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Nom : IC 63 – Nébuleuse du fantôme de Cassiopée
Type : Nébuleuse par émission
Distance : ~550 AL
Taille : 10′ x 3′
Magnitude : 13,3
Meilleure période d’observation : Automne
Si IC 63 est aussi populaire parmi les astrophotographes amateurs, ce n’est ni en raison de ses dimensions (assez modestes), ni en raison de sa luminosité (l’objet est même assez faible), ni encore pour le luxe de détails qu’il propose ; mais bien pour sa forme générale très évocatrice qui lui a valu le surnom de « fantôme ».
Ainsi, semblant surgir des voiles évanescents du nuage de gaz, se dessine un « spectre » vaporeux auréolé d’une étrange lumière rouge… Une fois que vous avez cette image en tête, il est même difficile de voir autre chose !
Mais que se cache t-il derrière cette fiction « paréidolique » ? Tout simplement une petite nébuleuse par émission, situé à environ 550 années-lumière (l’une des régions HII les plus proches), dans la constellation de Cassiopée ; découverte en 1860 par les astronomes Barnard et Wolf.
En réalité, IC 63 et IC 59 ne constituent que « la face émergée de l’iceberg » puisque la nébuleuse à laquelle ils appartiennent est beaucoup plus vaste et s’étend sur plus de 2° autour de l’étoile Gamma Cassiopée (γ Cas).
A l’instar des autres nébuleuses par émission, IC 63 ainsi que sa compagne IC 59 en haut de l’image, consistent en un vaste nuage de gaz et de poussières s’étendant sur une dizaine d’année-lumière de longueur, illuminé par la proche étoile γ Cas, également surnommée « Navi ».
Cette étoile, de 17 masses solaires et rayonnant environ 65000 fois plus intensément que notre Soleil, est une étoile variable éruptive : bien que 4e en luminosité apparente d’après sa désignation officielle dans la nomenclature de Bayer, elle devient la plus brillante étoile de la constellation de Cassiopée lorsqu’elle atteint son éclat maximum (ce qui est le cas actuellement).
Le surnom de cette étoile mérite d’ailleurs une petite digression, car son origine est relativement unique au sein de la nomenclature stellaire. Bien que cette étoile soit très brillante, et fasse partie de l’une des constellations les plus remarquables du ciel boréal, ni les grecs ni les arabes ne semblent lui avoir donné de nom ! Cela est d’ailleurs difficilement explicable, puisque les quatre autres étoiles remarquables de l’astérisme de Cassiopée ont bien été nommées quant à elles par les civilisations méditerranéennes… sauf à imaginer qu’à cette époque, la luminosité de cette étoile était bien moindre qu’aujourd’hui ?
Sa dénomination est en réalité très récente puisqu’elle remonte à l’époque des pionniers de la conquête spatiale. Très brillante et particulièrement simple à repérer dans le ciel, cette étoile constitue en effet un point de référence de navigation très pratique à utiliser pour les astronautes afin d’effectuer des mesures permettant, à bord de leur vaisseau, de déterminer leur position exacte ou des calculs de trajectoires.
Cette étoile faisait d’ailleurs partie des points de navigation définis pour la première mission Apollo, destinée à préparer le voyage vers la Lune. Lors d’une séance de préparation, « Gus » Grissom, le deuxième astronaute américain et capitaine de la mission Apollo 1, s’étonna que cette étoile ne soit pas nommée. A titre de plaisanterie avec ses collègues de la NASA, il décida donc de la baptiser de son deuxième prénom, Ivan, mais écrit à l’envers… soit « Navi » !
Malheureusement, Grissom n’eut jamais l’occasion d’utiliser l’étoile qu’il avait nommé lors de cette mission, puisque l’équipage d’Apollo 1 périt tragiquement lors de l’incendie de la capsule sur le pas de tir, le 23 janvier 1967… Toutefois, les astronautes des missions Apollo suivantes décidèrent de conserver cette appellation en hommage à sa mémoire, avant que cette dénomination ne soit officialisée par la suite. Signalons également qu’en hommage à ses deux coéquipiers, deux autres étoiles ont été baptisées de la même manière : l’étoile gamma de la constellation des Voiles, baptisée « Regor » en l’honneur de Roger Chafree ; et l’étoile iota de la Grande Ourse, baptisée « dnoces » en hommage à Ed White, « second » sur la mission.
