C’est avec joie que je partage avec vous cette image qui constitue à ce jour mon projet le plus ambitieux : une mosaïque de 25 images permettant une plongée dans la très riche et fascinante région de la Croix du Sud et de la nébuleuse de la Carène !
Cette image, réalisée sous forme de mosaïque à partir de 25 tuiles, présente une région du ciel austral de 600 degrés carrés particulièrement riche : se situant dans le plan de la Voie Lactée, on y trouve l’iconique constellation de la Croix du Sud, et quelques beaux joyaux disséminés dans les constellations du Centaure, de la Carène, de la Mouche et des Voiles : nébuleuses, amas, nuages obscurs…
En raison de sa taille très importante (160 millions de pixels) et de son poids conséquent (125Mo pour la simple version jpeg), il m’a semblé plus simple de proposer cette image sous la forme d’une version « zoomable ». Je vous recommande donc d’activer la fonction « plein écran » afin que la consultation soit la plus agréable possible.
Je vous souhaite une bonne balade, en espérant que vous aurez autant de plaisir à consulter cette image que j’en ai eu à la réaliser ! 🙂
Image zoomable : n’hésitez pas à cliquer sur le bouton « plein écran » (en haut à droite) afin de pouvoir naviguer au mieux sur l’image !
En cas de problème d’affichage, vous pouvez également consulter la version zoomable en cliquant ici.
Si vous souhaitez consulter cette image sous une forme plus classique, la version full est disponible sur Astrobin. Attention, si votre connexion internet n’est pas rapide, l’image peut être (très) longue à charger !
Dans ce dernier cas, vous pouvez également consulter une version « light », réduite à 25% de la version originale, beaucoup plus rapide à charger. Soyez conscient toutefois que vous ratez alors beaucoup de choses par rapport à la full…
Je vous propose également de consulter la version annotée (en format réduit), afin de repérer plus facilement les objets remarquables présents sur cette image. Attention, de très nombreux objets demeurent cependant non référencés sur cette version.
Vous trouverez ci-dessous un petit « catalogue » non exhaustif des objets présents dans ce champ et, pour les curieux, la petite histoire de la réalisation de ce projet qui m’aura occupé pendant un peu plus de 3 mois !
Une petite histoire du "Projet croix du sud"
Ce projet est né de manière un peu atypique. Au début du mois de mars 2020, j’ai commencé à ressentir les premiers symptômes du « Covid-19 ». Dans mon cas, rien de grave heureusement ; mais confiné chez moi avant l’heure, en plein Paris, j’ai cherché un moyen de m’évader un peu grâce à l’astronomie… sans pouvoir évidemment aller observer !
Le recours au remote constituait dans ce cas un bon échappatoire et j’ai décidé d’utiliser le setup « grand champ » de Chilescope afin de photographier une constellation mythique de l’hémisphère austral : la Croix du Sud. J’ai eu l’occasion de l’observer il y a une dizaine d’années lors d’un voyage sur l’île de la Réunion. Je n’avais alors pas emporté de matériel photo, mais j’en garde un souvenir très ému.Le VST (« very small telescope« ) de Chilescope est parfait pour réaliser cette image : il est composé d’un objectif photo Nikon ouvert à f/2 et d’une caméra monochrome dotée d’un capteur KAF-16200.
Cette combinaison permet à la fois d’obtenir un champ important de 7,5° x 6° par image, et une très bonne détectivité, même avec des temps de pose relativement courts (le rapport f/2 de l’objectif compensant bien la sensibilité relativement moyenne du capteur). Les filtres proposés couvrent bien sûr toute la gamme habituelle : LRGB et SHO.
Le champ photo est suffisamment important pour réaliser ce projet avec seulement 2 images tout en assurant une zone de recouvrement suffisante.
J’ai commencé ainsi la réalisation de deux séries d’images en RGB avec des poses unitaires de 180s, alors convaincu que ces acquisitions seraient suffisantes et que cette petite mosaïque serait rapide à traiter…
Mais lors de l’assemblage de ces deux premières images, je me suis rapidement senti frustré : la zone sud de la Croix du Sud comprend en effet la fameuse région obscure du « Sac à charbon », situé juste en dessous du magnifique amas de « la boite à bijoux »… Le champ initialement prévu n’était toutefois pas assez grand.
