Lors de la dernière confrontation, organisée entre StarNet v1, StarNet v2, Star-X Terminator v6 et Star-X Terminator v7, StarNet v2 était ressorti grand gagnant, en faisant globalement mieux que ses concurrents sur tous les points, tant en mode linéaire que non-linéaire, y compris pour les masques d’étoiles…
On attendait donc une réaction rapide de Star-X, dont les mises à jour sont très régulières : impossible en effet pour un plugin payant de voir son concurrent gratuit faire mieux ! C’est chose faite aujourd’hui avec la v10 (dernière mise à jour corrective de la v8, après la v9).
Cette nouvelle version vient-elle changer la donne et peut-elle bousculer StarNet v2 ? C’est ce que nous allons voir maintenant…
Place au match retour !
Lors de la préparation du premier article comparatif entre StarNet et Star-X, un imprévu de taille était venu perturber la publication : la sortie le jour même de la v2 de StarNet. Alors que Star-X se dirigeait tout droit vers une victoire franche, StarNet v2 était venu rebattre complètement les cartes pour s’imposer brillamment comme le meilleur logiciel de retrait d’étoiles, en faisant clairement mieux que son prédécesseur (v1) et surtout que Star-X v6 et v7.
Uns situation délicate pour Star-X qui, contrairement à StarNet, est un logiciel payant… Dès lors, on se doutait que Star-X proposerait rapidement une mise à jour pour améliorer les choses.
C’est chose faite avec Star-X v8, sorti le 18 mars 2022 (complétée par la v9 le 9 avril et la v10 le 18 avril). Signalons d’emblée que la v9 et la v10 viennent uniquement corriger un bug pouvant survenir dans certains cas particuliers (artefacts ou zones mal prises en compte en cas de présence de bandes noires autour de l’image, faussant le calcul de la moyenne du bruit…) mais reposent sur le même réseau neuronal et la même base d’apprentissage que la v8… et proposent donc les mêmes résultats !
Bien qu’il soit évidemment recommandé d’utiliser la v10, les résultats proposés par cette dernière sont strictement identiques à ceux proposés par la v8 ou la v9 (pour autant que l’image ne soit pas affectée par le bug, ce qui n’est arrivé sur aucune image pour le présent test…). La seule différence – imperceptible dans les résultats – est une différence minime de bruit sur les halos prononcés d’étoiles, visible uniquement en STF renforcé sur certaines images mais cela reste anecdotique).
Nous parlerons donc dans ce test uniquement de la « v10 », bien que les images test aient été majoritairement réalisées avec la v8 du programme ; quelques images ont bien sûr été réalisées avec la v9 et la v10 à des fins de vérification. Mais, encore une fois, il s’agit bien des mêmes versions à la correction d’un bug près.
Pour le reste, nous ne reviendrons pas ici en détails sur les considérations générales relatives à l’utilisation ou à l’intérêt des images starless pour le traitement astrophoto. Je vous renvoie sur ce point au premier comparatif, plus détaillé.
- Méthodologie
La méthodologie utilisée pour ce comparatif est la même que celle du premier test.
StarNet et StarXTerminator ont été utilisés sur les mêmes images de départ, en sélectionnant une quinzaine d’images représentatives de différentes catégories : nébuleuses diffuses et étendues, nébuleuses avec de larges zones de fond de ciel, galaxies avec et sans halos étendus, images avec de grandes zones de nébuleuses obscures ou d’IFN, images grand champ, ainsi que des images présentant des contraintes spécifiques et parfois difficiles à traiter : halos, aigrettes… Les process ont été appliqués sur des images monochromes et couleurs (RGB et SHO), en résolution native ou en drizzle 2x.
Pour chaque image, les process ont été appliqués sur les images en mode linéaire et en mode non-linéaire, afin d’apprécier la qualité des résultats dans les deux cas.
Sauf cas spécifiques, les résultats sont appréciés selon plusieurs critères :
- détectivité : les étoiles de toutes tailles sont-elles bien prises en compte dans le process et ce, quelle que soit leur localisation (fond de ciel, objets, etc.) ?
- retrait des étoiles : les étoiles sont-elles toutes retirées une fois le process appliqué et ce, quelles que soient leur taille et leur localisation ?
- Correction apportée : quelle est la qualité de la correction apportée sur les zones correspondant aux étoiles retirées ? Cela inclut également la présence des halos résiduels ou des aigrettes de diffraction le cas échéant.
- artefacts : l’application du process génère t-elle des artefacts une fois le retrait et la correction effectués ?
