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Nom : IC 434 – Nébuleuse de la Tête de Cheval – NGC 2024 – Nébuleuse de la Flamme
Type : Nébuleuse en émission
Distance : ~1500 AL
Taille : 1° (nébuleuse dans son ensemble) – 12 AL (Flamme) – 3 AL (Tête de Cheval)
Magnitude : 7,3
Meilleure période d’observation : Hiver
La nébuleuse de la « tête de cheval » est l’une des images les plus iconiques du ciel… et réservée aux seuls astrophotographes, tant son observation visuelle est délicate.
Cet objet s’intègre dans le grand complexe de nébuleuses de la constellation d’Orion, qui comprend notamment la « Grande » nébuleuse d’Orion (M42) et la boucle de Barnard. Situé à une distance comprise entre 1000 et 1500 années-lumière, ce complexe de nuages de gaz gigantesque s’étend sur plusieurs centaines d’années-lumière. Compte-tenu de sa taille et de sa proximité, ce complexe occupe une place très importante dans le ciel, remplissant complètement la constellation d’Orion, comme le montre cette image exceptionnelle de Rogelio Bernal Andreo (dont je vous recommande chaudement de visiter le site : Deep Sky Colors) !
Sur cette photo d’ensemble de la constellation d’Orion, IC 434 (au centre) semble presque minuscule… S’étendant pourtant sur plus du double du diamètre lunaire, IC 434 constitue un superbe exemple de nébuleuse en émission : de ses majestueuses draperies ionisées en arrière-plan, émergent de grandes structures plus denses et obscures, formant notamment la fameuse « tête de cheval ». Celle-ci, découverte au début du XXe siècle par l’astronome américain Edward Barnard, grâce à la photographie, s’étend sur 3 années-lumière.
Ce magnifique panorama est complété au sud-est par la nébuleuse de la Flamme (NGC 2024), une autre nébuleuse en émission particulièrement active en formation d’étoiles qui s’étend sur plus de 12 années-lumière. Illuminée par le rayonnement intense de la supergéante bleue Alnitak (l’une des 3 étoiles de la ceinture d’Orion), la Flamme est parcourue en avant-plan par des bandes plus sombres de poussières, qui rendent opaque son centre.
Si certaines dénominations d’objets célestes peuvent parfois paraître alambiquées ou tirées par les cheveux, force est de reconnaître que ces deux objets portent particulièrement bien leur nom ! 🙂
Comme la plupart des nébuleuses, la Flamme révèle sa vraie nature dans des longueurs d’onde différentes du spectre visible, notamment en infrarouge et en rayons X, où les bandes obscures de poussières en avant-plan laissent place à la vision des amas d’étoiles nouvellement créés :
Les images réalisées en rayons X par le satellite Chandra ont ainsi permis de mettre en évidence la présence de plus de 300 étoiles jeunes au sein de ce nuage de gaz, dont la population totale est cependant estimée au triple. L’âge de ces étoiles est compris entre 200 000 et 1 million d’années : la nébuleuse de la Flamme s’est donc formée très récemment seulement !
De la même manière, l’observation en infrarouge de la Tête de Cheval permet de révéler les subtilités de la structure, et notamment l’extraordinaire « moutonnement » des nuages de gaz. De nombreuses étoiles, masquées par les nébulosités en lumière visible, apparaissent également.
Ces régions denses étant le lieu de formation des étoiles, les formes de ces grandes structures évoluent rapidement aux échelles de temps cosmiques : d’ici quelques centaines de milliers d’années, la tête de cheval sera méconnaissable… et aura totalement disparu d’ici 5 millions d’années.
Cette image a été réalisée en février 2017, avec une TSA102 et la CCD AtikOne6, en Ha-RGB.
Depuis ma reprise de l’astrophoto, la saison hivernale n’a jamais été propice à des sessions d’observations : tous les ans, des soucis de météo, de disponibilité, de santé, m’empêchent quasiment toute observation. Ce n’est donc pas un hasard si, sur ce site, les objets observables en hiver sont largement minoritaires ! Et encore, les quelques photos réalisées l’ont plus été en fin d’automne, ou comme ici, au mois de février/mars…
Il est assez frustrant d’avoir pu passer plusieurs dizaines d’heures sur certains objets, et seulement quelques minutes sur d’autres pourtant beaucoup plus « photogéniques », ou du moins beaucoup plus connus.
C’est le cas par exemple de M42, peut-être le plus bel objet du ciel boréal, à laquelle je n’avais à l’poque pu consacrer qu’une petite demi-heure de test (je me suis rattrapé depuis, avec plus de 13h de pose, permettant d’obtenir un résultat beaucoup plus convaincant). Et c’est également le cas pour cette « Tête de Cheval », réalisée sur 2 nuits à raison de… 50 minutes par nuit seulement ! La raison de ces courtes sessions est assez simple : je profitais des longues nuits de février sur une autre cible (M81 & M82), et l’envie de tenter un cliché de la mythique « Tête de Cheval » était trop forte, malgré le fait que depuis mon site elle ne soit visible que 50 minutes… juste le temps de passer entre 2 arbres ! 🙂
Le fait de « basculer » ainsi d’une cible à l’autre n’est jamais recommandé, car beaucoup de temps est perdu dans l’opération : le temps de pointer, de refaire l’autoguidage, de cadrer, de faire et refaire les flats, etc. Mais dans ce cas précis, je ne souhaitais pas perdre cette « occasion » de faire plaisir à ma fille qui adore cet objet en lui en faisant une petite image ! 🙂 J’ai donc saisi ce maigre créneau, qui était malgré tout le seul depuis 2 ans !