Nul doute que les astronomes amateurs auront une petite pensée pour ces héros de la conquête spatiale lors de leur prochaine observation de « Navi« …
Le rayonnement ultraviolet de cette étoile, située physiquement à 3 ou 4 années-lumière de IC63, ionise les atomes d’hydrogène du nuage de gaz ; ce qui se traduit majoritairement par une émission de rayonnement se situant dans la partie « rouge » du spectre visible, plus précisément dans la longueur d’onde correspondant à la raie Ha.
Mais, comme on peut le constater sur l’image présentée ici, cette nébuleuse émet également un rayonnement bleuté ; ce qui caractérise une nébuleuse par réflexion. Cette réflexion ne repose pas du tout sur le même phénomène physique que l’émission évoquée précédemment : la partie du rayonnement de l’étoile qui n’est pas assez énergétique pour ioniser les atomes du nuage est simplement diffusée par réflexion, c’est à dire comme par « rebond » sur le nuage de gaz.
L’angle de la réflexion subie par la lumière est différente selon la taille des molécules du nuage et la longueur d’onde de la lumière incidente : les plus courtes longueurs d’onde sont davantage diffusées, ce qui explique la couleur bleue de ces nébuleuses (c’est d’ailleurs le même mécanisme qui explique pourquoi le ciel est bleu sur Terre).
Cela explique pourquoi, sur l’image, plus de lumière bleue est visible sur IC 59 que sur IC 63 ; IC 59 étant plus éloignée de l’étoile γ Cas que IC 63, elle subit un rayonnement moins intense et la part de lumière réfléchie est (légèrement) plus importante.
Dépourvue de régions véritablement « opaques », ces deux nébuleuses ne semblent plus être un lieu actif de formation stellaire.
Sous l’effet du rayonnement de γ Cas, la nébuleuse se désagrège lentement avec le temps. Si bien que, dans quelques dizaines de millions d’années, le fantôme finira par vraiment par totalement s’évaporer… et disparaîtra alors définitivement !
IC 63 est l’un de mes objets favoris du ciel profond : c’est une nébuleuse que j’avais envie de photographier depuis mes débuts en astrophoto ! Toutefois, j’aime tellement cet objet que je n’étais pas décidé à tenter de la photographier dans des conditions que je n’estimait pas idéales… il m’a donc fallu attendre quelques années pour jouer au chasseur de fantôme ! 🙂
Notamment, j’ai renoncé à tenter cette image aussi longtemps que j’utilisais un APN (même défiltré…) : avec un signal faible et l’absence de refroidissement du capteur, je ne souhaitais pas me contenter d’une image « à peu près » correcte.
J’ai donc patienté jusqu’à l’acquisition de ma caméra CCD pour me décider à photographier cette nébuleuse d’une manière qui soit à même de rende hommage à sa grande beauté… Malheureusement, mes premières tentatives se sont révélées infructueuses, notamment en raison d’une météo souvent capricieuse en automne.
Cette image a finalement été réalisée depuis la Corse, à la mi-août 2017… une période pas forcément idéale pour cette cible, mais le bénéfice d’un ciel parfaitement noir, sans Lune et dépourvu de la moindre pollution lumineuse compensait alors largement ce petit handicap…
Une attention particulière a été apportée au cadrage, afin de faire entrer au maximum la nébuleuse dans le champ assez restreint de la AtikOne, avec une orientation du fantôme « vers le haut » (j’y tenais vraiment…), et tout en conservant l’étoile Navi dans le champ.
Bien que la présence dans le champ de cette étoile très brillante soit une source souvent irrémédiable de reflets ou de halos disgracieux, je souhaitais la conserver afin d’offrir un contraste esthétique entre le rouge vaporeux de la nébuleuse et la lumière bleue et intense de l’étoile.
Cette image a été réalisée avec une lunette TSA-102, une caméra AtikOne6, avec des filtres Ha et OIII uniquement. La qualité du ciel lors de l’acquisition m’a permis d’obtenir une image avec un signal satisfaisant malgré un temps de pose assez limité (6h15 au total).
Bien que cette cible se prête bien à des acquisitions LRGB, complétées obligatoirement par une image en Ha, j’ai choisi de privilégier des acquisitions en HOO pour plusieurs raisons :
Le traitement réalisé rapproche cette image d’une version RGB classique en terme de couleurs ; mais la version monochrome uniquement en Ha (ci-contre) se suffit presque à elle-même…
Le point faible de cette première version était la couleur des étoiles, assez uniformément blanches… ce qui est particulièrement dommage pour l’étoile Navi, dont la belle teinte bleue offre un contraste esthétique avec le rouge de la nébuleuse.
