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Popularité : |
Nom : Cederbald 214 – NGC 7822 – Sh2-171
Type : Nébuleuse en émission
Distance : ~3000 AL
Taille : 100′ (90 AL)
Magnitude : 6,5
Meilleure période d’observation : Automne
Cederblad 214 est une superbe et étendue nébuleuse par émission, située dans la constellation de Céphée.
Située à environ 3000 années-lumière, elle s’étend sur environ 90 années-lumière, d’où une taille apparente importante.
Il s’agit d’une zone active de création d’étoiles. Certaines de ces jeunes étoiles sont très lumineuses ; au sein de cette nébuleuse se trouve ainsi l’étoile la plus chaude découverte à moins de 1 kiloparsec (3600 années-lumière) de la Terre, BD+66 1673, dont la température de surface dépasse les 45 000 degrés et dont luminosité équivaut à 100 000 fois celle du Soleil.
Le rayonnement intense de cette étoile est en grande partie responsable de l’ionisation du nuage de gaz qui constitue la nébuleuse. Des dizaines d’autres étoiles contribuent cependant à illuminer le nuage alentour.
De nombreux amas ouverts sont ainsi visibles à proximité de NGC 7822, tels que Berkeley 59 (en haut à gauche de l’image), NGC 7762 (en haut vers le centre) ainsi que dans la région centrale de Sh2-171 (qui désigne plus spécifiquement la nébuleuse sur la droite de l’image).
La région Sh2-171 (ou Cederblad 214) contient de nombreuses nébuleuses obscures, ainsi que des « piliers » de gaz en effondrement, qui donnent naissance à de nombreuses étoiles ; très semblables aux fameux « piliers de la création » qu’il est possible d’observer dans la nébuleuse de l’Aigle (M16).
Cette image a été réalisée avec une lunette 66/400 et un APN défiltré « Astrodon », en novembre 2015. Il s’agit de l’une de mes dernières images réalisées avec ce setup.
Les acquisitions ont été réalisées depuis une petite ville de Charente-Maritime, dans des conditions pas vraiment idéales, sous un ciel affecté par la pollution lumineuse et moyennement transparent. Par ailleurs, l’arrivée de la Lune a limité le temps de pose à un peu moins de 3 heures. Un filtre Baader Neodynium a été utilisé pour diminuer l’effet de la pollution lumineuse ; d’autant plus important que j’avais pour la première fois porté les poses unitaires de 5 à 10 minutes en raison de la faible luminosité de surface de la nébuleuse.
Une fois la Lune levée, les poses ont été arrêtées, le fond de ciel montant très rapidement et masquant les nébulosités les plus faibles…
La lunette était équipée d’un correcteur de champ, mais comme on le voit sur l’image celui-ci ne remplit pas totalement son rôle (les étoiles ne sont pas ponctuelles dans les coins). Deux causes possibles : soit la qualité optique de la combinaison lunette/correcteur ne permet pas une correction parfaite sur l’ensemble du champ, soit la distance optimale entre le correcteur et le capteur n’est pas respectée.
La mauvaise transparence du ciel cette nuit-là se remarque aussi à l’aspect des plus grosses étoiles, qui présentent un embonpoint anormal provoqué par de légers voiles d’altitude.
Matériel :
APO 66/400
AZEQ6 via EQmod
Canon 1100D Astrodon (800iso)
Guidage : lunette-guide 9×50 et PLA-MX
Fitre : Orion Skyglow
Pixinsight
Acquisition :
17 x 600s
Intégration totale : 2h50
Date(s) de prise de vue : 31 octobre 2015
Le complexe de nébuleuse NGC 7822 et Cederblad 214 est très étendu : comme le montre l’image présentée, les nébulosités rentrent tout juste dans le champ offert par un capteur APS-C et 400mm de focale.
Un plus grand champ aurait permis (moyennant un temps de pose plus long) d’y inclure plus de nébuleuses ténues, notamment une petite nébuleuse plus au nord (à droite de l’image).
Il est donc recommandé d’utiliser une focale courte, assortie d’un réducteur, voire de troquer son optique habituelle pour un téléobjectif photo de bonne qualité afin de conserver des étoiles ponctuelles sur tout le champ. Un capteur 24×36 donne évidemment un avantage indéniable sur ce point, en autorisant des focales plus importantes (à condition bien sûr que l’optique suive…).
Compte-tenu de la faible luminosité de surface de cette nébuleuse, il est recommandé de privilégier une nuit bien transparente. La présence de voiles d’altitude ou d’humidité dans l’air diminue la détection de la nébuleuse, tout en augmentant la taille des étoiles. Des conditions idéales ne sont toutefois pas évidentes à réunir en automne, qui est la meilleure période pour photographier cette nébuleuse…
Comme toujours, un ciel dépourvu de pollution lumineuse est un avantage ; mais encore plus sur ce type d’objets étendus et faiblement lumineux où les longs temps de pose sont de mise. Un ciel modérément pollué peut toutefois convenir, moyennant l’utilisation d’un filtre UHC adapté et une augmentation des temps de pose unitaires.
