Comme tous les ans, la période estivale est l’occasion d’apporter quelques améliorations à mon setup dans le but de le rendre plus simple, plus pratique à utiliser, et surtout plus fiable.
Après avoir optimisé la gestion des câbles avec un boitier dédié (Pegasus Powerbox) l’année dernière, mon objectif de cet été 2020 a été d’automatiser au maximum les séquences d’acquisition. Non pas que je n’apprécie pas de passer les (courtes) nuits d’été à côté de ma lunette, mais il faut bien essayer de concilier vacances en famille et astronomie… ce qui est difficile à faire après une nuit blanche. La perspective de pouvoir me dispenser de longues heures dans le froid en hiver est en revanche beaucoup plus réjouissante ! 🙂
Les modifications apportées cet été consistent en de petites améliorations mécaniques sur la monture, quelques accessoires, une nouvelle méthode de mise en station et surtout, une automatisation très significative des acquisitions.
1. (Petites) améliorations mécaniques
Bien que mon AZEQ-6 me donne toute satisfaction depuis maintenant 4 ans, j’ai procédé à quelques changements de pièces à des fins d’entretien et de légère amélioration.
Tout d’abord, j’ai procédé à un changement de quelques vis sur la monture :
- les vis pointeau sur les trépieds : celles d’origine ont tendance à s’oxyder au bout de quelques années, et il était nécessaire de les remplacer,
- les vis moletées pour le réglage de la hauteur des trépieds, de l’azimut et le serrage de la queue d’aronde.
Bien que de telles modifications puissent sembler anecdotiques, elles s’avèrent cependant très pratiques sur le terrain. Les nouvelles molettes sont en effet beaucoup plus confortables à utiliser tout en étant plus faciles à « doser » précisément. Les vis d’origine du trépied et de l’azimut souffraient en effet d’une prise en main qui pouvait s’avérer assez douloureuse en certaines occasions (notamment par temps froid) : plus de soucis avec les nouvelles qui offrent une meilleure préhension sans faire mal aux mains !
Autre changement, plus important : celui des courroies d’origine des axes d’ascension droite et de déclinaison par des courroies blindées neuves et plus qualitatives.
Mieux finies que les courroies d’origine, sans aspérités ni défauts, ces courroies permettent en théorie un suivi plus doux et encore amélioré…
J’en ai également profité pour régler précisément la tension des courroies, car j’avais constaté l’apparition d’un léger backlash lors de mes dernières sorties sur l’axe AD.
En pratique, ces nouvelles courroies et ce réglage de la tension m’ont permis de faire totalement disparaitre tout effet perceptible de backlash sur les deux axes : les changements de direction s’opèrent instantanément, sans à-coups et ce, quelque soit la vitesse de déplacement de la monture.
Un grand bénéfice pour un réglage simple à effectuer et des pièces très peu coûteuses (10€ la courroie) !
2. Alignement polaire avec PoleMaster
Depuis mes débuts en astrophoto, je contrôle ma monture via EQMod, qui propose un outil très pratique permettant une mise en station rapide et précise.
Pratiquant en « nomade », je passe généralement très peu de temps sur la mise en station, à défaut de temps à consacrer à affiner par diverses méthodes empiriques (King, Bigourdan…) ou logicielles (analyse de la dérive dans PHD par exemple).
Pourtant, malgré cette mise en station « expéditive », la qualité de suivi est tout à fait satisfaisante au regard de mon échantillonnage et je n’ai jamais rencontré de souci particulier (sauf une fois en confondant « 6h » et « 12h »…).
Pourquoi alors changer de méthode ?
La raison est simple (bien qu’un peu puérile) : parce que c’est possible tout simplement ! 🙂 Et évidemment, pour essayer de faire mieux encore que jusqu’à maintenant ; quand bien même les résultats actuels sont satisfaisants. Et également car j’avais envie de tester cet accessoires dont beaucoup d’astrophotographes sont équipés et dont ils disent le plus grand bien, à savoir le PoleMaster de QHYCCD.