- qualité du masque d’étoiles : le masque d’étoiles généré par le process est-il exploitable dans le cadre de traitements spécifiques ?
Les résultats sont appréciés pour chaque catégorie, de manière autonome, avant de d’établir un verdict final.
Pour chaque critère, un résultat sur /5 est attribué.
Cette appréciation par catégorie sera plus profitable à l’utilisateur, puisqu’en fonction des résultats qu’il souhaite obtenir (une belle photo starless sans artefacts, un masque d’étoiles en mode linéaire, etc.), l’un ou l’autre des logiciels pourra être privilégié.
Outre StarNet v2, j’ai choisi de garder Star-X v7 dans ce comparatif, afin de voir les évolutions (positives ou négatives) avec la dernière version v10. Malgré tout, cette présence n’est qu’indicative, et seuls StarNet v2 et Star-X v10 seront notés.
Sauf mention contraire, les images seront présentées dans l’ordre suivant :
Signalons enfin que les images choisies pour ce test sont volontairement « difficiles », car présentant des défauts ou des spécificités que ces logiciels peuvent avoir du mal à gérer correctement. Cela est bien sûr nécessaire pour apprécier les limites de chacun !
Table des matières
1. Caractéristiques générales
Ces points demeurent inchangés par rapport au premier test, aussi nous passerons très rapidement cette fois. Je vous renvoie au premier comparatif pour plus de détails.
Prix
Pas de changements ici : StarNet est toujours gratuit, et Star-X toujours à 60$…
Ergonomie
Toujours un avantage à Star-X, qui s’utilise aussi simplement sur Pixinsight que sur Photoshop ; tandis que StarNet v2 n’est pas encore intégré dans les plugins et process qui utilisent StarNet v1…
Vitesse de traitement
Les résultats sont toujours à peu près équivalents, avec une légère amélioration de Star-X v10 par rapport à son prédécesseur.
Les tests ont été réalisés sans l’accélération CUDA, qui permet d’améliorer considérablement les temps de traitement (voir article précédent pour plus de détails sur ce point et des renvois vers des explications sur la procédure à suivre pour en bénéficier…).
2. StarNet vs StarX en mode linéaire
Le mode linéaire est privilégié par les utilisateurs de Pixinsight qui utilisent les versions starless de l’image dans leur worflow (par exemple pour corriger certains aspects d’une image avant la montée d’histogramme).
En fonction des traitements localisés qui vont être apportés, savoir quel logiciel donne les meilleurs résultats en linéaire a donc une importance particulière ; en sachant que selon l’importance de tel ou tel critère, l’un ou l’autre des logiciels (et de ses versions) pourra être privilégié (la prise en compte des artefacts pouvant jouer un rôle déterminant en vue de la résinsertion ultérieure des étoiles ou de la création d’un masque adapté).
Détectivité
Comme vu lors du précédent test, les deux logiciels donnent globalement de bons résultats en matière de détection… voire même un peu trop, avec souvent une tendance à considérer comme des étoiles des objets en réalité non-stellaires (par exemple des zones HII dans les bras de galaxies…).
StarNet v2 pousse très loin la détection d’étoiles dans les galaxies, et retire régulièrement des objets à l’aspect stellaire dans les noyaux ou les bras des galaxies (telles que de très faibles étoiles individuelles, des amas d’étoiles ou des zones de nébuleuses à l’aspect globalement sphérique). Par ailleurs, StarNet v2 confond encore régulièrement de petites galaxies dans le fond de ciel avec des étoiles et les supprime (ou les affecte significativement) après le process.
La dernière version de Star-X est présentée pour sa part comme mettant en œuvre un apprentissage repris totalement, afin d’obtenir « une plus grande précision dans le retrait d’étoiles et la préservation des structures non-stellaires » ; les données d’apprentissage ayant notamment inclus des « cas difficiles », tels que des étoiles brillantes, des champs denses en étoiles ou en galaxies… Reste à mettre ces affirmations à l’épreuve !
Sans faire durer le suspens, force est de reconnaître qu’en la matière, Star-X a encore quelques progrès à faire ; la v10 se montrant même parfois inférieure à la v7, un comble !
StarX détecte globalement mieux les petites galaxies dans le fond de ciel pour les exclure du traitement. Par ailleurs, la v10 est venue corriger un défaut des versions précédentes (v7 et v6), à savoir la meilleure distinction des noyaux de galaxies de forme sphérique (qui se voyaient affublées d’un retrait de luminosité après traitement sur la v7). Par ailleurs, la promesse d’une meilleure conservation des structures HII dans les bras de galaxies est bien remplie, Star-X se montrant supérieur à StarNet sur ce point.
