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Nom : M42 – NGC 1976 – « Grande nébuleuse d’Orion »
Type : Nébuleuse par émission et par réflexion
Distance : ~1350 a.l.
Taille : 65′ x 60′ (24 a.l.)
Magnitude : 3,7
Meilleure période d’observation : Hiver
On ne présente plus la célèbre nébuleuse d’Orion, également nommée la « grande nébuleuse d’Orion », pour souligner son caractère exceptionnel : il s’agit en effet de la plus belle et impressionnante représentante de sa catégorie observable depuis la Terre.
M42 est très simple à localiser sur la voûte céleste les nuits d’hiver, même par les néophytes. Elle est située au centre de la constellation d’Orion, elle-même l’une des constellations les plus immédiatement reconnaissable, caractérisée par sa forme de « sablier » avec 7 étoiles de magnitudes apparentes similaires dont 3 étoiles alignées au centre (« les trois rois »), sous lesquelles se trouvent M42.
M42 est surtout l’une des rares nébuleuses visibles à l’œil nu ; assez brillante même pour être discernable sous un ciel dégradé par la pollution lumineuse. Même en plein Paris, zone peu propice à l’observation astronomique, il est possible de la distinguer à l’œil nu ! Mais c’est bien sûr sous un ciel bien noir, et avec des jumelles, que la magie de la nébuleuse d’Orion est totale : sur une surface 4 fois plus étendue que la pleine Lune, on peut alors admirer un subtil dégradé de nébulosités offrant de nombreux détails. Avec une optique plus importante et collectant plus de lumière, il est même possible de discerner quelques couleurs (notamment du vert au niveau du trapèze central).
Nébuleuse en émission et en réflexion, la palette de couleurs qui s’offre au photographe est l’une des plus riches du ciel. Les teintes rouges de M42 sont également renforcées par le contraste avec les teintes bleues de la toute proche nébuleuse NGC 1977 (« l’homme qui court » ou « running man« ).
La nébuleuse d’Orion est une parfaite représentation des « pouponnières d’étoiles » qui parsèment la Voie Lactée. C’est, en effet, au sein de ces immenses nuages de gaz et de poussières que se forment les nouvelles étoiles ; ces dernières illuminant en retour le gaz environnant.
La partie désignée habituellement par M42 mesure à elle-seule plus de 33 années-lumière de diamètre : une dimension considérable au regard de la taille finale des étoiles qui y sont créées du fait de l’effondrement sur lui-même du nuage de gaz.
Mais M42 n’est en réalité qu’une petite parcelle d’un ensemble bien plus vaste encore, le « Nuage d’Orion », qui s’étend sur quasiment l’ensemble de la constellation du même nom et qui regroupe d’autres nébuleuses bien connues, telles que la « boucle de Barnard » ou encore la fameuse nébuleuse de la Tête de cheval… comme le montre l’exceptionnelle image ci-contre de Rogelio Bernal Andreo (dont je vous recommande chaudement de visiter le site : Deep Sky Colors) !
Sur cette photo d’ensemble de la constellation d’Orion, M42, qui constitue pourtant le joyau indiscutable de ce magnifique écrin, semble presque minuscule…
Ce nuage, de plusieurs centaines d’années-lumière de long, est l’une des régions de formation d’étoiles les plus actives de notre périphérie galactique. La zone la plus lumineuse, au cœur de la nébuleuse d’Orion contient ainsi de nombreuses étoiles jeunes, dont le fameux « Trapèze » composé de 4 étoiles observées pour la première fois par Galilée en 1610 (ces étoiles étant binaires, il est possible d’en observer au moins 6 dans un instrument amateur…).
Avec des moyens plus modernes, notamment le télescope spatial Hubble, il est aujourd’hui possible de révéler en détail ces « premiers instants » des jeunes étoiles dans leur environnement nébulaire.