Le principe du PoleMaster est simple : il s’agit d’une caméra qui se fixe sur la sortie du viseur polaire de la monture (à l’aide d’un adaptateur spécifique) et qui permet de déterminer l’emplacement exact du pôle céleste en se fondant non pas sur l’indication du lieu et de la date (même si ces données doivent être renseignées), mais sur l’observation directe du ciel.
La caméra présente les caractéristiques standards d’une caméra de suivi (1280×960 px, grande sensibilité) et est dotée d’un petit objectif offrant un champ assez large permettant de localiser facilement la polaire.
Le logiciel fourni initie ensuite un processus de mesure en plusieurs étapes, nécessitant d’aligner une grille d’étoiles prédéterminées (autour de la polaire) sur les étoiles effectivement visibles à l’écran, et d’effectuer plusieurs mouvements sur l’axe AD.
En faisant coïncider à plusieurs reprises la grille avec les étoiles, le logiciel détermine ensuite précisément l’emplacement de la polaire.
Une dernière étape de vérification permet même d’affiner encore plus le résultat obtenu, et la précision de l’alignement se joue au final à quelques micro-ajustements avec les vis de réglage de la monture…
Le calcul précis de la position de la Polaire implique également de renseigner les informations permettant de tenir compte de la réfraction atmosphérique pour compenser celle-ci, et éventuellement de la pression pour les utilisateurs disposant d’une station météo.
Au final, avec de bons réglages des quelques paramètres à renseigner par l’utilisateur (coordonnées, pression atmosphérique, température), il est possible d’obtenir une mise en station d’une précision de l’ordre de 15 à 30 secondes d’arc.
En théorie, une telle précision se traduit par une dérive en déclinaison de l’ordre de 1,5″ en 30 minutes ; ce qui est particulièrement faible et limite considérablement les sollicitations de la monture pour le suivi.
Qu’en est-il en pratique ?
Pour ma part, les résultats constatés sont incontestablement très positifs ; et meilleurs que ceux (déjà très bons !) obtenus habituellement en recourant à la mise en station via EQMod, avec des écarts RMS globaux moyens de 0,40″ (0,25″ en AD et 0,30″ en Dec) et, surtout, beaucoup moins d’ordre de corrections sur l’axe de déclinaison (ce qui est bon à prendre sur une monture à l’équilibrage sensible telle que l’AZ-EQ6).
Au final, le résultat vaut-il les 335€ que coûte cet accessoire ? A mon sens : « oui, mais…« .
Incontestablement, si vous éprouvez des difficultés à réaliser la mise en station de votre monture, PoleMaster constitue une solution permettant un alignement fiable et rapide (5 à 10 minutes maximum le temps de tout installer une fois que vous avez pris l’habitude). Si vous photographiez avec une longue focale, ou avec des temps de pose unitaires très importants (900s et plus) et que vous avez besoin d’une mise en station impeccable, c’est également une accessoire très recommandable. Pour les astrams nomades qui ne disposent pas du temps nécessaire à la vérification sur le ciel de la dérive pour parfaire la mise en station, il s’agit également d’un outil très pratique.
« Mais… » si comme moi votre méthode actuelle vous donne une précision suffisante au regard de votre échantillonnage et que vous avez un suivi correct sur vos temps de pose habituels (600 à 900s), ou encore qu’à poste fixe vous disposez de toute le temps nécessaire pour affiner la mise en station par des méthodes traditionnelles, alors l’investissement ne se justifie pas vraiment.
Cependant, je dois avouer que, dans mon cas, même si la précision accrue de la mise en station ne se reflète pas sur les images, je continuerai à partir de maintenant à privilégier cette méthode ! 😉
3. mise au point motorisée
En complément du boitier Pegasus PowerBox, j’avais également fait l’acquisition l’an dernier du moteur de mise au point proposé par cette même marque, à savoir le « Motor Focus Kit V2« .