Au final, match nul entre les deux logiciels pour ce qui concerne la détectivité : StarNet v2 propose les résultats globaux les plus cohérents et réguliers, mais souffre sur certaines images d’une confusion trop grande avec les structures non-stellaires ; tandis que Star-X v10 peine encore à détecter certaines étoiles très proches les unes des autres (en particulier dans les amas).
Correction
StarNet v2 avait fortement progressé par rapport à la v1 en ce qui concerne la détection et la correction des étoiles brillantes. Et comme Star-X v10 ne se différencie pas énormément de son prédécesseur à ce niveau, les deux logiciels proposent des corrections relativement proches et dans les deux cas un peu trop appuyées.
Il en résulte un floutage assez important dans les deux cas, avec l’apparition de petits artefacts, souvent plus visibles sur le halo que sur l’étoile elle-même.
Star-X v10 annonce sur ce point une meilleure prise en compte du bruit dans les régions alentours de l’étoile afin de fournir une correction plus précise. Bien que cela soit perceptible sur quelques images, rien de très spectaculaire cependant et les deux versions v10 et v7 restent très proches ; un cran toutefois au-dessus de StarNet v2.
Là où la v10 fait de gros progrès cependant, c’est sur l’absence de correction des noyaux de galaxies ; fournissant sur ce point des résultats équivalents à StarNet v2 et bien supérieurs à la v7, tout en protégeant encore mieux les structures non-stellaires (zones HII) au sein des bras spiraux :
Cette amélioration sur les galaxies est bien visible sur l’image ci-dessous, où Star-X v10 donne de bien meilleurs résultats que StarNet v2 ou son prédécesseur, en ne prenant en compte ni le noyau de M81 ni le noyau de M82, ni celui de NGC3077, pourtant d’aspect plus stellaire (en bas à gauche) :
A signaler toutefois que ces corrections ne sont pas encore parfaites : certaines confusions avec le noyau galactique surviennent encore sur certaines images, comme ci-dessous.
On notera également les quelques artefacts générés sur les régions les plus brillantes par StarNet v2, de manière d’autant plus surprenante que ces zones ne sont pas prises en compte pour la création du masque d’étoiles. Un défaut à relativiser puisque ces petits artefacts restent ponctuels et peu étendus, et se corrigent donc facilement au besoin :
De manière assez anecdotique, signalons que StarNet gère moins bien les bords de l’image en cas de différence de rapport signal sur bruit avec le reste de l’image, avec quelques ratés. Sur l’image ci-dessous, on peut voir un exemple de ces « ratés », avec en prime une étoile oubliée et des corrections moins précises qu’avec Star-X :
Au final, bilan très équilibré entre les deux logiciels, malgré une tendance commune à la sur-correction. Star-X v10 s’impose d’une courte tête en raison d’une correction plus précise autour des étoiles brillantes et d’une correction quasi sans-faute dans les galaxies.
Aigrettes
StarNet v2 propose une gestion quasi-parfaite des aigrettes, en associant à la fois une très bonne détection (pas de résidus), une bonne correction de l’étoile centrale (en évitant la sur-correction) et en parvenant à limiter le halo environnant (en évitant la sous-correction).
Star-X v7 était nettement en retrait sur ce point, et force est de constater que cette nouvelle version ne vient pas changer radicalement la donne. On constate un léger mieux sur les images présentant des aigrettes très fines et contenues (par exemple sur une couche Ha), mais les mêmes défauts que la v7 demeurent sur les aigrettes plus lumineuses (sur la couche Luminance par exemple) :
Au final, malgré quelques progrès apportés par la v10, StarNet v2 conserve un clair avantage pour ce qui concerne la gestion des aigrettes en mode linéaire.
Signalons que, de manière générale, la gestion des aigrettes est plus efficace en mode linéaire qu’en mode non-linéaire.
Halos
StarNet v2 a rebattu les cartes avec une gestion des grosses étoiles et des halos bien plus efficace ; même si le prix à payer est – comme pour StarX – une tendance à flouter de manière plus importante.