Les étoiles du Trapèze ne sont pas responsables à elles-seules de l’illumination de la nébuleuse environnante, mais leur rayonnement contribue à disperser le nuage de gaz qui leur a donné naissance. Après quelques dizaines de millions d’années, il ne reste en général plus rien de la nébuleuse originelle, et seules les étoiles qui y sont nées sont encore visibles, soit réunies sous la forme d’amas ouverts, soit dispersées…
Mais la « pouponnière » d’Orion ne se limite pas à ces 4 étoiles… ce sont en réalité plus de 2800 étoiles qui sont concentrées dans une sphère de 20 années-lumière de diamètre ! Si cette densité très élevée n’est pas flagrante en lumière visible, c’est parce que l’essentiel de ces étoiles sont cachées derrière les nuages de gaz et de poussière de la nébuleuse. Mais l’observation en infrarouge permet de « voir au travers » ces obstacles, et de dévoiler la grande quantité d’étoiles qui se trouvent en son sein.
L’observation de la nébuleuse d’Orion dans d’autres longueurs d’onde que le visible permet ainsi de percer ses mystères et de mieux comprendre la dynamique et l’évolution de ces nuages de gaz. L’observation en rayons X révèle pour sa part la présence, au centre la la nébuleuse, d’une gigantesque bulle de gaz dont la température s’élève à 2 millions de degrés. Cette température démontre la forte énergie des mécanismes à l’oeuvre au sein de la nébuleuse, ainsi que l’intensité du rayonnement émis par les jeunes étoiles qui s’y trouvent.
Mais il est également possible de visualiser encore mieux dans la nébuleuse d’Orion le concept de « pouponnière » et les stades primordiaux de la formation stellaire.
De tels nuages de gaz – essentiellement composés d’hydrogène – sont initialement inertes : leur effondrement n’est pas spontané et une force extérieure est nécessaire pour les déstabiliser. De telles perturbations peuvent être générées par l’onde de choc d’une supernova, le passage à proximité de corps massifs ou encore résulter de phénomènes à l’échelle galactique (ondes de densité créés par les bras spiraux, collisions, effets de marées, etc.).
Lorsque l’équilibre du nuage est perturbé, celui-ci peut s’effondrer sous l’effet de la gravité sous certaines conditions de dimension, de masse et de température. Cette « instabilité de Jeans » se produit lorsque l’attraction gravitationnelle causée par une surdensité du nuage devient supérieure aux forces de pression de rayonnement qui tendent au contraire à disperser cette surdensité. Si un tel phénomène se produit, la pression de rayonnement n’est plus assez forte pour s’opposer à la gravité et le nuage s’effondre sur lui-même.
De tels effondrements se produisent à de grandes échelles, mais aboutissent à des concentrations plus localisées. Autrement dit, les gigantesques nuages de gaz ne s’effondrent pas sur eux-mêmes en un point unique, mais donnent lieu à une multitude de zones de surdensité qui s’effondrent localement.
Dans de telles zones, la gravité joue un effet « boule de neige » et la matière devient de plus en plus dense en son centre, ce qui augmente la température. Si cette concentration de matière est suffisamment opaque, le rayonnement ne peut s’en échapper et la température, au lieu d’être dispersée dans l’environnement proche, continue d’augmenter. C’est ainsi au sein de ces zones de surdensité les plus sombres, que l’on désigne sous le terme globules de Bok. que les étoiles voient le jour.
Lorsque la température centrale atteint le million de degrés, une « proto-étoile » voit le jour. Il ne s’agit pas encore d’une « étoile » car les réactions nucléaires ne sont pas encore amorcées, mais l’intérieur de l’objet est désormais sous forme de plasma et non plus de gaz. Le rayonnement émis par cet objet n’est cependant pas encore suffisant pour contrer l’effet de la gravité…
Quelques millions d’années plus tard, lorsque la température centrale de la proto-étoile atteint les 10 millions de degrés, les réactions nucléaires démarrent : au centre, la pression et la température sont telles que l’hydrogène est transformé en hélium par processus de fusion nucléaire. L’étoile « s’allume » alors et la pression radiative vient contrebalancer l’action de la gravité : l’étoile est désormais en équilibre, pour plusieurs millions ou milliards d’années selon sa masse, pour l’essentiel de son temps de vie sur la séquence principale.
