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Popularité : |
Nom : NGC 2264 – Sh2-273 – « Nébuleuse du Cône » – « Fox Fur nebula »
Type : Nébuleuses par émission, par réflexion et obscures – Amas ouvert
Distance : ~2000 / 2700 AL
Taille : 3° (complexe entier) – 40′ (Cône)
Magnitude : 4,1 (amas NGC 2264)
Meilleure période d’observation : Hiver
A côté de certaines constellations bien connues, il en existe d’autres plus discrètes qui n’évoqueront souvent pas grand chose dans l’esprit du grand public. Ainsi, dans le ciel d’hiver, tout le monde connait par exemple les constellations d’Orion, du Taureau ou des Gémeaux : constituées d’étoiles brillantes et formant des figures bien reconnaissables, elles sont bien visibles, servent de repères faciles et certains des objets du ciel profond qu’elles renferment sont même observables à l’œil nu en pleine ville (la grande nébuleuse d’Orion, les Pléiades, etc.).
Il existe par ailleurs un « triangle d’hiver », formé par les étoiles Sirius (Grand Chien), Procyon (Petit Chien) et Bételgeuse (Orion), moins connu que le fameux « triangle d’été » (Vega-Deneb-Altaïr) alors même qu’il est constitué d’étoiles plus brillantes.
Mais bien moins nombreux sont sans doute ceux qui connaissent l’existence de la constellation de la Licorne (Monoceros)… et même parmi les astronomes amateurs, beaucoup seront sans doute en peine d’en dresser précisément les limites, alors que pourtant cette constellation est quasiment entièrement comprise dans le « triangle d’hiver » !
Il faut dire que cette constellation n’a rien de spectaculaire : constituée à titre principal de 4 étoiles faiblement lumineuse (de magnitude 4 en moyenne dont aucune ne possède de nom propre) et s’étalant sur une région assez vaste du ciel (à peine moins que la constellation d’Orion), elle s’apparente plutôt à une zone de vide au milieu de ses lumineuses voisines pour l’observateur visuel.
Pourtant, bien que plus discrète, la constellation de la Licorne n’en recèle pas moins quelques beaux objets : plusieurs amas ouverts (M50 et NGC 2506), des nébuleuses par réflexion (le complexe autour de NGC 2185 notamment, et aussi NGC 2261 – la nébuleuse variable de Hubble bien prisée des astrophotographes), mais aussi – et surtout – quelques nébuleuses par émission qui comptent parmi les plus belles du ciel : IC 2177 (la « nébuleuse de la Mouette ») et NGC 2237, la fameuse « nébuleuse de la Rosette ».
La plupart de ces objets sont très faiblement lumineux et réservés quasi-uniquement aux astrophotographes. Et l’autre objet « star » de cette constellation, à savoir le complexe de NGC 2264 formé par les nébuleuses du Cône et de la « fourrure de renard » qui nous intéresse pour cette fiche-astro, ne fait malheureusement pas exception !
En effet, bien que découverte en visuel par William Herschel en 1785, ce complexe situé à environ 2500 années-lumière est très faiblement lumineux et ne révèle pleinement sa beauté et ses nuances subtiles qu’avec la photographie.
S’étendant sur 70 années-lumière environ, il est constitué à la fois de nébulosités en émission (de teinte rouges) illuminées par le rayonnement ultraviolet intense des jeunes amas d’étoiles à proximité, de nébulosités en réflexion (de teinte bleue) et de nuages sombres constitués de poussières interstellaires.
On peut souligner que – une fois n’est pas coutume – ces deux nébuleuses se sont vues attribuées des surnoms parfaitement adaptés : la nébuleuse du Cône est immédiatement reconnaissable de par sa forme caractéristique et, en ce qui concerne la nébuleuse de « la fourrure de Renard », il devient difficile d’y voir autre chose une fois le petit effort d’imagination initial réalisé !
En effet, on a vraiment l’impression de voir, vu de dessus, un renard parfaitement dessiné (de la tête à la queue) venir s’abreuver à un point d’eau formé par la nébuleuse en réflexion au centre… une belle scène naturaliste dont le réalisme reste assez peu courant, même pour les astronomes à l’esprit habitué à la paréidolie ! Mais assez de contemplation rêveuse, et revenons à la réalité de ces structures ! 🙂
La nébuleuse du Cône s’étend quant à elle sur 7 années-lumière « seulement », soit tout de même environ le double de la distance qui sépare le Soleil de l’étoile la plus proche (Proxima Centauri). Cette comparaison permet de mieux apprécier la dimension réelle de ces structures et la densité importante des nombreuses étoiles contenues dans cette zone. La plupart de ces étoiles sont « jeunes » et créées au sein des nébulosités les plus sombres de ce complexe.
