes de poussière peuvent fournir un référentiel assez fiable pour définir une zone « neutre » de référence pour ces process. Cette étape de calibration des couleurs est surement la seule opération réellement délicate du traitement de cet objet ; et la seule susceptible de poser quelques problèmes aux débutants, notamment à ceux disposant d’un APN défiltré.
Le process PhotometricColorCalibration permet dans la grande majorité des cas de se faciliter la tâche et donne de bons résultats avec les réglages par défaut.
N’hésitez pas ensuite à augmenter légèrement la saturation, avec un masque d’étoiles adapté. Inutile à cette fin de chercher à obtenir un masque incluant l’ensemble des étoiles du champ : il est plus simple de travailler avec un masque n’incluant que les étoiles principales. Par ailleurs, chercher à augmenter la saturation de l’ensemble des étoiles, y compris les plus faible, peut rapidement donner à votre image un aspect de « sapin de Noël » assez peu esthétique ! Sans compter que cela réduit la mise en valeur de l’amas lui-même.
Sur le rendu final, il est possible de retenir deux approches différentes : soit mettre en avant l’amas, soit mettre en avant l’ensemble du foisonnement stellaire.
La première option est la plus simple, car elle implique de conserver un fond de ciel classique (autour de 20/25 sur 256 niveaux) et ne demande pas de traitement localisé sur les étoiles les plus faibles.
La seconde option (retenue sur l’image présentée ici) implique de tirer un peu plus sur les curseurs, et de fixer une valeur de fond de ciel légèrement supérieure (autour de 30/35) : le champ gagne alors en densité stellaire, et les bandes de poussières sont mieux mises en avant, mais cela peut compliquer la gestion du bruit et le rendu des étoiles les plus brillantes. Il faut veiller dans tous les cas à ne pas saturer la luminosité de ces dernières, car à défaut leur couleur sera plus difficile à faire ressortir.
Ce serait avec une CCD, afin de gagner en résolution au centre de l’amas et pouvoir poser plus longtemps sur les couches RGB, afin d’obtenir des couleurs plus prononcées.
Si l’espace commentaires n’est pas accessible, consultez le guide pratique pour y remédier !
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