Pour limiter au mieux les inconvénients de cette bascule entre deux objets, j’avais décidé de ne pas recadrer l’objet après le pointage, pour ne pas avoir à re-régler une fois revenu sur la cible initiale, et pour éviter de refaire la mise au point et éviter les soucis de flats. Coup de chance : le cadrage était très bon sur cette cible également.
Malgré tout, l’absence de marge de manœuvre quand au moment de visibilité n’était pas favorable à de bonnes conditions d’observation, Orion étant déjà loin du méridien à l’heure de la prise de vue, donc assez basse sur l’horizon. Mais c’était ça ou rien !
La première session a été consacrée à l’acquisition de la couche Ha (10 x 5min bin1). Dans le doute sur la possibilité de réaliser d’autres acquisitions les nuits suivantes, la réalisation d’une couche Ha sur ce genre de cibles permet malgré tout d’assurer une image noir et blanc souvent très esthétique.
La seconde session a été consacrée aux couches couleurs (RGB), avec juste assez de temps pour réaliser 5 poses de 3 minutes en bin 2 par couleur. Avec aussi peu de poses, le traitement a été très compliqué à effectuer : beaucoup de bruit, des halos, soucis de calibration des couleurs, etc.
Ces conditions bancales et les difficultés de traitement s’oublient cependant, et il reste une belle image… qui me donne envie d’y revenir dès que possible !
Matériel :
Takahashi TSA102 f/6
AZEQ6 via EQmod
AtikOne6 (-15°)
Guidage : OAG & Atik GP
Filtres Astronomik LRGB & Ha 6nm
Pixinsight – Photoshop
Acquisition :
R : 5 x 180s bin2
G : 5 x 180s bin2
B : 5 x 180s bin2
Ha (L) : 10 x 300s bin1
Intégration totale : 1h35
Date(s) de prise de vue : 17 & 18 février 2017
Personnellement, je me serai largement contenté d’une image N&B sur cette cible. Si j’ai réalisé une seconde session pour la couleur, c’est uniquement dans le but de faire plaisir à ma fille et de pouvoir lui montrer une image couleur de cette « Tête de Cheval » qu’elle affectionne particulièrement. Le traitement de la couche Ha a été plutôt simple, mais celui de la couche couleur a été vraiment compliqué et m’a bien occupé au moins 3 soirs complets. Tout ça pour qu’au final, lorsque je lui présente les images, elle me confie qu’elle préfère… la version noir et blanc ! 🙂
Cette image présente déjà une version assez « resserrée » de IC 434. Compte-tenu de ses dimensions importantes, un champ important est à privilégier, avec une combinaison optique parfaitement plane.
Un champ plus large permet en effet de saisir toute les « draperies » en arrière-plan de la Tête de Cheval, qui s’étendent vers l’Ouest (haut de l’image ici) dans de subtils dégradés.
Question cadrage, il n’y a cependant pas de règles générales sur cet objet : la seule limite est l’imagination du photographe puisque, comme on l’a vu, cette zone et plus largement toute la constellation d’Orion, regorge de nébulosités très diverses et contrastées. Il est par exemple possible, avec un objectif assez court (150/200mm avec un 24×36), de réaliser une superbe image réunissant dans le même champ deux objets parmi les plus iconiques du ciel que sont la nébuleuse de la Tête de Cheval et la nébuleuse d’Orion !
L’une des principales difficultés sur un plan plus rapproché comme dans le cas de l’image présentée ici, est la présence de la très brillante étoile Alnitak (de magnitude 1,74).
La présence de cette étoile dans le champ, en limite de champ ou même en dehors du champ, peut provoquer des reflets ou halos très prononcés, souvent disgracieux et très compliqués à gérer lors du traitement. Le plus simple est donc encore de les éviter sur les brutes, en effectuant des vérifications préalables et au besoin en décalant légèrement le cadrage.
La réalisation d’une couche Ha est naturellement un passage obligé pour réaliser cette image ; à compléter ensuite par les couches RGB.
La couche Ha peut être utilisée en tant que Luminance, mais attention dans ce cas à une moins bonne mise en valeur des petites nébulosités bleutées sous la Tête de Cheval. Pour palier à cela, il est possible de réaliser une couche Luminance classique qui sera mixée ensuite avec la couche Ha.