Rapidement convaincu qu’il serait dommage de réaliser une mosaïque de la Croix du Sud sans intégrer cette superbe zone, j’ai revu le projet à la hausse : 4 images supplémentaires sont alors nécessaires pour intégrer le « sac à charbon », tout en prévoyant un peu de marge aux alentours pour que le cadrage final ne soit pas trop resserré.
Mais rapidement, une autre idée fait son chemin : il serait tout aussi dommage de s’arrêter au sac à charbon, sans intégrer les belles nébuleuses situées plus à l’Ouest.
Même si la Voie Lactée est moins brillante dans cette zone, déjà assez éloignée du centre galactique, elle n’en n’est pas moins très riche : de très nombreux amas ouverts, des bandes de poussières très présentes, la nébuleuse « chicken run » (IC 2944), la nébuleuse de la « statue de la liberté » (NGC 3576), et surtout la magnifique nébuleuse de la Carène (NGC 3372), l’un des joyaux les plus remarquables de l’hémisphère austral !
Intégrer ces objets sur l’image transformait cependant radicalement l’ambition du projet initial : le champ final se compterait en dizaines de degrés carré et une vingtaine d’images seraient nécessaires pour le mener à bien, sans compter quelques images en Ha pour les nébuleuses. Un objectif serait également d’y intégrer certaines images réalisées auparavant sur ces dernières en Ha et en OIII avec le télescope de 50cm de Chilescope.
Le confinement se prolongeant, je sais que ce projet me permettrait de m’occuper un bon moment et je décide alors de tenter l’aventure ! « Aventure » en effet, car outre les acquisitions à réaliser, ce projet constitue également pour moi un défi en matière de traitement : la mosaïque la plus grande que j’ai réalisée jusqu’alors était composée uniquement de 3 images faites à l’APN, donc déjà en couleurs… et de mémoire, l’assemblage n’avait déjà pas été des plus simples ! Ici, il faudra assembler au moins une vingtaine d’images, dont certaines réalisées avec des capteurs et des échantillonnages différents, pour 3 couches RGB (donc potentiellement autant de gradients différents à gérer) et des couches Ha et OIII pour mettre en valeur les nébuleuses… Pour être honnête, je n’étais vraiment pas certain à ce moment de réussir à réaliser l’image au final.
La phase d’acquisition s’est ensuite étalée sur 2 mois, afin de privilégier les périodes sans Lune pour conserver une homogénéité sur l’ensemble des prises et limiter les gradients, toujours problématiques lors de l’assemblage d’une mosaïque. Une attention particulière a bien sûr été portée aux zones de recouvrement, afin d’éviter les « trous » lors de l’assemblage final. Un exercice rendu un peu plus compliqué par le fait que, s’agissant d’un setup en remote, il n’y a pas moyen de jouer sur l’orientation du capteur : il s’agit d’une contrainte à prendre en compte dès le départ en anticipant sur la géométrie de l’image finale et du cadrage escompté.
Malgré quelques soucis techniques et aléas météo qui m’ont obligé à refaire certaines sessions, les acquisitions se sont dans l’ensemble très bien déroulées. J’ai notamment eu la chance que suffisamment de créneaux soient disponibles et compatibles avec mes contraintes, la nébuleuse de la Carène commençant à décliner sérieusement dès le début de la nuit au début du mois de juin…
Avec 20 images réalisées, j’ai procédé à un premier assemblage… pour immédiatement me rendre compte des premières difficultés ! Après quelques essais plus ou moins réussis sur Pixinsight (avec une carte d’étoiles synthétique) et avec la seule couche R et 3 tuiles uniquement, je prends conscience que l’assemblage global va s’avérer beaucoup plus long et compliqué que prévu… et sans même avoir de certitude sur l’homogénéité de l’ensemble au final.
Après quelques essais supplémentaires, j’ai décidé de tester un autre logiciel, réputé particulièrement efficace pour la création de mosaïques : Astro Pixel Processor (« APP »). En dehors du fait que mon ordinateur est un peu limité en puissance pour faire tourner le soft rapidement (i7 avec 8go de RAM) et une fois passée la première impression sur l’interface austère (qui rappelle les plus grandes heures de l’école soviétique), c’est un véritable bonheur à utiliser !