L’image ci-contre, réalisée par le télescope spatial Hubble en 2002 et sur laquelle on voit uniquement la zone de la « pointe » du Cône (2,5 années-lumière de côté) permet de mettre en évidence les mécanismes « d’érosion » à l’œuvre au sein de ces structures : le rayonnement très énergétique et le vent stellaire des étoiles nouvellement créées « soufflent » peu à peu les nuages de gaz et de poussières dans leur environnement proche, les rendant de moins en moins opaques et finissant même, après quelques millions d’années, par disperser totalement ces nébuleuses…
Ainsi, dans quelques millions d’années, la physionomie de ces structures aura radicalement évolué : l’âge estimé de l’amas d’étoiles entourant la nébuleuse du Cône est estimé à 9 millions d’années et il est probable qu’il ne restera plus de trace de cette nébuleuse dans quelques dizaines de millions d’années. Il ne faut donc pas perdre de vue que ces structures dont les formes nous semblent figées sur une durée de vie humaine (et même sur plusieurs siècles d’observation…) ne sont que très éphémères aux échelles de temps de l’Univers.
Le rayonnement ultraviolet (très énergétique) de ces jeunes étoiles ionise par ailleurs les nuages d’hydrogène environnants sur de grandes distances, d’où la couleur majoritairement rouge de ces structures.
Si l’on observe cette région en infrarouge, celle-ci présente une physionomie très différente (image ci-contre, par le télescope spatial Spitzer).
A cette longueur d’onde, les nuages de poussières cessent d’être opaques et il est possible d’observer beaucoup mieux les étoiles nouvellement formées, y compris au sein des structures sombres.
On s’aperçoit ainsi que la densité en étoiles est bien plus grande que ce qu’on observe traditionnellement en lumière visible et que certaines structures (notamment le « Cône ») prennent un aspect bien différent.
Certaines étoiles montrent par ailleurs un rayonnement beaucoup plus intense que dans le visible ; c’est le cas par exemple de l’étoile NGC 2264 IRS (juste au-dessus de la nébuleuse du Cône) et dont le rayonnement est probablement majoritairement responsable de l’ionisation du nuage alentour.
Ces observations permettent également de mieux définir les dimensions réelles de ce complexe de nébulosités : alors qu’on avait tendance à considérer auparavant que la nébuleuse de « la fourrure de Renard » ne faisait pas partie du même nuage moléculaire que celui de NGC 2264, ces images tendent à prouver le contraire tant ces différentes structures semblent reliées entre elles et présentent une continuité à différentes échelles et à différentes longueurs d’onde.
Une fois n’est pas coutume, je n’ai pas réalisé les acquisitions de cette image : ni en étant physiquement à côté du matériel, ni en remote. Les brutes de cette image ont en effet été mises à disposition par Chilescope dans le cadre d’un concours de traitement organisé en février 2019 et pour lequel chacun des concurrents pouvait proposer sa propre version.
Les brutes ont été réalisées sur un matériel de rêve : un télescope Newton de 500mm de diamètre et ouvert à f/d = 3,8, installé à l’observatoire Chilescope au Chili.
Les acquisitions ont été étalées sur 3 nuits, pour un total de 28h de pose en LRGB + Ha SHO (dont 11h40 pour la seule couche Ha). Ce temps de pose conséquent, associé à la qualité de l’instrument et à la pureté du ciel chilien, permet d’obtenir des données ultra-qualitatives, qui sont un vrai plaisir à traiter au final !
Les images Ha et L ont été réalisées en bin1, avec des poses unitaires de 20 minutes pour le Ha et 10 minutes en luminance. Les couches RGB ont quant à elles été réalisées en bin2 (afin de compenser un peu le temps d’acquisition global limité – 2h par couche), avec des poses unitaires de 5 minutes.
S’agissant d’un concours, il y a forcément quelques contraintes à respecter et qui peuvent avoir un impact sur les choix effectués pour le traitement et donc sur le résultat final.
La première est que les images doivent être soumises dans un délai déterminé, et cela limite donc le temps que l’on peut consacrer au traitement de l’image. Le délai était suffisamment long pour permettre un traitement sérieux, mais pour moi qui aime prendre son temps, revenir plusieurs fois sur différentes versions ou encore passer beaucoup de temps à peaufiner des petits détails, il s’agit d’une contrainte non négligeable. Tout les participants sont certes logés à la même enseigne sur ce point, mais je parle ici de contraintes par rapport au résultat final, et non du sort de l’image dans le concours.
La seconde est qu’il semble justifié d’utiliser toutes les données mises à disposition, donc l’ensemble des couches. Ce n’était pas une réelle contrainte car sur un tel objet, l’utilisation de la couche Ha est quasiment indispensable ; mais on notera que certains ont pris le choix plus radical de ne proposer qu’une version Ha seule (ce qui, bien que de telles images puissent être très esthétiques, les disqualifient quasiment de fait pour le concours, en l’absence de possibilité d’apprécier leur maîtrise technique de l’assemblage des différentes couches).