Celui-ci se connecte directement au boitier (via une prise RJ45), qui dispose d’un contrôleur pour moteur pas-à-pas.
Fonctionnant avec la sonde de température (également connectée au boitier PowerBox), celui-ci peut assurer l’ajustement automatique de la mise au point pendant la session d’acquisition, en fonction de l’évolution de la température.
J’ai enfin eu l’occasion de l’installer et de le tester cet été et le bilan est très positif.
Seul défaut à relever : contrairement à ce que prétend le fabriquant, il est très difficile d’attacher convenablement le moteur à un porte-oculaire FeatherTouch. Les outils fournis sont censés pouvoir permettre une adaptation sur n’importe quel porte-oculaire, y compris de cette marque, mais force est de constater que cela implique de bricoler soi-même une platine pour pouvoir assurer un montage solide. A défaut, la vis de réglage de la sensibilité des molettes risque par exemple de ne plus être accessible…
Si, comme moi, vous n’êtes pas bricoleur, vous devrez acquérir l’adaptateur spécial FeatherTouch proposé par USB_Focus, plus cher que le moteur lui-même ! Attention à bien prendre cela en compte lors de l’achat…
Cela étant, pour ce qui concerne cet adaptateur au prix un peu « salé », la qualité est au rendez-vous et il s’adapte parfaitement au porte oculaire, laissant libre les différentes vis auxquelles il faut pouvoir accéder.
A noter que, pour ma part, j’ai du inverser le sens du porte-oculaire afin d’installer le moteur du côté qui correspondait à mes besoins, afin de ne pas toucher à la molette de démultiplication (opération sans difficulté).
Une fois le montage réalisé, l’ensemble est particulièrement robuste. Le moteur dispose de 6000 pas (soit une démultiplication de 1/120 et des pas d’un micron) et supporte une charge de 6kg, ce qui est largement suffisant dans mon cas (le train d’imagerie derrière le porte-oculaire ne dépassant pas les 3kg).
Quelques essais confirment rapidement que, quelque soit l’orientation, le moteur réagit de la même manière ; aucune différence n’étant à noter lorsque la lunette est pointée vers le zénith. Le backlash est quasiment absent (mesuré à environ 30 pas sur 3000 pas effectués, soit 1%). Ceci peut bien sûr être optimisé en paramétrant correctement la compensation de backlash dans le logiciel de contrôle.
Le moteur est par ailleurs relativement rapide, et il faut compter une trentaine de secondes pour rallier ma position de mise au point aux alentours de 9000 pas depuis la position de base.
Le moteur (tout comme la PowerBox) est compatible ASCOM, et peut donc être contrôlé via un autre logiciel, en vue notamment de l’automatisation de la mise au point pendant les séquences au cours de la nuit.
Sur le terrain (en association avec le logiciel « N.I.N.A » – voir ci-dessous), la mise au point automatisée fonctionne parfaitement, avec des « V-curve » bien prononcées et permettant une très bonne précision.
4. Changement de caméra de guidage
Depuis 2016, j’utilisais la Atik GP comme caméra de guidage. Cette caméra est sensible et dispose d’un capteur de taille correct pour trouver une étoile guide à coup sûr quelque soit le champ.
Cette caméra me donne pleine satisfaction lorsqu’elle est utilisée en combinaison avec la caméra Atik One 6.0, qui dispose d’une roue à filtres intégrée et d’un hub USB pour connecter la Atik GP.
L’ensemble fonctionne bien 95% du temps, avec quelques plantages occasionnels pour la Atik GP mais qui sont vite réglés en reconnectant le câble de la caméra.
Toutefois, depuis que j’utilise la Atik 16200, les problèmes ont eu tendance à se multiplier jusqu’à un niveau difficilement supportable, gâchant plusieurs belles nuits l’été dernier.
En effet, cette caméra implique d’utiliser une roue à filtres externe et, ayant pris également pour cette dernière un modèle de chez Atik, cela implique d’utiliser sous ASCOM plusieurs drivers Atik simultanément.