Il suffit en effet de rentrer l’ensemble des images RGB, de déterminer une image de référence, et en quelques clics le logiciel procède à toutes les opérations : alignement, normalisation, et assemblage ! Le temps de calcul est un peu long, mais le résultat final en vaut la peine : dans mon cas, les couches R, G et B sont – à peu près – toutes très homogènes et aucun chevauchement n’est perceptible. Certaines zones moins homogènes peuvent se régler en procédant à des retraits de gradients spécifiques sur les images unitaires qui posent problème. Quelques essais peuvent être nécessaires afin de trouver les bons réglages ou de peaufiner le résultat, mais malgré 24h de calcul pour chaque essai (pour 85 images avec des paramètres de normalisation assez poussés), cela reste beaucoup plus simple et rapide qu’avec Pixinsight.
Avec cette vingtaine d’images, je suis parvenu à un résultat globalement satisfaisant… mais avec un petit souci en terme de cadrage : il restait un « trou » sur le bord de l’image et le crop obligeait à perdre pas mal de champ, rendant l’ensemble un peu à l’étroit. Je décidais donc de rajouter – encore – quelques images afin de compléter l’ensemble pour pouvoir croper convenablement et conserver l’amas IC 2602 dans la constellation de la Carène, également surnommé « les pléiades du sud ».
Augmenter le champ en direction du centre galactique, avec une Voie Lactée plus présente, aurait également présenté de l’intérêt… mais il faut savoir s’arrêter ! 🙂
C’est donc après 3 mois et 26 sessions que se sont conclues les acquisitions, pour un total de :
- 820 images brutes pour les couches RGB (180s), Ha et OIII (600s) ;
- 75 images empilées pour les couches RGB (25 images par couleur) ;
- 4 images Ha et OIII (sur les zones de nébuleuses) ;
- 50 heures de pose (plus de temps de pose consacré à la bande centrale avec les nébuleuses, et moins sur les zones périphériques ou les images complémentaires destinées à éviter un crop trop important et ne contenant pas d’objet notable).
A ces acquisitions dédiées, se sont ajoutées des poses en Ha et OIII préalablement réalisées avec les télescopes de 50cm, sur les zones des trois nébuleuses centrales (IC 2944, NGC 3576 et NGC 3272), afin de gagner en signal. Difficile en revanche de gagner vraiment en résolution, l’image finale mesurant déjà 16.000 x 10.000 pixels… Inclure les images plus détaillées des nébuleuses aurait conduit à rééchantillonner les images grand champ et à augmenter encore la taille de l’image finale d’un facteur 4, ce qui est difficilement compatible avec les contraintes de publication et de diffusion (l’image couleurs en fits 32 bits « pesant » déjà 3 Go…).
Une fois la mosaïque assemblée avec l’ensemble des images, un long travail de traitement a commencé et qui m’a occupé plusieurs dizaines d’heures pendant plus d’un mois. Aucune réduction de bruit n’a été effectuée, mais les étapes les plus cruciales ont été de réduire au maximum les gradients et de rendre homogène l’ensemble, pour ensuite disposer d’une image propre qu’il soit possible de traiter efficacement (en matière de couleurs, de contraste, etc.).
Comparaison entre l’assemblage « brut » et l’assemblage harmonisé après normalisation des images et correction des gradients.
Concernant le traitement lui-même, j’ai utilisé les couches RGB pour créer une « luminance synthétique » afin de pouvoir bénéficier d’un meilleur signal sur bruit sur l’ensemble du champ et pouvoir traiter de manière distincte la luminance et la chrominance. Les images Ha ont également été utilisées pour rehausser le signal des nébulosités. Pour la couche couleur, j’ai également rehaussé les nébuleuses en mixant la couche RGB de base avec des traitements réalisés en HOO spécifiquement sur les champs concernés, sans bien sûr que le fond de ciel ou que les étoiles ne soient affectés.
Pour ce projet qui me tenait vraiment à cœur, j’ai passé beaucoup plus de temps que d’ordinaire à peaufiner au mieux chacun des aspects de l’image, que ce soit dans les détails (étoiles, structures sombres, nébuleuses…) mais surtout sur le rendu d’ensemble (contraste, luminosité, couleurs…) ; ce qui explique le délai conséquent de finalisation.
