
Photons d’Or – Mai 2023
L’image du mois Mai 2023 Les galaxies NGC 4725, NGC 4747 & NGC 4712, par Guillaume GRUNTZ. Parmi les belles galaxies du printemps, NGC 4725 n’est pas l’une des plus populaires… et l’on se demande vraiment pourquoi ! Elle n’a
Au milieu des galaxies bien connues du printemps (M81, M106, M51, M64, le trio du Lion, etc.), l’amas Coma constitue une cible moins fréquentée. De prime abord, en effet, cet objet peut sembler moins impressionnant que beaucoup d’autre concurrents du moment : des petites taches floues, sans grands détails et assez uniformément colorées…
Et pourtant, si l’on s’attarde un peu sur cet objet, celui-ci peut rapidement donner le vertige !
Cet amas de galaxies, situé à environ 330 millions d’années-lumière, regroupe plus de 1 000 galaxies identifiées (et certainement beaucoup plus…) dans un volume de 10 millions d’années-lumière de diamètre. A titre de comparaison, dans un volume identique autour de notre Voie Lactée, on dénombre seulement un peu plus d’une centaine de galaxies !
Et encore, les galaxies principales qui composent cet amas ne sont guère comparables à la nôtre : les deux galaxies elliptiques géantes NGC 4874 et NGC 4889, situées au centre de l’amas, sont chacune environ 10 fois plus grandes que notre Voie Lactée et comptent plus de 30 000 amas globulaires ainsi que de nombreuses galaxies satellites.
A titre d’exemple, la galaxie NGC 4889 montre en lumière visible un diamètre de 300 000 années-lumière, soit le triple de notre Galaxie. Mais si l’on tient compte du halo de gaz et d’étoiles qui l’entoure, le diamètre de cette dernière dépasse le million d’années-lumière, soit la moitié de la distance qui nous sépare de la Galaxie d’Andromède ! Sans surprise, cette galaxie est bien plus massive que notre Voie Lactée, et renferme en son centre l’un des trous noirs supermassifs les plus massifs connus (37 milliards de masses solaires, soit près de 1000 fois plus massif que le trou noir de notre Galaxie…).
En raison de la grande densité de l’amas, les galaxies ont quasiment toutes interagi les unes avec les autres, et un grand nombre de collisions ont eu lieu entre elles. Pour cette raison, on dénombre essentiellement dans l’amas Coma (comme dans les autres amas de ce type) des galaxies elliptiques, sans structure clairement marquée.
En comparaison, très peu de galaxies spirales (n’ayant donc pas subies d’interactions fortes par le passé avec d’autres galaxies) sont visibles.
La galaxie NGC 4921 (la plus grande galaxie spirale visible sur l’image) constitue cependant une exception notable… mais son destin semble inéluctable : les astronomes ont en effet mesuré que une importante vitesse de déplacement en direction de l’amas, ce qui devrait la conduire à fusionner avec d’autres galaxies dans un avenir lointain.
Les premiers effets de ces interactions sont d’ores et déjà visibles, les astronomes ayant constaté que cette galaxie présente un déficit anormal en gaz (sans doute perdu en raison de la grande vitesse de la galaxie ou d’interactions antérieures).
Cet amas a joué un rôle important de l’histoire de la cosmologie, puisque c’est en l’étudiant et en essayant de déterminer sa masse que l’astronome Fritz Zwicky a pour la première fois, dans les années 1930, émis l’hypothèse d’une « matière noire » qui permettrait de rendre compte des grandes différences observées entre la vitesse des galaxies et la masse de la matière « visible ». Cette idée sera modernisée dans les années 1970 par Vera Rubin.
La nature exacte de cette « matière noire » ou plutôt « invisible » – qui représenterait tout de même 27% de la densité d’énergie totale de l’Univers observable – demeure encore un mystère et constitue l’un des sujets d’étude les plus essentiels de l’astrophysique et de la cosmologie actuelle : naines brunes, trous noirs, particules massives, matière non-baryonique… les hypothèses ne manquent pas pour expliquer ce « déficit de masse » observé dans l’Univers…
Malgré ces caractéristiques impressionnantes, l’amas Coma ne constitue qu’une partie du « super-amas de la Chevelure de Bérénice », le super-amas le plus proche de nous et comptant plus de 30 000 galaxies.
