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Nom : NGC 891 – Caldwell 23
Type : Galaxie spirale
Distance : 27 millions AL
Taille : 13,5′ x 2,5′ (~100 000 AL)
Magnitude : 10,8
Meilleure période d’observation : Automne
NGC 891 est, avec NGC 4565, l’un des plus beaux spécimens de galaxie spirale vue parfaitement par la tranche. Elle a été découverte par William Herschel en 1784.
Située à environ 30 millions d’années-lumière, dans la constellation d’Andromède, NGC 891 constitue probablement une bonne illustration de ce à quoi doit ressembler notre propre galaxie vue par la tranche. Il a d’ailleurs été noté la forte ressemblance entre l’aspect de la bande d’absorption centrale de NGC 891 et l’aspect visuel de la Voie Lactée observée depuis l’hémisphère sud. NGC 891 est d’ailleurs de taille et de luminosité comparables avec notre galaxie.
NGC 891 fait partie d’un petit groupe local de galaxies, dont la galaxie dominante est NGC 1023 (située dans la constellation de Persée); lui-même faisant partie, comme notre galaxie, du super amas de la Vierge.
Bien que la structure de NGC 891 semble d’apparence stable, certaines études ont mis en évidence la présence d’un large halo d’étoiles autour de cette galaxie, dans un rayon de 40kpc, avec de nombreux courants de matière très faiblement lumineux. Ce phénomène est interprété comme la trace de l’absorption par NGC 891 d’une petite galaxie satellite.
NGC 891 présente également un noyau actif avec un puissant jet d’onde radio, indice habituel d’un trou noir super massif en son centre.
Mais l’intérêt principal de NGC 891 reste la visibilité de son impressionnante bande d’absorption centrale, qui semble couper la galaxie en deux. Cette bande centrale est essentiellement composée de poussières, qui s’étendent sous la forme de longs filaments de plusieurs centaines d’années-lumière de part et d’autre de la tranche. On suppose que ces filaments correspondent à des éjections de matière sous l’effet de pression des explosions successives de supernovae au sein du disque de la galaxie.
Ci-dessous une impressionnante « plongée » dans cette galaxie, par le télescope spatial Hubble :
Cette image a été réalisée à la fin de l’été 2017, avec un télescope Schmidt-Cassegrain de 203mm équipé d’un réducteur de focale à f/6,4, et une caméra CCD AtikOne6.
Le Schmidt-Cassegrain en question est mon premier télescope, qui m’a été offert par mes parents en 1996. Malheureusement, après quelques années sans être utilisé, celui-ci n’est plus en excellent état. Au cours d’une séance de collimation, le miroir secondaire a tourné dans son support, et n’est dès lors plus appairé avec le miroir primaire. Les défauts optiques sont donc très présents, et il n’est plus possible de le collimater correctement.
J’ai tout de même entrepris une séance de test pour voir ce que donnait sa combinaison avec la caméra CCD ; ce qui explique le temps de pose limité.
Sans surprise, on retrouve les défauts habituels des Schmidt-Cassegrain (coma, courbure de champ…) mais augmentés d’une absence de collimation qui limite la résolution de l’image, y compris sur l’axe optique. La présente image a donc du subir un « crop » assez important. Ce recadrage permet à l’image de rester présentable, mais le résultat est sans doute très éloigné de ce qui aurait été possible avec un instrument parfaitement réglé…
A défaut de pouvoir obtenir des détails très fins dans la galaxie, je me suis attaché à soigner les couleurs en essayant de préserver un aspect « chaleureux », avec des teintes rouge/orange.
Quelques petites galaxies lointaines viennent enrichir le champ.
L’image a été réalisée en LRGB, sans couche Ha puisque la galaxie étant vue par la tranche, de telles zones sont quasiment inaccessibles par la photographie classique sous cet angle.
Matériel :
Meade Lx50 8″ f/6.4
AZEQ6 via EQmod
AtikOne6 (-10°)
Guidage : OAG & Atik GP
Filtres Astronomik LRGB
Pixinsight – Photoshop
Acquisition :
L : 15 x 300s bin1
R : 7 x 180s bin2
G : 7 x 180s bin2
B : 7 x 180s bin2
Intégration totale : 2h18
Date(s) de prise de vue : 27 août 2017
En début de session, je n’avais pas prévu de photographier NGC891. Mais en raison d’un mauvais placement de mon matériel, ma première cible est passée derrière un arbre trop rapidement… je me suis donc rabattu sur cette petite galaxie pour finir les 3 heures qui restaient pour la nuit !
Compte-tenu de ses dimensions modestes, cette galaxie peut être photographiée avec une focale suffisamment longue pour capturer des détails intéressants dans la bande d’absorption. Une focale de 1000mm est en ce sens un minimum, mais les photographes les plus aguerris privilégieront une focale plus importante, supérieure à 2m.
En dehors du fait qu’une telle focale suppose une monture parfaitement adaptée et un autoguidage performant, la prise de vue ne pose pas de réel problème.