Star-X v10 se montre toujours aussi efficace sur les halos, mais déçoit quelque peu avec l’absence de prise en compte – assez inexplicable – de quelques grosses étoiles. Ces cas demeurent cependant assez isolés, mais forcément déceptifs lorsqu’on sait que ce point a longtemps constitué un fort avantage de Star-X sur StarNet…
StarNet v2 l’emporte d’une courte tête au final, en se montrant globalement plus convainquant sur les différentes images analysées. Attention cependant, malgré quelques petits « ratés », la gestion des halos par Star-X v10 est également très bonne !
Aspect global
Sur l’aspect général de l’image, difficile de tirer des conclusions très tranchées, car le résultat final va dépendre du type d’objet traité.
Sur les galaxies, Star-X v10 se montre globalement plus convainquant, en conservant mieux les petits objets non-stellaires dans les bras spiraux et n’est plus affecté par le défaut de retrait systématique de luminosité dans le noyau qui handicapait la v7. Ce défaut est désormais absent ou si fortement réduit qu’il est le plus souvent indécelable.
Sur les lumineuses en revanche, c’est StarNet v2 qui propose globalement les meilleurs résultats (sauf quelques cas particuliers très en retrait – voir la nébuleuse du Croissant NGC 6888 ci-dessus…) en intégrant le moins d’objets non-stellaires au masque d’étoiles.
Attention cependant à se garder des conclusions hâtives, puisque cette intégration est bien moins marquée que sur la version précédente et ne conduit que très rarement à des corrections imprécises. De fait, les deux logiciels proposent en pratique des résultats quasi équivalents.
Signalons également que les deux logiciels présentent une tendance au lissage excessif ; notamment sur les grands champs riches en étoiles.
Pour les champs d’étoiles, StarNet s’en sort globalement mieux, en particulier sur les amas globulaires ou les petites étoiles très proches… mais en dehors des rares objets où un tel amas est situé à proximité dans le même champ, ce défaut ne sera pas rédhibitoire : il est en effet assez rare de souhaiter traiter en starless un champ composé uniquement d’étoiles !
Globalement, la correction globale est très bonne pour les deux logiciels. Petit avantage pour Star-X v10 pour les galaxies, et avantage un peu plus net pour StarNet v2 dans les autres cas, en particulier les nébuleuses en mode luminance. Avec des filtres sélectifs, l’écart avec Star-X sur les nébuleuses se réduit toutefois considérablement ; ce dernier se montrant même parfois meilleur en raison d’une correction plus précise des halos et des grosses étoiles. A noter que pour les deux logiciels, la tendance à la sur-correction et au lissage est assez marquée.
Masque d'étoiles
En mode linéaire, ce n’est souvent pas tant l’image starless qui nous intéresse (encore que certaines méthodes de traitement et de rehaussement du signal peuvent s’appuyer sur ces versions) mais plutôt le masque d’étoiles ; qui peut par exemple servir dans le cadre de traitements localisés sur les étoiles (déconvolution, réduction, etc.).
La qualité du masque d’étoiles est donc primordiale, et sans doute plus importante même que les autres critères ! Pour remplir au mieux son rôle, celui-ci doit bien sûr être précis quant à la sélection des étoiles et bien distinguer celles-ci des objets du fond de ciel, mais également être peu bruité.
Au niveau de la détection, les deux logiciels proposent des résultats similaires, avec des étoiles un peu plus marquées sur Star-X, en particulier sur les étoiles brillantes. StarNet propose quant à lui des étoiles brillantes un peu plus « douces » (ce qui peut se traduire sur l’image starless par quelques résidus de halos).
Ce masque plus progressif pour StarNet v2 s’accompagne également d’un lissage un peu plus prononcé ; ce qui peut présenter un intérêt pour un masque d’étoile au stade linéaire (mais pas toujours souhaitable en fonction des cibles ou des traitements à appliquer…).
Par rapport à la v7, la v10 propose des résultats similaires mais un peu moins bruités, ce qui est un bon point.
Enfin, comme nous l’avons vu, StarNet v2 intègre mieux les aigrettes que StarX ; ce qui constitue un autre avantage pour les possesseurs de télescope type Newton ou Ritchey-Chretien :
Au final, léger avantage global à StarNet v2 qui propose une détection équivalent à StarX, mais avec moins de bruit, des halos plus contenus, un lissage moindre et une meilleure gestion des aigrettes de diffraction, malgré quelques progrès apportés par la v10.
Malgré tout, Star-X demeure la solution privilégiée pour les images de galaxies, en raison de la meilleure distinction des étoiles dans les bras spiraux. Pour les nébuleuses, StarNet reste devant.