Enfin, la dernière est que s’agissant d’un concours « international », la question se pose de savoir comment orienter le traitement de l’image finale, notamment en terme de couleurs et de saturation.
Nous déplorons, astrophotographes français, souvent la tendance très américaine de « sur-traiter » les images, en particulier en accentuant fortement le contraste et en boostant la saturation des couleurs… On parle d’ailleurs souvent entre nous de « traitement à l’américaine » de manière péjorative (même si cette manière de traiter n’a rien de spécifique aux américains et est loin de concerner tous les astrophotographes américains, fort heureusement !).
La difficulté est que, même si l’on apprécie pas cette manière de traiter, les images que l’on propose dans le cadre d’un tel concours vont forcément se retrouver en compétition avec d’autres images traitées de la sorte.
Et bien qu’ont puisse légitimement déplorer un certain manque de subtilité dans ces « traitements à l’américaine« , le fait est que ceux-ci bénéficient souvent d’un « effet whaou » au premier coup d’œil !
Et les images traitées de manière plus « classique » font parfois pâle figure en première comparaison… Et qu’en penseront les membres du jury, surtout si ceux-ci sont majoritairement anglo-saxons et plus habitués aux images très saturées ?
Se pose dès lors la question de savoir s’il faut céder à une telle orientation de traitement, ou rester fidèle à ses convictions et à ses goûts personnels. Pour ma part, j’ai retenu cette seconde option et je conserve la même ligne directrice depuis dans tous les concours auxquels je participe. Mais en toute franchise, j’ai aussi été tenté d’accentuer la saturation un peu plus que de coutume sur cette image !
Faut-il traiter une image pour qu’elle plaise en priorité à nous-même ou aux autres ? Dans le cadre d’un concours, la réponse n’a rien d’évident et il faut parfois essayer de trouver un compromis entre ces deux extrêmes, afin de satisfaire les attentes du jury sans pour autant renier ses goûts personnels.
Ayant remporté plusieurs concours de ce genre, mon avis est qu’au final il est préférable de proposer une image qui nous plaise vraiment, en faisant abstraction de ces distractions, et en faisant confiance au jugement des membres du jury notamment pour ne pas s’arrêter sur une première impression de l’image et d’aller regarder l’image au-delà d’un éventuel « effet whaou » souvent éphémère.
Matériel :
ASA 20″ Astrograph (f/3,9)
ASA DDM85
FLI PL16803 (-30°)
Filtres Astrodon SHO 3nm
Pixinsight – Photoshop
Date(s) de prise de vue : 15 & 18 nov. 2018, 10 déc. 2018
Acquisition :
L : 60 x 600s bin1
R : 26 x 300s bin2
G : 22 x 300s bin2
B : 26 x 300s bin2
Ha : 35 x 1200s bin1
Intégration totale : 28h
Si vous vous posez la question : non, je n’ai pas gagné ce concours ! 🙂
[mode mauvaise foi = on] Même si mon image était – en toute objectivité – la meilleure et que certains membres du jury m’ont informé qu’elle faisait partie de la « short list » finale, le premier prix de 1000 crédits m’a échappé… la faute sans doute à des juges pas assez qualifiés pour apprécier la qualité de mon traitement, du favoritisme, ou encore de sombres histoires de pot-de-vin… le monde de l’astrophoto est sans pitié ! 🙂 [mode mauvaise foi = off]
Plus sérieusement, plus de 75 astrophotographes très talentueux y ont participé, avec des versions parfois très proches ou très différentes en terme de rendu final et ce, même si les acquisitions en LRGB-Ha limitaient quelque peu la marge de manœuvre au traitement puisqu’il n’y a pas une infinité de manières différentes d’assembler ces différentes couches.
Beaucoup de très belles versions ont été proposées, et je n’aurais pas aimé être à la place des juges car certaines sont difficiles à départager ! Je vous invite d’ailleurs à consulter cette galerie afin de vous rendre compte des subtils différences que l’on peut obtenir sur une image finale en partant des mêmes brutes.
Le choix final s’est fait sur la base de plusieurs critères tels que l’équilibre d’ensemble, la couleur et l’aspect des étoiles, l’effet de volume dans les nébuleuses, la calibration des couleurs, le fond de ciel, la gestion du bruit, etc.