Pendant ce temps, toute la matière de la zone de surdensité en effondrement ne s’est cependant pas concentrée sur la seule proto-étoile : des objets plus petits, des planétésimaux, vont également se former par accrétion de matière et de poussières. Leur masse va également augmenter pendant la phase de formation de l’étoile pour donner plus tard les différentes planètes en orbite autour de l’étoile.
Lorsque l’étoile « s’allume », le rayonnement émis repousse les poussières et le gaz restant vers l’extérieur, ce qui fixe également la masse initiale des corps en orbite. Les vestiges du nuage en effondrement vont alors commencer lentement à se disperser sous l’effet de la radiation de l’étoile nouvelle, qui est encore cachée au centre du disque opaque. Il faudra quelques millions d’années encore pour que le gaz et la poussière soient totalement dispersée et que l’étoile devienne visible (en « lumière visible » pour nos yeux humains…).
Les astronomes ont donné à ces systèmes en formation le nom de « proplyds » ou « disques protoplanétaires ionisés ». On en observe près de 200 au sein de M42.
Sur l’image ci-contre, on peut ainsi observer cinq disques protoplanétaires (proplyds), issus d’un même globule de Bok, au sein de la nébuleuse d’Orion, dans lesquels de futurs systèmes planétaires se forment autour des étoiles nouvellement créées…
La nébuleuse d’Orion n’est donc pas seulement un magnifique spectacle pour les yeux : elle permet d’observer – quasiment « en direct » – la formation et la naissance d’étoiles et de systèmes planétaires dans l’environnement proche de notre galaxie !
La nébuleuse d’Orion est un véritable régal en observation visuel… et tout autant en photographie. Il s’agit tout simplement de l’une des nébuleuses les plus vastes, colorée et contrastée qu’il est possible d’observer.
Disons-le clairement : c’est l’un des plus beaux objets du ciel… si ce n’est le plus beau ! 🙂
Il s’agit donc d’une cible incontournable que n’importe quel astrophotographe tente au moins une fois. Mais la plupart y reviennent souvent ; et certains même systématiquement années après années… Photographier la nébuleuse d’Orion, c’est le rêve de tout débutant en astrophoto, et une source de plaisir quasi-infinie pour les plus chevronnés tant la quantité d’information à mettre en valeur est élevée.
Mais pour ma part, pratiquer l’astronomie tout en habitant à Paris est une source quasi-infinie de frustration. Outre la météo qui n’est pas souvent de la partie, les occasions où il est possible de pratiquer peuvent devenir assez rares… Et c’est mon cas pour la saison automne/hiver depuis bientôt 4 ans ! Les occasions de photographier M42 ont donc été très rares.
L’image APN a été réalisée au début du mois d’octobre 2014, donc une période qui n’est pas encore idéale pour M42, qui n’arrive haut dans le ciel qu’en fin de nuit ; ce qui limite donc le temps de pose. En l’occurrence, seulement 30 minutes après une nuit d’acquisition sur un autre objet, « pour voir » en attendant d’y revenir plus sérieusement… Une série de poses courtes (30s) a été réalisée en complément des poses longues (300s) pour permettre de détailler la région du trapèze.
Paradoxalement, le faible temps de pose sur cette image a eu un aspect positif : avec si peu de données, le traitement a été un véritable challenge et une occasion de m’améliorer en testant les possibilités de traitement des différents logiciels. La version finale, dont le traitement a été repris avec Pixinsight, surclasse largement la version initiale réalisée avec Photoshop, dans tous les domaines : gestion du bruit, colorimétrie, détails, etc.