Si vos images présentent des aigrettes, StarNet s’impose naturellement, dans tous les cas de figure et quelle que soit la nature de l’objet photographié (nébuleuse ou galaxie).
Bilan Global (linéaire)
Sans inverser la tendance, Star-X v10 vient bousculer StarNet v2 avec quelques améliorations sensibles (en particulier sur les galaxies et la correction encore améliorée) mais demeure malgré tout limité par des défauts assez pénibles en pratique (mauvaise détection des étoiles proches en amas, mauvaise correction des aigrettes…).
StarNet s’avère toujours le meilleur choix global en mode linéaire (en particulier avec sa très bonne gestion des halos, des aigrettes et ses masques d’étoiles un peu plus qualitatifs), mais Star-X v10 prend un clair avantage sur les images de galaxies avec une meilleure détection des structures non-stellaires dans les bras spiraux.
Pour résumer :
- sur les galaxies si vos images n’ont pas d’aigrettes : privilégiez Star-X v10 ;
- pour tout le reste (y compris sur les galaxies en cas d’aigrettes) : préférez StarNet v2.
3. StarNet vs StarX en mode non-linéaire
En non-linéaire, l’image starless peut être utile pour appliquer certains traitements en vue de la finalisation de l’image (contrastes, accentuation de détails, bruit, etc.), ou peut constituer une fin en soi.
En fonction du but recherché, il faudra privilégier certains paramètres (par exemple plutôt la détectivité et les artefacts dans le cas de traitements localisés, ou la correction globale dans le cas d’une version starless esthétique).
Détectivité
De la même manière qu’en linéaire, les deux logiciels donnent globalement de bons résultats en matière de détection d’étoiles sur les images non-linéaires.
StarNet v2 assure un bon équilibre entre détection des petites étoiles dans les objets et préservation des structures. Toutefois, sur les galaxie, c’est encore Star-X v10 qui propose des résultats améliorés, en supprimant parfaitement les petites étoiles résiduelles tout en préservant au mieux les nébulosités et les petits détails dans les bandes de poussières :
On notera les progrès réalisés par Star-X depuis la v7, également en ce qui concerne la meilleure distinction des étoiles et du noyau des galaxies. Comme on peut le voir sur le masque d’étoiles, celui-ci n’est plus du tout pris en compte comme c’était le cas sur la v7.
StarNet propose quant à lui une détectivité très précise… voire « trop » précise en retirant l’ensemble des petites structures des bras spiraux (comme on le note sur le masque d’étoiles) :
Même observation sur l’image de M51 ci-dessous, mais on note une régression de la v10 par rapport à la v7 sur la détection de la grosse étoile à droite de la galaxie :
Sur les nébuleuses, StarNet v2 se montre toujours légèrement supérieur à son concurrent, en particulier dans le respect des petites structures, comme dans l’image ci-dessous (notez l’aspect de la petite nébulosité en bas à droite) :
Attention toutefois à certains contre-exemples : StarNet v2 n’est pas infaillible pour toutes le nébuleuses présentant de petits détails et inclus parfois certaines zones de nébulosités (voir l’image de NGC 6888 ci-après)
De manière générale, StarNet v2 et Star-X v10 sont parfois handicapées sur certaines images en raison d’une tendance à la « destruction » de structures complexes, ainsi que d’un floutage plus prononcé que sur leurs anciennes versions.
Égalité globale entre StarNet v2 (qui assure une bonne distinction entre les petites étoiles et les structures non-stellaires dans les objets du ciel profond, en particulier les nébuleuses) et StarX v10 (qui propose des résultats plus cohérents et constants selon les cibles, et surtout plus qualitatifs sur les galaxies). A noter tout de même les progrès vraiment intéressants apportés par Star-X v10 sur le respect des petites structures au sein des galaxies.
Correction
Alors que la correction apportée constituait un gros avantage de Star-X, la v2 de StarNet est venue bouleverser les choses ; à tel point que Star-X v7 faisait pâle figure à côté lors du dernier comparatif.
Force est de constater que cette nouvelle version ne vient pas remettre en cause ce point, avec toujours de meilleurs résultats globaux pour StarNet v2 ; qu’il convient cependant de relativiser.
En effet, dans certains cas, ces résultats plus valorisants se font au détriment de la détectivité : autrement dit, il est plus simple de ne pas faire de mauvaise correction lorsque l’étoile problématique n’est pas enlevée…
Star-X, pour sa part, procède au retrait de l’ensemble des étoiles détectées, parfois au prix d’un résultat « pas très propre ».