On pourrait penser qu’il est préférable d’utiliser simultanément des drivers de la même marque afin d’éviter les risques d’incompatibilité ou de plantage… mais il n’en n’est rien (du moins pour Atik) !
Ainsi, la roue à filtre EFW3 et la Atik GP provoquaient des plantages à répétition, notamment une perte de connexion de la roue à filtres, ou encore des pertes intempestives de la caméra de guidage ; avec pour seule solution dans ces cas de relancer le soft d’acquisition Atik Capture afin de pouvoir récupérer la roue à filtres (pas génial pour le refroidissement du capteur d’être coupé et relancé ainsi).
Plus gênant encore, ces incompatibilités ne se manifestaient pas toujours au lancement, mais parfois uniquement lors d’un changement de filtres (et naturellement dans ce cas, au premier changement de filtre se produisant lorsque vous avez décidé de laisser le setup finir de tourner seul pour la nuit et que vous allez vous coucher…).
Donc au final plusieurs incompatibilités entre les drivers ASCOM et même au sein du logiciel de capture dédié d’Atik !
C’est vraiment dommage car les produits Atik en cause sont de très bonnes qualité pris isolément ; mais ce genre de soucis de drivers et logiciels ruine tout le plaisir de les utiliser.
Et de tels soucis sont bien sûr incompatibles avec la mise en place d’une automatisation des prises de vue, ce qui était mon objectif pour cet été 2020 : impossible d’envisager de laisser le matériel tourner seul toute la nuit alors qu’un plantage peut survenir au moindre moment !
Pour résoudre ce problème, j’ai donc du sacrifier la caméra de guidage (moins pire que la RAF niveau budget !) et je me suis tourné vers une caméra d’une autre marque, en l’occurrence la ASI120MM Mini de ZWO, très utilisée par de nombreux astrams. Il faut dire que ces caméras sont d’un bon rapport qualité/prix et ont l’avantage d’être reconnues nativement par un grand nombre de logiciels tiers.
Cette caméra présente un capteur et des caractéristiques similaires à la AtikGP, et notamment des pixels de même taille (3,75µ).
Elle est un peu moins compacte que la Atik GP mais s’adapte facilement sur n’importe quelle sortie de diviseur optique (par exemple sur mon setup avec une bague C) et présente un faible backfocus, ce qui évite tous problème pour atteindre la mise au point.
Petit bonus (sans intérêt) : la couleur est assortie à celle de la caméra principale ! 😉
Ce changement de caméra a résolu tous mes problèmes de drivers : dès lors qu’il n’y a plus 2 drivers ASCOM Atik qui tournent en même temps, mais uniquement la roue à filtres, tout fonctionne parfaitement.
Sous PHD Guiding, la ASI120 me semble même plus rapide que la Atik GP pour ce qui concerne la connexion et le rafraichissement des images.
Un changement bienvenu et qui change réellement la vie en pratique, me permettant d’aborder sereinement l’automatisation du setup…
5. Automatisation des acquisitions
Lorsque j’avais acheté ma caméra CCD à l’été 2016, je m’étais tout de suite intéressé à la manière d’automatiser au maximum le processus d’acquisition des images. Le but n’était pas de pouvoir laisser le matériel tourner seul toute la nuit, mais au moins de pouvoir automatiser le retournement au méridien (afin de pouvoir dormir un peu).
J’avais testé quelques logiciels (SGP et APT notamment) qui présentaient des qualités indéniables, mais également quelques défauts qui m’avaient fait renoncer, notamment des plantages de matériels ou du logiciel… et surtout l’échec systématique du retournement automatique au méridien, ce qui était le but à la base ! Soit celui-ci ne se déroulait pas parfaitement, soit le matériel ou le soft plantait à la reprise des acquisitions.
