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Nom : M65 – M66 – NGC 3628
Type : Galaxies
Distance : 35 millions AL
Taille : 8,7′ x 2,5′ (M65) ; 9,1′ x 4,2′ (M66) ; 15′ x 3,6′ (NGC3628)
Magnitude : 10,25 (M65) ; 8,9 (M66) ; 10,2 (NGC3628)
Meilleure période d’observation : Printemps
Le « triplet du Lion » est un petit groupe de galaxies, composé principalement de M65, M66 et NGC 3628, visibles sur cette image.
Ce groupe est probablement complété par une ou deux galaxies plus petites, telles que NGC 3593 (en dehors du champ de l’image présentée ici), mais en tout état de cause il s’agit d’un groupe de faible importance… à tel point d’ailleurs que ce groupe pourrait n’être en réalité qu’un « sous-groupe » du proche et plus important Groupe M96. Ce point n’est cependant pas définitivement tranché par les astronomes.
L’intitulé « triplet du Lion » pourrait laisser penser qu’il s’agit du seul groupe de galaxies situées dans la constellation du Lion, mais il n’en est évidemment rien. Cette constellation, si elle n’est pas aussi riche en la matière que les constellations de la Vierge ou de la Chevelure de Bérénice, propose un grand nombre de belles galaxies accessibles aux amateurs, telles que M95, M96, M105 ou encore le groupe compact de Hickson (avec la belle NGC 3187…).
Mais son nom n’est pas usurpé pour autant, car il s’agit sans aucun doute du plus beau groupe de galaxies de la constellation du Lion, du moins pour l’amateur : 3 galaxies rapprochées, de grandes dimensions et d’une magnitude qui les rend très accessibles non seulement au photographe mais aussi à l’observateur visuel. En particulier les galaxies M65 et M66, plus lumineuses et plus facilement observables… Une fiche-astro spécifique est d’ailleurs consacrée à ces deux seules galaxies, souvent photographiées ensemble sans NGC 3628.
De fait, ce trio constitue l’une des principales cibles pour les amateurs de belles galaxies dans le ciel du début du printemps… et un passage obligé pour tout astrophotographe !
Toutes situées à 35 millions d’années-lumière environ, les galaxies M65, M66 et NGC 3628 sont relativement similaires en taille et en luminosité. Seule NGC 3628 se démarque un peu, en étant légèrement plus grande mais moins brillante que ses deux voisines. Malgré leur nombre réduit, ces galaxies montrent déjà toute la variété de formes, de structures et de couleurs que l’on peut trouver dans les innombrables « Univers-Iles » : structure spirale pour M65 et NGC 3628, spirale barrée pour M66 avec une dominante bleutée qui laisse supposer une forte activité de création d’étoiles, une vue par la tranche particulièrement impressionnante pour NGC 3628 avec ses bandes de poussières bien visibles et sa traîne d’étoiles…
Ces galaxies étant à peu près toutes situées à une distance identique, leur proximité apparente traduit leur réelle proximité physique. Il n’est donc pas étonnant que des effets de marées gravitationnels entre elles aient plus ou moins affecté leur aspect.
En raison de passages rapprochés et répétés entre elles, ces galaxies ont en effet généré les unes sur les autres de forts effets de marée qui ont conduit soit à modifier leur structure (M65), soit à les déformer ou déclencher de brusques flambées d’étoiles (M66), soit à « arracher » à leur galaxie d’origine un nombre considérable d’étoiles qui se trouvent désormais dans le sillage de leur course dans l’espace, comme dans le cas de NGC 3628.
M66 (au centre sur l’image) est une galaxie classée au catalogue ARP, qui présente une asymétrie prononcée résultant d’anciennes interactions gravitationnelles avec la galaxie NGC 3628 : sa structure a été fortement déformée avec un bras spiral nettement plus allongé que l’autre, des zones HII qui ont disparues, et une concentration de matière très importante dans la région centrale. Un halo plus diffus autour de la galaxie est également visible.