Cette image, à défaut d’être très belle, avait donc au moins le mérite d’exister. La reprise de traitement avec Pixinsight et la différence de résultat obtenu m’a définitivement convaincu d’utiliser uniquement ce logiciel pour le traitement de mes images…
Mais qu’il est frustrant de devoir se contenter d’une telle image pour l’un des plus beaux objets du ciel… A la base, il s’agissait uniquement d’un « essai » en toute fin de nuit avec la volonté de réaliser une belle image peu de temps après ; mais les circonstances en ont décidé autrement… il m’a fallu attendre plus de 4 ans pour retenter ma chance !
L’occasion d’y revenir s’est donc faite longuement attendre, jusqu’à la fin du mois de février 2019. Et encore, même à cette occasion, les acquisitions sur M42 n’étaient pas prévues initialement car il ne s’agit plus vraiment de la bonne période pour M42, qui a déjà passé le méridien lorsque la nuit est vraiment tombée.
Même si les conditions n’étaient donc plus optimales et que mon lieu d’observation n’était pas des plus dégagé pour cette cible (présence de poteaux électriques, de câbles, maison et lampadaires en face, arbres…), je me suis malgré tout décidé à tenter une autre image de cette nébuleuse, ne sachant pas quand l’occasion se représenterait ! 🙂
J’ai utilisé pour cette seconde image ma lunette 66/400 équipée de son réducteur de focale 0,8x pour bénéficier d’un champ assez large pour englober toute la nébuleuse avec le petit capteur de la AtikOne6. A 320mm de focale, ça passe encore juste ! J’ai également consacré une série de poses avec cette même caméra sur la TSA-102, afin de bénéficier d’une meilleur définition dans la nébuleuse elle-même.
Des poses de 600s, 300s, 30s, 5s et 1s ont été réalisées sur les deux optiques pour les filtres LRGB (bin1 en luminance et pour les poses courtes en RGB, bin2 pour les poses RGB longue durée), et une série de pose en Ha 6nm (bin1) sur l’image 66/400.
L’objectif était de mixer les différents temps de pose pour chacune des images afin de détailler la région du trapèze, puis de mixer ces deux images pour bénéficier à la fois du champ large offert par la 66/400 et des détails apportés par la TSA-102 dans la nébuleuse. Une des difficultés a été d’harmoniser l’aspect des étoiles entre les deux images. Heureusement, la correction apportée par le réducteur de focale de la 66/400 est excellente, et l’image a pu être conservée sans devoir croper les zones périphériques.
Cet assemblage permet d’obtenir un champ riche dans le fond de ciel et les volutes de gaz (la couche Ha apporte énormément de signal…) et une nébuleuse détaillée jusque dans la région centrale.
Au final, la comparaison avec la version APN est – évidemment – sans appel :
Mais malgré ce résultat plus réussi, les sources d’insatisfaction demeurent : le champ n’est pas assez grand, le cadrage n’est pas parfait, la Lune était trop présente, Orion trop basse sur l’horizon… bref, pas besoin de beaucoup se forcer pour trouver des excuses pour y revenir encore prochainement !
Mais, quelle que soit la qualité de l’image obtenue, est-il possible d’être pleinement satisfait avec un objet d’une telle beauté ? 🙂
Matériel :
Astropro 66/400 (f/6)
AZEQ6 via EQmod
Canon 1100D Astrodon (800iso)
Guidage : lunette-guide 9×50 et PLA-MX
Filtre Orion Skyglow
Pixinsight
Acquisition :
6 x 300s
6 x 30s (pour le cœur)
Intégration totale : 0h30
Date(s) de prise de vue : 2 octobre 2014
Matériel :
Takahashi TSA102 f/6
Astro-Pro 66/400 (f4,8)
AZEQ6 via EQmod
AtikOne6 (-15°)
Guidage : OAG & Atik GP
Filtres Astronomik LRGB & Ha 6nm
Pixinsight – Photoshop
Acquisition :
L : 51x 300s bin1
R : 12 x 300s bin2
G : 12 x 300s bin2
B : 12 x 300s bin2
Ha : 36x 300s bin2
Poses courtes LRGB : 22 x 30s + 10 x 5s + 60 x 1s (bin1)
Intégration totale : 13h12
Date(s) de prise de vue : 25, 27 & 28 février 2019
Pour les astrophotographes, débutant ou avertis, M42 constitue une – si ce n’est LA – cible rêvée et incontournable.
