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Nom : M35 (NGC 2168) / NGC 2158
Type : Amas ouverts
Distance : 3000 AL (M35) / 12 000 AL (NGC 2158)
Taille : 28′ (19 AL) / 5′ (8 AL)
Magnitude : 5,1 / 8,6
Meilleure période d’observation : Hiver
Pour ceux qui pensent que les amas ouverts se ressemblent tous, les amas M35 et NGC 2158 apportent un flagrant démenti !
On pourrait croire à première vue que cette image représente un amas ouvert et un amas globulaire en arrière-plan, mais il n’en est rien : il s’agit bien de deux amas ouverts, mais d’âge et de distance très différents. Aucune honte à avoir si vous avez fait une telle confusion, car les astronomes professionnels s’y sont également fait prendre…
Situé à moins de 3000 années-lumière de distance, dans la constellation des Gémeaux, M35 est un bel amas ouvert encore assez jeune, dont la formation remonte à environ 100 millions d’années.
Son âge relativement jeune explique la prédominance des étoiles blanches et bleues. Cette durée est toutefois suffisante pour que les étoiles les plus massives de l’amas aient évolué vers des stades plus avancés, notamment sous la forme de géantes rouges, qui sont bien visibles sur cette image.
Comprenant une centaine d’étoiles particulièrement brillantes, la masse totale de M35 est cependant évaluée entre 1600 et 3200 masses solaires ! Cette concentration d’étoiles se fait dans un sphère d’une vingtaine d’années-lumière de diamètre au maximum.
Quatre fois plus éloigné que M35, NGC 2158 est au moins dix fois plus âgé.
Formé il y a environ 1 milliard d’années, ses étoiles bleues ont disparues depuis longtemps et la dominante rouge est nettement plus marquée.
L’aspect dense de cet amas a tout d’abord conduit les astronomes à le classer dans les amas globulaires, avant que sa véritable nature d’amas ouvert soit établie sur la base de l’âge de ses étoiles (trop jeunes pour qu’il s’agisse d’un amas globulaire).
L’image ci-contre est zoom issu de l’image présentée ici. Elle permet de mieux mettre en évidence la forte densité d’étoiles, mais qui reste toutefois bien en deçà de ce que l’on peut observer habituellement dans les amas globulaire, en particulier dans la région centrale de l’amas, où il est le plus souvent impossible de résoudre totalement les étoiles avec un matériel amateur.
Cette image a été réalisée en février 2017, avec la TSA 102 et la CCD AtikOne6, en LRGB.
Je garde un bon souvenir de cette prise de vue, car elle a été réalisée une de ces nuits où, habituellement, on se dit que ça ne vaut pas la peine de sortir le matériel : ciel pas terrible, légèrement voilé et avec beaucoup d’humidité… J’ai quand même décider de tenter une cible, qui ne serait pas trop affectée par ces conditions ; voire même d’en tirer partie.
Pas moyen bien sûr de tenter une galaxie ou une nébuleuse dans ces conditions, mais un bel amas ouvert… pourquoi pas ? 🙂
Mon idée avec cette cible était de profiter du léger voile d’altitude pour provoquer un halo sur les étoiles les plus brillantes de M35, et ainsi les mettre mieux en valeur. La diffusion augmente en effet leur dimensions et permet de mieux faire ressortir leurs couleurs.
La contrepartie est une baisse de résolution, mais qui n’est pas trop gênante sur ce genre d’objets. NGC 2158 reste même correctement définie.
Le traitement en Drizzle 2x m’a permis également d’améliorer la définition sur l’amas NGC 2158.
Ce sont donc les conditions météo qui ont défini la cible cette nuit là… et au final, cette image est l’une de mes préférées ! 🙂
Matériel :
Takahashi TSA102 f/6
AZEQ6 via EQmod
AtikOne6 (-15°)
Guidage : OAG & Atik GP
Filtres Astronomik LRGB
Pixinsight – Photoshop
Acquisition :
L : 9 x 300s bin1
R : 9 x 300s bin1
G : 9 x 300s bin1
B : 9 x 300s bin1
Intégration totale : 3h
Date(s) de prise de vue : 19 février 2017
Comme le prouve l’image présentée ici, des conditions optimales ne sont pas du tout nécessaires pour réaliser un bon cliché de ces deux objets !
Un ciel légèrement voilé peut même se révéler d’une aide inhabituelle, en augmentant la taille des étoiles les plus brillantes et en renforçant la couleur de ces dernières. Naturellement, il faut que ce voile reste léger…
L’impact de la pollution lumineuse n’est pas non plus réellement problématique ; il est même déconseillé d’utiliser un filtre UHC sur ces amas afin de ne pas dénaturer la véritable couleur des étoiles.