M65 (à droite) semble avoir eu une histoire moins tourmentée, mais de récentes études tendent à démontrer que sa structure serait en réalité également barrée et résulterait d’une interaction plus ancienne et moins violente, soit avec M66, soit également avec la galaxie NGC 3628. Le fait que cette galaxie soit vue sous un angle plus prononcé, quasiment de profil, ne facilite cependant pas les observations et ce point n’est donc encore pas tranché.
NGC 3628 (à gauche), est quant à elle une galaxie spirale, vue par la tranche… ce qui ne facilite pas l’identification exacte de sa structure. Certaines études (basées sur la structure en X de son bulbe central) avancent ainsi qu’il s’agirait en réalité d’une galaxie spirale barrée. De dimensions plus imposantes que ses voisines, son diamètre est estimé à environ 120 000 années-lumière, soit légèrement plus que notre Voie Lactée (100 000 AL). Signalons que, comme M66, NGC 3628 est également intégrée au catalogue ARP.
Le profil sous laquelle nous la voyons permet d’observer en détails la bande d’absorption centrale et la richesse des poussières qui s’y trouvent. Contrairement à d’autres galaxies également vues par la tranche, telles que NGC 891 ou NGC 4565, on constate que cette bande de poussières est fortement déformée aux extrémités de la galaxie ; en particulier du côté opposé à la « traîne d’étoiles », ce qui pourrait constituer un indice de la déformation de ses bras spiraux (qui ne sont malheureusement pas visibles sous cet angle…).
Mais le phénomène le plus impressionnant est sans conteste la longue « traîne » d’étoiles dans le prolongement de sa course, qui s’étend quant à lui sur plus de 300 000 années-lumière ! Ce phénomène s’explique par les interactions gravitationnelles passées avec M66, et probablement (mais moins certainement) avec M65.
On constate également que le profil de NGC 3628 n’est plus « plat » comme on l’observe le plus souvent pour les galaxies spirales non soumises à des interactions gravitationnelles, mais apparaît comme « boursouflé » et plus large que la normale. La déformation prononcée de la bande de poussière est également un indice supplémentaire des forts effets de marées gravitationnelles subis par cette galaxie. De même que la couleur bleue très prononcée de ses régions périphériques, signe d’une intense activité de création d’étoiles massives et jeunes (notamment de géantes ou supergéantes bleues) et qui résulte des ondes de choc générées par les effets de marées dans le milieu interstellaire.
Sur l’image ci-dessus, réalisée par l’un des télescopes géants (8,4m de diamètre) du VLT européen située au Chili (avec un temps de pose total inférieur à 1h… les astrophotographes amateurs apprécieront !), NGC 3628 s’apparente de manière assez troublante à la vision de notre propre Voie Lactée à l’œil nu… avec même – en prime – une petite galaxie satellite rappelant les Nuages de Magellan !
Cette image a été réalisée avec une TSA-102 et une caméra AtikOne6 sur 2 nuits, la première en février 2018 depuis la Charente-Maritime et la seconde le 6 mai en région parisienne.
Malgré ces 2 nuits à disposition, le temps global d’acquisition a été limité à 6h30… Pour la première nuit, la moitié des images n’ont en effet pas été retenues, en raison de la présence de nombreux voiles d’altitude. La seconde nuit, quant à elle, a été consacrée à compléter deux sessions d’acquisition précédentes : pour moitié sur ce trio du Lion, et pour moitié sur NGC 4565. C’est la dure loi de l’astrophoto nomade : j’ai du me contenter de ce temps de pose insuffisant à défaut de pouvoir faire une autre séance dans les semaines suivantes…
Cette limitation du temps de pose global a été d’autant plus problématique pour cette image que mon objectif initial était de photographier le trio en entier, en intégrant NGC 3628 que j’avais du exclure lors de ma précédente visite au duo M65 et M66 réalisée avec le C8 en raison d’un champ insuffisant… Or, NGC 3628 est non seulement moins lumineuse que ses célèbres voisines, mais la traîne d’étoiles est encore beaucoup plus faible ! Un temps de pose global très long est donc recommandé pour bien la mettre en évidence.