Sa forte luminosité en fait une cible parfaite pour les débutants et les possesseurs de matériels limités habituellement pour la photographie, puisqu’il est possible d’obtenir des clichés satisfaisants même en recourant à des poses de courte durée avec un capteur non défiltré et sans aucune optique astronomique : un simple objectif photo de 135 à 200mm fournit déjà de très belles vues d’ensemble de la nébuleuse !
Ses contrastes et ses couleurs fortement prononcés permettent en outre d’obtenir un résultat déjà impressionnant (par rapport aux autres nébuleuses) avec peu de moyens et des connaissances basiques en traitement d’image.
Mais M42 constitue également un challenge de choix pour les photographes plus avertis, qui chercheront à ne pas saturer le « trapèze » central tout en mettant en valeur les plus fines extensions de la nébuleuse.
Pour les photographes les plus aguerris, un défi est d’essayer de faire apparaître au maximum la richesse incroyable du fond de ciel environnant. Un grand champ, un temps de pose conséquent et un ciel de qualité sont alors des conditions indispensables !
Une autre approche est de délaisser la nébuleuse dans son ensemble pour chercher à réaliser une prise de vue ultra-détaillée de la région centrale du Trapèze. Pour ce faire, et compte-tenu de la forte luminosité de cette zone qui sature les capteurs les moins sensibles en quelques secondes seulement, le mieux est de recourir à la technique du « lucky imaging« , inspirée des techniques de prise de vue en planétaire, consistant à réaliser des milliers de poses très courtes (quelques dixièmes de secondes sur cette cible) afin de n’empiler qu’une sélection drastique des brutes les plus fines.
Bien maîtrisée, cette technique permet d’obtenir des images très détaillées, comme le prouve l’extraordinaire cliché réalisé par Stéphane Gonzales sur cette cible.
De part ses dimensions et sa luminosité hors-normes, M42 se prête à tous les types de prises de vues : monochrome ou en couleurs, en RGB ou en SHO. Dans tous les cas, il est cependant recommandé d’effectuer une série de poses courtes afin de pouvoir obtenir des détails sur la région centrale lors du traitement.
Niveau cadrage, cette cible ne pose aucune difficulté particulière, car la prise de vue demeure toujours intéressante quelle que soit la focale utilisée ! Mise en valeur au milieu de la constellation d’Orion ou photographiée en gros plan, M42 fait la part belle à l’imagination du photographe…
Naturellement, pour photographier la nébuleuse d’Orion de la manière la plus classique qui soit (comme dans les images présentées ici…), il convient de privilégier une focale courte et un capteur de grande taille.
Les possesseurs d’APN n’auront pas grand chose à envier aux CCD sur cette cible, en particulier ceux qui utilisent un A7s couplé à une focale courte : cette configuration a en effet donné des images parmi les plus belles réalisées !
Pour les possesseurs de caméra CCD, la réalisation d’une couche Ha est un passage obligé sur une telle cible, pour améliorer la couche Luminance au traitement. L’utilisation d’un capteur défiltré constituera naturellement un « plus » indéniable compte-tenu de la très forte émission de cette nébuleuse dans la raie Ha de l’hydrogène.
Voici à titre d’exemple la couche Ha réalisée pour l’image présentée ci-dessus (brute sortie d’empilement, visualisation STF) :
Un défi est d’intégrer la nébuleuse d’Orion dans l’ensemble de nébulosités de la constellation, avec la Boucle de Barnard et la nébuleuse de la tête de cheval.
La réunion plus modeste de la nébuleuse d’Orion et de la célèbre nébuleuse de la « tête de cheval » sur la même image est déjà un objectif qui sort largement des sentiers bien balisés et très fréquentés sur cet objet !
A défaut d’un champ suffisant, une mosaïque peut être envisagée.
