Amélioration du setup (3) : nouvelle caméra et rotateur de champ
Une nouvelle caméra et un nouveau train optique intégrant un rotateur de champ… le setup est désormais quasi-totalement automatisé pour les séances d’acquisition !
La nébuleuse de la “tête de cheval” est l’un des objets les plus iconiques du ciel : sa silhouette connue de tous – même des profanes – est souvent utilisée pour illustrer des couvertures de livres consacrés à l’astronomie, ou pour servir de cadre à des romans de science-fiction (notamment « Poussières d’étoiles » de Isaac Asimov).
Malgré sa célébrité, cet objet est quasiment réservé au seul plaisir des astrophotographes, tant son observation visuelle est difficile, même avec un télescope de gros diamètre.
La « tête de cheval » (B33) et les nébulosités en émission en arrière-plan (IC 434) s’intègrent dans le grand complexe de nébuleuses de la constellation d’Orion, qui comprend notamment la “Grande” nébuleuse d’Orion (M42) et la boucle de Barnard. Situé à une distance comprise entre 1000 et 1500 années-lumière, ce complexe de nuages de gaz gigantesque s’étend en réalité sur plusieurs centaines d’années-lumière. Vu depuis la Terre, il occupe donc la quasi-totalité de la constellation d’Orion !
Au sein de cet énorme complexe, les nébuleuses ici photographiées constituent donc des joyaux discrets. IC 434 est un superbe exemple de nébuleuse en émission : de ses majestueuses draperies ionisées en arrière-plan, émergent de grandes structures plus denses et obscures, formant notamment la fameuse “tête de cheval”. Celle-ci, découverte au début du XXe siècle par l’astronome américain Edward Barnard, grâce à la photographie, s’étend sur 3 années-lumière.
Ce magnifique tableau est complété par la nébuleuse de la Flamme (NGC 2024, à gauche de l’image), une autre nébuleuse en émission particulièrement active en formation d’étoiles qui s’étend sur plus de 12 années-lumière. Illuminée par le rayonnement intense de la supergéante bleue Alnitak (l’une des 3 étoiles de la ceinture d’Orion), la Flamme est également parcourue en avant-plan par des bandes de poussière plus sombres qui rendent opaque son centre.
L’observation en infrarouge de la Tête de Cheval permet de révéler les subtilités de la structure, et notamment l’extraordinaire “moutonnement” des nuages de gaz, qui s’érodent petit à petit sous l’action du rayonnement et du vent stellaire des étoiles récemment formées en son sein.
De nombreuses jeunes étoiles, masquées par les nébulosités en lumière visible, apparaissent ici clairement.
Ces régions denses étant le lieu de formation des étoiles, les formes de ces grandes structures évoluent rapidement aux échelles de temps cosmiques : d’ici quelques centaines de milliers d’années, la tête de cheval sera méconnaissable… et aura même totalement disparu d’ici 5 millions d’années !
L’image lauréate de ce mois a été réalisée par Bernard Michaud, en utilisant en remote le superbe télescope de 500mm de Chilescope.
La puissance et la luminosité d’un tel instrument, dont le potentiel est totalement exploité sous le ciel pur et sombre du Chili, permet de réaliser de magnifiques clichés tout en conservant un temps de pose total relativement limité.
L’image présentée ici est d’un grand classicisme dans son cadrage (la marge de manœuvre étant de fait limitée par le champ photographique du setup…) mais démontre – comme dans toutes les images de Bernard – une parfaite maîtrise de l’ensemble des aspects du traitement : gestion du bruit, finesse des étoiles et des détails, équilibre des couleurs, superbe mise en avant des nébulosités plus faibles qui se détachent à peine du fond de ciel…
Au final, une magnifique version d’un grand classique du ciel !
Bernard Michaud (aka “Litobrit” sur les forums) observe depuis l’Auvergne avec un matériel pointu mais qui reste accessible.
Son domaine de prédilection est l’imagerie SHO des nébuleuses, mais sa galerie suffit à démonter qu’il est tout aussi à l’aise en RGB ainsi que sur tous les objets du ciel profond.
Ses images se caractérisent par un traitement parfaitement maîtrisé, qui lui permet de conserver des détails très fins et des couleurs chatoyantes, et surtout par un équilibre impeccable.
Bernard pratique également l’imagerie en remote depuis le Chili, avec à la clé des images spectaculaires des merveilles de l’hémisphère sud ; comme le prouve l’image présentée ici.
Chaque image de sa galerie est en soi un petit bijou ; et je vous en conseille fortement la visite !
Date : 8 & 18 novembre 2019
Lieu : Chilescope – Chili (remote)
Optique : Newton ASA 20″ (500mm) f/3,6 – Correcteur Wynne 3″
Monture : ASA DDM85
Caméra : FLI ProLine 16803
Ha (Astrodon 3nm) : 16 x 600s (bin1)
R (Astrodon) : 3 x 180s (bin2)
G (Astrodon) : 6 x 180s (bin2)
B (Astrodon) : 13 x 180s (bin2)
Total : 3h46
Les Photons d’Or récompensent chaque mois une image particulièrement remarquable réalisée par un amateur… n’hésitez pas à proposer vos images !
Une nouvelle caméra et un nouveau train optique intégrant un rotateur de champ… le setup est désormais quasi-totalement automatisé pour les séances d’acquisition !
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Hubert Reeves nous a quitté le 13 octobre 2023. Parti rejoindre les étoiles qu’il aimait tant, il laisse les amoureux du ciel ici-bas emplis d’une infinie tristesse. Hommage à celui qui aura été une source d’inspiration pour beaucoup d’astronomes amateurs.