Pire encore, pour les couches couleurs, j’ai du me limiter à 30 minutes de pose par couche : c’est réellement le minimum syndical, mais au moins le double n’aurait pas fait de mal… Au final, les couleurs ressortent suffisamment bien, mais au prix d’un travail de traitement plus long que d’habitude, notamment pour réduire au maximum le bruit chromatique. Il manque également une image en Ha pour relever les zones actives de M66 ; ce qui aurait apporté un peu plus de dynamique à l’image finale.
La principale difficulté de cette image a été la mise en valeur de la traîne d’étoiles de NGC 3628. Ce point sera abordé plus en détails dans la partie « Conseils de traitement », mais il s’agit principalement d’un travail de léger rehaussement du signal au moyen de masques adaptés. Toute la difficulté est ici d’utiliser un masque qui permette de rehausser uniquement le signal existant réellement sur l’image empilée, et non un masque « fait à la main » sous Photoshop qui risquerait de créer artificiellement du signal là où il n’y en a pas !
Malgré un cadrage que j’ai tenté d’optimiser, la traîne d’étoiles n’est pas complète : le champ procuré par la TSA-102 avec la AtikOne6 est trop limité… et décaler encore plus aurait mis M65 et M66 trop en bord de champ. Une alternative aurait été de réaliser une mosaïque, mais j’ai déjà eu du mal à finir cette image avec seulement 6h30 de pose sur 2 nuits… Une difficulté est bien sûr de réaliser ce cadrage sans voir précisément où se situe la traîne… dans le cas présent, il s’avère qu’une rotation plus prononcée aurait permis de gagner un peu de visibilité sur celle-ci, sans trop décaler les autres galaxies en bord de champ.
Au final, les difficultés d’acquisition et de traitement n’auront pas été surmontées en vain, puisque cette image a remporté le concours d’astrophoto 2018 organisé par Atik… me permettant ainsi de gagner une caméra Atik16200, ce qui me permettra de refaire cette image avec plus de champ, pour enfin capturer toute la traîne de NGC 3628 ! 🙂
Matériel :
Takahashi TSA102 f/6
AZEQ6 via EQmod
AtikOne6 (-10° / -15°)
Guidage : OAG & Atik GP
Filtres Astronomik LRGB
Pixinsight – Photoshop
Acquisition :
L : 30 x 600s bin1
R : 6 x 300s bin2
G : 6 x 300s bin2
B : 6 x 300s bin2
Intégration totale : 6h30
Date(s) de prise de vue : 25 février & 6 mai 2018
Un an jour pour jour après avoir réalisé les premières acquisitions de cette image, je recevais le mail d’Atik m’informant avoir gagné grâce à celle-ci le concours d’astrophoto 2018 !
Une belle et heureuse coïncidence pour cette image dont la réalisation avait commencé difficilement, avec la moitié des poses jetées pour cause de passages nuageux, des difficultés à organiser une seconde session, l’obligation de partager celle-ci avec des poses pour compléter une autre image, et les difficultés rencontrées lors du traitement…
J’avais soumis à ce concours plusieurs autres photographies réalisées au cours de l’année 2018 (ce qui est une contrainte de ce concours) et – très honnêtement – si je nourrissais quelques espoirs, ce n’était pas avec cette photo… pourtant, celle-ci a été retenue par le jury et le vote populaire du concours, parmi plus de 400 images en lice ! Lorsque j’ai reçu le mail m’informant de cette victoire, j’ai été très heureux… et également surpris de découvrir que c’est cette image qui avait été primée !
Quelle leçon en tirer ?
La première est sans doute que même une image réalisée dans des conditions défavorables vaut la peine de lui consacrer la même attention lors du traitement. On peut parfois avoir tendance à réaliser un traitement un peu « rapide » d’une image dont on ne décèle pas un potentiel intéressant en voyant la brute d’empilement s’afficher… Cela aurait été une erreur dans le cas de cette image !