Un point d’amélioration apporté par Star-X v10 par rapport à la v7 est le meilleur respect des zones de nébuleuses où une étoile n’est pas formellement identifiable ; comme c’est le cas sur l’image ci-dessous où la zone lumineuse centrale résulte plutôt de la lumière diffusée par la nébuleuse que d’une étoile clairement visible. Malheureusement, la v10 fait moins bien que la v7 pour ce qui concerne la gestion du halo autour de la grosse étoiles bleue (à droite) :
Lorsque toutes les étoiles sont corrigées, en revanche, StarNet v2 se montre plus précis dans la correction apportée, par exemple sur la grosse étoile en haut de l’image. La sur-correction effectuée par Star-X est bien visible, y compris sur la dernière version :
Tout n’est pas parfait cependant pour StarNet v2, qui parvient sur certaines images à un résultat tout simplement mauvais et très inférieur à ce que propose Star-X ; comme c’est le cas sur cette image d’une nébuleuse complexe avec de fins filaments, parsemée de très nombreuses petites étoiles :
Sur ce dernier exemple, on peut constater le lissage supplémentaire apporté par Star-X v10 par rapport à la v7 : de nombreux détails ont disparus au final, le résultat étant intermédiaire entre celui proposé par StarNet v2 et Star-X v7.
Difficile encore une fois de trancher : StarNet v2 se montre globalement précis et plus mesuré en terme de correction après retrait des étoiles mais au prix de quelques étoiles « oubliées » ; tandis que Star-X propose une correction un peu en retrait mais sans oublier d’étoiles… Ici le choix peut dépendre de ce que l’utilisateur souhaite obtenir. A noter que la tendance des dernières versions des deux logiciels à un lissage important, ce qui peut constituer un handicap en cas d’utilisation de l’image starless à des fins de traitement.
Aigrettes
StarNet v2 avait clairement remporté le duel des aigrettes en mode linéaire… et la situation se confirme en mode non-linéaire !
Ici encore, la gestion des aigrettes par StarNet v2 frôle le sans fautes, avec des résultats toujours convaincants et parfois même bluffants sur certaines images, où l’on ne soupçonne même plus la présence d’aigrettes sur l’image initiale : les corrections proposées ne contiennent quasiment pas de traces d’artefacts et le centre de l’étoile est bien géré, de même que le halo.
En comparaison, Star-X fait plutôt pâle figure, avec beaucoup d’artefacts de correction. On ne note par ailleurs pas d’amélioration significative sur la v10.
Sur l’image ci-dessous, StarNet v2 réussit l’exploit d’éliminer presque totalement les aigrettes gigantesques, qui occupent quasiment tout le champ… On constate cependant que cela se fait au prix d’un très fort lissage, ce qui pourra être problématique pour la mise en œuvre de certains traitements. A noter qu’il s’agit évidemment ici d’un « cas limite » puisqu’on cherchera rarement en pratique à appliquer un process starless sur une telle image ! 😉
A noter qu’ici encore, comme dans d’autres domaines, StarX a tendance à sur-corriger fortement l’étoile centrale, ce qui peut conduire à la suppression de détails dans les objets alentours, en raison du lissage plus important et d’une zone de correction de diamètre supérieur. Visuellement, les résidus d’aigrettes sous-corrigés autour d’une étoile sur-corrigée ne sont pas très esthétiques…
Cet effet est plus discret sur des aigrettes moins lumineuses, mais là encore StarNet v2 propose une correction plus convaincante.
A noter que la qualité du résultat final dépend aussi beaucoup des caractéristiques des aigrettes, et donc peut fortement varier d’un utilisateur à l’autre, en fonction des caractéristiques de son setup (taille des aigrettes, angle, diffusion, etc.). Il revient donc à chacun d’apprécier l’efficacité de chaque version sur ses propres images…
Au final, claire victoire de StarNet v2 sur ce point, avec une gestion des aigrettes qui frôle le sans faute et qui se révèle presque aussi efficace qu’en linéaire !
Halos
Globalement, les deux logiciels se montrent plutôt convaincants dans la gestion des halos.
StarNet v2 conserve un avantage pour la gestion globale, avec une correction plus équilibrée mais quelques défauts chromatiques : en tenant moins compte de la couleur globale du halo dans la correction, cela se traduit par des résidus de chromatismes sur l’image starless aux endroits où cette correction est appliquée.
Star-X gère mieux l’aspect chromatique, mais la tendance à la sur-correction est parfois trop marquée.