Pour ce qui concerne mon image, ce sont les halos qui m’ont fortement pénalisé : ceux-ci sont beaucoup trop prononcés et leur couleur bleuté tranche trop avec le rouge des nébulosités en arrière-plan. Il serait intéressant que je reprenne le traitement de cette image puisqu’aujourd’hui je pourrai la traiter partiellement en starless et ainsi limiter ce souci de halos trop présents, ce qui n’était pas possible à l’époque. Et aussi, juste pour le plaisir de traiter des brutes aussi qualitatives !
L’image manque peut-être également de contraste, ce qui se traduit par une sorte de « voile » qui nuit à la dynamique de l’ensemble.
Par rapport à la voisine nébuleuse d’Orion, le complexe NGC 2264 présente l’avantage de passer un peu plus haut dans le ciel (au-dessus des 50° depuis la majorité de la France métropolitaine), ce qui est une bonne chose compte-tenu de sa luminosité bien plus faible.
Elle est observable dans de bonnes conditions entre la mi-novembre et la mi-février (et au mieux en décembre et janvier) ; l’idéal étant bien sûr de profiter des plus longues nuits d’hiver pour prolonger les poses en privilégiant les heures proches de son passage au méridien : cela permettra de bénéficier d’une meilleure transparence, mais aussi de moins de turbulences.
Si l’on souhaite saisir l’ensemble de la région de NGC 2264 en une seule prise (sans la nébuleuse de la Rosette), la principale difficulté est la taille très importante de celle-ci, qui s’étend sur plus de 3° !
Il faut alors disposer d’un champ photo assez grand : avec un capteur au format APS-H (intermédiaire entre l’APS-C et le plein format), une focale de 300mm est déjà une limite à ne pas dépasser, sous peine de se priver de certaines nébulosités intéressantes en périphérie. Gardez également à l’esprit que la mise en valeur de la nébuleuse sur l’image finale passe également par le contraste proposé avec le fond de ciel environnant.
Les possesseurs de capteurs de plus grand format seront bien sûr avantagés sur ce point, de même que les heureux propriétaires d’astrographes très ouverts et de faible focale (typiquement une FSQ-85), accompagnés le cas échéant de leur réducteur de focale dédié.
A défaut, ou si vous souhaitez également intégrer la nébuleuse de la Rosette dans le champ, il est impératif de troquer son setup habituel pour un téléobjectif photo (typiquement 100mm ou 135mm) pour bénéficier d’une vue plus large… ou de réaliser une mosaïque. Attention à la planéité sur l’ensemble du champ (tilt, coma…) afin de conserver des étoiles ponctuelles jusque dans les coins, ce qui impose une excellente optique avec un capteur qui dépasse le format APS-C.
Si sur ce type de cibles du ciel profond, c’est le plus souvent avant tout la transparence qui prime, la turbulence n’est pas à négliger pour cet objet : en effet, si le complexe est très étendu, les nébuleuses du Cône et de la fourrure du Renard sont, en elles-mêmes, beaucoup plus réduites (puisqu’elles peuvent tenir dans un champ d’environ 60′ x 30′) et de nombreux détails peuvent être capturés…
Ainsi, il est possible d’effectuer une vue rapprochée de ces deux nébuleuses avec un capteur au format APS-C au foyer d’un C8 avec un réducteur de focale (soit jusqu’à 1400mm de focale). Et bien sûr, avec une focale plus importante, vous pouvez réaliser une véritable « plongée » au cœur de ces nébuleuses afin de capturer de fascinants détails, notamment sur le « cône » lui-même.
La seconde difficulté est la luminosité relativement faible de cette nébuleuse (encore que la généralisation des capteurs CMOS très sensibles et à faible bruit de lecture conduit actuellement à réviser certaines appréciations traditionnelles quant à la « faible luminosité » de certains objets). Même avec une caméra très sensible, cette région reste cependant assez faible et suppose donc un bon temps de pose.
Dans tous les cas, quelle que soit votre caméra et vos choix d’acquisition, un ciel de bonne qualité, transparent et faiblement affecté par la pollution lumineuse sera toujours un avantage ; en particulier pour mettre en valeur les nébulosités les plus faibles qui se détachent à peine du fond de ciel. Le recours à des filtres UHC (en particulier pour des acquisitions réalisées avec une caméra couleur) est quasiment obligatoire.
Si vous privilégiez des acquisitions en LRGB (ou en RHaGB), la nébuleuse ressortira avec un aspect globalement rouge, en raison de la prédominance du signal Ha, mais la présence des nébulosités par réflexion entre les deux nébuleuses amène une dose bienvenue de bleu ; avec un contraste entre ces zones très intéressant à mettre en valeur lors du traitement.
