Amélioration du setup (3) : nouvelle caméra et rotateur de champ
Une nouvelle caméra et un nouveau train optique intégrant un rotateur de champ… le setup est désormais quasi-totalement automatisé pour les séances d’acquisition !
Si les éclipses totales de Soleil constituent sans aucun doute l’un des plus beaux spectacles naturels qu’il soit possible d’admirer, celles-ci sont relativement rares… sauf à être prêt à voyager régulièrement aux quatre coins du globe ! Pour l’observateur sédentaire, le nombre d’éclipses totales qu’il est possible de voir dans une vie demeure très limité. Ainsi, en France, la dernière éclipse totale de Soleil a eu lieu en août 1999 et il faudra attendre septembre 2081 pour voir la suivante !
Les éclipses partielles, plus fréquentes, sont aussi – et malheureusement – beaucoup moins spectaculaires… et sauf à ce que l’occultation du Soleil par la Lune soit presque totale, ces éclipses sont mêmes indiscernables pour une personne non informée ; la diminution de luminosité demeurant imperceptible dans la grande majorité des cas.
L’éclipse du 10 juin 2021 était quant à elle une éclipse d’un genre différent : une éclipse « annulaire ». Une telle éclipse se produit lorsque le Soleil et la Lune sont parfaitement alignés dans l’axe de la Terre (comme dans le cas d’une éclipse totale) mais que la Lune est trop éloignée sur son orbite pour occulter totalement le Soleil. En effet, l’orbite de la Lune n’est pas circulaire mais elliptique, et sa distance varie entre 356 000 et 405 000 kilomètres environ. Lorsque la Lune est située à une distance proche de son apogée, et en fonction également de la distance Terre-Soleil, son diamètre apparent devient inférieur à celui de notre étoile et ne parvient plus à occulter totalement le disque solaire.
Bien sûr, que ce soit pour les éclipses totales ou annulaires, leur observation impose de se situer sur la « bande de centralité ». A défaut, pour les observateurs situés dans la zone de pénombre, l’éclipse sera nécessairement « vue de côté » et donc « partielle ».
Dans le cas de l’éclipse du 10 juin 2021, la bande de centralité ne concernait que peu de public potentiel, puisque celle-ci débutait au nord du Canada, traversait ensuite la côte Nord-Ouest du Groenland avant de passer pile par le pôle Nord géographique, pour s’achever en Sibérie orientale.
Pour la grande majorité des observateurs, cette éclipse n’était donc que partielle et peu impressionnante…
En effet, plus l’on s’éloigne de la bande de centralité, moins l’occultation du disque solaire est importante. Ainsi, depuis la France, les disparités étaient fortes entre le Nord et le Sud puisque l’occultation frôlait les 20% depuis Cherbourg, tandis que les observateurs situés en Corse ne pouvaient espérer admirer – au mieux – que quelques reliefs lunaires mordiller très légèrement le bord du Soleil…
Difficile dans ces conditions d’espérer réaliser une image très impressionnante de ce genre d’éclipse : la luminosité du Soleil n’étant pas suffisamment atténuée, il est impossible de proposer une image « grand champ » présentant celle-ci dans un paysage, comme cela se fait pour une éclipse totale… sauf à pouvoir observer cette éclipse lors du lever ou du coucher de Soleil ! Et en dehors de la bande de centralité, pas d’aspect annulaire, toujours assez magique à observer.
Dans ce cas, une solution pour donner un aspect plus spectaculaire à ce phénomène est d’y ajouter un élément supplémentaire, par exemple le passage de l’ISS devant le disque lors de l’éclipse, de réaliser un gros plan sur la région d’occultation afin de mettre en évidence les reliefs lunaire en ombre chinoise, ou encore de saisir les protubérances solaires visibles lors de l’éclipse.
C’est cette dernière solution qui a été retenue par David Dominé pour réaliser l’image présentée ce mois, en utilisant une lunette dédiée à l’observation Ha permettant de révéler les protubérances sur le limbe du disque solaire. Bien que l’activité solaire ne soit pas encore à son maximum (prévu pour 2025), celle-ci est toutefois en augmentation continue depuis le minimum de décembre 2019. Même si les astronomes s’accordent sur le fait que ce cycle sera plus faible que le précédent, il est possible de saisir encore occasionnellement de superbes éruptions, comme c’était le cas le jour de l’éclipse, le 10 juin 2021.
