Les astrophotographes le savent bien : la multiplication des câbles peut rapidement devenir une source de problèmes ! Que ce soient les soucis d’équilibrage, les risques de blocage dans la monture ou de déconnexions intempestives, les raisons ne manquent pas pour, à un moment ou à un autre, chercher à optimiser la « jungle » qui finit par émerger avec la multiplication des accessoires…
Pour ma part, c’est l’arrivée de la nouvelle caméra Atik16200 m’a obligé à repenser la gestion du câblage de mon setup. Jusqu’ici en effet, j’utilisais uniquement la caméra AtikOne qui propose une solution « tout-en-un » : un seul câble d’alimentation et un seul câble USB étaient nécessaires pour relier à l’ordinateur la caméra principale, la roue à filtres intégrée et la caméra de guidage (laquelle se branche directement sur le hub USB intégré de la One).
Mais avec la 16200, le nombre de câble est désormais revu à la hausse : 2 câbles (alimentation et USB) pour la caméra principale ; 2 câbles pour la roue à filtres, et un câble USB pour la caméra de guidage… soit 5 câbles au lieu de 2.
Si l’on y ajoute les câbles de la monture et de la résistance chauffante, la solution facile du petit hub USB non alimenté, que j’utilisais jusqu’alors, ne convenait plus.
En effet, lors des premiers tests, j’ai rapidement été confronté à quelques petits soucis avec le hub USB non-alimenté : les prises USB supplémentaires m’obligeaient à charger davantage le hub, qui ne délivrait alors plus une puissance d’alimentation suffisante pour faire tourner la caméra de guidage…
La solution la plus simple consistait à brancher la caméra de guidage directement sur le PC et à basculer d’autres interfaces moins gourmandes en énergie sur le hub (interface EQMod pour la monture, RAF…), tout en supprimant les périphériques non indispensables (joystick et souris).
Mais, outre le fait que la suppression de ces périphériques est assez peu pratique sur le terrain, la multiplication des câbles rend plus compliquée l’équilibrage de l’ensemble et surtout la conservation de celle-ci au cours de la session sur toute la nuit ; en particulier après le retournement au méridien.
Il était également possible d’opter de manière plus classique pour un hub USB alimenté, mais cela n’aurait réglé ni le « problème » des câbles qui pendouillent entre le télescope et l’ordinateur, ni celui des câbles d’alimentation.
J’ai donc opté pour un petit accessoire bien pratique, permettant de centraliser les sources d’alimentation et servant de hub USB alimenté : le Pegasus PowerBox, qui offre 4 sources d’alimentation 12V, 6 ports USB 2.0, 2 prises RCA pour résistances chauffantes ou boite à flats, un contrôleur de mise au point motorisé, et une sonde de température/humidité.
Cet accessoire a été pensé spécifiquement pour l’astro et ses caractéristiques sont parfaitement adaptées au contraintes des sessions d’astrophoto. Ses 4 sources d’alimentation délivrent chacune jusqu’à 7A (avec un maximum de 20A), ce qui est largement suffisant pour faire tourner parfaitement ma monture, la caméra et les autres accessoires.
Il est par ailleurs fourni avec une sonde permettant de mesurer l’évolution de la température et de l’humidité ; ce qui permet de déterminer avec précision le point de rosée. Le boitier ajuste en temps réel la puissance électrique délivrée à la résistance chauffante, afin d’adapter celle-ci aux conditions environnementales : particulièrement pratique !
Je peux donc désormais alimenter directement depuis ce boitier :
- la monture AZEQ6,
- la caméra Atik 16200,
- la roue à filtres,
- la résistance chauffante,
- l’écran à flats.
Chacune des prises d’alimentation est contrôlable (on/off) depuis l’interface du boitier, qui permet par ailleurs de connaître en temps réel la consommation électrique précise globale et de chaque périphérique.
Le hub USB me permet quant à lui de relier directement :
- la monture AZEQ6,
- la caméra Atik 16200,
- la caméra de guidage Atik GP,
- la roue à filtres.
Avec ce boitier, mes problèmes de câbles qui traînent sont désormais résolus, puisqu’il n’y a plus désormais qu’un seul câble d’alimentation pour l’équipement et un seul câble USB entre le boitier et le PC !
Le boitier dispose de supports permettant de l’installer facilement sur une queue d’aronde, compte-tenu de son poids réduit de 400g.