Au cours de l’été 2019, j’ai donc consacré un peu de temps à la réalisation de poses RGB, ce qui m’a permis d’obtenir une coloration satisfaisante des étoiles. Le résultat final demeure globalement très proche, mais la couleur des étoiles offre un « plus » indéniable.
Matériel :
Takahashi TSA102 f/6
AZEQ6 via EQmod
AtikOne6 (-10°)
Guidage : OAG & Atik GP
Filtres Astronomik Ha & OIII 6nm / RGB
Pixinsight – Photoshop
Acquisition :
Ha : 17 x 900s bin1
OIII : 12 x 600s bin2
RGB : 36 x 180s bin2
Intégration totale : 8h06
Date(s) de prise de vue : 13 & 16 août 2017 (Ha & OIII)
19 août 2019 (RGB)
Ma première tentative pour photographier cette nébuleuse remonte à la soirée du 31 octobre 2016… je m’en souviens bien car ils’agissait du soir d’Halloween, et j’avais promis à ma fille de lui ramener un fantôme pour l’occasion !
Tel un intrépide « Ghostbuster », j’avais alors chargé tout l’équipement adéquat dans la voiture (lunette, monture, caméra, packs à protons… 😉 ) et fait plus d’une heure de route pour me rendre dans un endroit suffisamment sombre pour espérer capter la présence de quelques spectres…
Malheureusement, les esprits n’étaient pas de la partie, et un brouillard épais s’est abattu sur mon lieu d’observation juste après avoir fini d’installer tout le matériel…
Même si cette ambiance mystérieuse était de circonstance, ces conditions étaient difficilement compatibles avec l’astrophoto et cela m’a conduit à tout remballer et à rentrer à la maison plus rapidement que prévu.
De manière tout à fait fortuite et non préméditée, j’ai terminé le traitement de cette image le même jour de l’année suivante, et donc encore une fois le jour d’Halloween !
Je n’ai même réalisé ce détail qu’une fois le traitement achevé ; et j’ai donc préparé pour l’occasion une petite version « alternative » pour ma fille, afin de pouvoir – enfin – tenir ma promesse… avec juste un an de retard ! 🙂
Avertissement : j’ai tenté d’illustrer les recommandations ci-après par quelques exemples trouvés sur ce même objet sur Astrobin ; il ne s’agit en aucun cas d’une critique envers ces images ou leurs auteurs ! Je ne prétends pas non plus d’une quelconque manière que ces effets auraient pu être évités totalement en suivant les recommandations ci-dessous : chaque setup est particulier et les halos et reflets font partie des impondérables dont il faut parfois se résoudre à s’accommoder…
Réussir un beau cliché de IC63 suppose de bien maîtriser toutes les étapes de la réalisation : la préparation, l’acquisition et enfin le traitement de l’image !
Vous pourriez rétorquer que cela est vrai pour n’importe quel objet… Certes, on obtient de meilleures images en soignant tous les aspects de la réalisation mais, le plus souvent, il n’y aura pas d’obstacles rédhibitoires pour sortir une image convenable à partir de données non optimisées à chaque étape. Parfois même, un bon traitement peut rattraper des acquisitions moyennes ou compenser un ciel loin d’être idéal… Mais pour cette nébuleuse, les moindres soucis vont se cumuler d’étape en étape jusqu’à rendre le traitement compliqué et déprécier l’image finale.
La raison : la faible luminosité de cette nébuleuse, associée à la proximité immédiate de l’étoile Navi (l’étoile la plus lumineuse de la constellation de Cassiopée et dans le « Top 50 » des étoiles les plus brillantes du ciel ; en considération de sa magnitude apparente actuelle…).
La faible luminosité de la nébuleuse va donc imposer des poses relativement longues… mais plus les poses seront longues, plus l’étoile Navi va se retrouvée saturée, avec une augmentation croissante des effets indésirables (halos, aigrettes, reflets, etc.). Toute la difficulté est, dès lors, de trouver des conditions satisfaisantes pour optimiser le signal sur la nébuleuse, tout en limitant autant que faire se peut les désagréments liés à l’étoile.
Si ces difficultés ne sont pas anticipées, vous risquez de vous retrouver avec une image finale très dégradée ; alors qu’au contraire, les meilleures photographies de cet objet prouvent qu’il est possible de relever le défi en faisant de l’étoile Navi un élément contribuant à la beauté globale de l’image !