Sur de telles nébuleuses majoritairement en émission, les acquisitions narrowband (SHO ou HOO) sont souvent privilégiées et permettent d’obtenir des palettes de couleurs beaucoup plus riches et variées que les simples couches RGB. Toutefois, pour certaines nébuleuses en émission, leurs couleurs naturelles sont tellement belles qu’il est bien compliqué pour la « palette Hubble » (SHO) de rivaliser ! C’est le cas par exemple de la nébuleuse d’Orion, ou encore de la nébuleuse du Trèfle… mais aussi des nébuleuses du Cône et de la fourrure de Renard, dont les images RGB – agrémentées de Ha – sont nettement plus « agréables » à regarder que leurs versions SHO, à forte dominante verte et jaune et où toute la zone de la nébuleuse par réflexion bleutée disparait.
Les versions HOO sont sur ce point plus proches des images RGB – le rouge étant là aussi prédominant – mais les nébuleuses bleutées ressortent bien moins que sur les images RGB.
Une fois n’est pas coutume, c’est donc le RGB + Ha qui est recommandé sur cet objet, du moins s’il s’agit de votre première visite…
Si vous faites le choix d’acquisitions en narrowband, l’utilisation de filtres très sélectifs (entre 3nm et 6nm) vous permettra dans une certaine mesure de faire abstraction de la pollution lumineuse et de la présence de la Lune… mais attention, cela est surtout vrai pour le filtre Ha ! Pour les filtres OIII et SII, mieux vaut prévoir des acquisitions avec une Lune à moins de 50% : à défaut, vous constaterez une dégradation du signal et devrez en plus gérer des gradients variables (en particulier avec le filtre OIII).
A noter qu’avec l’apparition des nouveaux filtres multiband (dual-band ou tri-band…), les acquisitions en narrowband ne sont plus exclusivement réservés aux caméras monochrome : il est possible d’obtenir également des résultats intéressants avec des caméras couleur. Le résultat sera certes moins « fin » qu’avec une caméra monochrome (avec en prime une délicate opération d’extraction des couches lors du traitement, notamment l’éventuelle couche SII, ainsi que de mixage des couleurs ensuite), mais ce procédé est tout à fait réalisable s’il est bien maitrisé. Compte-tenu de ce qui a été expliqué ci-dessus sur les différences entre les résultats RGB et SHO/HOO sur cet objet, un tel choix ne semble toutefois pas à privilégier en première intention avec un capteur couleur, ou alors plutôt en complément d’un filtre UHC.
Dans le cas d’une image narrowband, pensez également à consacrer quelques séries de poses plus courtes en RGB afin de redonner aux étoiles leurs belles couleurs naturelles sur l’image finale.
Il est également possible de combiner une image RGB classique à une image narrowband afin de rehausser les couleurs de la nébuleuse ou de leur conférer une teinte plus « naturelle » ; cette opération peut s’avérer assez intéressante dans le cas de cette cible, dont la palette SHO n’est souvent pas des plus esthétiques…
Les images réalisées à longue focale pour aller débusquer les petits détails dans la nébuleuse du Cône restent assez rares… il faut en effet disposer d’un instrument combinant une focale importante et une grande luminosité compte-tenu de la faiblesse du signal. Compte-tenu de la durée des poses, un suivi irréprochable est indispensable. Cela réserve donc ce type de « plongée » aux amateurs les mieux équipés… à condition toutefois de disposer d’un ciel suffisamment qualitatif pour permettre de capturer les détails avec une finesse suffisante.
Mais, à la clé, on s’assure de réaliser une image qui sort largement des sentiers battus sur cet objet !
Contrairement à sa proche voisine la nébuleuse de la Rosette, ce complexe – que ce soit la nébuleuse du Cône ou la « fourrure de Renard » – n’est pas des plus simples à traiter ; en particulier en raison de la faiblesse du signal et du fait que certaines extensions parmi les plus ténues ne s’écartent que peu du niveau du fond de ciel.
Naturellement, si vous avez consacré un temps conséquent aux acquisitions et que vous avez la chance de bénéficier d’un ciel de qualité (le plus noir possible), cela ne fera que rendre le traitement plus simple par la suite ! Mais dans tous les cas, que ce soit en LRGB, en SHO ou en Ha-RGB, le traitement va poser certaines difficultés spécifiques.
Ainsi, en LRGB (sans addition d’une couche Ha), ce sera la faiblesse du signal qui sera la plus problématique lors du traitement. Dans le cas d’une image HOO ou SHO, c’est surtout le mixage des couches pour obtenir une calibration des couleurs satisfaisante qui sera plus sensible (ces objets se prêtant assez mal à un mixage SHO classique). Enfin, dans le cas d’une image LRGB « boostée » avec une couche Ha, un équilibre délicat sera à trouver entre l’augmentation du signal dans les zones de nébulosités et l’aspect des halos des étoiles brillantes et colorées (et en particulier des grosses étoiles bleues dont la couleur vient trancher radicalement avec les nébulosités rouges, ce qui peut entrainer des zones de transition trop marquées).