Petit reproche en revanche à Star-X v10 par rapport à la v7 : certaines grosses étoiles à halos sont étrangement corrigées, avec parfois des résidus de « demies-étoiles »…
Meilleurs résultats pour StarNet v2, qui corrige bien les halos en évitant les quelques défauts parfois présents avec Star-X v10.
Aspect global
On envisage ici l’aspect « esthétique » du résultat de l’image starless. A cette fin, les deux critères essentiels sont l’absence de résidus d’étoiles (ou de traces de correction) et la préservation des détails.
Sur le premier point, StarNet v2 fait mieux, en particulier sur les images grand champ comportant beaucoup de petites étoiles, avec un aspect beaucoup plus « lissé » et naturel que Star-X, même s’il faut reconnaître les progrès indéniables réalisés par la v10 par rapport à la v7. A noter que l’aspect « lissé » de StarNet v2 ne s’accompagne pas d’une perte de détails trop significative :
A noter que la meilleure prise en compte du chromatisme dans la correction par Star-X permet d’obtenir un résultat plus « propre » car faisant disparaitre les résidus colorés des gros halos.
Le rendu global de StarNet v2 est toutefois plus agréable à l’œil, en raison d’un lissage plus accentué dans le fond de ciel :
Sur certaines images comportant de nombreuses petites étoiles resserrées, la correction globale apportée par StarNet v2 est plus flatteuse, malgré la disparition de petits détails :
Ce lissage plus important peut en revanche être problématique sur d’autres types d’images avec moins d’étoiles, en raison d’une perte significative de détails dans les petites structures contrastées (ci-dessous dans les bandes de poussières) :
Au final, impossible de désigner un vainqueur clair pour cet aspect du rendu global : si StarNet v2 fait mieux sur les grands champs avec beaucoup de petites étoiles, c’est au prix d’un lissage plus prononcé qui peut s’avérer un inconvénient sur les images plus classiques. A noter les bons progrès réalisés par la v10 en terme de rendu global, sans basculer dans un excès de lissage ; ce qui en fait un meilleur choix dans de nombreux cas…
Masque d'étoiles
Au stade non-linéaire, les choses sont un peu différentes qu’au stade linéaire, puisque le masque d’étoiles peut servir à la fois pour réaliser des traitements (en tant que masque), mais aussi peut être destiné à être réintégré à l’image starless une fois certaines corrections effectuées sur celle-ci (correction du bruit, des détails, des couleurs, etc.).
Selon les usages, les critères d’un bon masque d’étoiles ne seront donc pas forcément les mêmes : pour une utilisation en tant que masque, il peut être utile de privilégier la version intégrant le plus possible les halos ; tandis que pour une réintroduction ultérieure des étoiles sur la starless, la présence de bruit est très problématique.
Dans tous les cas, la détectivité et l’absence de prise en compte de structures non-stellaires est essentielle.
StarNet v2 réussit à combiner ces différentes qualités et propose un masque d’étoiles équilibré entre bruit, présence des halos, couleurs des étoiles et gestion des aigrettes. On apprécie en particulier l’aspect progressif des étoiles et le bruit contenu autour des halo ; même si le lissage autour des étoiles peut s’avérer un défaut pour certains traitements.
En revanche, StarNet v2 est beaucoup plus sujet que Star-X v10 à l’incorporation de certains éléments non-stellaires, tels que des résidus de nébuleuses ou encore des zones dans les bras spiraux des galaxies.
Star-X v10, malgré ses qualités, souffre de deux soucis handicapants pour la réalisation d’un masque d’étoiles : les ratés sur les petites étoiles proches dans le fond de ciel, et la modélisation approximative de certaines grosses étoiles comportant un halo :
Abstraction faite de ces défauts, StarX v10 propose des étoiles globalement plus empâtées, avec un bruit plus présent autour des étoiles, ce qui peut s’avérer problématique pour une réintroduction des étoiles sur l’image starless. Les halos sont globalement bien pris en compte de même que la couleur des étoiles qui est davantage préservée.
Au final, l’équilibre global proposé par StarNet v2 semble plus convaincant… sous réserve d’éviter l’inclusion d’objets non-stellaires dans le masque (résidus de nébuleuses ou noyaux de galaxies…). Star-X peut s’avérer un choix rationnel pour certaines images précises (en particulier sur les galaxies où les structures des bras spiraux doivent être respectées), mais présente trop de défauts pour pouvoir être recommandé les yeux fermés (oubli de certaines petites étoiles, artefacts sur certaines grosses étoiles à halos, pas de prise en compte des aigrettes…).