La nébuleuse peut être imagée en SHO mais, bien que le résultat soit parfois intéressant, le rendu est généralement bien moins esthétique qu’en version Ha-RGB classique. Par ailleurs, le mode SHO n’apporte pas spécialement de détails supplémentaires, dans la mesure où l’essentiel des détails sont tous présents sur la couche Ha…
Compte-tenu de la prédominance de la couche Ha, il est parfaitement possible de réaliser une bonne image de IC 434 avec un simple APN défiltré.
Si la nébuleuse est le plus souvent imagées dans son ensemble, un magnifique gros plan peut être réalisé sur les détails de la Tête de Cheval moyennant une focale plus importante. La couche Luminance peut être réalisée en Ha afin de maximiser les détails et le contraste.
De même, un plan plus rapproché sur la seule Nébuleuse de la Flamme peut donner une image atypique avec de superbes détails. Ici encore, la couche Ha peut être utilisée comme luminance, mais en veillant à une bonne calibration des couleurs lors du traitement.
Un soin particulier doit être apporté sur cette image à la couche Luminance, afin d’obtenir une belle dynamique, des détails accentués sur la Tête de Cheval, ainsi que des nuances subtiles dans les draperies en arrière-plan.
La couche Ha peut être utilisée en tant que Luminance, mais attention dans ce cas à une moins bonne mise en valeur des petites nébulosités bleutées sous la Tête de Cheval. Pour palier à cela, il est possible de réaliser une couche Luminance classique qui sera mixée ensuite avec la couche Ha, soit par le process PixelMath, soit par le script SHO_AIP grâce à son outil de création de luminance. Ce script présente en outre l’avantage de permettre de manière très simple et intuitive, grâce à la prévisualisation, le mixage des deux couches avec des outils plus élaborés que PixelMath, notamment avec les modes « éclaircir » ou « screen ».
A défaut d’une couche Luminance traditionnelle, il est également possible de créer une couche Luminance synthétique avec les couches RGB, afin de compléter la couche Ha. Il suffit pour se faire d’extraire la luminance de l’image RGB. C’est la méthode que j’ai retenue pour cette image, dans la mesure où les sessions ne m’avaient pas permis de consacrer du temps à la réalisation d’une couche L. Le mix a été réalisé sur une base 80% Ha / 20% L synthétique, afin de relever les zones bleutées (notamment NGC 2023).
L’accentuation des détails n’est pas à négliger, mais sur des zones assez limitées, à savoir la nébuleuse de la Flamme et la Tête de Cheval. Il faut donc procéder, avec un masque adapté, aux process d’accentuation tels que HDRMultiscaleTransform ou LocalHistogramEqualization. Les contraintes n’étant pas les mêmes sur ces deux zones, il est possible de procéder à deux traitements successifs avec des masques distincts. Pour la zone de la Tête de Cheval, ce ne sont pas tant les détails dans la structure qui sont intéressants à relever, mais plus les contours de la nébuleuse obscures sur l’arrière-plan lumineux. Avec la fonction LocalHistogramEqualization de Pixinsight, il est possible de relever de manière localisée la luminosité autour de la nébuleuse obscure, afin de rehausser l’aspect « d’éclairage par l’arrière » qui donne un très bel effet ici. Le script récent LocalFuzzyHistogramHyperbolization donne aussi de bons résultats.
Un autre aspect essentiel sur cette zone est la calibration des couleurs et leur correction éventuelle, qui doit demeurer subtile pour obtenir un rouge intense mais pas uniforme.
Il est recommandé de mixer la couche Ha avec la couche R, afin de rehausser le signal rouge dans l’image. Attention toutefois, si le mixage est réalisé sur la couche entière, le dosage doit être subtil afin de ne pas altérer l’ensemble de objets et notamment des étoiles. Il est donc recommandé de procéder à un mixage ciblé au moyen de PixelMath. Un mix 80R/20Ha donne de bons résultats ; bien que chaque traitement nécessite d’affiner ces valeurs afin de les adapter au signal.
Sur cette zone du ciel, plus que sur d’autres, l’attention portée aux couleurs est très importante sur le rendu final de l’image. Avec des données identiques, il est parfaitement possible d’aboutir à une image classique et sobre, ou à une version flashy et hyper-saturée… la dominante globale peut être d’un rouge profond, ou tendre vers le rose plus lumineux… tout dépend ici des préférences personnelles de chacun !
A titre d’illustration, voici une comparaison entre mon traitement initial de cette image et la version finale. Les principales modifications apportées sont les suivantes :
On voit que le rendu global de l’image peut être modifié de manière substantielle par de très subtiles modifications sur des aspects précis.
Sur cet exemple, le résultat final me semble ainsi plus équilibré, au prix d’une très légère perte de contraste dans la Tête de Cheval. Les couleurs sont plus variées et mieux mises en avant pour celles qui ne sont pas « rouges » et l’image semble donc moins uniforme.
J’utiliserais une focale plus courte afin de saisir les nébulosités de manière plus large, notamment en haut de l’image.
Un temps de pose plus conséquent, tant sur la couche Ha que sur les couches RGB, serait nécessaire pour parvenir à un traitement plus avancé.
Si l’espace commentaires n’est pas accessible, consultez le guide pratique pour y remédier !
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