En outre, un temps de pose limité permet de réaliser une belle image. L’image présentée ne cumule que 3h de pose, en LRGB avec une caméra CCD, soit seulement 45 minutes de pose par filtre, en bin1.
Il semble même inutile de poser plus longtemps, car il n’y a pas spécialement d’objets à mettre mieux en valeur dans cette zone…
Signalons que sur cette cible, un APN non défiltré est parfaitement utilisable pour réaliser une belle image. De même, des temps de pose unitaires courts peuvent suffire, et donc un autoguidage de compétition n’est pas nécessaire.
Même si les amas ouverts ne sont pas très prisés par les photographes (en dehors des quelques « stars » que sont les Pléiades ou le Double Amas de Persée…), ils constituent des cibles de choix lorsque les conditions météo ne sont pas optimales, tout en permettant de conserver un temps de pose réduit. A conserver sur sa liste de cibles pour une nuit un peu moins bonne,.. Il s’agit d’une cible parfaitement adaptée également pour les débutants ou les possesseurs de matériels d’initiation.
La seule contrainte est donc le cadrage, puisqu’il serait dommage de réaliser une photo de M35 sans y inclure le petit amas NGC 2158 en arrière-plan. Une focale de 600/800mm associée à un capteur de taille normale (type APS-C) est tout à fait satisfaisant. La taille apparente de M35 est à peu près la même que celle de la Pleine Lune, ce qui permet de photographier cet amas avec une large gamme de combinaisons optiques. Une focale suffisamment longue est cependant conseillée pour obtenir une résolution intéressante dans l’amas NGC 2158.
L’amas NGC 2158 peut constituer en lui-même une cible intéressante à photographier. Avec une plus longue focale et un échantillonnage adapté, il est possible de se fixer comme défi de le résoudre totalement, y compris dans sa région centrale.
Dans ce cas, il est possible de lui appliquer les mêmes techniques d’acquisition et de traitement que pour les amas globulaires.
Sur ces amas ouverts, l’essentiel du traitement consiste à mettre en valeur au mieux les étoiles tout en limitant le bruit.
Contrairement aux images de nébuleuses, il est donc parfaitement inutile (et même contre-productif) de procéder à des traitements localisés sur les étoiles, notamment au moyen de masques.
Une attention particulière doit donc être apportée aux statistiques des images brutes avant empilement, afin d’éliminer celles présentant une qualité de suivie, de mise au point ou de FWHM qui ne serait pas cohérente avec le reste des brutes. Le script SubframeSelector de Pixinsight est très efficace pour réaliser cette opération.
Ensuite, l’essentiel pour l’aspect des étoiles se joue lors de la montée d’histogramme. Une montée classique (logarithmique + montée) donnera toujours un bon résultat. Il est recommandé d’éviter au contraire les process de montée de niveau altérant la finesse des étoiles (MaskedStretch par exemple).
Une bonne montée d’histogramme doit s’accompagner d’une bonne définition du « point noir » et du niveau du fond de ciel. En règle générale, un fond de ciel équilibré doit atteindre un niveau proche de 20/25 (sur 256 niveaux en 8 bits). Cette règle supporte bien sûr quelques dérogations, notamment pour les zones du ciel très riche en signal faible et en nébulosités, auquel cas le niveau de fond de ciel peut être revu à la hausse, autour de 35/40. Dans le cas présent, la règle des 20/25 reste de mise.
Le niveau de fond de ciel doit également tenir compte du niveau de bruit. Sur cet objet, les méthodes de réduction de bruit les plus simples peuvent être retenues, et ne devront vraisemblablement être appuyées que sur les couches couleurs.
Dernier point très important sur ce type d’objet : la couleur des étoiles, en particulier des étoiles principales de l’amas. Il est primordial d’obtenir une bonne calibration des couleurs ; et dans ce cas la fonction PhotometricColorCalibration (PCC) de Pixinsight fait des merveilles, puisqu’elle repose sur l’analyse et les données photométriques des étoiles du champ.
Il est également recommandé d’accentuer légèrement la saturation des couleurs sur les étoiles de l’amas, afin d’assurer une meilleure visibilité à l’image. Mais en la matière, tout est affaire de préférences personnelles…
A noter que, malgré l’aspect « globulaire » de l’amas NGC 2158, ce dernier ne requiert aucun traitement spécifique ou localisé lors du traitement de cette image.
Très honnêtement, je vois mal ce que je pourrais améliorer sur cette image : les acquisitions étaient de qualité, le traitement me donne pleinement satisfaction, l’équilibre des couleurs me semble bon.
Je ne pense donc pas revenir sur ce même champ prochainement ! 🙂
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