La première étape est de définir précisément le champ photographique de votre setup et le cadrage que vous souhaitez obtenir de cette nébuleuse. On voit trop souvent des images de cette nébuleuse sans (manifestement) aucune préparation du cadrage… Cela est d’autant plus dommage qu’un cadrage bien pensé contribuera fortement à l’aspect visuel final, en particulier sur le « fantôme » lui-même. Sur l’image présentée, je tenais absolument à ce que le « fantôme » ait la tête orientée vers le haut de l’image, afin d’augmenter l’effet visuel et la dynamique de l’ensemble ; mais bien sûr d’autres options peuvent être privilégiées. Dans mon cas, ce cadrage me permettait également d’inclure sur l’image finale les autres nébuleuses principales à proximité, qui rentrent juste dans le champ restreint de la AtikOne.
Que vous disposiez d’un champ assez large ou au contraire plus serré sur la nébuleuse, il va ensuite falloir étudier l’effet de la présence de l’étoile à proximité… Car l’étoile Navi est suffisamment brillante pour générer des reflets sur l’image même si elle est située hors du champ ! Un champ très resserré avec une longue focale et centré sur IC63 est probablement l’un des seuls cas où la présence de l’étoile ne sera pas problématique ; mais dans tous les autres cas, placer l’étoile juste en bordure extérieure de champ sera le plus souvent une mauvaise option, cela ne suffisant pas à prévenir les reflets parasites…
Il est donc de recommander, en prévision de la réalisation de cette image, de procéder à quelques tests sur une étoile de magnitude similaire, ou mieux encore sur l’étoile Navi elle-même. Faites quelques essais rapides avec l’étoile centrée dans le champ, puis en bordure de champ, puis en sortant légèrement l’étoile du champ, puis enfin en la décalant plus franchement. Vérifiez ensuite soigneusement les effets constatés sur les clichés réalisés, par exemple au moyen de la fonction STF de Pixinsight.
Si vous constatez la présence de forts halos ou de reflets parasites, et selon les effets obtenus en fonction de la localisation de l’étoile dans le champ, vous pourrez alors déterminer quel est le placement idéal de cette dernière pour réaliser votre image. Attention, un décalage parfois minime peut conduire à des différences assez substantielles dans l’aspect des halos et des reflets, en fonction de la qualité de votre optique, du correcteur, des filtres, etc. N’oubliez pas également que l’orientation du capteur aura une influence sur ces halos et reflets… l’orientation du capteur et la position de l’étoile sont donc deux paramètres à utiliser pour déterminer le cadrage idéal en fonction de votre setup.
Enfin, pour les utilisateurs de télescopes, veillez à ce que les aigrettes ne soient pas orientées en direction du fantôme… compte-tenu de la luminosité de Navi, ces aigrettes sont susceptibles de s’étendre assez loin et d’empiéter sur IC63, voire de traverser l’ensemble de l’image.
A noter que vous pouvez très bien réaliser ces tests juste avant la prise de vue, sans une préparation très élaborée en amont… mais au risque de perdre pas mal de temps ! Gardez également à l’esprit qu’à défaut de tels essais préalables, vous vous en remettrez à la chance pour ce qui concerne l’aspect de l’étoile dans le résultat final !
Attention : n’oubliez pas de réaliser ces tests avec tous les filtres que vous comptez utiliser pour réaliser l’image ! Les filtres narrowband sont généralement moins sensibles aux reflets (sous réserve qu’ils soient d’une qualité correcte), mais ils peuvent également générer des halos disgracieux… Les filtres RGB seront quant à eux souvent plus exposés à ces problèmes de manière globale ; ce qui peut occasionner de fortes différences de rendu dans les couleurs lors de l’assemblage. En fonction des résultats obtenus, vous pourrez également déterminer le type d’image que vous pouvez réaliser pour minimiser ces effets indésirables (Ha-RGB, HOO, LRGB+Ha…).
Une étape fondamentale est bien sûr, ensuite, celle de l’acquisition.
Compte-tenu à la fois de la faible luminosité de la nébuleuse et de la brillance de l’étoile Navi, il est indispensable – indépendamment de toute question de pollution lumineuse de votre site – de privilégier des nuits sans Lune et sans voiles d’altitude et avec le moins d’humidité possible. Ces conditions ne sont pas toujours simples à obtenir pendant l’automne, mais la moindre présence d’un voile suffira pour atténuer la nébuleuse tout en faisant office de « diffuseur » naturel de la lumière de l’étoile Navi… avec à la clé, un halo de luminosité qui risque d’empiéter sur la nébuleuse elle-même !