Signalons tout de suite que, sur un tel objet, il sera très compliqué d’espérer obtenir un résultat pleinement satisfaisant sans avoir au minimum réalisé une couche Ha… La comparaison ci-dessous entre l’image Ha et l’image de Luminance parle d’elle-même !
On remarque immédiatement que les nébulosités sont bien plus visibles sur la couche Ha, d’une part en raison de la plus grande sélectivité du filtre et, d’autre part, en raison de la présence nettement moins marquées des étoiles. A tel point qu’on peut légitimement s’interroger sur la nécessité de réaliser une image de Luminance…
Pour répondre à cette question, il faut s’interroger sur le type d’image que vous souhaitez obtenir au final.
Un mixage Ha-RHaGB donnera une image globalement plus contrastée avec des étoiles moins présentes, tandis qu’une image incluant une couche de Luminance permettra d’obtenir une image plus « douce » avec notamment la possibilité de remonter le niveau du fond de ciel sans craindre un bruit excessif… mais au détriment de la taille des étoiles.
Notez également que l’assemblage sera un peu plus compliqué avec une couche de Luminance, puisqu’il faudra à la fois mixer les images L et Ha pour réaliser la luminance finale, et mixer d’autre part les couches Ha et R pour l’image couleurs.
L’assemblage avec une couche Luminance et une couche Ha peut aussi poser un souci lors de la calibration des couleurs, avec des zones Ha sur lesquelles il est plus difficile de conserver une belle couleur rouge bien prononcée et le risque d’obtenir une teinte « saumon » moins agréable.
Il n’y a donc pas de vérité absolue en la matière ; à chacun de se faire une idée de ses besoins en fonction de ses objectifs et de ses préférences ! Personnellement, j’aurais tendance à recommander de faire tout de même une couche de Luminance, sous réserve : 1/ que la qualité de celle-ci ne vienne pas diminuer la qualité globale de l’image (la couche de Luminance étant la plus sensible à la qualité du ciel, aux gradients, etc.) et 2/ que le « poids » de celle-ci dans l’image finale ne soit pas supérieur à celui de l’image Ha. Autrement dit, la couche de Luminance va plus avoir pour fonction de venir corriger les défauts de l’image Ha plutôt que (paradoxalement) de servir de base principale à la luminance composite.
N’ayant pas moi-même déjà eu à traiter cette nébuleuse en SHO ou en HOO, je me garderai ici de donner des conseils trop précis sur ce traitement particulier sur cet objet… Je me limiterai donc essentiellement au RGB assorti d’une couche Ha et éventuellement d’une couche de Luminance et je compléterai plus tard le cas échéant pour le SHO ! 🙂
Pour des conseils de traitement spécifiques au SHO, vous pouvez malgré tout trouver des sources d’inspiration dans les autres fiches-astro dédiées aux nébuleuses de nature similaire, par exemple celle consacrée à la nébuleuse de l’âme.
Création d’une luminance composite L-Ha
Si vous avez réalisé une couche Luminance et une couche Ha, il est recommandé de mixer ces deux couches pour créer une image de luminance composite. L’objectif est ici de mélanger les couches pour rehausser nettement le signal des nébulosités (surtout présent sur la couche Ha), tout en améliorant le rapport signal sur bruit du fond de ciel et en conservant un aspect naturel aux étoiles.
Pour réaliser cette combinaison, le plus simple est de recourir au script SHO-AIP, qui propose un module de création de luminance très efficace avec lequel il est possible de régler l’ordre des images, leur pondération et le mode de combinaison (normal, éclaircir, assombrir…). La combinaison est également possible avec le process PixelMath mais est souvent plus compliquée…
Une méthode assez efficace pour la plupart des images est de placer l’image Ha comme image de base (puisque c’est elle qui va constituer le support principal de la luminance composite, dans la mesure où elle contient le plus de signal sur les nébulosités ainsi que les meilleurs détails). L’image de Luminance va être placée en seconde position et il suffit ensuite de les combiner en mode « éclaircir » ou « screen » puis de jouer sur la valeur du % de l’image L.
Attention, si vous avez recours au mode « screen », celui-ci correspond au mode « normal » dans Photoshop : il faut donc veiller à mixer les % des deux couches sans dépasser un total de 100%, sous peine de saturer certaines étoiles et éventuellement certaines nébulosités.
Vous pouvez également utiliser le mode « assombrir » (darken) en plaçant cette fois la Luminance en première image et la couche Ha en seconde image, et en jouant ici encore sur la valeur du % de la couche Ha. Attention dans ce cas à l’aspect et à la luminosité des étoiles…
De manière générale, il est recommandé pour obtenir un résultat le plus fin possible de réaliser ce mixage avec les images en mode linéaire ; mais si vous n’y arrivez pas, un mixage après la montée d’histogramme peut se révéler plus simple.