La seconde – et sans doute la plus réconfortante pour ceux qui comme moi pratiquent l’astrophoto en nomade – est qu’il n’est pas forcément nécessaire de cumuler des dizaines d’heures de pose pour obtenir une bonne image. La tendance actuelle est à l’inflation – parfois un peu exagérée – du temps de pose dans l’astrophoto amateur. Cette inflation se justifie parfaitement pour les personnes disposant d’un observatoire personnel (en remote ou non), car il s’agit de l’une des seules sources de limitation de la qualité des images obtenues. Pour l’astrophotographe nomade (ou semi-nomade), il existe une multitude de contraintes plus importantes ; et souvent, il faut faire avec ce qu’on a…
Un mot pour justifier que cette tendance est, à mon sens, « exagérée » : l’augmentation du temps de pose global n’est pas une fin en soi. Bien sûr, en astrophotographie, un temps de pose le plus long possible est dans la plupart des cas recommandé, mais il ne doit pas occulter l’importance des autres facteurs de prise de vue ou de traitement. On voit parfois passer des images affichant fièrement 50 ou 60h de pose… mais dont le résultat ne présente aucune différence avec une image réalisée avec seulement 5 ou 6h de pose ; voire sont parfois inférieure en terme de qualité finale ! D’ailleurs, dans ces cas, les mentions techniques fournies par le photographe se limitent souvent au seul temps de pose, comme-ci celui-ci suffisait établir un standard de qualité s’imposant à celui qui la regarde… Mais un tel temps de pose doit, d’une part, se justifier par la nature de l’objet photographié et, d’autre part, aboutir à un résultat bien supérieur à ce qu’on peut obtenir avec un temps de pose plus raisonnable.
Or, l’une des limitations habituelles rencontrées sur ce type de publications n’est pas due au temps de pose, mais au compétences en traitement d’image ou au temps consacré à celui-ci, pour réellement mettre en avant les éléments qui « font la différence » avec une image classique.
Enfin, une dernière leçon à en tirer est que l’on est souvent mauvais juge de ses propres images ! 🙂
Si une longue focale est recommandée pour révéler au mieux les détails de chacune de ces galaxies prise indépendamment, il faut évidemment disposer d’un champ large pour photographier le triplet dans son ensemble… et plus encore pour saisir l’ensemble de la traîne d’étoiles de NGC 3628, qui – pour ne rien arranger – s’étend dans la direction opposée de M65 et M66.
Sur cette cible, de nombreux choix vont être dictés par votre volonté de mettre ou non en évidence la traîne d’étoiles de NGC 3628. Il est bien sûr possible de réaliser de superbes images de ce groupe de galaxies sans chercher à faire apparaître cette extension… mais avouons que cela serait un peu dommage ! 🙂 Les utilisateurs d’APN devront cependant probablement se résoudre à ce sacrifice : la luminosité de la traîne d’étoiles est si faible qu’elle est réservée aux utilisateurs de caméras CCD…
La première difficulté est le cadrage : sauf à ce que vous disposiez d’un champ très large (en utilisant une focale réduite et/ou un capteur de grande taille), la difficulté est de maintenir les 3 galaxies dans le champ sans excentrer l’une d’entre elles de manière exagérée, en la plaçant tout en bord de cadre par exemple. L’image présentée montre bien cette difficulté dès lors que le champ dont vous disposez offre peu de marge de manœuvre : inclure la traîne sur l’image oblige à « remonter » les galaxies dans le cadre afin de tenter de la saisir en entier. Il est dans ce cas nécessaire de jouer sur la rotation du capteur, afin de trouver un cadrage qui permette de ne pas trop excentrer les galaxies tout en conservant un équilibre à la composition d’ensemble.
Autre difficulté : la traîne d’étoiles est extrêmement faible et elle n’apparaîtra jamais sur les brutes de quelques secondes de pose utilisées précisément lors du cadrage ! Il est donc nécessaire de préparer au mieux sa session d’acquisition, en étudiant préalablement des images où cette traîne est visible afin de définir le cadrage idéal avec votre matériel. L’utilisation d’un logiciel tel que Carte du Ciel ou Stellarium peut ici être d’une grande aide dans la préparation de votre cadrage, en vous permettant de simuler le champ obtenu sur le ciel ainsi que la rotation optimale du capteur.