Après avoir perdu ainsi quelques belles nuits à essayer de régler tout cela, j’avais laissé tomber et étais revenu à une gestion manuelle de l’ensemble du processus d’acquisition. C’était mes premières nuits avec la caméra et je préférais réaliser mes premières images plutôt que de passer mon temps à résoudre des problèmes de drivers jusqu’à l’aube ! 🙂
J’ai continué à fonctionner de la sorte pendant 4 ans, en utilisant différents logiciels : Atik Capture pour l’acquisition, PHD Guiding pour l’autoguidage et Carte du Ciel pour le planétarium et le contrôle de la monture (via EQMod).
Cette manière de faire était certes un peu lourde et contraignante (car obligeant à être présent physiquement une grande partie de la nuit pour surveiller d’éventuels plantages, effectuer le retournement au méridien, vérifier la mise au point…), mais avait l’avantage d’être fiable : les plantages ont été quasiment inexistants tant que j’ai utilisé la AtikOne6, et une fois le retournement méridien effectué, je pouvais sans crainte laisser le matériel tourner seul le reste de la nuit.
Mais – comme évoqué plus haut – les problèmes sont arrivés avec l’utilisation de la Atik 16200 et surtout des multiples drivers pour la roue à filtre et la caméra de guidage. Compte-tenu du nombre de plantages et de nuits perdues au cours de l’été 2019, cette solution n’était clairement plus adaptée.
Disposant désormais d’un boitier de contrôle centralisé pour le câblage, d’une mise au point motorisé et ayant résolu les soucis de compatibilité matériels et logiciels, il m’a semblé que le moment était opportun pour retenter l’automatisation des acquisitions !
Mais cette fois, pas question de perdre du temps sur le terrain à essayer de tout configurer et de prendre en main les logiciels pendant que les étoilent tournent ! J’ai donc procédé à une série de tests plus d’un mois avant de partir en vacances, depuis mon appartement.
Bien sûr, il n’est pas possible de vérifier que tout fonctionne bien dans ces conditions, mais cela m’a donné le temps de bien appréhender les différents logiciels, de les paramétrer et de vérifier qu’il n’y avait pas de problème majeur.
Cela m’a déjà permis de choisir le logiciel de contrôle des acquisitions : APT a rapidement été écarté, de même que Voyager (trop compliqué à prendre en main) et Prism (trop d’options pour mes besoins et certains matériels non gérés en natif). Le choix final s’est donc fait entre Sequence Generator Pro (SGP) et N.I.N.A (Nighttime Imaging’n’Astronomy).
Après quelques séances d’essai, mon choix final s’est porté sur N.I.N.A, pour les raisons suivantes :
- compatibilité totale avec l’ensemble de mon matériel, avec gestion en natif de la Atik 16200 (la AtikOne est prévue en natif également pour la prochaine version) et de la caméra de guidage ;
- compatibilité via ASCOM avec le boitier Pegasus PowerBox (incluant la prise en charge de la sonde de température et des interrupteurs d’alimentation) et intégration du moteur de mise au point ;
- fiabilité : aucun bug ou plantage constaté (contrairement à SGP) au cours des phases de test ;
- simplicité d’utilisation et de configuration : le logiciel, bien que puissant et proposant des fonctions avancées, reste facile à prendre en main, à paramétrer et à utiliser ;
- des fonctions idéales pour mon utilisation (planétarium, cadrage, base de données d’images, mosaïques, astrométrie, assistants de flats, etc.) sans tous les aspects liés à la gestion d’un observatoire ou au traitement d’image qui ne me sont pas utiles ;
- interface entièrement paramétrables ;
- open source et gratuit : le logiciel (déjà très complet) est en constante amélioration et bénéficie d’une communauté active d’utilisateurs.
A l’usage, NINA est un vrai plaisir : tout est simple à paramétrer et à utiliser, l’interface est lisible et bien pensée, les outils sont efficaces et performants.