Avec les nouveaux process de starless, qui donnent de bons résultats y compris en mode linéaire, il est également possible de raffiner cette technique en procédant à un mixage des deux images L et Ha en mode starless, puis de réintroduire ensuite les étoiles d’une seule des deux couches (celles de la Ha seront plus fines) ou de réaliser un mixage séparé des étoiles à réintroduire ensuite sur la luminance composite. Dans ce cas, le mixage en mode linéaire est à privilégier pour éviter les artefacts et halos qui risquent d’apparaître en cas de recombinaison des images avec des % de mixage différents. Pour faciliter le mixage sans tomber dans la solution « brutale » du retrait total d’étoiles, procéder à une réduction d’étoiles sur la seule couche L peut aussi être recommandé.
Le mixage des couches RGB et Ha
Le préalable pour cette étape est évidemment de disposer d’une image RGB correctement assemblée et calibrée. Notez que le process PhotometricColorCalibration (PCC) de Pixinsight donne de bons résultats sur ce champ. Inutile de chercher à saturer à l’excès l’image RGB, puisque l’ajout de la couche Ha va venir renforcer la couche rouge.
L’image Ha destinée à renforcer la couche RGB peut être la même que celle utilisée pour le mix avec la Luminance, surtout si vous procédez au mixage en mode linéaire. En mode non-linéaire, il est également possible de réaliser deux versions de la couche Ha (une pour le mixage avec la Luminance, une autre pour le mixage avec la couche RGB en retenant notamment une montée d’histogramme différente, en utilisant par exemple MaskedStretch et en procédant à une réduction plus appuyée du bruit).
Pour la couche RGB comme pour la couche Ha, les détails ne sont pas importants : vous pouvez donc sans crainte forcer davantage sur la réduction de bruit.
L’assemblage peut là aussi s’effectuer de deux manière différentes, soit avec le script HaRVB-AIP, soit avec PixelMath. Dans le cas présent, l’assemblage avec le script HaRVB-AIP en mode linéaire est de loin le plus simple. Ici encore, ce mix peut se faire sur les versions starless des deux images, avec réintroduction immédiate des étoiles de la couche RGB.
L’essentiel à ce stade est d’obtenir après mixage un signal rouge bien visible sur les zones de nébulosités en émission ; sans modification excessive des zones de nébulosités en réflexion. La sursaturation de la nébuleuse est quasiment inévitable mais n’est pas problématique car cet aspect sera automatiquement atténué après l’assemblage en L-RGB et peut dans tous les cas être corrigé par la suite.
Si le mix est particulièrement difficile à réaliser, il ne faut pas hésiter à jouer sur le curseur « % de la couche Ha dans la couche R » dans le script AIP. La valeur par défaut de 30% peut ne pas être suffisante en fonction de vos images (surtout en mode linéaire).
Pour en savoir plus sur l’assemblage de la couche Ha avec l’image RGB, vous pouvez consulter le tutoriel détaillé sur cet aspect.
Montée d’histogramme
En ce qui concerne la montée d’histogramme, l’utilisation d’une fonction telle que MaskedStretch donnera en général de bons résultats, tant pour l’image de Luminance que pour l’image R(Ha)GB. Ce type de process permet de mettre en valeur les zones de nébulosités les plus ténues sans saturer les zones les plus lumineuses de l’image. Attention cependant à l’aspect des étoiles lors de l’utilisation de ce process – sauf à procéder à une montée d’histogramme sur une image starless et à réintroduire les étoiles ensuite (ce qui est largement déconseillé pour les débutants et réservé à des utilisateurs avancés capables de bien maitriser ce mixage de deux images avec des montées d’histogrammes différentes).
Attention également si, comme dans l’image présentée ici, votre champ ne contient aucune véritable zone de « fond de ciel » : le paramétrage correct de la fonction MaskedStretch peut s’avérer difficile, en l’absence de référence pour la fixation du point noir de l’image (avec, à la clé, des résultats peu convaincants, trop lumineux ou trop sombres, ou manquant de dynamique…). A défaut de mieux dans ce cas, une petite zone dans les bandes de poussières peut servir de référence fiable.
Si la dynamique de l’image via ce process ne vous convient pas, une montée classique (logarithme + montée) est tout à fait envisageable avec de bons résultats.
Il est également possible de mixer les deux versions MaskedStretch et montée d’histogramme classique avec le process PixelMath ; en attribuant si besoin des coefficients différends aux deux images.