Une fois l’image finalisée, il restait encore un dernier défi… pouvoir la partager ! En effet, l’image finale, conservée à ses dimensions « full », mesure un peu plus de 16.000 x 10.000 pixels, et « pèse » environ 1Go en version png. En version jpeg sans compression excessive, l’image pèse encore 125Mo… Il m’a donc semblé préférable de privilégier la présentation sous la forme d’une version « zoomable », qui permet de conserver la définition native (ce qui est quand même un élément primordial et qui fait tout l’intérêt d’une mosaïque) tout en permettant un affichage assez rapide et une navigation agréable sur les différents points d’intérêt du champ.
Ce mode de présentation implique automatiquement une légère perte en qualité d’image, mais il n’était pas envisageable de publier une image trop réduite en taille, trop compressée, ou au contraire trop lourde à afficher.
J’espère que vous prendrez plaisir à vous promener sur la version full de l’image et à découvrir de petits objets insolites !
La densité d’étoiles dans ce champ est incroyable, de même que le nombre d’amas ouverts, dont beaucoup ne sont pas répertoriés sur la version annotée. On trouve également beaucoup de petites nébuleuses par émissions et quelques nébuleuses planétaires assez faibles.
Le champ regorge de petits trésors cachés qui ne se dévoileront qu’aux plus attentifs ; à l’image de cette belle mais ténue nébulosité sphérique autour de l’étoile Wolf-Rayet HD96548 !
Remerciements
J’ai partagé cette image avant sa publication avec quelques amis afin de recueillir un maximum de commentaires et de suggestions d’améliorations. Il est en effet toujours difficile de conserver un regard objectif sur une image, surtout lorsqu’on consacre autant de temps à son traitement…
Je tiens donc à remercier chaleureusement les « astropotes » (avec une mention spéciale pour Valentin Cohas, Mathieu Guinot, Matthieu Tequi et Aurélien Chapron) et Idir Saci pour leurs remarques constructives, ainsi que Maxime Oudoux pour avoir accepté de regarder d’un œil expert cette image !
Un remerciement tout spécial à Marcel Drechsler, qui m’a proposé de nombreuses pistes d’amélioration et qui a même pris de son temps pour effectuer lui-même quelques corrections sur l’image finale !
20 objets remarquables...
La croix du sud
Plus petite des 88 constellations du ciel, la Croix du Sud n’en est pas moins l’une des plus iconiques de l’hémisphère sud. Elle figure d’ailleurs sur le drapeau de nombreux pays, tels que l’Australie, la Nouvelle-Zélande ou le Brésil.
Très facile à repérer, elle peut servir pour déterminer le pôle sud céleste, en prolongeant le segment formé par les étoiles Gracrux (la géante rouge sur la pointe haute) et Acrux (la pointe basse).
Comme on peut le déceler sur cette image, Acrux (α Crux) est un système double, composé de deux étoiles géantes bleues, dont la composante principale présente une luminosité 25 000 fois supérieure à celle du Soleil.
Bien que de petites dimensions, cette constellation recèle quelques beaux objets, dont le joyaux est sans conteste l’amas NGC 4755, également surnommé « la boite à bijoux », située juste à proximité de l’étoile Mimosa (β Crux) qui compose la pointe gauche de la Croix.
Au sud-est de la constellation, la bande sombre du sac à charbon vient obscurcir l’éclat des innombrables étoiles de la Voie Lactée en arrière-plan.
Nébuleuse de la carène (NGC 3372)
Décrite pour la première fois par l’astronome Lacaille en 1752, la nébuleuse de la Carène est l’une des plus grandes zones HII connues de la galaxie, s’étendant sur plus de 300 années-lumière.
Bien que située à 8500 années-lumière, elle présente une taille apparente de 120′, soit 16 fois le diamètre de la pleine Lune. En comparaison, la nébuleuse d’Orion fait figure de poids plume, avec une taille réelle plus de dix fois inférieure (et une taille apparente 4 fois plus petite).
Cette nébuleuse renferme les 3 étoiles les plus brillantes connues de notre galaxie, dont la très active η Carinae dans sa région centrale : une étoile hypergéante bleue variable et éruptive, 120 fois plus massive que le Soleil et dont la luminosité dépasse 5 millions de fois celle de notre étoile !