Précisons enfin que, compte-tenu de sa distance, les galaxies de cet amas s’éloignent de nous à la vitesse de 7000 km par seconde !
Si nous regardons de nouveau l’image de l’amas Coma, en gardant en tête ces différentes informations et en réalisant désormais que l’image contient en réalité plus de galaxies que d’étoiles, celle-ci prend une autre dimension et devrait vous convaincre de lui consacrer un peu d’attention lors de vos prochaines sessions d’observation !
A noter que si vous souhaitez en savoir plus sur cet objet ou consulter des recommandations concernant l’acquisition ou le traitement de celui-ci, vous pouvez consulter la fiche-astro qui lui est dédiée !
Objet réputé difficile en raison de la faible luminosité des petites galaxies qui le constituent, l’amas Coma se dévoile au mieux en combinant un instrument lumineux et un long temps de pose. Avec un télescope de 250mm ouvert à f/3,8 et en accumulant les brutes pendant quasiment 24h, Mathieu Guinot réalise ici une superbe version, dont la profondeur exceptionnelle lui confère un statut « d’image de référence » !
La balade dans la « full » permet en effet de contempler une myriade de petites galaxies, si discrètes qu’on pourrait facilement les confondre avec des étoiles. Avec un temps de pose aussi conséquent, ce sont ainsi des centaines de galaxies qui émergent des profondeurs de l’espace. Il est même difficile de concevoir, lors de cette balade vertigineuse, que des centaines de milliers de milliards d’étoiles défilent sous nos yeux, au sein de la même image…
Au cadrage particulièrement bien choisi au regard du champ disponible s’ajoute la « patte » de Mathieu au traitement, toujours superlative. Que ce soit dans la gestion du signal, du bruit ou encore des couleurs, le traitement a le plus grand des mérites : celui de se faire oublier, au bénéfice de la mise en valeur des objets eux-mêmes.
On notera en particulier la grande attention apportée aux couleurs : une difficulté sur cet objet est de faire ressortir correctement et suffisamment les couleurs discrètes des très nombreuses galaxies elliptiques de l’amas ; ces galaxies étant bien moins riches à ce niveau que leurs cousines spirales. Ici pourtant, ces galaxies présentent une couleur prononcée, tandis que les quelques galaxies spirales présentes dans le champ dévoilent des teintes très contrastées.
Enfin, les aigrettes de diffraction présentent sur les quelques étoiles lumineuses du champ apportent un contrepoint qui permet de donner subtilement de la profondeur à l’ensemble.
Une vraie réussite pour ouvrir en fanfare cette saison des galaxies !
Mathieu photographie le ciel profond depuis 2015. Pour ce passionné de musique, la dimension artistique de l’astrophoto tient un rôle central, comme le démontre notamment la richesse des palettes de couleurs de ses images.
Mais Mathieu est tout aussi intéressé par la technique instrumentale. Il est d’ailleurs un membre actif de l’association Repères Astro (60) et responsable du matériel de l’observatoire qui comprend notamment un télescope de 600mm. Il partage dans ce cadre sa passion avec le public et en tant qu’animateur de stages « Etoiles » de l’AFA.
Observant depuis Amiens et disposant d’un setup à poste fixe dans son jardin, il peut consacrer des temps de pose conséquents à chacune de ses images ; ce qui reste un élément déterminant dans la réussite d’images de qualité.
Renouvelant fréquemment son matériel et faisant constamment progresser son setup, Mathieu « enchaine » les très belles réalisations ; ce qui rend incontournables des visites régulières sur sa galerie Astrobin et sur son site internet !
Signalons d’ailleurs que celui-ci s’étoffe progressivement avec, outre ses images, de nombreux articles consacrés au traitement d’image et à la présentation des objets des principaux catalogues du ciel !
Date : 26 février – 9 mars 2022 (6 nuits)
Lieu : Amiens (France)
Optique : LACERTA Newton 10″ f/3.8
Monture : IOPTRON CEM 70
Caméra : ZWO ASI 2600 MM
Traitement : Pixinsight & Photoshop
Filtres : Antlia 36mm
L : 232 x 300s (bin1)
R : 18 x 300s (bin1)
G : 18 x 300s (bin1)
B : 18 x 300s (bin1)
Total : 23h50
Les Photons d’Or récompensent chaque mois une image particulièrement remarquable réalisée par un amateur… n’hésitez pas à proposer vos images !
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