Parmi les points très positifs, signalons notamment :
- le catalogue d’objets fournis avec le logiciel, très complet et proposant une bibliothèque d’images (ce qui permet même de se passer d’un logiciel de planétarium),
- l’assistant de cadrage, très simple à utiliser, que ce soit pour une image simple ou la création d’une mosaïque,
- la compatibilité avec différents outils d’astrométrie (notamment ASTAP et PlateSolve2),
- l’intégration directe des données de PHD Guiding dans l’interface pour le suivi de l’autoguidage,
- les multiples options de mise au point automatique pendant les acquisitions et les différentes méthodes proposées pour déterminer le point focal idéal (tangentes, hyperboles, paraboles…) et la compensation du backlash,
- la procédure de retournement au méridien fiable,
- la vérification automatique de la mise au point (HFR) avec annotation de chaque image,
- l’assistant à flats, particulièrement efficace et rapide (tellement bien fait que même si vous utilisez un autre logiciel pour vos acquisitions, vous pouvez envisager d’installer NINA rien que pour faire vos flats !).
Une fois le matériel configuré et rattaché à un profil, la mise en œuvre de la séance d’observation peut se résumer à simplement lancer la séquence d’acquisition : NINA gère tout le reste (refroidissement de la caméra, pointage, platesolving, mise au point, etc.).
Idem en fin de session, où NINA assure le réchauffement de la caméra, le park de la monture et la coupure électrique des différents appareils.
Au cours de la session d’acquisition, les procédures de sécurité et de redondance en cas d’échecs sont paramétrables et m’ont assuré au cours de cet été un quasi sans-faute avec aucune perte de temps d’observation.
On peut toutefois relever quelques « défauts » ou pistes d’amélioration pour les prochaines versions :
- Il n’est pas possible de modifier « à la volée » une séquence en cours : il est nécessaire de mettre celle-ci en pause afin de pouvoir effectuer des modifications. Il serait appréciable de pouvoir modifier par exemple la durée ou le nombre des acquisitions, ou encore les filtres utilisés pendant une pose.
- Il n’y a pas actuellement de système de sécurité permettant de prévenir le risque de collision entre l’instrument et la monture en cas de dépassement du méridien et de défaillance du logiciel. Ce risque étant gérable via EQMOD, ce n’est pas dramatique, mais un ajout dans NINA serait appréciable.
- Quelques recadrages approximatifs (c’est à dire « hors tolérances » paramétrées) constatés après le retournement au méridien. Cela étant, il ne s’agit pas d’un défaut imputable uniquement à NINA dans la mesure où ce problème est dû sur certaines montures au fait que EQMOD gère parfois mal le positionnement du télescope après le retournement au méridien, lorsque l’objet est trop proche du méridien. Cela impose de paramétrer dans NINA un dépassement du méridien important de l’objet avant de procéder au retournement. Si cela est risqué en fonction du setup, il est bien sûr possible de prévoir un arrêt du suivi lors du passage méridien ou même avant celui-ci, ce qui implique de perdre une dizaine de minutes avant la reprise des poses. Il serait appréciable toutefois que NINA tienne compte de ce problème et assure un recadrage précis au moyen des outils d’astrométrie. Le problème provenant ici de EQMOD, une solution peut également consister à… changer de logiciel et passer à GS Server, alternative plus moderne ! 😉
Au final, le bilan est extrêmement positif, et je ne regrette absolument pas d’être passé à l’automatisation avec NINA !
Tout s’est bien déroulé pendant une vingtaine de séances cet été (au cours desquelles je suis resté tout de même proche de mon matériel mais en dormant beaucoup plus que d’habitude), et depuis au cours de quelques séances où je me suis contenté d’appuyer sur le bouton « start » avant de partir en soirée et de revenir le lendemain matin pour retrouver mon matériel parké et mes acquisitions réalisées. Un vrai confort qui me permet en outre d’observer davantage !
Finalement, seules deux contraintes demeurent pour pouvoir totalement automatiser les prises de vues :
- La gestion de la rotation du champ photo.
Actuellement la rotation se fait manuellement, directement sur le porte-oculaire.