Nébuleuse du poulet (IC 2944)
D’apparence plus modeste que sa voisine la nébuleuse de la Carène, cette région HII est en réalité deux fois plus étendue que la nébuleuse d’Orion (en dimension réelle : 70 années-lumière).
Située à 6000 années-lumière, elle se décompose en 3 zones principales, au sein desquelles on peut observer des zones sombres de formation d’étoiles : les globules de Bok.
La nébuleuse est associée à un amas jeune (7 millions d’années seulement) comprenant une quarantaine d’étoiles bleues, essentiellement disséminées dans la zone principale.
L’étoile la plus brillante (λ Centauri) ne fait partie de cet amas et est en réalité 10 fois plus proche de nous.
Nébuleuse de la statue de la liberté (NGC 3576)
Située visuellement entre les deux grandes nébuleuse du Poulet et de la Carène, NGC 3576 fait office de « petit poucet » du trio !
En réalité, il n’en est rien puisque cette nébuleuse, distante de plus de 10.000 années lumière, s’étend sur plus de 100 années-lumière pour sa seule partie lumineuse (elle est donc plus importante que la nébuleuse du Poulet).
Garder en tête le fait que cette nébuleuse est située en arrière plan des deux autres (quasiment deux fois plus loin) en regardant l’image contribue à une belle sensation de profondeur…
Le sac à charbon (Caldwell 99)
Situé à environ 2000 années-lumières (donc très proche de nous), un immense nuage de poussières vient obscurcir fortement les étoiles en arrière-plan, donnant l’impression d’un véritable « trou » dans la Voie Lactée.
Bien visible à l’œil nu, le « sac à charbon » offre un contraste d’autant plus saisissant qu’il s’achève juste aux abords des étoiles Acrux et Mimosa, les deux étoiles les plus brillantes de la Croix du Sud.
En son sein, on peut observer l’amas NGC 4609 ainsi qu’une petite nébulosité HII (Gal302.80+01.31) dans sa partie nord, bien visible sur cette image à l’aplomb de la Boite à bijoux.
Amas des lucioles (NGC 3532)
Situé à proximité de la nébuleuse de la Carène, NGC 3532 est un amas ouvert dense, comptant plus de 150 membres principaux.
Âgé d’environ 350 millions d’années, il renferme des étoiles à des stades d’évolution très divers et présentant en conséquence une grande variété de couleurs : beaucoup de géantes bleues, mais également des géantes rouges beaucoup plus massives.
Déjà bien visible à l’œil nu, et situé en avant-plan des nébulosités HII de la Carène, il s’agit incontestablement de l’un des plus beaux amas ouverts du ciel !
La boite à bijoux (NGC 4755)
La « boite à bijoux » constitue incontestablement le plus splendide joyaux de la Croix du Sud.
Bien visible à l’œil nu, il est situé à proximité immédiate de l’étoile Mimosa (β Crux), en direction du sud-est.
Il s’agit d’un amas ouvert situé à environ 6500 années-lumières, composé d’une cinquantaine d’étoiles essentiellement bleues et chaudes mais aussi de quelques géantes rouges.
Âgé de seulement 7 millions d’années, il s’agit d’un amas très jeune.
En son sein, on y trouve l’étoile κ Crux, la 10e étoile la plus brillante de la constellation de la Croix du Sud.
Les pléiades du sud (IC 2602)
De la même manière que les célébrissimes « Pléiades » de l’hémisphère nord, cet amas est parfaitement visible à l’œil nu, au sud des trois belles nébuleuses en émission de la Carène.
Il a en commun avec les Pléiades un âge très jeune (environ 10 millions d’années), une distance à peu près similaire (environ 500 millions d’années-lumière) et une composition exclusive en géantes bleues de type O, dont un compte une soixantaine de membres.
S’étendant sur un peu moins d’un degré, sa luminosité globale est cependant presque deux fois moindre que son cousin du nord : seule l’étoile principale, θ Carinae, est de luminosité comparable (2,8 : équivalente à Alcyone). Les autres étoiles sont cependant en retrait, ne dépassant pas la 5e magnitude.
Le petit amas Melotte 101, plus agé et plus lointain, est visible juste au sud et donne beaucoup de profondeur à cette zone.
