Lorsque j’ai repris la pratique de l’astro en 2011, j’ai acheté une petite lunette Astro-Professional de 66mm de diamètre et 400mm de focale. Une lunette très versatile et transportable avec un encombrement réduit et très légère, mais dotée d’une bonne qualité optique et mécanique.
C’est avec cette lunette que j’ai réalisé mes premières photos en 2014, avec un APN au format APS-C. J’avais acheté pour l’occasion un correcteur de champ, mais celui-ci n’étant pas dédié à ce modèle précis, le rendu n’était pas parfait, notamment avec une déformation des étoiles dans les coins de l’image.
Lorsque j’ai acquis la TSA102, la différence de qualité optique était telle que je ne suis plus repassé depuis à la 66/400…
Toutefois, depuis mon passage à la CCD et mon choix de l’AtikOne 6.0, qui dispose d’un capteur relativement petit (moitié moins que le format APS-C de mon APN), je me suis retrouvé limité sur les cibles les plus grandes : M31, M42, la Rosette… qui ne rentrent pas en entier ! Il est bien sûr toujours possible de réaliser des mosaïques, mais cela n’est pas forcément évident pour moi en nomade, lorsqu’il faut réaliser 3 ou 4 tuiles, voire plus…
J’ai donc décidé d’utiliser à nouveau la 66/400, en l’équipant d’un réducteur de focale, afin de pouvoir photographier avec l’AtikOne certains des objets « stars » du ciel.
Coup de chance, mon ami Nicolas Kizilian – qui possède la même lunette – m’a proposé de racheter le sien, juste la veille de mon départ en congés !
Il s’agit d’un réducteur William Optics 0,8x, qui ramène ainsi la focale de ma lunette de 400mm à 320mm, avec un rapport F/D de 4,84 (au lieu de 6), ce qui revient à augmenter de 50% la luminosité de l’instrument (ou obtenir une image équivalente avec un temps de pose réduit d’un tiers).
Réducteur de focale WO 0,8x
J’ai ainsi eu l’occasion de vérifier la fiabilité du montage et de réaliser quelques tests lors de mes congés de février.
Niveau montage, j’avais au départ opté pour un porte oculaire 2″ click-lock de chez Baader, afin de limiter au maximum le tilt grâce au système de serrage concentrique… mais l’absence de butée sur ce dernier (conçu pour être monté sur la sortie coulant 2″ des Schmidt-Cassegrain) le rend inutilisable sur ma lunette : il est possible de le visser entièrement sans que celui-ci ne s’arrête !
Je me suis donc rabattu sur mon porte-oculaire 2″ de base, qui a cependant bien rempli son rôle… Difficile tout de même d’être pleinement confiant dans un maintien de la caméra dans le PO avec un classique système de serrage lorsqu’on utilise systématiquement du vissage chez Takahashi !
Quelques photos du setup, réalisées au petit matin lors de l’acquisition des flats. La 66/400 était montée directement sur le collier de la TSA102 :
Je n’ai constaté aucun souci particulier : le réducteur et la caméra ont été parfaitement maintenus. J’ai toutefois dû procéder à une petite révision du crayford de la lunette, afin que celui-ci soit plus ferme et ne glisse pas tout seul sous le poids de la caméra.
Une fois ces petits réglages effectués, j’ai profité d’une nuit assez moyenne avec des voiles d’altitude et quelques passages nuageux pour tester le rendu optique de l’ensemble.
Quoi de mieux pour tester la correction optique du réducteur qu’un bel amas ouvert très étendu, tel que M44, « l’amas de la Crèche », dans la constellation du Cancer ? 🙂
Je n’avais jamais réalisé de cliché de cet amas, à défaut de disposer d’un champ assez large. Par ailleurs, si les légers voiles d’altitude nuisent à la finesse des étoiles, ils permettent d’apporter une fine diffusion qui donne de l’embonpoint aux principales composantes de l’amas, tout en permettant de mieux mettre en valeur leur couleur.
Une cible parfaite pour réaliser mes tests et exploiter malgré tout une nuit aux conditions imparfaites pour d’autres objets plus difficiles…
M44, l’amas de la Crèche (LRGB – 4h de pose en bin1)
Le résultat est plutôt convaincant car les étoiles restent bien corrigées jusque dans les coins, malgré une très légère déformation dans le coin haut-gauche, qui ne se perçoit toutefois que sur la version full de l’image. Rien de bien gênant…
Mais cette impression correspond-elle bien à la réalité ?
Pour vérifier cela, les images ont été passées sur CCDInspector2. Les résultats obtenus sont globalement bons et confirment l’impression visuelle sur l’image finale :
Avec une courbure mesurée de 14%, le réducteur offre un champ bien corrigé. On constate effectivement que les défauts sont plus prononcés dans le coin haut-gauche de l’image.
Pour comparaison, voici les résultats obtenus avec le correcteur de champ :
Avec une courbure de 23%, ces résultats sont très en retrait… et même très décevants pour une lunette apo avec un rapport de Strehl de 0,97 ! La distance correcteur/capteur n’était sans doute pas optimale, le rebond au centre s’expliquant par la recherche d’un compromis global acceptable.
Mais sur d’autres images réalisées avec ce même correcteur, et avec un champ cohérent au centre, les défauts étaient encore plus accentués… avec une courbure mesurée à 52% ! Cela se traduit par une différence de taille d’étoile de plus de 2 pixels entre le centre et l’extrémité des bords, et donc des étoiles très déformées qui obligent à croper l’image pour obtenir un résultat final présentable.
Au final, le réducteur remplit parfaitement son rôle, et de belle manière avec une courbure très limitée. La comparaison est sans appel :
Le test réalisé sur cette image est donc pleinement convaincant : l’association de l’apo 66/400 avec ce réducteur et la CCD AtikOne offre un champ corrigé de 2,2° x 1,8° avec un échantillonnage de 2,9″/pixel ; largement suffisant pour réaliser des images des plus grandes cibles du catalogue Messier ! 🙂
Une bonne nouvelle, puisque je dispose donc désormais d’une configuration grand champ me permettant d’éviter des mosaïques longues à réaliser.
Le lendemain de cette prise de vue, j’ai cependant eu la grande surprise de recevoir un mail d’Atik m’informant que… j’avais gagné le concours d’astrophotographie 2018, et par la même occasion une caméra Atik 16200 !
La combinaison de cette nouvelle caméra avec la TSA102 me donnera un champ légèrement plus grand que la combinaison 66/400-AtikOne (2,2° x 2°) ainsi qu’un échantillonnage plus faible (2″/pixel), donc encore plus intéressant en pratique !
Il faut dire que la TSA est d’une qualité optique bien supérieure à la 66/400 ; outre son rapport de Strehl mesuré à 0,993 en moyenne (avec un pic à 0,999 (!) dans le vert), le champ offert par le réducteur de focale dédié est bien mieux corrigé, avec seulement 7,5% de courbure :
Alors, face à cette « concurrence déloyale », la 66/400 n’est-elle ressortie que pour mieux être remballée ? 🙂
Je ne pense pas, car la combinaison 66/400-AtikOne offre une solution compacte et facile à transporter ; et qui pourra donc m’être très utile lors de mes sorties nomades.
Je vous dit donc « à bientôt » pour de nouvelles images avec cette combinaison !