La difficulté est alors de concilier de manière harmonieuse des objets très peu lumineux avec des étoiles très brillantes sur la même photographie !
Un passage obligé de tout astrophotographe est la combinaison d’images réalisées avec des temps de pose différents. M42 est un test parfait pour cette opération, la région du trapèze étant systématiquement saturée sur les poses longues. Cela peut se faire sous Photoshop avec un jeu de masques et de calques de fusion adaptés, et bien sûr sous Pixinsight de manière beaucoup plus simple avec l’utilisation du process HDRComposition.
L’utilisation du process, sur le papier, est particulièrement simple : il suffit de charger les différentes images sorties d’empilement (en les classant du plus long temps de pose au plus court) et Pixinsight se charge du reste : création d’un masque de fusion et mixage des images avec un ajustement de la dynamique. Pixinsight réalise ainsi en quelques secondes l’ensemble des opérations qu’il faudrait effectuer manuellement sous Photoshop, mais bien plus rapidement et plus « proprement ». Les réglages par défaut donnent le plus souvent de très bons résultats, mais il est possible de les ajuster si les transitions sont trop abruptes.
Cette opération doit être réalisée avec les images en sortie d’empilement, éventuellement après une réduction de bruit, mais dans tous les cas en mode linéaire (avant la montée d’histogramme), ce qui permet une intégration plus douce et précise qu’en mode linéaire. A noter que cette intégration en mode linéaire n’est pas possible avec Photoshop !
Sur l’image présentée ici, voici la comparaison entre l’image de Luminance obtenue avec la TSA102 en poses longues (300s) et celle obtenue en y ajoutant les poses courtes de 30s, 5s et 1s en mode HDRComposition :
La zone du Trapèze, qui était saturée, retrouve de nombreux détails. A noter qu’il est sans doute inutile de multiplier les temps de pose intermédiaire car je n’ai pas constaté de différence flagrante entre un HDR avec les poses de 5s et un HDR avec l’ensemble des séries d’images de 30s, 5s et 1s. On constate simplement des transitions plus harmonieuses, mais rien de très visible.
A noter que pour la version finale de la Luminance sur cette image, j’ai eu recours, en complément de ce process HDRComposition sous Pixinsight, à un mix classique sous Photoshop avec l’image obtenue avec 1s de pose afin de gagner encore un peu de détails sur les étoiles du Trapèze. Ce mix a été réalisé au moyen du masque de fusion généré par Pixinsight lors de l’application du process HDRComposition !
Voici un autre exemple sur le champ dans son ensemble, entre la luminance mixée L+Ha et sa version HDR :
Pour une présentation détaillée sur la manière de combiner des images de différents temps de pose, je vous invite à consulter le tutoriel dédié à l’assemblage HDR.
Sur M42, cette opération doit être réalisée de façon subtile car la moindre erreur de dosage entraîne une différence de dynamique immédiatement visible et disgracieuse dans les zones de transition entre la zone du Trapèze et le reste de la nébuleuse. Il convient donc de trouver un équilibre qui permet de faire apparaître des détails dans la région du trapèze sans pour autant trop écraser la dynamique. Un piège – à mon sens – est de pousser le HDR trop loin et d’aboutir comme on le voit parfois à une région centrale moins lumineuse que le reste de la nébuleuse ! Inversement, les zones saturées en luminosité ne permettent plus de faire ressortir les couleurs.
Sur les images présentées, j’ai donc tenté de faire ressortir les détails du trapèze tout en conservant une dynamique globale qui soit à peu près » respectueuse de la réalité physique de l’objet : la zone centrale est donc plus lumineuse (mais moins colorée) que le reste de la nébuleuse.
En la matière, tout est affaire de compromis et de goûts personnels : certains font le choix assumé de conserver la zone centrale saturée, ce qui peut être un parti pris totalement acceptable ! A titre personnel, je dois même avouer que je préfère souvent ces versions saturées, qui permettent d’obtenir un dégradé de luminosité très naturel, donnant ainsi à l’image finale une douceur particulière.