Concernant le niveau de fond de ciel, celui-ci peut être rehaussé (autour de 30/35) en cas d’image resserrée n’incluant aucune zone de « pur » fond de ciel (comme sur l’image présentée ici), afin de mettre en valeur le maximum de signal dans les extensions les plus ténues. Dans le cas d’un plan plus global (incluant du « pur » fond de ciel), il sera sans doute préférable d’accentuer un peu plus les contrastes, en laissant le fond de ciel à des valeurs habituellement assez basses (autour de 20/25). Dans tous les vas, les valeurs les plus basses sont à réserver pour les zones les plus sombres des bandes de poussière, afin d’assurer un contraste optimal à l’image.
Rehaussement des détails
Pour finaliser l’image, il est recommandé de rehausser localement les nombreux détails différents dans la nébuleuse (notamment dans la zone du Cône, de la fourrure du Renard et dans les différentes bandes de poussières). Ces traitement s’appliquent dans tous les cas sur l’image de luminance.
Il est possible de pousser un peu les détails dans les zones les plus brillantes de la nébuleuse qui présentent un rapport signal sur bruit plus satisfaisant. Il est donc recommander de travailler sur les zones concernées en les isolant au moyen de masques adaptés, afin de localiser les traitements appliqués. Un renforcement des détails, que ce soit sous Pixinsight avec la fonction HDRMultiscaleTransform, ou sous Photoshop au moyen de la fonction d’AstroTools Local Contrast Enhancement, peut donner des résultats intéressants.
Un renforcement des zones sombres (bandes de poussières) avec le process DarkStructureEnhance (DSE) sous Pixinsight donne en général de bons résultats. Attention cependant à ne pas pousser trop fort ces accentuations, au risque de perdre des détails dans ces zones (dégradés de luminosité) et de rapidement donner à l’image un aspect artificiel ou « sur-traité »… L’augmentation du contraste passe souvent par un abaissement de la luminosité dans les zones sombres, ce qui peut être destructeur pour les détails en lissant des zones plus ou moins étendue : appliquez de préférence ce traitement en utilisant un masque pour pouvoir réduire l’intensité du traitement par défaut.
Pour en savoir plus sur la mise en œuvre de ces différents process de rehaussement de détails, je vous invite à consulter le tutoriel dédié à HDRMT, ainsi que le tutoriel plus général consacré à l’amélioration des détails avec Pixinsight, ainsi que le tutoriel spécifique à Photoshop le cas échéant.
A noter que le nouveau process BlurXTerminator, développé par Russel Croman, semble également donner de bons résultats s’il est utilisé correctement (c’est à dire sans forcer les paramètres à l’excès et en l’appliquant de manière localisée avec un masque). Ce process se propose d’effectuer en une seule passe les opérations de correction et de réduction des étoiles (et des halos de manière distincte) ainsi que le renforcement des détails sur les objets ; une sorte de « super-déconvolution » permettant d’aller plus loin que le rehaussement classique de détails sans tomber dans la création artificielle de détails comme avec Topaz… Ce process étant très récent, il faut encore le tester avec minutie et attendre les retours variés de la communauté pour se faire une idée plus précise de ses avantages et de ses inconvénients, mais un traitement rapide de l’image Ha en mode linéaire laisse présager des résultats intéressants :
Un article dédié à ce process, qui se présente sérieusement comme un « game changer » dans le traitement astrophoto, sera prochainement publié sur le site !
Cette image est l’une des rares présentées au sein de ces fiches-astro pour lesquelles je n’ai absolument pas pris part, à un quelconque moment, aux acquisitions : ni pour le cadrage, ni pour le temps de pose, ni pour la sélection des filtres utilisés. Je n’ai fait que traiter des données mises à disposition par Chilescope dans le cadre d’un concours.
Aussi, il m’est difficile de considérer qu’il s’agit de « mon » image : il s’agit uniquement de « ma version de traitement » de ces données.
Cela n’empêche bien sûr pas de regarder le résultat avec un œil critique et, en la revoyant, les défauts ne manquent pas : étoiles mal gérées, halos trop présent, manque de dynamisme global, couleurs un peu délavées… Aussi, je suis tenté d’y revenir pour une seconde version en essayant de mieux gérer ces différents aspects ; en utilisant notamment tous les différents outils et process qui n’existaient pas à l’époque (starless, BXT…).
Si j’ai l’occasion de pouvoir réaliser une image de cette zone avec mon propre matériel, je serais plutôt tenté par une mosaïque afin de bénéficier d’un champ large permettant d’inclure l’ensemble des nébulosités de ce complexe… et pourquoi pas jusqu’à la nébuleuse de la Rosette. Un programme (trop ?) ambitieux puisque depuis une dizaine d’années maintenant, je n’ai pas encore trouvé l’occasion de faire l’une ou l’autre de ces nébuleuses ! 🙂
Si l’espace commentaires n’est pas accessible, consultez le guide pratique pour y remédier !
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