NINA intègre la gestion de la rotation manuelle, ce qui rend très simple de retrouver l’orientation correcte d’une session précédente ou définie dans l’assistant de cadrage. Il est possible de paramétrer une « tolérance » afin d’obtenir une précision suffisante sans y passer trop de temps (pour ma part, une précision de 2° a été largement suffisante pour éviter des crops importants).
Adjoindre un rotateur de champ motorisé permettrait de gagner en précision et de programmer des séquences sur différents objets au cours de la nuit sans avoir à intervenir pour le recadrage.
A voir si cela est possible compte-tenu du backfocus sur mon setup, mais quelques solutions conviendraient sans doute bien, par exemple le Falcon Rotator de chez Pegasus (qui présente l’avantage d’une faible épaisseur – 16mm – et d’être compatible avec NINA).
Cela implique par ailleurs d’être précautionneux quand à la gestion des câbles, afin d’éviter tout risque d’arrachement ou d’enroulement une fois que l’appareil est laissé en totale autonomie toute la nuit !
Bref, sans doute beaucoup de prise de tête en perspective pour un gain assez marginal dans ma pratique… à étudier de plus près !
- La réalisation des flats.
Ma principale « contrainte » pratique reste aujourd’hui la réalisation des flats en fin de séance.
Il est bien sûr possible de se contenter de terminer une session d’observation en éteignant tout le matériel et de remettre cette opération à plus tard. Mais cela peut occasionner quelques soucis, par exemple la remise en température de la caméra (pas forcément possible au cours de la journée…) ou un infime « bougé » en attendant le lendemain soir (qui se traduit par des flats corrigeant mal les poussières).
En pratique, je préfère encore les réaliser tôt le matin en fin de session avant de refroidir la caméra et d’éteindre l’ensemble.
Un accessoire tel que le Alnitak Flip-Flat serait dans mon cas un complément très utile : il s’agit d’un écran à flat automatique faisant office de protection du tube optique une fois fermé.
Il me serait ainsi possible de programmer la réalisation des flats en fin de session (à l’aide du « flat wizard » de NINA), avant le réchauffement de la CCD et la coupure d’alimentation de celle-ci.
Ici encore, il s’agit d’un accessoire qui peut sembler un peu « superflu » pour quelqu’un ne disposant pas d’un setup en poste fixe, mais je risque sûrement de craquer pour cet agrément supplémentaire.
6. Protection du matériel
Avoir un beau matériel c’est bien, mais le protéger efficacement c’est quand même mieux ! 🙂
Jusqu’à présent, j’utilisais une bâche de jardin toute simple. Celle-ci était efficace pour protéger le matériel contre la pluie et la poussière, mais beaucoup moins pour éviter la chaleur en plein soleil pendant les longues journées d’été.
Pour répondre à ce problème, la marque italienne Geoptik propose une bâche de protection spécialement étudiée pour le matériel astronomique (disponible en 3 tailles différentes selon le setup).
Constituée de 3 couches, celle-ci est particulièrement robuste et étudiée pour prévenir toute entrée d’eau (les deux couches intérieures en plastique étanche assurent une protection renforcée). La couche extérieure, quant à elle, est constituée d’une matière réfléchissante (semblable au mylar), afin de limiter l’accumulation de chaleur pendant la journée.
Après l’avoir testée de manière complète pendant tout l’été (15 jours de soleil en Corse, puis 15 jours de pluie en Charente-Maritime 😉 ), je ne peux que la recommander : la conception est robuste et la protection efficace. En fin de journée, après de heures sous un soleil de plomb, le matériel est bien protégé et la chaleur reste bien inférieure à ce qu’on obtient avec une bâche non réfléchissante ; ce qui accélère bien sûr la mise en température du matériel pour la nuit.
Petits conseils pour finir : n’hésitez pas à prendre la taille du dessus de celle recommandée pour le setup (afin de faciliter l’opération de bâchage sans avoir à vous soucier des différents accessoires, notamment du train optique important en astrophoto) et laissez un chiffon sec sous la bâche afin que celui-ci absorbe l’humidité piégée.