Prévoyez également, si le ciel et votre matériel le permettent, d’augmenter les temps de pose unitaires. Par exemple, si vous faites habituellement des poses de 5 minutes, tentez de monter à 10 minutes sur cette cible. Un temps de pose unitaire plus long facilitera la mise en valeur des nébuleuses au final ; sous réserve cependant de conserver un nombre d’images brutes suffisamment élevé.
Cette nébuleuse peut être imagée aussi bien en RGB qu’en SHO. En RGB, l’ensemble de la nébuleuse ressortira sous une forte dominante rouge, avec des teintes assez peu distinctes. Il est donc recommandé de soigner la couche couleur avec une caméra monochrome, en consacrant un temps satisfaisant à l’ensemble des trois couches RGB. Une couche Ha peut remplacer avantageusement une luminance classique.
En SHO, il sera possible de mettre en évidence beaucoup plus de détails qu’en RGB, en particulier dans la zone des piliers de matière au centre de Cederblad214. La palette de couleurs est par ailleurs bien plus riche en SHO qu’en RGB.
Cette nébuleuse est souvent imagée dans son ensemble. Toutefois, avec une focale plus importante, il est possible d’effectuer une plongée au centre de Cederblad214, sur la zone des piliers de matière qui présentent de magnifiques détails. Cette plongée prendra tout son sens en SHO, qui permettra d’augmenter considérablement le contraste et les détails par rapport à une version RGB.
Sur cette nébuleuse, un traitement très classique donnera de bons résultats.
Dans la mesure où les nébulosités sont assez uniformes et peu lumineuses, une montée d’histogramme avancée, au moyen de la fonction MaskedStretch, peut être recommandée sur la couche Luminance, en prenant garde toutefois à conserver une dynamique correcte. Si la dynamique de l’image est trop réduite, une montée classique (logarithme + montée) peut être réalisée. Il est également possible de mixer les deux versions avec le process PixelMath ; en attribuant si besoin des coefficients différends aux deux images.
Une difficulté lors de la montée d’histogramme (en particulier en cas d’utilisation de la fonction MaskedStretch) peut être de déterminer une zone de référence du fond de ciel, car les faibles nébulosités sont très présentes dans le champ. Vous pouvez donc assez rapidement vous retrouver avec une image sans aucune zone de pur « fond de ciel ». A défaut de mieux, une petite zone dans les bandes noires de la partie centrale de Cederblad214 peut servir de référence fiable.
La difficulté de déterminer une zone de référence peut également rendre complexe la calibration des couleurs et la neutralisation du fond de ciel, ainsi que la création de masques pour les traitements localisés sur la nébuleuse. Selon le rapport signal sur bruit de votre image, il peut même être délicat dans certaines zones de déterminer si celles-ci contiennent un faible signal ou du bruit ; le risque étant alors de traiter comme du signal ce qui n’est que du bruit, et donc « d’inventer » du signal là où il n’y en a pas ! Dans le doute, je vous recommande de vérifier sur quelques images de référence réalisées avec un temps de pose conséquent ; en sachant qu’il est toujours préférable de ne pas tirer outre mesure sur les curseurs plutôt que de mettre en valeur un signal imaginaire.
Une autre difficulté est la grande densité d’étoiles assez faibles dans le champ. Il est donc recommandé de pratiquer une réduction d’étoiles afin de mieux mettre en valeur la nébuleuse. Attention cependant, dans la mesure où les étoiles sont, de base, assez faibles et fines, il est nécessaire de réaliser cette réduction avec parcimonie ; faute de quoi l’aspect des étoiles peut se retrouver trop altéré et prendre la forme d’artefacts étranges. Il est également nécessaire de conserver aux faibles amas ouverts un aspect intact.
La mise en valeur des nuages obscures au centre de Cederblad214 peut être réalisée au moyen d’un masque localisé, en utilisant la fonction RangeSelection.
Un traitement spécifique peut également être appliqué sur les étoiles, afin de mettre en valeur leur belles couleurs très variées dans cette zone. La création d’un masque d’étoiles est alors nécessaire pour appliquer les traitements (saturation notamment) de manière localisée.
Ce serait sur le même champ, en SHO, avec un temps de pose beaucoup plus long. Cette version RGB permettrait de récupérer la couleur des étoiles.
Avec la TSA102 et la CCD, ou avec une focale plus conséquente, une plongée sur les piliers très contrastés au centre de la nébuleuse, en SHO, présenterait également beaucoup d’intérêt. En effet, de façon assez curieuse, il n’existe pas beaucoup d’images détaillée de la zone centrale de Cederblad214…
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