Sur cette nébuleuse, comme pour toutes les nébuleuses en émission, il est vivement recommandé de procéder à la réalisation d’une couche Ha afin de faire ressortir au mieux les zones HII sur l’image finale. A défaut, le fantôme risque d’être réellement « fantomatique »… Dans le même sens, pour les utilisateurs d’APN, un appareil défiltré est indispensable pour pouvoir obtenir un signal suffisant sur la nébuleuse.
Bien que l’on voit le plus souvent cette nébuleuse photographiée en L(Ha)RGB, il est tout à fait possible de réaliser une image en HOO (comme celle présentée ici) tout en lui conférant une palette assez proche du RGB. Si vous envisagez de réaliser une image uniquement en HOO, vous pouvez également consacrer un peu de temps à la réalisation de couches RGB, afin de redonner leurs belles couleurs naturelles aux étoiles ; comme le prouve l’exemple ci-dessous :
Pour ce qui concerne les temps de pose, tout dépend bien sûr des filtres retenus ; mais dans tous les cas, il est recommandé d’allonger le temps de pose unitaire des images de luminance. Outre le critère habituel de la qualité de suivi de la monture, un facteur limitant est, encore une fois, la luminosité de l’étoile Navi : le temps de pose unitaire doit demeurer compatible avec un aspect de l’étoile qui demeure raisonnable. En effet, la saturation de l’étoile est impossible à rattraper lors du traitement ; et pour une étoile isolée le procédé du HDR n’est pas envisageable…
Il est donc recommandé de monter le temps de pose unitaire le plus possible dans la limite de la saturation de l’étoile Navi, de l’intensité des halos et/ou des reflets générés. Ceux-ci doivent rester suffisamment contenus et n’affecter que l’environnement immédiat de l’étoile. A défaut, il convient de réduire le temps de pose unitaire.
Attention, ce temps de pose unitaire maximum doit être déterminé de manière distincte pour chacun des filtres L, Ha et OIII le cas échéant. Pour les filtres RGB, il est recommandé de s’aligner sur le plus petit dénominateur commun afin de ne pas multiplier les temps de pose différents.
En fonction du temps de pose unitaire maximum, il faudra ajuster le nombre de poses afin de conserver un temps global d’acquisition suffisant pour permettre de réduire efficacement le bruit.
Si vous vous sentez prêts à relever haut la main le défi des halos et autres reflets de l’étoile Navi, vous pouvez vous donner pour objectif de réaliser une image grand champ comprenant à la fois les nébuleuses IC63 et IC59, mais également les deux amas ouverts, relativement proches, que sont NGC 381 et NGC 225.
La réalisation d’une telle image impose cependant de disposer d’un champ très large, par exemple avec un capteur plein format (24×36) et une focale courte, par exemple 400mm.
Un autre défi, plus relevé encore : réunir sur la même image la nébuleuse du fantôme et la nébuleuse NGC 281 (Pacman). Ces nébuleuses étant séparées par près de 15°, il est alors nécessaire de disposer d’un setup combinant courte focale et grand capteur, ou de troquer son matériel habituel pour un téléobjectif photo de focale intermédiaire (135/200mm).
A cette étape finale, nous allons encore parler de la luminosité de l’étoile Navi ; véritable leitmotiv de cette image !
Car même si nous avons fait de notre mieux lors des étapes précédentes pour limiter au maximum les halos et reflets, nous n’avons pas encore déjoué tous les pièges posés par cette étoile : il va maintenant falloir procéder à un traitement de l’image qui permette à la fois de mettre en valeur la nébuleuse tout en limitant la prise d’embonpoint de l’étoile lors de la montée d’histogramme…
Une note positive toutefois : ce travail sera grandement facilité si vous avez réussi à limiter par ailleurs les problèmes de reflets, de halos ou d’aigrettes, car vous pourrez vous concentrer uniquement sur l’aspect de l’étoile elle-même, et non sur ses effets parasites.