Bien que ces protubérances puissent sembler de taille modeste, ce n’est bien sûr qu’une apparence trompeuse au regard des dimensions phénoménales de notre étoile : la Terre à l’échelle, astucieusement ajoutée par David sur cette image, vient rappeler la taille réelle de ces éruptions de matière.
Le Soleil est une étoile active et ces structures, sculptées par les lignes de champ magnétique, évoluent rapidement, comme le montre cette animation, également réalisée par David, sur une période de seulement 5 heures en avril 2020.
L’échantillonnage utilisé pour cette image permet en outre de mettre en évidence les reliefs lunaires se découpant sur le disque solaire. On remarque ainsi aisément la présence de « creux » et de « bosses » sur la ligne de démarcation de l’occultation, correspondant tout simplement les profils des bords des cratères et des montagnes du pôle Sud de la Lune ! Il est d’ailleurs tout à fait possible d’identifier précisément les reliefs observés à l’aide d’une image de référence de cette région et en s’aidant de cartes et d’atlas de la Lune.
Saisissant sa chance au cours de deux trouées nuageuses à quelques minutes d’intervalle, David est parvenu à immortaliser cette éclipse avec cette superbe image. Une série de poses a été consacrée à l’acquisition de la surface solaire, tandis qu’une autre a été dédiée à la capture des protubérances.
Une belle répétition pour la prochaine éclipse de Soleil totale en Europe, qui sera visible en août 2026 au nord de l’Espagne !
« Touch doooooown« , « nice nice shot » ou « Kwisatz Haderach« .
Si ces termes ne vous sont pas familiers, c’est que vous n’êtes pas (encore) adepte du Shaihuludisme, une manière de vivre sa passion partagée par « Shaihulud » dont la bio officielle nous indique être natif d’Arrakis (3e planète autour de l’étoile Canopus dans la constellation de la Carène) !
Car derrière ces références constantes à « Dune », qui conduit son auteur a baptiser chacun de ses instruments (ou plutôt ses « bébés« ) d’un nom rendant hommage à l’œuvre culte de Franck Herbert, se cache un vrai intérêt scientifique.
De même que derrière le fantasque « Shaihulud », se cache David, attiré par les étoiles depuis son enfance et qui s’est lancé dans l’astrophotographie depuis 2014.
Et suivre la voie du Shaihuludisme, c’est vivre sa passion à fond, sans se laisser dicter sa manière de faire et en se faisant plaisir : après avoir débuté et s’être perfectionné dans l’observation et l’imagerie planétaire, David s’est rapidement diversifié, en proposant de magnifiques clichés de notre étoile et devenant l’un des meilleurs adeptes du « lucky imaging » en ciel profond.
Cherchant continuellement à tirer le meilleur de ses instruments (8 aujourd’hui), David se rend régulièrement à l’observatoire Astro-Queyras (3000m d’altitude) afin d’observer le ciel dans les meilleures conditions possibles.
Une manière de faire mentir l’auteur de « Dune » (pour une fois !), selon lequel « l’espérance ternit l’observation« …
Date : 10 juin 2021
Lieu : Pomacle (France – 51)
Optique : ED80/480 + Lunt 35mm – BF600
Monture : AZEQ6
Caméra : ZWO ASI 183MM (mono)
Filtres : Beloptik UV/IR cut
Acquisitions : 30 frames (2,4ms)
Echantillonnage : 1,03″/px
Les Photons d’Or récompensent chaque mois une image particulièrement remarquable réalisée par un amateur… n’hésitez pas à proposer vos images !
Une nouvelle caméra et un nouveau train optique intégrant un rotateur de champ… le setup est désormais quasi-totalement automatisé pour les séances d’acquisition !
« Vous (oui, vous !) pouvez soutenir Photon Millenium ! » Vous appréciez Photon Millenium et peut-être même le consultez-vous régulièrement ? Vous souhaitez soutenir mon travail et contribuer au développement du site ? Vous avez amélioré vos traitements grâce aux tutos
Hubert Reeves nous a quitté le 13 octobre 2023. Parti rejoindre les étoiles qu’il aimait tant, il laisse les amoureux du ciel ici-bas emplis d’une infinie tristesse. Hommage à celui qui aura été une source d’inspiration pour beaucoup d’astronomes amateurs.