En cas de doute sur le terrain, n’hésitez pas à réaliser une pose longue d’essai afin de vérifier que vous n’avez pas fait d’erreur avant de lancer toute la série d’images ! Attention cependant, même sur une image à pose longue, la traîne peut ne pas apparaître, ou juste très faiblement en tirant énormément sur les curseurs. Privilégiez une vision en négatif ; avec si possible une fonction STF renforcée sous Pixinsight si ce logiciel est installé sur l’ordinateur que vous utilisez pour les acquisitions…
Si vous ne vous préoccupez pas de la traîne de NGC 3628, un temps de pose global raisonnable de quelques heures permettra déjà de très bien mettre en valeur la beauté des 3 galaxies.
Mais si vous souhaitez intégrer la traîne, ainsi que le faible halo de M66, alors le temps de pose devra être revu à la hausse, en privilégiant le temps de pose consacré à la couche de luminance. Comme on le constate avec cette image, 5h de luminance avec une caméra sensible permettent déjà d’obtenir un résultat correct, mais au prix d’un temps conséquent passé au traitement ! Il est donc recommandé d’augmenter encore bien plus ce temps de pose, au moins en le doublant voire en le triplant !
En revanche, les couches couleur ne sont pas aussi exigeantes : les galaxies sont suffisamment lumineuses et colorées pour qu’un temps de pose raisonnable soit suffisant (le cas échéant en bin2). Attention toutefois à ne pas trop sacrifier le temps consacré à la couche Couleur : à défaut, cela ne permettra pas de mettre en valeur toutes les subtilités de teintes qui peuvent exister entre le noyau et les bras spiraux. A noter que l’acquisition des couches couleur en bin1 (plutôt qu’en bin2 comme je l’ai fait ici) permettrait sans doute d’obtenir un résultat beaucoup plus fin dans les zones de transition au sein de M66,
Une couche Ha peut être envisagée en « bonus », si vous avez du temps à y consacrer en plus du reste. Le seul intérêt de celle-ci sera de relever les zones actives de la galaxie M66 ; l’intérêt étant très réduit car très peu visible sur les deux autres galaxies. Un tel signal supplémentaire apportera plus de dynamique à M66 avec des couleurs plus contrastées. Contrairement à une photographie plus rapprochée de M66, inutile cependant d’y consacrer un long temps de pose pour une image du triplet dans son ensemble : 1h en bin2 devrait déjà permettre un résultat intéressant.
Dans tous les cas, compte-tenu de la très faible luminosité de la traîne d’étoiles de NGC 3628, il est recommandé de privilégier les acquisitions lors des nuits sans Lune et avec un ciel des plus transparents.
Pour les utilisateurs d’APN, il peut s’avérer délicat de retrouver un équilibrage des couleurs correct au traitement en cas d’utilisation de filtres anti-pollution lumineuse ou Skyglow ; qui sont dès lors déconseillés.
Parvenir à saisir la traîne d’étoiles de NGC 3628 et de la mettre correctement en valeur lors du traitement, sans dénaturer le reste de l’image, représente en soi un challenge des plus difficiles !
Inclure également une couche Ha à l’image lui apporte un petit « plus » indéniable. Bref, réaliser une image parfaitement cadrée, révélant l’extension sans sur-traitement, avec une luminance suffisamment longue pour faire ressortir quelques petites galaxiues en arrière-plan, avec de belles couleurs et mettant en évidence en prime les zones HII de M66 constitue déjà une belle réussite.
Si vous avez opté pour une image « classique » du triplet (sans chercher à capter l’extension de NGC 3628), ou si vous y avez consacré un temps de pose limité (en luminance pour les versions CCD), un traitement simple sera souvent le plus adapté : une montée d’histogramme classique (avec une montée logarithmique pour commencer) donne souvent de très bons résultats tout en conservant une bonne dynamique et un aspect d’étoiles satisfaisant.
Pour ce choix, ou pour une image réalisée avec un APN, vous pouvez vous reporter aux conseils figurant dans la fiche-astro dédiée à M65 et M66, qui sont largement applicables dans ce cas et transposables à NGC 3628.