Amas de la Pieuvre (NGC 3114)
Situé à l’ouest de la nébuleuse de la Carène, NGC 3114 est distant d’environ 3000 années-lumière et compte plus de 200 étoiles principales dans un diamètre apparent de la taille de la pleine Lune (soit un diamètre réel d’environ 30 années-lumière).
Relativement jeune (environ 100 millions d’années), il renferme une majorité de géantes bleues et blanches.
Plusieurs amas plus modestes (Hogg 5 et Hogg 6 notamment) sont visibles à proximité immédiate.
Observé à l’œil nu ou aux jumelles, ses principales composantes semblent dessiner plusieurs « tentacules » se rejoignant en un même point, ce qui lui a valu d’être surnommé « l’amas de la pieuvre ».
Amas de la Perle (NGC 3766)
Situé dans la constellation du Centaure, juste au nord de la nébuleuse IC 2944, cet amas est distant de 5500 années-lumière.
Comme de nombreux amas ouverts qui parsème cette région du ciel, il s’agit d’un amas jeune (environ 20 millions d’années), composé d’une centaine d’étoiles.
On y trouve essentiellement des étoiles bleues et chaudes de type B, mais également quelques étoiles plus froides et plus âgées, de type M0 et dont la coloration orangée contraste fortement avec le reste de l’amas. Les autres étoiles orangées présentes à proximité (au nord) sont en revanche situées en avant-plan et ne font pas partie de l’amas.
Nébuleuse planétaire NGC 5189
Cette nébuleuse planétaire, située dans la constellation de la Mouche, a été découverte par James Dunlop en 1826, mais il a fallu attendre 1967 pour que sa véritable nature ne soit connue.
Sa distance reste sujette à débats, puisqu’elle est comprise selon les sources entre 1800 et 5600 années-lumière.
Bien que de petite taille (2,3′), on distingue sur cette image les grandes lignes de sa forme en « S », évoquant une galaxie spirale barrée, comme on peut le voir sur l’image du HST en insert (@ R. Gendler). Cette forme irrégulière implique sans doute que sa composante centrale soit de nature binaire ; mais cette nébuleuse a été peu étudiée jusqu’à présent et les certitudes sont limitées…
Etoile WR - HD 96548
En traitant cette image, mon œil a tout de suite été attiré par cette petite coquille de gaz d’une taille apparente d’environ 10′, visible uniquement en Ha et avec un filtre Rouge, autour de l’étoile HD 96548, distante d’environ 6000 années-lumière.
Il s’agit d’une étoile de type Wolf-Rayet, très lumineuse et dans les derniers stades de sa vie, qui expulse périodiquement de grandes quantité de matière sous la forme de vent stellaire, avant d’exploser en supernova.
Cette nébuleuse est assez peu étudiée, et trouver des informations à son sujet n’est pas évident. Un article publié en 1980 dans Astronomy and Astrophysics établit que l’étoile centrale de type WR est en réalité binaire avec un compagnon de faible masse.
Amas NGC 4103
Situé dans la constellation de la Croix du Sud et distant d’environ 5000 années-lumières, l’amas ouvert NGC 4103 compte entre 50 et 100 étoiles principales assez fortement concentrées.
L’amas dans son ensemble compte jusqu’à 400 étoiles, de magnitude 10.
S’agissant d’un amas relativement jeune (25 millions d’années environ d’après les dernières estimations), il est essentiellement composé de géantes bleues et chaudes, de type spectral B. On n’y trouve cependant ni géante rouge, ni d’étoile « traînarde bleue « , comme cela est le cas dans la plupart des amas de cet âge.
Amas de Gem (NGC 3293)
NGC 3293 est un amas ouvert situé dans la constellation de la Carène, distant d’environ 8500 années-lumière et comptant une soixantaine d’étoiles.
Il baigne littéralement dans les nébulosités de la nébuleuse de la Carène, située à une distance identique. On peut donc en déduire que cet amas a été créé au sein d’une partie de cette nébuleuse aujourd’hui disparue.
Cet amas est en outre particulièrement jeune, certaines de ses étoiles n’étant âgées que de 5 millions d’années. Sa luminosité globale dépasse 180 000 soleils !
Amas IC 2714
Ce bel amas, situé à 4000 années-lumière dans la constellation de la Carène, est composé d’une centaine d’étoiles principales concentrées dans une sphère de 8 années-lumière de diamètre seulement, avec une répartition globalement uniforme.