Autre conseil : le process HDRComposition permet de réunir les détails de différentes images sur la même image, mais il ne rehausse pas les détails eux-mêmes. Or, sur cette nébuleuse, une multitude de détails méritent d’être mis en valeur ultérieurement lors du traitement, par exemple au moyen de la fonction HDRMultiscaleTransform. Une intégration trop appuyée des poses courtes va conduire à obscurcir trop fortement la zone centrale, ce qui ne laissera plus de marge de manœuvre ensuite pour appliquer le process HDRMultiscaleTransform (qui a tendance à écraser encore un peu plus la dynamique de l’image).
De la même manière, le rehaussement des détails sur l’image de Luminance avec le process HDRMultiscaleTransform doit être réalisé avec mesure : à défaut, la nébuleuse se trouve « lissée » et sans aucune dynamique de luminosité.
A noter que ce process doit toujours être appliqué avec un masque permettant de protéger les zones les plus sombres et les étoiles.
Le process DarkStructureEnhance (DSE) peut également donner de bons résultats sur les zones de poussières, en complément éventuel des traitements de renforcement de détails ci-dessus.
Pour en savoir plus sur la mise en œuvre de ces process de rehaussement de détails, je vous invite à consulter le tutoriel dédié à HDRMT, ainsi que le tutoriel plus général consacré à l’amélioration des détails avec Pixinsight, ainsi que le tutoriel spécifique à Photoshop le cas échéant.
Un autre aspect essentiel sur M42 est d’obtenir un équilibre colorimétrique esthétique, en particulier en LRGB.
Les fonctionnalités classiques de Pixinsight peuvent s’avérer relativement inefficaces sur cette cible, notamment car il peut être difficile d’apprécier la présence de nébulosités et de définir une zone de fond de ciel « neutre » pour l’application des process « Background Neutralization » et « Color Calibration« . Il est donc recommandé de réaliser plusieurs essais avec des zones de référence différentes en cas de doute. Le recours au process « Photometric Color Calibration » (PCC) peut également se révéler incorrect selon le champ de l’image (sur l’image de la nébuleuse dans son ensemble, avec les paramétrages par défaut, ce process va avoir tendance à exagérer le bleu et le magenta…).
Il est donc recommandé en la matière d’effectuer des comparaisons avec quelques images de référence… et de se fier à sa propre interprétation !
En cas de besoin, le plus simple est d’apporter des modifications sous Photoshop avec l’outil « Correction sélective ». Mais dans tous les cas, l’image Couleur obtenue sous Pixinsight doit être à peu près équilibrée.
A noter que l’ajout d’une couche Ha ajoute une petite complexité à cette opération. Le plus simple est d’utiliser le process HaRVB_AIP sous Pixinsight afin de procéder à un mélange en douceur de l’image RGB et de l’image Ha. Pour plus de détails sur cette opération, vous pouvez consulter le tutoriel dédié sur ce site.
A noter que peu d’objets du ciel profond se prêtent aussi bien à une saturation poussée que M42 : les puristes préféreront conserver une saturation contenue des couleurs, et les plus fantasques n’hésiteront pas à pousser les curseurs un peu plus de coutume…
Encore une fois, M42 permet de se livrer à quelques fantaisies qui ne sont pas possibles avec la très grande majorité des objets : c’est donc l’occasion de se faire plaisir ! 🙂
Sur cet objet, la question n’est jamais de savoir « si » on va la refaire, mais juste « quand » ! 🙂
L’image obtenue avec la CCD en 2019 est nettement au-dessus de la version APN de 2014, mais pourtant elle ne me satisfait pas totalement en raison d’un cadrage que je trouve trop étroit : la nébuleuse d’Orion prend toute sa dimension lorsqu’elle est imagée dans un champ large et entourée de ses innombrables volutes de gaz…
Ma prochaine tentative mettra donc à profit le capteur plus large de la Atik16200… peut-être pour une mosaïque !
Si l’espace commentaires n’est pas accessible, consultez le guide pratique pour y remédier !
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