Mais pour ce qui nous intéresse ici, à savoir la mise en valeur de la traîne d’étoiles, quelques recommandations spécifiques sont nécessaires.
Un avertissement préalable : la traîne de NGC 3628 est très ténue. Ne soyez pas surpris de la voir apparaître difficilement sur vos images brutes, même avec un long temps de pose (600s par exemple). Sur l’image empilée, si votre temps de pose global et le nombre d’images brutes est suffisant, celle-ci devrait toutefois se dévoiler plus nettement avec la fonction STF de Pixinsight…
Mais c’est une chose de voir un signal faible avec la fonction STF, et une autre que de parvenir à le mettre en évidence au traitement ! A moins de disposer d’un ciel exceptionnel et d’un très long temps de pose, le signal de la traîne sera juste au dessus de celui du fond de ciel… il n’y a donc que très peu de marge de manœuvre pour mettre en évidence ce signal sur l’image finale.
Une première difficulté est de bien gérer la montée d’histogramme. Il est recommandé ici de privilégier une montée d’histogramme avec le process MaskedStrech, afin d’optimiser au maximum le signal sur la traîne et le halo de M66. Veillez à sélectionner une zone de fond de ciel la plus noire possible sur votre image comme zone de référence pour l’application de ce process ; à défaut, les fines extensions se démarqueront trop peu du fond de ciel pour permettre une mise en valeur ultérieure.
N’hésitez pas à procéder à plusieurs essais afin de parvenir à un résultat satisfaisant : la traîne et le halo de M66 doivent se détacher nettement du fond de ciel, tout en maintenant ce dernier globalement homogène et assez bas. Veillez également à ce que les étoiles ne soient pas trop affectées lors de cette opération !
Si à ce stade le halo se détache suffisamment du fond de ciel, vous pouvez procéder à un traitement classique pour la suite.
Si, en revanche, la traîne n’apparaît pas suffisamment, il peut être nécessaire de rehausser la luminosité de cette dernière au moyen de masques adaptés. Attention, il est bien sûr exclu de réaliser un tel masque « à la main » sous Photoshop, au risque de sélectionner des zones ne faisant pas partie réellement de la traîne ; autrement dit, d’inventer de l’information !
Pour réaliser ce masque, vous pouvez utiliser comme image de départ votre image en sortie de montée d’histogramme, en tirant au besoin un peu plus sur les curseurs afin de relever la visibilité de la traîne. Ensuite, il est possible d’utiliser le process RangeSelection afin sélectionner uniquement la zone nous intéressant. Attention à conserver dans les paramètres de réglage de RangeSelection un niveau de « flou » assez bas afin de ne pas intégrer dans le masque des zones de fond de ciel où la traîne est absente…
Une fois ce masque créé, il est possible de procéder à une légère accentuation de la luminosité pour mieux faire ressortir la traîne. Attention toutefois, ce rehaussement doit demeurer mesuré afin que l’image finale conserve un équilibre visuel.
En cas de difficulté avec les étoiles situées en avant-plan de la traîne, il est recommandé de soustraire à votre masque un masque d’étoiles, afin d’exclure ces dernières du rehaussement de luminosité.
En cas de difficulté, n’hésitez pas à procéder à plusieurs ajustements très légers mais successifs. Cela donne souvent de meilleurs résultats que de réaliser cette opération en une seule fois de manière trop brutale. Le cas échéant, il sera peut-être nécessaire de modifier le masque sur une seconde passe, afin que les ajustements soient le plus précis et nuancés possibles.
Dans tous les cas, lors de ces montées de luminosité, veillez à n’altérer à aucun moment l’aspect des étoiles ou du fond de ciel. Si vos masques sont correctement réalisés, cela ne devrait cependant pas être trop problématique…
Lorsque l’ajustement du niveau de luminosité de la traîne est terminé, vérifiez si le bruit n’est pas trop présent dans la zone modifiée. En principe, une montée de niveau même minime devrait se traduire par une augmentation de la visibilité du bruit de cette zone très peu lumineuse… Si tel est le cas, vous pouvez appliquer une réduction de bruit ciblée, toujours à l’aide du masque créé précédemment (et excluant les étoiles).