On décèle d’ailleurs sur cette image sa forme sphérique particulièrement bien définie ainsi que la distribution harmonieuse des étoiles en son sein.
Cet amas est relativement âgé (347 millions d’années) et contient une quinzaine de géantes rouges bien visibles ainsi que quelques « trainardes bleues », c’est à dire des étoiles « rajeunies » du fait de collisions ou de transfert de matière entre étoiles au sein de l’amas.
Nébuleuse planétaire IC 4191
Cette petite nébuleuse planétaire a été découverte en 1907 par l’astronome américaine Williamina Fleming.
Située dans la constellation de la Mouche, et distante d’environ 6800 années-lumière, sa taille apparente n’est que de 18″ x 11″.
Avec 200mm de focale, aucun détail n’est bien sur visible sur cette image, l’insert présentant l’image du HST.
Etant toutefois très contrastée, cette petite nébuleuse planétaire de magnitude 10,6 est bien visible sur l’image, en particulier sur la couche bleue et OIII.
Amas NGC 4337
Ce petit amas ouvert dans la constellation de la Croix du Sud n’a, en tant que tel, rien de particulièrement remarquable : situé à 1600 années-lumière, il contient moins d’un cinquantaine d’étoiles en tout et présente une dimension apparente de 3,5′ seulement.
Pourquoi alors le relever dans cette liste ?
Simplement parce que ses étoiles sont quasiment toutes agencées pour représenter les contours d’un poignet et d’une « main » ouverte, prête à attraper l’étoile brillante toute proche !
Et vous, la voyez-vous également ? 🙂
Nébuleuse NGC 3247 & Amas IC 2581
Dans une zone assez réduite de la Carène, on trouve deux beaux objets proches l’un de l’autre : l’amas ouvert IC 2581 et une petite nébuleuse par émission, NGC 3247.
Les deux objets sont de dimensions apparentes assez réduites : 5′ chacun.
L’amas IC 2581 est situé à 8000 années-lumières et contient une trentaine d’étoiles, dont beaucoup d’étoiles jeunes (l’âge de l’amas est estimé à 14 millions d’années). Il est visible à l’œil (mag. 4,3).
Il contient une supergéante blanche et variable (de type céphéide), V399 Carinae, extrêmement lumineuse et bien visible sur cette image : celle-ci est en effet 300.000 fois plus lumineuse que le Soleil !
Nébuleuse NGC 3199
Située à l’ouest de la nébuleuse de la Carène, NGC 3199 est une petite nébuleuse par émission dont le gaz est ionisé par le rayonnement intense de l’étoile WR18, une jeune étoile bleue de type Wolf-Rayet.
Sa forme particulière rappelle d’autres nébuleuses du même type, par exemple NGC 6888 (la nébuleuse du Croissant) ou encore WR 134 dans la constellation du Cygne.
Elle partage avec cette dernière la particularité de présenter une région plus brillante en forme d’arc, mais qui n’est en réalité que la partie la plus visible d’une véritable « bulle » beaucoup plus étendue et plus ténue.
Amas NGC 4349
Situé dans la Croix du Sud, à proximité de l’étoile Acrux, et distant d’environ 7000 années-lumière, l’amas ouvert NGC 4349 compte une cinquantaine d’étoiles principales dont une petite dizaine de géantes rouges.
Les autres étoiles qui le composent sont majoritairement des géantes blanches.
Plus âgé que les autres amas ouverts alentours (environ 200 millions d’années), il est également plus étendu (16′ de dimension apparente, soit tout de même la moitié du diamètre lunaire
Bien sûr, ce petit « catalogue » ne constitue qu’une sélection personnelle et non exhaustive des objets les plus remarquables visibles sur cette image… mais il en reste encore bien plus à découvrir en se plongeant dans la « full » !
Si vous le possédez, je vous recommande de consulter en même temps le 5e tome de la collection « Splendeurs du ciel profond » de Laurent Ferrero, consacré au ciel austral. Cet ouvrage regorge d’informations détaillées sur un grand nombre d’objets et m’a été très utile pour l’identification de certains objets et la préparation de cet article. Celui-ci est notamment bien plus riche que Wikipédia dès lors que les objets sont méconnus…
Bonne ballade ! 🙂
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