Bilan Global (non-linéaire)
Malgré certains progrès apportés par la v10 (aspect global optimisé, meilleure détectivité dans les galaxies, meilleure préservation des détails…), Star-X reste handicapé par des défauts gênants en pratique (aigrettes, artefacts sur les halos et certaines grosses étoiles).
C’est donc StarNet v2 qui s’impose au global en non-linéaire, en raison de ses résultats plus cohérents et équilibrés sur la plupart des points ; avec en particulier des masques d’étoiles le plus souvent simples à utiliser lors du traitement et nécessitant peu de corrections.
Toutefois, la différence est un peu moins marquée qu’avec Star-X v7 ; et la v10 pourra être utilisée avec profit pour les images dépourvues d’aigrettes et comportant des objets étendus sur l’ensemble du champ (nébuleuses) ou des galaxies dont les détails doivent être préservés. Pour les grands champs, en revanche, StarNet reste au-dessus.
Conclusion
Si la volonté affichée de rattraper StarX sur des points importants (gestion des halos, correction des artefacts et chromatique, etc.) s’était traduit pour StarNet v2 par la reprise de certains des défauts de son concurrent (notamment un lissage plus prononcé), force est de constater qu’avec cette v10, Star-X a réussi en partie à rattraper le retard pris sur StarNet v2… mais malheureusement sans combler ses différentes petites lacunes (aigrettes) voire en régressant sur certains autres aspects qui constituaient pourtant ses points forts (la gestion des halos notamment).
On saluera toutefois les réels progrès apportés par cette version pour les images des galaxies (détectivité améliorée, respect des détails, plus de prise en compte fautive du noyau).
Au final, impression un peu mitigée pour cette v8 (qui est la véritable nouvelle version avec un nouveau réseau neuronal et une nouvelle base d’apprentissage), qui donne le sentiment d’avoir été développée un peu à la hâte pour contrer StarNet v2 mais sans être totalement aboutie… Preuve en est, la sortie de deux nouvelles versions correctives en moins d’un mois (v9 et v10).
C’est donc au final une nouvelle victoire de StarNet v2 dans ce match-retour ; qui se montre plus performant au global, à la fois en linéaire et en non-linéaire.
Attention toutefois, les améliorations apportées à Star-X v10 pourront conduire à le préférer à StarNet v2 pour certaines images (galaxies, respect des détails dans les nébuleuses)… sous réserve de ne pas avoir d’aigrettes.
On ne peut donc qu’espérer qu’une prochaine v11, réellement renouvelée dans son réseau neuronal ou dans sa méthode d’apprentissage, réussisse à conserver ces améliorations tout en corrigeant les défauts de cette v10… auquel cas, le match sera sûrement nettement plus serré !
Dans l’attente, l’investissement de 60$ pour Star-X ne se justifie à mon sens pas si vous n’en disposez pas déjà.
Réagissez et partagez...
Si l’espace commentaires n’est pas accessible, consultez le guide pratique pour y remédier !
Vous appréciez Photon Millenium et peut-être même le consultez-vous régulièrement ? Vous souhaitez soutenir mon travail et contribuer au développement du site ? Vous avez amélioré vos traitements grâce aux tutos et souhaitez m’offrir un café en retour ? 😉
Vos dons, grands comme modestes, m’aideront à supporter les différents frais liés à la vie du site (hébergement, plugins, logiciels, etc.) tout en continuant de bannir les publicités !
Un immense merci pour votre précieux soutien ! 🙂
Don sécurisé via PayPal (aucun compte nécessaire…).
D'autres articles...
Le vol de matériel astro : comment s’en prémunir et réagir ?
Ces derniers mois, les vols de matériels d’astronomie se sont multipliés de manière inquiétante. Faut-il y voir des coïncidences ou l’apparition d’un nouveau phénomène délinquant ciblant spécifiquement ces matériels souvent onéreux ? Existe t-il des manières de s’en prémunir ? Que faire en cas de vol ? On fait le point dans cet article.
Starnet v2 vs Star-X Terminator v10 : le match-retour !
Le « match-retour » entre les deux dernières versions des logiciels « stars » du starless : StarNet v2 face au challenger Star-X v10. Voici un grand test complet pour essayer de les départager !
Starnet vs StarXTerminator : le match !
Pour réaliser une image starless simplement, il existe actuellement deux logiciels dominants : StarNet et son jeune challenger StarXTerminator… voici un grand test complet pour essayer de les départager !