Si vraiment vous rencontrez trop de difficultés sur cette opération délicate, une solution plus simple peut être de réaliser deux images différentes : l’une avec une montée d’histogramme plus raisonnable, sans chercher à mettre en évidence la traîne, et une seconde plus poussée, puis de « mixer » ces deux images au final. Une telle solution offre l’avantage de préserver plus simplement le fond de ciel et l’aspect des étoiles, mais le mixage final des images peut s’avérer compliqué ; en particulier pour retrouver des zones de transition progressives et harmonieuses… Ici encore, il sera nécessaire de réaliser des masques adaptés afin de pouvoir mixer les deux images de la manière la plus propre possible.
Pour la couche Couleur, privilégiez une montée d’histogramme similaire à celle utilisée pour la luminance, la fonction MaskedStretch permettant de préserver au mieux les couleurs en vue de l’assemblage à venir. A défaut, les zones faibles (halos) risquent de se voir privées de couleurs et ressortir de manière « grisâtre » uniforme. N’espérez pas toutefois obtenir des teintes particulières sur la traîne d’étoiles de NGC 3628…
Pour la calibration des couleurs, la fonction PhotometricColorCalibration (PCC) de Pixinsight donne de bons résultats, avec pour référence « Average Spiral Galaxy » (méthode utilisée sur l’image présentée ici). Quelques corrections sélectives ou ajustements de la saturation seront toutefois toujours possibles pour finaliser l’image.
En complément, vous pouvez également essayer de rehausser les détails dans les zones les plus contrastées des trois galaxies (le noyau et les structures les plus importantes des bras spiraux de M65 et M66, et la bande de poussières de NGC 3628), en utilisant par exemple les fonctionnalités HDRMultiscaleTransform sous Pixinsight ou Local Contrast Enhancement de AstroTools sous Photoshop.
Dans les deux cas, un travail avec des masques de fusion permet de n’augmenter les détails que dans les zones les plus lumineuses, afin de limiter la montée du bruit dans les zones plus faibles et de ne pas dénaturer l’aspect gaussien des étoiles.
N’hésitez pas, par ailleurs, à traiter les galaxies séparément dans cette opération de rehaussement des détails, avec des masques adaptés pour chacune. En effet, le traitement sera généralement plus poussé sur M66, qui présente de nombreux détails, que sur M65 ou NGC 3628…
Pour en savoir plus sur la mise en œuvre de ces process de rehaussement de détails, je vous invite à consulter le tutoriel dédié à HDRMT, ainsi que le tutoriel plus général consacré à l’amélioration des détails avec Pixinsight, ainsi que le tutoriel spécifique à Photoshop le cas échéant.
Enfin, il peut être intéressant de réaliser sur cette image une légère réduction d’étoiles, afin de mieux mettre en évidence les halos de galaxies et la traîne de NGC 3628.
Bien que cette image soit au final assez satisfaisante et ait été primée à un concours, elle demeure loin d’être parfaite à mes yeux.
Il serait possible d’obtenir un bien meilleur résultat avec un temps de pose global beaucoup plus conséquent pour la luminance (pour la mise en valeur de la traîne et des halos) ainsi qu’aux couches couleurs. La réalisation des couches couleurs en bin1, plutôt qu’en bin2 comme il a été fait ici, aiderait sans doute à atteindre cet objectif…
Par ailleurs, la réalisation d’une couche Ha aurait apporté un « plus » indéniable aux couleurs des bras spiraux de M66…
Enfin, le cadrage n’est pas idéal, dans la mesure où la traîne d’étoiles n’est pas visible entièrement sur cette image.
Il serait donc intéressant que je refasse cette image avec ces critères, et avec la caméra Atik16200 dont le champ bien supérieur me permettra de capter l’ensemble de la traîne sans devoir sacrifier avec le placement des galaxies lors du cadrage !
Si l’espace commentaires n’est pas accessible, consultez le guide pratique pour y remédier !
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