Deux options sont ici possibles : procéder à une montée d’histogramme classique (log + niveaux) qui permettra de limiter la taille des étoiles, ou à une montée d’histogramme automatique (par exemple MaskedStretch ou ArcsinhStretch) qui révélera au mieux le signal des nébuleuses, mais au détriment de l’aspect des étoiles…
Sur ce point, tout dépend de l’aspect de Navi sur vos brutes : si celui-ci reste contenu, l’option de montée automatique peut s’avérer une bonne solution. A l’inverse, ou en cas de reflets ou de halos trop prononcés, la montée d’histogramme classique sera la seule option envisageable. N’hésitez pas à procéder à quelques essais pour déterminer quel process donne les meilleurs résultats pour votre image.
Il est également possible d’envisager une solution hybride, afin de cumuler les avantages respectifs des deux méthodes, en réalisant et en mixant deux versions de l’image : une première version réalisée avec une montée d’histogramme automatique (qui servira pour la nébuleuse) et une version avec une montée d’histogramme classique qui servira uniquement pour corriger l’aspect des étoiles.
Sur l’image présentée ici, c’est cette solution que j’ai retenue. Attention toutefois, le mixage des deux versions impose :
Une autre difficulté, toujours liée à la luminosité de Navi, est de parvenir à un équilibre dans la couche Couleur ; en particulier en cas de présence d’un halo très prononcé qui empiète sur une bonne partie de l’image. Pour éviter ce genre difficulté, n’hésitez pas à réduire le temps unitaire des poses RGB, afin de limiter au maximum ces effets indésirables et compliqués à gérer lors du traitement. Pour les couches couleurs, une montée d’histogramme en mode MaskedStretch donnera le plus souvent de bons résultats ; sous réserve encore une fois que les images ne présentent ni reflets ni halos trop prononcés.
Pour la réalisation de la couche Luminance, il est recommandé d’utiliser exclusivement la couche Ha, ou de renforcer de manière significative la couche L au moyen de la couche Ha (par exemple au moyen de la fonction mixage de luminance du script SHO_AIP). En cas d’assemblage en mode Ha-RGB, il peut être utile de procéder au préalable à une réduction d’étoiles sur la couche Couleur afin de limiter l’apparition de halos trop prononcés sur l’image finale.
En cas de réalisation d’une image HOO, vous pouvez utiliser également le script SHO_AIP afin de pouvoir gérer simplement le dosage des couches et d’apprécier en temps réel le résultat. Compte-tenu de la forte différence de signal entre les deux couches, n’hésitez pas à monter de manière significative la proportion de la couche OIII pour le canal « bleu ». Le mixage de la couche « verte », au moyen des images Ha et OIII, permettra de déterminer les grandes orientations des teintes de rouge (plus ou moins magenta) et de bleu (plus ou moins violet).
Que ce soit en RGB ou en HOO, la calibration des couleurs est souvent une étape délicate. Privilégiez une approche classique, avec une neutralisation du fond de ciel puis une balance des blancs. En raison de la présence de l’étoile Navi dans le champ, les process de calibration automatique, tels que PhotometricColorCalibration de Pixinsight, peuvent ne pas donner des résultats corrects. Le « fantôme » peut en effet donner lieu à des palettes assez diversifiées, d’une teinte rouge pâle au magenta le plus saturé… Pour ma part, j’ai choisi de privilégier une palette de couleurs limitée et assez désaturée, afin d’essayer de conserver le plus possible l’aspect « fantomatique » de la nébuleuse…
Les nébuleuses IC63 et IC59 ne présentant pas de détails très prononcés, il peut s’avérer contre-productif de chercher à accentuer outre mesure ces détails au moyen des process habituels, tels que HDRMultiscaleTransform ou LocalHistogramEqualization. En effet, ces fonctions vont avoir tendance à « durcir » l’image final, pour une accentuation assez limitée de quelques détails assez faibles. Le fantôme peut rapidement perdre son aspect éthéré en abusant de telles fonctions. Il est donc recommandé de n’utiliser ces process que de manière très localisée, au moyen de masques de fusion adaptés et, dans tous les cas, en protégeant les étoiles au moyen d’un masque spécifique.
Pour en savoir plus sur la mise en œuvre de ces process de rehaussement de détails, je vous invite à consulter le tutoriel dédié à HDRMT, ainsi que le tutoriel plus général consacré à l’amélioration des détails avec Pixinsight, ainsi que le tutoriel spécifique à Photoshop le cas échéant.
Ce serait en Ha-RGB, afin de changer un peu de cette image et d’obtenir une palette de couleurs plus naturelles dans les nébulosités.
J’aimerais aussi tenter une image plus précise sur IC63, au moyen d’une focale plus importante.
Si l’espace commentaires n’est pas accessible, consultez le guide pratique pour y remédier !
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