C’est la solution que j’ai retenue sur mon setup, le collier de ma TSA étant équipé d’une embase au format Vixen. Le boitier est fixé sur une platine Losmandy, elle-même fixée sur une platine Vixen : cela me permet de placer un peu plus de poids au « centre » du tube et de compenser un peu le poids important au niveau du porte-oculaire.
Ce positionnement permet ainsi d’optimiser l’équilibrage de la monture (les petits réglages d’équilibrage sur l’axe de déclinaison peuvent se faire au final juste en déplaçant légèrement le boitier), mais également de limiter les contraintes sur les différents câbles car la distance entre le boitier et les différents accessoires reste constante quelle que soit l’orientation de la monture et du tube optique.
Cette distance constante permet en outre d’utiliser uniquement des câbles plus courts, que ce soit pour l’alimentation ou les connexions USB. A noter que le boitier est fourni avec 5 câbles d’alimentation de 1m de longueur, ce qui est parfaitement adapté dans mon cas. J’utilise également des câbles USB de 1m de long, mais il serait même possible de descendre à 80cm en ayant recours à des câbles à prises coudées à 90°…
Avec ce montage, les seuls câbles susceptibles de subir une légère contrainte sont ceux reliant le boitier à la monture (alimentation et USB) lors des mouvements sur l’axe de déclinaison ; mais cela ne pose aucun problème en pratique en prévoyant une petite marge à cet effet…
En fin de session, l’écran à flats se branche également directement sur la 4e prise d’alimentation ; ce qui est également très pratique. L’idéal serait de pouvoir le relier directement sur l’une des prises RCA afin de pouvoir régler directement depuis l’interface la luminosité de l’écran : cela se réglé lors des prochaines sorties avec un câble d’adaptation RCA-Jack.
La Powerbox disposant d’un contrôleur de mise au point, j’en ai profité pour acquérir également un kit de motorisation adapté à mon porte-oculaire FeatherTouch 3″.
Fonctionnant avec la sonde de température, celui-ci peut assurer l’ajustement automatique de la mise au point pendant la session d’acquisition, en fonction de l’évolution de la température.
Bilan
Au final, après un mois d’utilisation, je suis très satisfait de la solution apportée par la Powerbox au niveau du câblage de l’ensemble du setup. Celui-ci est non seulement beaucoup plus simple et rapide à mettre en oeuvre qu’auparavant, mais surtout beaucoup plus fiable pour les longues sessions de prise de vues : aucun risque de blocage d’un câble dans les parties mécaniques de la monture ou de déséquilibrage, y compris après le retournement au méridien.
Petit « plus » bien pratique pour l’astrophoto nomade, l’ajout de ce boitier permet en outre de gagner de la place en limitant le nombre d’accessoires à emporter : plus besoin de s’encombrer avec 3 ou 4 chargeurs ou adaptateurs différents, une rallonge électrique disposant de suffisamment de prises ou encore d’une quantité de câbles de différentes longueurs !
Bref, l’essayer c’est l’adopter ; et je vous le recommande vivement si vous êtes confronté comme moi à une multiplication problématique de vos câbles et que vous n’avez pas les compétences pour fabriquer vous-même votre propre boitier à moindre coût (si cette dernière option vous intéresse, je vous recommande de lire l’excellent article de Nicolas Kizilian sur la réalisation de son propre boitier !).
Le prix est au final le seul point négatif de cet accessoire, proposé en neuf autour de 600 euros. Il faut toutefois préciser que la « V2 » de la Powerbox vient de sortir et que, de fait, la plupart des boutiques proposent un rabais important sur cette première version (typiquement -20%). Pour ma part, j’ai eu la chance de le trouver d’occasion et en état neuf (jamais utilisé), ce qui allège encore un peu la facture…
Autre point positif, ce boitier dispose d’une prise USB alimentée en permanence et délivrant jusqu’à 3A : idéal pour y brancher un PC Stick ou autre mini-PC permettant de contrôler l’ensemble à distance !
Avec ces compléments, la prochaine étape sera dans l’idéal de basculer sur un contrôle automatisé du setup à l’aide d’un logiciel tel que Sequence Generator Pro, afin de gérer l’ensemble des étapes de l’acquisition (retournement au méridien, autofocus, platesolving…). Mais la mise en oeuvre d’une telle solution, difficilement simulable, nécessite plusieurs nuits pour être parfaitement opérationnelle… ce n’est donc pas une priorité pour le moment ! 😉
EDIT (oct. 2020) : j’ai depuis procédé à quelques modifications de mon setup pour passer à l’automatisation des séquences ! Retrouvez le compte-rendu détaillé dans cet article.