Comme souvent sur ce type de cible, il est inutile d’allonger le temps de pose unitaire en luminance. Mieux vaut privilégier des poses plus courtes et moins susceptibles d’être altérées par la turbulence ; ou à tout le moins, permettant un « tri » plus simple des meilleures brutes. Pour la photo présentée ici, j’ai limité à 300s les poses unitaires en luminance, mais il est possible de descendre à 3 voire 2 minutes (si le diamètre de votre instrument le permet).
En ce sens, n’hésitez pas à contrôler, lors des acquisitions, la finesse des images obtenues et à ajuster le temps de pose en conséquence. Un repère pratique pour apprécier la résolution obtenue est l’étoile double en avant-plan de la galaxie, située à l’extrémité de la bande centrale : si celle-ci est bien résolue, donc dédoublée, c’est bon signe !
Cette galaxie se prête également bien à la technique du « lucky imaging », similaire à la technique de photo planétaire. De très bons résultats ont ainsi été obtenus avec des poses unitaires de quelques secondes. Mais il faut alors prévoir des milliers de brutes en Luminance et également de réaliser une couche couleur dans des conditions classiques. Le gain dans les détails des poussières dans la bande centrale est cependant sensible par rapport à des poses longues traditionnelles.
Un ciel avec une turbulence limitée est dans ce cadre un atout indéniable.
Pour ce qui concerne la couche couleur, en revanche, il est recommandé de pas être trop « économe ». Les couleurs subtiles de cette galaxie justifient qu’un temps de pose conséquent soit consacré à la réalisation des couches couleurs.
Il est possible de photographier NGC891 en compagnie de l’amas de galaxies Abell 347, beaucoup plus éloignées (environ 250 millions d’années-lumière). Pour ce faire, il faut disposer d’un champ adapté (ou décaler NGC 891 en bord de champ) et prévoir un temps de pose beaucoup plus conséquent que pour la seule NGC 891.
L’image obtenue est assez similaire à ce qu’il est possible d’obtenir sur NGC 7331 avec le quintette de Stefan en arrière-plan, et procure la même sensation de profondeur et de vertige quant aux dimensions de l’Univers…
Le seul véritable « challenge » dans le traitement de cet objet est la mise en valeur des plus fins détails au sein des bandes de poussières de part et d’autre de la bande centrale d’absorption.
A cette fin, il est recommandé sur ce type d’objets d’effectuer une déconvolution de l’image en tout début de traitement. Cette opération doit être réalisée sur la couche luminance dès la fin du pré-traitement (éventuellement après un retrait de gradient général sur l’image). Cette opération permet de « récupérer » des détails qui sinon seront noyés lors de la montée d’histogramme et qui ne pourront pas être obtenus ultérieurement lors du traitement avec des process plus classiques. Attention cependant, cette opération peut fortement altérer l’aspect des étoiles et rehausser le bruit dans les zones sombres : il est donc impératif d’effectuer ce traitement avec un masque de protection du fond de ciel et un masque local pour préserver les étoiles.
Un contrôle rigoureux de l’image doit être réalisé au terme de ce process avant de poursuivre le traitement, pour s’assurer que les détails ont été rehaussés et que les autres aspects de l’image n’ont pas subi d’altérations irrémédiables. N’hésitez pas à procéder à plusieurs essais pour apprécier la force et le nombre d’itérations optimales de la déconvolution.
Comme lors de l’acquisition, la séparation de l’étoile double à l’extrémité de la bande centrale constitue un bon moyen d’apprécier la finesse de l’image obtenue.
Sur la couche luminance, le reste de l’image est assez simple à traiter. Une montée d’histogramme classique (logarithme puis montée fine) donnera les meilleurs résultats.
Le fond de ciel est assez riche aux alentours et il est donc possible de mettre en valeur, au passage, quelques petites galaxies en arrière-plan. Le seul point d’attention, lors de l’utilisation de l’outil courbes, est de conserver une transition douce et esthétique entre le fond de ciel et la galaxie.
Pour la couche couleurs, celle-ci ne devrait pas poser de souci particulier si vous avez consacré un temps suffisant à l’acquisition de chacune des couches. La calibration est une étape cruciale, mais qui peut être très simplifiée en ayant recours au process Photometric Color Calibration (PCC) de Pixinsight.
L’outil « correction sélective » de Photoshop permet d’ajuster sur la version finale les teintes de la galaxie. Celle-ci se prête assez bien à une légère augmentation du « rouge » dans ses bras afin d’obtenir des teintes plus chaleureuses. Attention cependant, dans ce cas, à n’appliquer ces modifications qu’avec un masque de fusion localisé.
Ce serait avec un instrument disposant d’une focale plus importante, afin d’obtenir plus de détails dans les bandes de poussière.
Mais surtout, contrairement à l’image présentée ici, avec un instrument parfaitement réglé et collimaté ! 🙂
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